Catholic Community (francais)

L'alternative moderne aux médias de contrôle social

November 18, 2025

Ukraine, Nigéria, mesures anti immigration aux Etats-Unis: Léon XIV répond aux journalistes

En quittant la résidence de Castel Gandolfo, Léon XIV évoque le Nigéria, dénonçant les massacres de chrétiens et de musulmans. Il exhorte le gouvernement et la population à promouvoir une véritable liberté religieuse. Concernant les mesures prises contre les migrants aux États-Unis, il appelle à traiter chacun avec humanité et dignité. Il aborde ensuite d'éventuels voyages en Amérique latine l'année prochaine et explique comment il occupe ses jours de congé entre lecture et sport.

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Transparence, prudence et écoute pour agir contre les abus dans l’Église

Offrir des réponses professionnelles et mettre en lumière en toute transparence les lacunes des systèmes de protection de l'enfance afin que l'Église soit un lieu sûr pour tous: tel a été le discours du président de la Commission pontificale pour la protection des mineurs aux évêques italiens réunis à Assise en Assemblée générale.

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Patriarcat acoustique

Le député ciottiste Gérault Verny regrettera longtemps d’avoir osé demander à Sandrine Rousseau de parler moins fort dans l’hémicycle. «Sexisme» caractérisé !


En 2025, au nom d’un féminisme de combat façon opéra-bouffe, un député n’a même plus le droit de demander poliment à une collègue de baisser un peu le volume. Résultat : un drame.

Acte I La tempête

Sandrine Rousseau, fidèle à son style habituel, se lance dans un discours dont l’intensité acoustique effarante ferait reculer une fanfare militaire prussienne composée au bas mot de dix trompettes, quatre cors et cinq trombones et couvrirait facilement le bruit au décollage d’une fusée Ariane 5.

Les députés encaissent stoïquement. Souffrance générale, y compris au-delà des bancs de la droite.

Acte II Le crime

Un député UDR, resté parfaitement calme, se risque au micro à un timide :

« Madame, pourriez-vous éviter de hurler ?… »

Il n’a même pas dit « gueuler »…

Mais c’est un sacrilège suprême. Violence sexiste ! Le malheureux n’a probablement jamais été initié aux arcanes subtils du féminisme contemporain. Tremblement de terre en vue.

Acte III La Prêtresse

La présidente de l’Assemblée Madame Braun-Pivet se redresse, se crispe, sa tête gonfle, se teinte d’un rouge solennel, et, tremblante de colère, elle lance aussitôt l’anathème suprême : « Sexisme ! … C’est insupportable ! … C’est une honte ! » Le tout avec la ferveur d’une gardienne du Temple surprise à l’heure de la sieste.

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Tout le monde sent que la Grande Prêtresse va sévir d’importance, d’autant que la brebis galeuse hérétique est estampillée UDR, c’est-à-dire crypto-RN. Autant dire qu’elle lui octroie le niveau de moralité d’un tueur en série de petites filles buveur de sang.

On peut tout faire dans son hémicycle, mais il y a des limites.

Acte IV — La sentence

Le député néophyte, blanc comme un enfant de chœur fraîchement peigné pour la messe, innocent et candide comme une mariée en porcelaine rose sortie de sa vitrine, reçoit un sévère rappel à l’ordre avec inscription au procès-verbal. Mme Braun-Pivet le foudroie du regard, le menton encore agité de trémulations.

Au moment où elle prononce « rappel à l’ordre, inscription ! », le député perd cinq centimètres de hauteur. Mais son regard de bébé phoque abandonné sur la banquise ne trompe personne à gauche… ce sale bonhomme a voulu rabaisser une pauvre femme, déjà objet d’une oppression patriarcale séculaire. Ordure ! Facho ! La sanction maximale pour cette faute impardonnable est justifiée.

Le député de droite a-t-il vraiment cru, dans un moment d’égarement, que l’Assemblée nationale était encore un lieu où l’on pouvait demander calmement à une femme de ne pas hurler dans l’oreille interne de ses camarades d’infortune ?

Épilogue

On peut tout faire dans l’hémicycle : crier, invectiver, s’enflammer, déployer un drapeau palestinien, injurier, être fiché S, faire le geste du sourire kabyle, pousser des cris d’animaux, rouler un joint, dormir avachi, se gratter les parties ostensiblement… Etc. Mais demander courtoisement à une femme de baisser d’un ton ? Ça, non. Agression caractérisée, coup d’État patriarcal, transgression ultime avant féminicide programmé.

Et Mme Braun-Pivet de se rengorger sous la salve d’applaudissements de toute cette gauche… dont l’amour lui manque parfois.


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Égalitarisme: Dostoïevski précurseur…

Une pensée du génial écrivain russe, citée dans le dernier livre de Franz-Olivier Giesbert, m’a saisi par son absolue modernité, au point même d’annoncer ce qui allait bientôt survenir de pire dans notre société.

« La tolérance atteindra un tel niveau que les personnes intelligentes seront interdites de toute réflexion pour ne pas offenser les imbéciles ».

On n’en est pas encore là, mais cela viendra, car il devient difficile de résister à l’absurdité quand l’impuissance sert d’alibi aux dérives les plus inacceptables. Il n’y a vraiment pas de quoi rire avec la tolérance dénoncée par Dostoïevski, elle n’a rien à voir avec la saillie de Paul Claudel: « La tolérance, il y a des maisons pour ça ! »

Une plaie

La tolérance que dénonce le prophétisme de Dostoïevski renvoie à ce que nous observons aujourd’hui, dans le grave comme dans le ridicule: un refus obsessionnel de la moindre discrimination, dont l’ambition perverse est de tout niveler, d’égaliser, d’abaisser ce qui dépasse, de blâmer ce qui éblouit, et d’ériger la grisaille en unique philosophie acceptable.

Je suis convaincu qu’il ne faudra plus longtemps pour que l’évolution générale de notre démagogie nous conduise, pour ménager les imbéciles, à cesser de mettre en valeur « les personnes intelligentes ». À certains égards, toutes proportions gardées, c’est déjà la plaie de notre système scolaire, qui préfère abaisser le niveau global plutôt que de laisser apparaître une discrimination jugée intolérable entre bons et mauvais élèves. Il s’agit moins de favoriser l’excellence – tout en accompagnant les bonnes volontés limitées – que de veiller surtout à ne jamais désespérer la médiocrité.

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Ce délire de la non-discrimination touche désormais tout ce qui est vivant : les animaux – jusqu’aux rats qu’il faudrait soudain réhabiliter – les plantes, la nature majestueuse, passive et intouchable, tout ce qui existe sous le soleil. Et, bien sûr, l’être humain est particulièrement visé : il ne pourrait se prévaloir pleinement de cet attribut qu’à la condition d’avoir poussé l’humilité si loin que toute supériorité, même la plus légitime, en serait éradiquée.

Prenons aujourd’hui le triomphe de certains humoristes, portés paradoxalement par la qualité de ceux qui les écoutent ou les critiquent : parce qu’ils sont mauvais, qu’ils ne font pas rire, qu’ils pratiquent une politique de comptoir, que, par exemple, ils comparent la police ou la gendarmerie à Daech (Pierre-Emmanuel Barré sur Radio Nova1), et qu’ils doivent rire eux-mêmes de leurs plaisanteries faute d’avoir su les faire partager, on les porte aux nues. Leur réserver un autre sort serait, paraît-il, leur infliger une intolérable discrimination !

Les médiocres promus

Aujourd’hui, nous vivons presque exactement ce que Dostoïevski annonçait avec une foudroyante lucidité. On se moque plus volontiers de l’intelligence attribuée à quelqu’un – quel que soit le jugement que l’on porte sur lui par ailleurs – qu’on ne la salue. Comme s’il était devenu indécent de célébrer cette disposition désormais jugée suspecte, de peur de créer un hiatus choquant au sein du monde humain.

Ce fléau de la non-discrimination est tel que, dans l’univers politique, il explique en grande partie l’indifférence croissante envers la moralité publique. Dans un monde digne de ce nom, les vertus et les vices seraient clairement distingués, tout comme les condamnations et les innocences, les soupçons et les honnêtetés, l’éthique et les transgressions. Aujourd’hui, c’est l’inverse : pour éviter d’exercer une scandaleuse discrimination au détriment des ombres, on en vient à postuler que les lumières sont inconcevables. D’où la multiplication, à tous les niveaux, de candidatures, de fonctions et d’ambitions qui, loin d’être freinées par leurs imperfections pourtant évidentes, en tirent au contraire une forme de légitimation.

Dostoïevski est un génie. L’écrivain universel comme le prophète sombre…

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  1. https://www.europe1.fr/emissions/L-invite-de/la-police-et-la-gendarmerie-cest-daesh-avec-la-securite-de-lemploi-laurent-nunez-porte-plainte-contre-lhumoriste-pierre-emmanuel-barre-871495 ↩

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13-Novembre / 7-Octobre: une cause, deux effets

Dans la fascination de nombreux jeunes Occidentaux pour Gaza, il y a quelque chose qui dépasse la politique, et même la raison.

Une sorte de fièvre, le mirage d’une génération en quête de sens qui croit le trouver dans les ruines d’une ville détruite par l’attaque insensée du Hamas. Ils voient dans la souffrance palestinienne un miroir, celui de toutes les injustices qu’ils portent confusément en eux. Privés d’horizon, ils cherchent dans la douleur de l’Autre une transcendance instantanée. C’est l’explication romantique.

Ils ne connaissent pourtant presque rien du Proche-Orient, de ses guerres, des refus arabes, du fanatisme qui y progresse comme un incendie. Ils n’ont pas besoin de savoir, une image suffit. Un enfant couvert de cendres et de poussière, un immeuble effondré, et l’histoire entière semble tenir dans ces clichés. Nous vivons un temps où l’on a troqué la connaissance pour l’émotion. De nos jours, l’indignation se consomme comme un divertissement, portée par de faux chiffres, de fausses photos, et quelques vraies manipulations.

Surjouée par les politiciens professionnels de l’agitprop, cette émotion a la mémoire courte. Les mêmes jeunes qui manifestent aujourd’hui pour Gaza ont presque oublié ce qui s’est passé chez eux, un soir de novembre 2015. Des bistros et une salle de concert parisiens transformées en abattoir parce qu’on y buvait en terrasse, ou qu’on y écoutait du rock metal. Personne n’avait alors cherché d’excuses aux tueurs, ni blâmé la coalition occidentale pour avoir rasé Mossoul.

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Huit ans plus tard, le 7 octobre 2023, des djihadistes du même acabit ont massacré, torturé, enlevé – avec la même haine du monde démocratique et ouvert. Mais cette fois, une partie de notre jeunesse n’a pas vu les victimes israéliennes, elle n’a vu qu’un récit binaire, des opprimés qui se rebiffent. Là où elle savait reconnaître un massacre, elle a trouvé des justifications.

Ce brouillage moral est le symptôme d’un temps qui préfère le symbole au réel. Le temps d’un racialisme renouvelé et d’un postféminisme paradoxal qui, à l’université, ont trouvé une synthèse dans une idéologie intersectionnelle, islamophile et antisioniste, cache-sexe de l’antisémitisme. Les Frères musulmans – généreusement financés par le Qatar – et les réseaux proches de Téhéran ont compris ce qu’ils pouvaient tirer d’une génération déboussolée. Ils lui offrent une cause prête-à-porter, une indignation low cost, un destin sans risque. Hier, le Che offrait l’aventure par procuration ; aujourd’hui, la Palestine offre l’illusion de la révolte sur Instagram, sans quitter son confort. Une révolte au service du patriarcat le plus archaïque, de l’asservissement des femmes, de la répression des homosexuels et de l’élimination des opposants.

On ne peut reprocher à personne d’aimer la justice. Mais la justice commence par un constat simple : la première victime de l’islamisme au pouvoir à Gaza n’est pas Israël mais la population de Gaza elle-même, prise en otage par une idéologie mortifère qui la dévore, la surveille, l’endoctrine, et transforme chaque mort en argument. Boucliers humains voués, contraints et forcés, au martyr.

Dans ce théâtre de la compassion sélective, l’Etat hébreu paie le prix d’être un pays trop moderne, trop techno, trop occidental, trop complexe. La Palestine, elle, est devenue un mythe commode. On oublie qu’il n’y a pas de justice dans les mythes. La justice commence là où s’arrête le mensonge.

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Pas d’eau pour le G20?

Trop occupé à militer pour la Palestine, l’ANC, qui dirige la plus grande ville d’Afrique du Sud Johannesburg, a terriblement négligé le réseau de distribution de l’eau.


Les 22 et 23 novembre prochains, Johannesburg accueillera le G20. Annoncé comme « historique » par les autorités sud-africaines, le sommet sera guidé par le slogan « égalité, solidarité, durabilité ». En dépit de ces belles intentions, des petits fours et des jolies hôtesses corsetées qui les accueilleront, les grands de ce monde pourraient bien se trouver face à un problème de taille : les robinets à sec.

Depuis plusieurs mois, des quartiers entiers de la World class african city, selon le slogan fanfaronné par les autorités, sont régulièrement à court d’eau. Dans des quartiers tels que Soweto, Bertrams, Randburg ou Alexandra, les coupures durent parfois plusieurs semaines, obligeant les habitants à acheter de l’eau en bouteille pour se doucher ou pour tirer la chasse. Jusqu’à présent, Dada Morero, maire de la ville affilié à l’ANC (Congrès national africain), se contentait d’incriminer les mauvais garçons sabotant les réservoirs ou le changement climatique. Mais le 19 septembre, à la suite de manifestations d’habitants du quartier de Coronationville n’ayant plus d’eau depuis des semaines, le maire est passé aux aveux : 4 milliards de rands (200 millions d’euros) alloués par le budget à l’eau ont été détournés pour d’autres dépenses.

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Outre la méfiance grandissante à l’égard des autorités, les conséquences de cette mauvaise gestion sont lourdes sur le plan économique : des entreprises, des écoles, des bibliothèques ou des bureaux doivent régulièrement fermer leurs portes. Jusqu’à présent cantonné aux quartiers pauvres, le syndrome des “robinets à sec” frappe désormais les quartiers “blancs” tels que Sandton. De nombreux observateurs pointent la gestion catastrophique des structures aquatiques de la ville depuis 25 ans.

Candidate aux élections municipales de 2026, Helen Zille, affiliée au parti de droite Alliance Démocratique, a promis de remettre les robinets en état de marche. De son côté, Dada Morero semble avoir une autre priorité : sauver la Palestine.

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La Bibliothèque vaticane conclut un accord de coopération avec la BnF

La Bibliothèque apostolique vaticane et la Bibliothèque nationale de France ont signé lundi 17 novembre un protocole d'accord à la villa Bonaparte, siège de l'ambassade de France près le Saint-Siège. Un exemple concret de diplomatie culturelle.

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Pourquoi la France peut être sauvée par les ingénieurs

La France est dirigée par des juristes, des littéraires, des commerciaux et des financiers. Les ingénieurs sont en revanche écartés des grandes décisions. Une situation regrettable.


Dans son best-seller publié en 2023, Les ingénieurs du chaos, Giuliano da Empoli a mis en lumière le rôle délétère de nouveaux conseillers politiques dans les sphères du pouvoir, qui sapent les fondements des démocraties occidentales. Pourtant, aucun d’entre eux n’est de fait ingénieur. Mais, le concept de Giuliano da Empoli est opérant car il s’agit d’ingénierie institutionnelle. S’ils avaient été de réels ingénieurs, au sens scientifique et industriel du terme, ils auraient produit du développement économique et social positif et non du chaos institutionnel.

La France est aujourd’hui avant tout dirigée et/ou animée par des juristes, des littéraires, des commerciaux et des financiers. Ceux-ci sont tout à fait respectables, avec des qualités personnelles éminentes, là n’est pas la question. Pêle-mêle, citons Emmanuel Macron, Yaël Braun-Pivet, Richard Ferrand, François Bayrou, Édouard Philippe, Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau, Marine Le Pen, Bruno Le Maire, Olivier Faure ou Boris Vallaud.

18 députés seulement !

Les derniers grands dirigeants français à avoir été ingénieurs sont Alain Poher, Valéry Giscard d’Estaing et Elisabeth Borne. C’est un peu court. Citons aussi, pour être exhaustif, Julien Denormandie qui aurait pu être Premier ministre (mais qui ne l’a pas été : c’est en fait un contre-exemple éclairant sur la place réduite des ingénieurs en France dans l’exercice du pouvoir). Au sein du présent gouvernement, on recense quatre ingénieurs : Roland Lescure, Jean-Pierre Farandou, Philippe Baptiste et Maud Brégeon, soit une proportion de 12% des ministres du gouvernement Lecornu II.

Si l’on examine le Parlement français actuel, sur 577 députés, il y a 18 ingénieurs, soit 3% de l’Assemblée nationale. La proportion est encore plus faible au Sénat : 8 ingénieurs, soit seulement 2% de la haute assemblée composée de 348 membres.

Si l’on se réfère à la population active (30,6 millions d’individus), les 1,2 million d’ingénieurs en représentent 4%. La comparaison la plus pertinente doit cependant se faire avec la population des cadres et assimilés : 5,2 millions de personnes au sens du BIT (Bureau International du Travail). Les ingénieurs correspondent donc à 23% des cadres et assimilés. Pour mémoire, 40 000 ingénieurs sortent chaque année des écoles françaises, ce qui n’est pas mal en Europe mais sans surprise bien en dessous de l’Inde et de la Chine.

La Chine formerait ainsi 1,5 million d’ingénieurs par an mais en réalité on décompte 3,5 millions au moins de professionnels dans le secteur élargi de l’ « ingénierie ». L’Inde aurait de son côté entre 700 000 et 1,5 million d’ingénieurs formés par an. En tout état de cause, beaucoup plus que la France et l’Europe. Il se dit incidemment que le comité central du Parti communiste chinois comporte une bonne proportion d’ingénieurs… Enfin, point positif, il faut noter que Centrale Pékin a été créée en 2005 et forme une centaine d’ingénieurs d’excellence par an – les meilleurs, paraît-il. Donc le modèle d’ingénieur français essaime.

Le blues de l’ingénieur français

Pour revenir à notre France, ceci signifie que les ingénieurs sont 8 fois moins bien représentés que les autres à l’Assemblée nationale et 11 fois moins bien représentés au Sénat (étant observé par ailleurs qu’il n’y a quasiment plus d’ouvriers au Parlement). Ils ne sont que 2 fois moins bien représentés au sein du gouvernement, mais 3,5 fois moins bien représentés que dans les grandes sociétés françaises. Ce n’est dès lors pas étonnant que 84 % des ingénieurs en France ne croient pas en la reconquête industrielle du pays (IFOP-Arts et Métiers, septembre 2025). Depuis l’année dernière, les fermetures d’usines en France l’emportent en effet sur les ouvertures. Le choix du sommet Choose France 2025, cette fois-ci exclusivement réservé aux annonces d’investissements réalisés par des entreprises françaises, probablement parce que les bonnes volontés étrangères pour s’implanter en France actuellement ne sont pas légion, ne manque pas de nous interpeller. 

Le chaos institutionnel auquel les Français assistent, sidérés, à l’Assemblée nationale ces temps-ci, s’explique aussi par la faible proportion de députés imprégnés de scientificité. Les incohérences intrapartisanes et transpartisanes, qui sont le lot quotidien de la vie parlementaire d’aujourd’hui, seraient infiniment moins nombreuses sur les sujets quantitatifs que sont les lois de finances et de Sécurité sociale avec une représentation parlementaire équilibrée en termes d’ingénieurs par rapport à la population. On peut donc dire que ce problème de faible représentation des ingénieurs est donc désormais celui de tous les Français, malheureusement.

La désindustrialisation française trouve principalement son origine dans la faible représentation des ingénieurs dans la classe dirigeante politique française

La France a vu, en quatre décennies, la part de son industrie dans l’économie passer de plus de 20% à moins de 10%. Il n’y a pas de consensus sur les données statistiques mais les grandes masses sont exactes.

Les raisons de ce déclin sont multiples mais, au premier chef, il y a l’absence de vision stratégique de long terme et stable de l’État concernant l’industrie et l’énergie, à la différence des grands programmes américains et chinois. Évidemment, le poids des charges sociales et des impôts de production plombant la compétitivité nationale, la complexité croissante des procédures et normes administratives ou la désaffection pour les métiers industriels au profit des services, largement issue des biais de notre système éducatif, n’ont pas aidé.

Il convient aussi d’égrener quelques mesures anti-industrie emblématiques de la période : la retraite à 60 ans en 1981, la C3S (la bien mal nommée Contribution sociale de solidarité) en 1992, le déplafonnement de l’ISF en 1995, les 35 heures en 2000, l’absence de soutien gouvernemental à des fleurons industriels français (Péchiney, Alcatel, Alstom, Lafarge,…) ou le gel du programme nucléaire français, avec l’acmé de la fermeture de Fessenheim. Il est vrai qu’Emmanuel Macron, pourtant inspecteur général des finances, a été recalé deux fois à Normale Sup Lettres, pour insuffisance flagrante à son option « Mathématiques ». Pas étonnant que l’on se retrouve avec plus de 1000 milliards d’euros de dette supplémentaire en sept ans, pour rien… 

La classe dirigeante politique française n’a pas su et, en fait, n’a jamais vraiment voulu contribuer à la mise en place de grands programmes stratégiques industriels et énergétiques efficients, à la différence des États-Unis (DARPA, IRA) et de la Chine (plans quinquennaux). Il ne s’agissait pas de reproduire le programme nucléaire gaulliste et pompidolien ou le TGV giscardien des années 60/70 mais de s’adapter à la nouvelle donne géostratégique mondiale, multipolaire et hautement technologique de cette première moitié du XXIème siècle, avec l’émergence du Sud global et du mouvement localiste. Le programme Airbus fait exception. Pragmatisme d’ingénieur. 

La succession de programmes du type Plan Machines-outils, Plan Textile, Pôles de compétitivité, PIA (Programme d’investissements d’avenir) 1, 2, 3 et 4 ou France 2030, tous plus ambitieux les uns que les autres, n’arrive pas à cacher la modestie des moyens financiers réellement mobilisés par la sphère publique française. Une dizaine de milliards d’euros pour les meilleures années alors que les besoins sont dix fois plus importants, que les besoins de couverture de la dette publique (plus de 300 milliards d’euros par an) phagocytent l’épargne des Français et que nous subissons les retards coupables de l’Union européenne dans la mise en place d’un véritable marché de capitaux unifié, comme aux États-Unis.

Une bonne synthèse de ces évolutions se trouve dans l’ouvrage La désindustrialisation de la France 1995-2015 de Nicolas Dufourcq, directeur général de la BPI (Banque Publique d‘Investissement), publié en 2024.

Tout le monde se souvient de l’orientation « Fabless » énoncée en 2001 par le président d’Alcatel de l’époque, Serge Tchuruk : l’industrie, c’est dépassé, il ne faut conserver en Occident que les fonctions de recherche, de conception et de commercialisation. Une décennie plus tard, le fleuron des infrastructures télécom français avait disparu façon puzzle, comme diraient les Tontons flingueurs. Même les ingénieurs peuvent donc se tromper, surtout s’ils sont autocratiques et « mainstream » pour leur époque ! Mais aujourd’hui, 17 dirigeants des sociétés du CAC 40 sont ingénieurs, soit plus de 40 % de cette élite économique. Leurs sociétés sont florissantes. Elles bénéficient d’une exposition internationale remarquable et d’une gestion managériale d’ingénieurs hors pair. Quel contraste avec la sphère publique française.

Pour remettre la sphère publique française d’aplomb, il faut donc une démarche d’ingénieur

La reconfiguration de la sphère publique française relève d’une démarche d’ingénieur : « les faits, rien que les faits », diagnostic lucide de la situation, identification des leviers de changement avec une vision de long terme, organisation méthodique des modifications de structure, mise en œuvre déterminée des économies, réallocations des moyens et des investissements d’avenir, capacité à quantifier les situations, pragmatisme en toutes circonstances. 

L’exemple de Vallourec est éloquent. Fondé en 1899, ancienne star du CAC 40 en quasi-faillite en 2022, ce spécialiste mondial des tubes filetés en aciers spéciaux pour forages profonds a été magistralement repositionné en quatre ans par un ingénieur français (Mines de Nancy), riche d’une expérience diversifiée, tant sur le plan sectoriel qu’international. 

Choix de la haute valeur ajoutée, abandon des productions bas et moyen de gamme, poursuite d’une innovation de pointe avec consolidation de sa RD en France (l’excellent crédit d’impôt recherche joue sa partition en France, malgré diverses critiques), localisation de ses usines à proximité de ses clients (États-Unis, Amérique latine, Asie, Moyen-Orient), chiffre d’affaires recentré (baisse d’un tiers), ajustement de ses effectifs (diminués de moitié). La société est ainsi passée d’une dangereuse position de surendettement à une rentabilité canon de +23 % aujourd’hui. Les salariés et les actionnaires se portent bien !

Sans qu’il puisse y avoir bien sûr de transposition des solutions adoptées par Vallourec à la sphère publique française, l’esprit et les méthodes propres aux ingénieurs s’y appliqueraient au plus grand bénéfice des Français.

La France est surendettée, tout le monde le sait. Le déficit budgétaire s’élève à -156 milliards d’euros en 2024, soit près de la moitié des 326 milliards d’euros de recettes fiscales de l’État, cela ne s’invente pas (les recettes fiscales d’un État sont à peu près l’équivalent du chiffre d’affaires pour une entreprise). Le déficit budgétaire global de la sphère publique s’élève quant à lui à -169 milliards d’euros et représente ainsi -10,3 % des 1 502 milliards d’euros de recettes des administrations publiques. Le calcul du déficit budgétaire en pourcentage de PIB (-5,8 % en 2024 au sens de Maastricht) n’est pas, à cet égard, pertinent car il masque l’ampleur du déséquilibre français.

Ainsi, la sphère publique française « perd » chaque année autour de -10 % de ses revenus. François Fillon parlait déjà en 2007 d’un État en faillite, c’était il y a deux décennies. Il avait bien raison et cela a depuis empiré. Aucune entreprise ne peut survivre en perdant chaque année 10% de son chiffre d’affaires. Un État non plus, sauf à perdre sa souveraineté. Attention à la Troïka (BCE, FMI et Commission européenne) ! 

Que donnerait l’application de la méthode Vallourec à la sphère publique française ?

Passons d’abord à l’équilibre des comptes des administrations publiques : ce sont ainsi -170 milliards d’euros de dépenses publiques en moins. Si l’on souhaite aussi réduire les prélèvements obligatoires de deux raisonnables petits points de PIB, soit de 60 milliards d’euros, ce qui devrait être acceptable pour un pays champion du monde de l’impôt, l’effort sur les dépenses publiques, donc y compris les dépenses sociales, doit ainsi porter sur -230 milliards d’euros. Ceci correspond à un effort global de 15,3 % sur les dépenses publiques. Beaucoup moins important que l’ajustement opéré en quatre ans par Vallourec.

En termes d’effectifs, la sphère publique française emploie actuellement 5,8 millions d’agents, titulaires et non titulaires. Si l’on applique une réduction de 15% de ses effectifs, raisonnable dans un univers où l’intelligence artificielle se développe, ce sont 870 000 postes publics qui sont concernés à terme. En prenant un coût moyen complet de 60 000 € par agent, ceci représente une économie de 52 milliards d’euros par an en régime de croisière. Insuffisant donc pour retrouver une position saine pour la sphère publique. La réduction des effectifs publics, que l’on peut considérer comme acceptable socialement et politiquement sur une décennie compte tenu des départs en retraite, ne permet donc pas de régler le « problème structurel d’exploitation » français.

Il reste donc à trouver 180 milliards d’euros complémentaires d’économies sur les dépenses publiques. Ce qui signifie qu’il faudra, soit tailler à la hache dans les services publics et dans les dépenses sociales, soit procéder à des désindexations ciblées sur les dépenses progressivement dans le temps. La croissance nominale, c’est-à-dire incluant la croissance en volume et l’inflation, arme subtile à deux tranchants de la direction du Budget, que les parlementaires commencent juste à comprendre, y contribuera puissamment. Le pragmatisme de l’ingénieur privilégiera les désindexations ciblées, les simplifications procédurales, la suppression d’échelons administratifs et institutionnels ainsi que la priorité à la proximité, avec un vaste mouvement de déconcentration/décentralisation.

Une telle reconfiguration de la sphère publique – pour ne pas parler de restructuration industrielle mais cela en est bien une – ne pourra pas se faire en quatre ans comme pour Vallourec. Une décennie devrait être en l’occurrence l’horizon de temps acceptable, pour tenir compte des équilibres propres à la sphère publique.

Une légitimité démocratique incontestable est enfin appelée à permettre une telle reconfiguration structurelle, forme de pendant de la gouvernance actionnariale pour une entreprise. Seule l’élection présidentielle est à même de porter une telle dynamique gagnante, surmontant les oppositions de tous bords qui ne manqueront pas de se manifester, y compris dans la rue.

Le ou la future président/présidente aura ainsi tout à gagner à intégrer une démarche d’ingénieur dans son pilotage de la France à partir de 2027, avec une détermination sans faille et dans la durée. À défaut de disposer d’un Parlement irrigué par plus de compétences scientifiques et techniques…

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Les Églises polonaise et allemande célèbrent 60 ans de réconciliation

Le 18 novembre 1965, les évêques polonais envoyaient un message à leurs frères allemands, connu sous le nom de «Lettre des évêques polonais aux évêques allemands», qui se terminait par les mots «nous accordons et demandons pardon».

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À la COP30, le Saint-Siège rappelle «le visage humain de la crise climatique»

Le nonce apostolique au Brésil, chef de la délégation du Saint-Siège à la COP30, a pris la parole mardi 18 novembre dans l'enceinte onusienne devant les ministres de l'environnement du monde entier. Rappelant les mots du Pape dans son message aux participants à la COP, Mgr Giambattista Diquattro a souligné l'importance de renforcer le multilatéralisme. Il appelle à ne pas oublier «le visage humain de la crise climatique».

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Chili: le retour par procuration de Pinochet

Le conservateur José Antonio Kast affrontera Jeannette Jara au deuxième tour. Il est favori.


Les élections générales (présidentielle, législatives et sénatoriales) qui se sont tenues dimanche 16 novembre au Chili ont confirmé un net basculement à droite, voire à l’extrême droite, de l’Amérique du Sud. Sauf très improbable revirement de l’électorat, le candidat de celle-ci, José Antonio Kast, avocat de 59 ans, est en « pole position » pour l’emporter au second tour de la présidentielle prévu le 14 décembre, auquel seront à nouveau appelés les 15 millions d’électeurs. Le vote est obligatoire.

Une gauche unie au premier tour

Certes, sa rivale Jeannette Jara, 51 ans, également avocate, communiste, désignée candidate de toute la gauche à l’issue d’une primaire allant des démocrates-chrétiens au PC — à l’exception des écologistes et des régionalistes — et ex-ministre du Travail du gouvernement actuel (elle a démissionné pour pouvoir se présenter), est arrivée en tête du premier tour avec 26,85 %. Un résultat en réalité décevant : les sondages lui donnaient jusqu’à 33 %. Elle a fait le plein des voix de gauche et ne dispose dès lors pratiquement pas de réserves de voix pour espérer être élue. Avec ses 23,92 %, M. Kast arrive second et la talonne. En outre, il a fait quatre points de mieux que ce que lui attribuaient les mêmes prédictions.

Pour que la candidate de gauche gagne, il faudrait qu’elle capte la totalité des 19,7 % recueillis par le candidat populiste plutôt classé à droite, Franco Parisi, dit « l’économiste du peuple », un ingénieur commercial de 51 ans, ainsi que les suffrages de trois autres candidats qui totalisent moins de 4 %.

Arrivé troisième, M. Parisi est la petite surprise de ce scrutin. Les prévisions lui attribuaient cinq points de moins que le score obtenu, mais surtout le classaient en quatrième position derrière un postulant libertarien, Johannes Kaiser, 49 ans, personnage fantasque aux multiples professions successives, se voulant la réplique du président argentin Javier Milei de ce côté-ci des Andes.

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À la différence de Kaiser, qui avait fait savoir d’avance que s’il n’accédait pas au second tour il appellerait ses partisans à reporter leurs suffrages « sur tout autre candidat qui ne soit pas la communiste Jara », M. Parisi, lui, s’est borné à dire qu’il revenait aux deux rivaux en lice « de gagner les faveurs de ses électeurs ». Lors de la présidentielle de 2021, où il avait déjà terminé à la troisième place, il avait appelé à voter, au second tour opposant l’actuel président Gabriel Boric — d’une gauche radicale s’apparentant à une France insoumise plus policée — à ce même Kast, pour ce dernier. Dès lors, même s’il laisse cette fois la liberté de vote à ses électeurs, il est probable que la majorité d’entre eux ne se reporte pas sur la candidate de gauche…

La candidate de la droite traditionnelle, Evelyn Matthei, ancienne ministre du Travail, économiste de 72 ans, dont le père, général, fut membre de la junte militaire pendant la dictature d’Augusto Pinochet, est arrivée quatrième avec seulement 12,47 %. Autrement dit, M. Kast a siphonné un bon quota de voix de cette droite traditionnelle, laquelle avait pris ses distances avec la dictature de Pinochet sans toutefois rompre avec les fondements économiques et institutionnels de celle-ci — comme, par paradoxe chilien, une grande partie de la gauche.

Si, à la mi-décembre, les urnes n’infirment pas la logique du premier tour, l’élection de M. Kast sera plus qu’une victoire de l’extrême droite : elle constituera en quelque sorte le retour par procuration du général Pinochet.

Un héritier

Lorsqu’il avait postulé pour la première fois à la magistrature suprême, en 2017, en indépendant, il n’avait obtenu que 7,9 %. M. Kast se réclamait alors ouvertement de ce dernier. À sa seconde tentative, en 2021, après avoir créé deux ans auparavant le Parti républicain, inspiré du modèle américain, et obtenu 44 % au second tour, il revendiquait toujours cette filiation. Même s’il s’est montré plus discret à ce propos cette fois-ci, il n’en demeure pas moins que, pour l’opinion publique chilienne, il reste l’héritier putatif de Pinochet.

Son frère Miguel fut ministre sous la dictature puis directeur de la Banque centrale. Cadet d’une famille de neuf enfants, José Antonio Kast avait 7 ans lors du coup d’État militaire de 1973 qui porta Pinochet au pouvoir, et 20 ans quand celui-ci le céda à la suite d’un référendum perdu. Le fait que son père ait été soldat de la Wehrmacht durant la Seconde Guerre mondiale, membre du parti nazi (mais qui ne l’était pas à cette époque en Allemagne ?), exilé en 1950 comme beaucoup d’autres dans ce pays andin abritant depuis la fin du XIXᵉ siècle une forte communauté germanique et serbo-croate, n’a pas interféré dans la campagne1.

C’est au contraire M. Kast qui a donné le tempo de la campagne électorale en promettant une main dure contre l’insécurité et l’immigration, à telle enseigne que la candidate de gauche a été contrainte de s’y rallier peu ou prou, ajoutant qu’elle était en revanche « pour la sécurité des fins de mois et de l’assiette pleine ».

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Kast s’est engagé à construire, à l’instar de Donald Trump, un mur le long des frontières bolivienne et péruvienne pour endiguer le flot migratoire, à expulser tout délinquant étranger, à assouplir les règles d’usage des armes à feu par la police, à libéraliser leur port pour les civils, et envisage la construction d’une méga-prison sur le modèle salvadorien du président Nayib Bukele, qui fait école en Amérique latine. Très catholique, il s’est prononcé contre l’avortement, y compris en cas de viol ou de danger pour la femme. Il veut réintroduire l’enseignement facultatif de la religion dans les écoles publiques.

Mais surtout, sur le plan économique, il entend renouer avec les préceptes de l’ultralibéralisme prôné par l’école de Chicago de Milton Friedman, que Pinochet appliqua scrupuleusement. En somme, son ambition est de mettre un terme au cycle de 35 ans d’hégémonie politique du centre-gauche qui a suivi la fin du régime militaire en 1990, à l’exception de deux intermèdes de droite traditionnelle (2010-2014 et 2018-2022) sous les présidences de Sebastián Piñera.

Faute de majorité parlementaire, ce dernier ne put rompre, comme il s’y était engagé, avec la politique d’un régime où alternaient à la tête d’un État très centralisé un démocrate-chrétien puis, la fois suivante, un socialiste, sans que rien ne bouge réellement… C’est cet immobilisme qui a suscité une forme de dégagisme lors du scrutin de dimanche : les trois partis de droite incarnés par Kast, Kaiser et Matthei forment déjà un bloc parlementaire disposant d’une majorité absolue. Il ne leur manque plus que la présidence, qui ne devrait pas leur échapper.

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  1. Point que Libération s’est empressé de mettre en exergue dans son titre lundi, dans l’intention bien entendue maligne de dire : « tel père, tel fils. » ↩

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Fin de la session annuelle des évêques du Sénégal, Mauritanie, Cap-Vert et Guinée-Bissau

Au terme des travaux de leur session ordinaire, de l’année pastorale 2025-2026, tenue du 10 au 18 novembre 2025 à Kédougou, dans le diocèse de Tambacounda au Sénégal, les évêques ont appelé leurs gouvernements respectifs à œuvrer à de meilleures conditions sociales, économiques, politiques et sécuritaires de leurs pays. Exprimant leur gratitude aux fidèles pour leur engagement et leur soutien dans la marche de leur Église, les évêques les ont exhortés à être des artisans de paix et d'espérance.

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Une sœur kényane transforme des vies, unissant foi et agriculture durable

En collaboration avec la fondation Hilton, Vatican News publie une série d'articles sur l'action des religieuses dans le monde, des contributions offertes par des sœurs présentes dans le monde entier. Dans cet épisode, nous nous intéressons au travail de sœur Joséphine Kwenga, qui aide les agriculteurs des villages kényans à développer des pratiques agricoles viables afin de donner un nouveau souffle aux familles et à la mission de l’Eglise de sauvegarder la Création.

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Côte d’Ivoire: l’Église appelle les fidèles à «ouvrir les yeux» sur les pauvres

Lors de la célébration de la Journée mondiale et du Jubilé des pauvres le dimanche 16 novembre à la chapelle Notre-Dame de l’Espérance du CHU de Yopougon, Mgr Bruno Essoh Yedoh, évêque de Bondoukou et président de la Commission épiscopale pour la pastorale sociale a invité les fidèles à accueillir cette année jubilaire «dans un esprit de repentance, de renouveau spirituel», et à se tourner résolument vers «le Christ, source ultime d’espérance, d’unité et de paix».

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Clash de niveau

Le philosophe Philippe Nemo et l’enseignant Joachim Le Floch-Imad sont d’accord : l’École française est dans un état catastrophique. Mais leurs remèdes divergent radicalement. L’un plaide pour une potion libérale à la Milton Friedman, l’autre pour un traitement de choc inspiré du docteur Chevènement. Un débat très instructif.



Causeur. D’après une récente enquête internationale, seuls 4 % des enseignants français estiment que leur métier est valorisé au sein de la société, soit la pire statistique de l’OCDE. Que vous inspire ce chiffre ?

Philippe Nemo. Si nos professeurs se sentent méprisés, ce n’est pas tant parce qu’ils sont mal payés que parce que l’Éducation nationale a cessé de les considérer comme des hommes voués au savoir. Enseigner ne serait qu’un « métier », une occupation besogneuse, un travail social comme un autre, alors que c’est en réalité une vocation spirituelle. En 2016, j’ai cofondé l’École professorale de Paris, dans laquelle nous préparons des étudiants aux concours de l’Éducation nationale. Dernièrement, un de nos jeunes diplômés a donné son cours devant un inspecteur en vue de sa titularisation. Une leçon excellente que la classe a écoutée avec passion et en silence. À la fin, l’inspecteur a lancé à l’enseignant sur un ton d’amer reproche : « Vous rendez-vous compte de ce que vous avez fait ? On aurait entendu voler une mouche. Or on aurait dû entendre un brouhaha, ce qui aurait montré que les élèves étaient actifs. » Et il a ajouté cette phrase typique de l’idéologie qui règne désormais au ministère : « Mettez-vous bien dans la tête que vous n’avez pas à transmettre. »

Joachim Le Floch-Imad. L’Éducation nationale considère en effet, au moins depuis la loi Jospin de 1989, qu’un bon professeur est moins un maître de sa discipline qu’un animateur. Dans les Inspé (ex-IUFM), on apprend ainsi aux enseignants à ne rien apprendre à leurs élèves, avec des formations toujours plus idéologiques comme « Guérir de “l’hégémonie hétérosexuelle” », « La nature a-t-elle un genre ? », « Queeriser le curriculum ». À cette désintellectualisation s’ajoute la désanctuarisation de l’École, devenue caisse de résonance de la violence de la société et la destruction de l’autorité : des relations conflictuelles avec les familles, des professeurs, face à des classes hétérogènes, qui font cours la peur au ventre, voire s’autocensurent pour 56 % d’entre eux. Les 100 000 enseignants menacés ou agressés chaque année ne semblent pas gêner l’administration qui, en pratique, perpétue le « pas de vagues » qu’elle prétend avoir aboli. Il y a aussi le problème de la rémunération, avec une perte de pouvoir d’achat de 25 % en vingt-cinq ans. Il est vrai que les « hussards noirs de la République », sur lesquels Charles Péguy a écrit de si belles pages, servaient l’École bien plus qu’ils n’en vivaient. Seulement leur prestige s’imposait dans une France où les valeurs de la connaissance demeuraient respectées et où l’on savait éduquer au sens étymologique du terme : « educare », c’est-à-dire instruire, et « educere », conduire hors de soi, proposer un détour par les œuvres du passé pour revenir au présent mieux armé.

P. N. Cette élévation passait essentiellement par l’instruction. Mais le ministère « de l’Instruction publique » est devenu en 1932 ministère « de l’Éducation nationale ». Depuis lors, l’école a été dirigée de fait par un personnel de gauche qui a eu pour dessein d’y forger un homme nouveau. Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale sous François Hollande, explique en effet que les enseignants forment un « clergé » dont la mission est de « transsubstantier » (il emploie ce terme) les Français. Cette ambition véritablement néo-religieuse, déjà dénoncée par Condorcet et les autres hommes des Lumières à l’époque révolutionnaire, et encore par Clemenceau au temps du petit père Combes, se traduit aujourd’hui dans de nouvelles matières comme l’Evars (éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle). Quelles compétences l’Éducation nationale peut-elle donc prétendre posséder au sujet de la vie « affective », « relationnelle » et « sexuelle » ? De quoi se mêle-t-elle ? C’est un domaine où seules doivent être impliquées les familles. Que des enseignants proposent ce type de formation à leurs propres enfants, et aux enfants que certains voudront bien leur confier, libre à eux. Mais le scandale est qu’ils soient en position juridique de l’imposer à tous les enfants et à toutes les familles de France dans toutes les écoles publiques et privées. Concernant la sexualité, ces cours vont diffuser le dogme LGBT, qui n’est qu’une idéologie et en aucun sens une science. Mais surtout, quant à la forme, de quel droit une administration d’État peut-elle décider de s’immiscer dans l’intimité des enfants au nez et à la barbe de leurs parents ? Les familles n’auront pas le droit de dispenser leurs enfants de suivre ces cours. Elles ne connaîtront ni le contenu exact de ceux-ci, ni l’identité des « intervenants » (ce seront des « associations », mandatées par qui et selon quels critères ?), ni même la date des séances, tant on craint l’irruption de parents révoltés. La réalité est donc qu’une minorité idéologisée qui tient les bonnes manettes dans l’Éducation nationale est parvenue à utiliser la force coercitive de l’État pour entreprendre de transformer en profondeur les mentalités sociales, pour « créer un nouveau peuple », comme le voulait Robespierre.

J. L. F.-I. Le taux de syndicalisation est en chute libre et les syndicats ont perdu leur influence sur les avancées de carrière. Leur pouvoir ne subsiste, sur le terrain idéologique, que parce que les gouvernants demeurent complaisants à son égard. J’attends toujours des sanctions contre les enseignants qui ont bloqué leur lycée pour s’opposer à l’interdiction de l’abaya ! Mais il y a surtout au sein de l’Éducation nationale de plus en plus de cadres issus du privé, adeptes du « New Public Management », qui considèrent moins l’École comme une institution que comme un prestataire de services. J’en veux pour preuve la novlangue entrepreneuriale au sein du ministère. On ne parle plus de savoirs, mais de « compétences », de programmes mais de « curricula », d’inspections mais de « rendez-vous de carrière ». Le nouveau ministre, Édouard Geffray, décrit les professeurs en termes de « stocks » et de « flux ». On est loin du socialisme… Enfin, permettez-moi de ne pas voir de continuité entre le Front populaire et le Nouveau Front populaire, d’être nostalgique des discours à la jeunesse de Jaurès, du républicanisme intransigeant de Jean Zay ou encore du bel objectif que Paul Langevin assignait à l’école : « La sélection des meilleurs et la promotion de tous. » Le désastre a débuté bien après, dans les années 1970, lorsque l’École a renoncé à l’exigence intellectuelle et que les politiciens ont imposé le collège unique.

Et aujourd’hui, l’École peine à apprendre à lire mais elle prétend apprendre à aimer…

J. L. F.-I.  Émiettée dans ses missions, notre École n’instruit plus mais coconstruit. Elle n’éduque plus mais rééduque. On le voit à travers l’Evars, mais aussi les cours d’écocitoyenneté ou la lutte contre les « fake news » au cœur de l’enseignement moral et civique. Depuis des décennies, des ministres sans vision, sans courage et sans expertise se succèdent et, entre des effets d’annonce et des slogans, laissent l’École naviguer à vue, au gré de débats périphériques. Il est temps de lui redonner un cap politique !

P. N. Cette situation est due à l’idéologie mais aussi, et peut-être d’abord, au gigantisme et à la centralisation du système, qui le rendent ingouvernable et l’exposent donc aux pires errements. Il n’est pas possible de gérer centralement une collectivité de 1,2 million de salariés et 15 millions d’élèves et d’étudiants, pour des raisons épistémologiques. Toutes les économies gérées par un Gosplan à la soviétique ont échoué, et, toutes proportions gardées, c’est un problème similaire qui se pose à l’Éducation nationale. Et de même que les Russes ont survécu grâce à l’économie souterraine, de même l’enseignement privé joue un rôle de soupape de survie dans le paysage scolaire français d’aujourd’hui.

En concluez-vous qu’il faudrait privatiser l’Éducation nationale ?

P. N. Non. Car il y a d’excellentes raisons, même pour un libéral, de ne pas souhaiter une complète privatisation de l’école. Ce qu’il faut, c’est un système où le financement soit largement public et l’éducation de base gratuite pour tous, mais où la prestation soit plurielle. Ainsi le « pouvoir spirituel » que se sont arrogés les syndicats de gauche sera-t-il rendu à la société civile. C’est le modèle des écoles à « charte » qui existent dans de nombreux pays (Suède, Portugal, États-Unis, Grande-Bretagne…). Elles respectent un « cahier des charges » national, mais sont autonomes dans leur fonctionnement et le choix de leurs méthodes.

Philippe Nemo et Joachim Le Floch-Imad débattent avec « Causeur » Photo : Hannah Assouline

Cela ne risque-t-il pas d’engendrer une école à deux vitesses ?

P. N. Nullement, puisque je répète que dans un tel système, l’école est gratuite. Seulement, la liberté permet une différenciation qui, d’ailleurs, contrairement à ce qu’on croit, joue autant dans le sens de la convergence que de la divergence, comme c’est le cas dans la plupart des activités économiques et sociales où existe une concurrence. Mais l’intérêt essentiel de ce système est de permettre qu’il y ait dans chaque école un « pilote dans l’avion », c’est-à-dire un chef d’établissement qui recrute les professeurs, gère les équipes et résout les problèmes en temps réel parce qu’il a tous les pouvoirs administratifs lui permettant de le faire. Nos chefs d’établissement n’ont pas ces pouvoirs, moyennant quoi tout se dégrade.

J. L. F.-I. Sur le crime que constitue le dévoiement de l’égalité en égalitarisme, nous sommes d’accord. Les classes populaires qui n’ont que l’École pour s’élever en sont les premières victimes. Mais contrairement à vous, je ne crois pas que le libéralisme scolaire constitue le remède miracle à nos maux. Lorsque le Titanic se dirige vers l’iceberg, mieux vaut en changer le cap plutôt que d’inviter chacun à affréter son canot de sauvetage. Il faut rebâtir une École de l’excellence pour tous, y compris dans le public, pas seulement sauver quelques espaces de refuge. Dans mon ouvrage, je propose, dans le cadre d’une alternance politique, un programme de reprise en main de la technostructure de l’Éducation nationale : nominations stratégiques à tous les postes clés ; démantèlement d’une large partie des comités Théodule et de la bureaucratie du ministère (20 % de la dépense totale va à des personnels non enseignants !) ; rappel à l’ordre des fonctionnaires et syndicalistes qui violent leur devoir de neutralité et de loyauté ; et retrait d’agrément aux associations militantes. On ne brisera pas la spirale de l’impuissance tant que le ministre ne sera qu’un contre-pouvoir parmi d’autres.

P. N. Vous ne parviendrez pas à dévier le Titanic. Êtes-vous prêt, oui ou non, à abroger le statut de la fonction publique ? À supprimer la cogestion du ministère par les syndicats ? Ce ministère, tel qu’il est, est décidément irréformable. Il faut rebâtir quelque chose à côté de lui.

J. L. F.-I. Vu l’immigration hors de contrôle que nous connaissons, nombre de vos écoles indépendantes seraient aux mains des Frères musulmans. Le libéralisme scolaire effréné, c’est le dernier clou sur le cercueil de notre nation. Mais aussi de l’enseignement des Humanités. Javier Milei, disciple de Hayek comme vous, n’a-t-il pas nommé un ministre du « Capital humain » en lieu et place de l’Éducation ? Vous idéalisez le modèle suédois, engagé sur la même pente que nous : – 45 points au dernier classement Pisa. On trouve certes en Suède des chefs d’établissement de conviction, porteurs de beaux projets pédagogiques. Mais aussi des écoles appartenant à de grands groupes cotés en Bourse qui n’ont d’autre horizon que le profit.

P. N. Être coté en Bourse est-il un crime ? La vérité est que les écoles ainsi gérées réussissent mieux les tests PISA que les écoles publiques.

J. L. F.-I. Parce qu’elles accueillent des élèves issus de familles plus favorisées. Aux tests PISA, les pays qui rayonnent sont Singapour, la Chine, Taïwan, la Corée du Sud, le Japon, où les systèmes éducatifs sont centralisés. En France, nous avons un État qui se mêle de tout, un « État-Église » comme vous dites, sauf de l’essentiel, à savoir du rétablissement de l’autorité et de l’exigence intellectuelle dans notre École.

P. N. En tout cas, le temps presse. Chaque génération nouvelle est moins instruite que la précédente. C’est, selon moi, la vraie cause des grands problèmes actuels du pays.

J. L. F.-I. Pour vous, le pays est malade à cause de son École. Pour moi, c’est l’inverse. L’École est malade à cause des idéologies qui la défont, mais aussi de la décivilisation du corps social et de la haine de soi qui ronge notre nation à la dérive.

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Iran: 45 ans d’infiltration en France…

Un très inquiétant rapport du think tank « France 2050 » met en lumière la machine de guerre secrète de l’Iran en France. Il lève ainsi le voile sur 45 ans d’infiltration dans notre pays. Opérations secrètes, réseaux dormants, stratégies d’influence: quelles révélations contiennent ses 85 pages?


Un rapport explosif du think tank « France 2050 », remis le 29 octobre aux présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat ainsi qu’au ministre de l’Intérieur, lève le voile sur l’ampleur insoupçonnée de l’infiltration iranienne en France. Depuis l’avènement de la République islamique en 1979, Téhéran a tissé patiemment sa toile sur le territoire français, transformant son réseau diplomatique en véritable centre de commandement pour ses services secrets.

Une stratégie inscrite dans la Constitution iranienne

L’originalité de la menace iranienne réside dans son caractère constitutionnel. La Constitution de 1979, révisée en 1989, érige explicitement le djihad en mission d’État.

Son préambule stipule que l’armée et le Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI) doivent mener la guerre pour « étendre la souveraineté de la loi de Dieu dans le monde ». L’article 11 proclame que « tous les musulmans forment une seule oumma », légitimant ainsi l’ingérence dans les affaires d’autres pays.

Cette architecture constitutionnelle transforme la République islamique en projet idéologique global, dépassant largement le cadre d’un simple régime autoritaire. Le Guide suprême, aujourd’hui Ali Khamenei, cumule autorité religieuse, militaire et politique, se présentant comme le représentant de l’Imam caché, avec une vocation transnationale.

Des techniques médiévales adaptées à l’ère moderne

Le rapport révèle un détail stupéfiant : les méthodes actuelles du régime s’inspirent directement des techniques d’Hassan Sabbāh, maître de l’Ordre des Assassins au XIe siècle en Perse – Infiltration longue durée, dissimulation (taqiya), exécution dans des lieux publics, dépôt de menaces nocturnes. Les mêmes tactiques sont employées aujourd’hui. Seuls les outils ont changé : le dark web a remplacé les pigeons voyageurs, les bombes et kalachnikovs se sont substitués aux poignards. Cette continuité millénaire démontre l’ancrage profond de ces pratiques dans la culture politique iranienne.

Une manipulation religieuse au service du politique

Le régime détourne systématiquement l’islam pour servir ses objectifs politiques.

Exemple frappant : la lapidation, pratiquée en Iran au nom de la charia, n’existe pas dans le Coran qui la condamne explicitement. Elle est justifiée par un hadith selon lequel le verset autorisant cette pratique aurait été… mangé par une chèvre ! Malgré l’absurdité manifeste, cette « justification » permet de maintenir cette barbarie dans le Code pénal iranien.

Ali Khamenei a créé en 2023 une nouvelle catégorie religieuse : le « haram politique ». Apparaître tête nue pour une femme serait un « interdit politique », fusionnant ainsi religion et idéologie d’État.

Quand le Parti Communiste Français hébergeait le prosélytisme chiite

Entre 2013 et 2018, dans un cas d’infiltration stupéfiant, des locaux du Parti Communiste Français dans le 13e arrondissement de Paris ont accueilli des conférences religieuses organisées par Seraj Mirdamadi, cousin germain du Guide suprême Ali Khamenei. Ces événements, présentés comme des échanges culturels réunissant sociologues et universitaires, servaient en réalité de vecteur de prosélytisme chiite, attirant à la fois des fidèles et des militants d’extrême-gauche du Parti des Travailleurs.

Cette proximité idéologique entre une partie de l’extrême gauche française et la République islamique s’explique par une convergence sur l’antisionisme, l’anti-impérialisme et l’anticapitalisme. Jean-Luc Mélenchon exprimait d’ailleurs à la même époque son souhait d’intégrer la France à l’alliance bolivarienne soutenue par l’axe Iran-Venezuela.

L’alliance avec le crime organisé européen

Révélation majeure du rapport : Téhéran s’appuie désormais massivement sur des réseaux criminels pour ses opérations clandestines. Ramin Yektaparast, ancien chef des Hells Angels en Allemagne, a été recruté pour planifier des attaques contre des synagogues. En Suède, le réseau criminel Foxtrot a été utilisé pour des attentats contre des cibles israéliennes. Le ministre français de l’Intérieur a confirmé en janvier 2025 que des narcotrafiquants ont été employés par des agents iraniens sur le sol français.

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Cette stratégie présente un double avantage pour Téhéran : elle brouille les pistes en cas d’arrestation et permet un déni plausible, les exécutants ignorant souvent qu’ils travaillent pour l’Iran.

L’ambassade d’Iran à Paris, quartier général de l’influence

L’ambassade iranienne à Paris ne fonctionne plus comme une mission diplomatique classique depuis des décennies. Elle sert de centre névralgique aux opérations d’influence orchestrées par la Force Al-Qods, unité d’élite du CGRI disposant de huit services : renseignement, infiltration, sabotage, opérations financières, guerre économique, terrorisme, influence et cyberguerre.

Le numéro deux de l’ambassade, Ali Reza Khalili, également président du Centre franco-iranien, supervise le recrutement d’agents d’influence. Ces derniers sont soigneusement sélectionnés parmi les intellectuels, journalistes, universitaires et étudiants français ou binationaux partageant certaines valeurs du régime, notamment sur la cause palestinienne.

L’Université Al-Mustafa : fabrique d’agents d’influence

Au cœur du dispositif se trouve l’Université Internationale Jamiat Al-Mustafa, basée à Qom. Dotée d’un budget quasi illimité, elle forme tous les cadres du régime. Avec plus de 50 000 étudiants issus d’une centaine de pays, elle constitue une véritable « ambassade officieuse » à travers le monde, entretenant des partenariats avec une quarantaine de pays, dont la France.

Cette institution organise régulièrement des séminaires analysant les « dynamiques et évolutions » en France. En mars 2024, une réunion s’est tenue sur « la place de l’islam en France », identifiant les influenceurs musulmans français et étudiant comment « rediriger les jeunes musulmans français vers le chiisme ».

Des influenceurs téléguidés sur les réseaux sociaux

La République islamique a adapté ses méthodes à l’ère numérique. L’influenceur Shahin Hazamy, suivi par un demi-million d’abonnés, incarne cette nouvelle génération d’agents d’influence. Arrêté en avril 2025 pour apologie du terrorisme, il aurait visité Qom, ville où sont formés les agents étrangers, et entretient des liens avérés avec la Force Al-Qods. Hazamy a été filmé distribuant des drapeaux iraniens lors d’une manifestation organisée par LFI en juin 2025. L’iran pilote beaucoup de petits Hazamy en Occident…

Un bilan sanglant et une menace actuelle et sophistiquée

Les chiffres donnent le vertige : entre le 1er janvier et le 31 août 2025 seulement, 856 exécutions ont eu lieu en Iran. Depuis 1979, environ 540 Iraniens réfugiés à l’étranger ont été assassinés ou enlevés par la République islamique. En France, les attentats des années 1985-1986 ont causé 13 morts et plus de 300 blessés.

Aujourd’hui, la menace reste élevée. En juin 2024, un réseau préparant des assassinats ciblés et des incendies dans le sud de la France a été démantelé. Les services français estiment qu’une tentative d’attentat est probable d’ici 12 à 18 mois, particulièrement en période de tension au Moyen-Orient.

Face à cette menace multiforme, le rapport appelle à une prise de conscience urgente et à des mesures fermes : classification du CGRI (Corps des gardiens de la révolution islamique) comme organisation terroriste par l’Union européenne, surveillance accrue des étudiants et religieux voyageant en Iran, démantèlement des réseaux d’influence et refus catégorique de céder au chantage des prises d’otages. Quarante-cinq ans après la révolution islamique, la guerre secrète de Téhéran en France n’a jamais été aussi sophistiquée ni aussi dangereuse.

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Hamas, la bande à Gaza

Israël a obtenu le retour des otages vivants et une partie des corps des otages morts. Cependant, les espoirs suscités par le plan de paix de Trump de voir le Hamas rendre les armes et se retirer de la scène politique sont déjà déçus. On peut même redouter une libanisation de Gaza, avec un Hamas jouant le rôle du Hezbollah.


C’était trop beau pour être vrai. Libération immédiate de tous les otages, morts et vivants, désarmement du Hamas et exclusion du mouvement terroriste de toute gouvernance à Gaza ou ailleurs, tout cela pour le modique prix d’un cessez-le-feu sans engagement israélien ni assurance américaine de mettre fin à la guerre. Pour Israël, les 20 points devenus le « plan Trump pour Gaza » semblaient parfaits. Un mois plus tard, on constate que la perfection n’est pas de ce monde.

Certes, le Hamas a libéré rapidement et en une seule fois tous les otages encore vivants, perdant ainsi sa carte maîtresse, et ce n’est pas rien, loin de là. Sauf que, la proposition de rendre tous les otages morts et vivants en échange de la fin définitive de la guerre était déjà sur la table depuis au moins février. Ce que Trump propose avec ses 20 points était bien plus favorable pour Israël : un processus menant automatiquement et sans heurts d’une phase 1 – cessez-le-feu, fin des hostilités et libération des otages – à la phase 2 – désarmement du Hamas et son éloignement de la gouvernance de la bande de Gaza –, puis au déploiement des forces de maintien de la paix, et au bout du chemin à la fin définitive de la guerre.

En Israël, si le gouvernement était passablement circonspect, une grande partie de la population a célébré le plan Trump comme un nouveau 8 mai 1945 et pavoisé ses rues à l’effigie du nouveau Roosevelt. Si le Nobel était décerné à Tel-Aviv, Trump l’aurait eu le jour même. C’est évidemment prématuré. Les chefs du Hamas ne se sont pas suicidés dans les tunnels qu’ils avaient construits pour se protéger. Le mouvement terroriste est beaucoup moins affaibli que la Wehrmacht en 1945 et bien mieux conseillé. Pris de court par Trump, il a réussi à desserrer l’étau au moyen de manigances, coups de force et revirements, gagnant du temps et du champ politique.

Manigances

Le Hamas a d’abord feint de se plier aux pressions américaines, qatariennes, turques et égyptiennes. Finalement ses dirigeants ont accepté la proposition de Donald Trump, parce qu’ils ont compris que, s’ils devaient libérer les otages vivants, ils pourraient faire traîner en longueur la restitution des dépouilles des otages morts et avec elle la première phase du plan Trump. Ce qui n’empêche pas les médias et les chancelleries de proclamer que le Hamas respecte le deal.

Il rend donc les corps au compte-gouttes et profite de la prolongation de cette phase de libération des otages pour se renforcer et tenter de rendre le désarmement prévu par la deuxième phase impossible. Sur le terrain, ses militants n’ont pas perdu une seconde pour reconstruire les bases de leur domination militaire, politique et économique. Avant même la grande messe de Charm el-Cheikh, le 13 octobre, le mouvement islamiste a engagé une violente reprise en main de Gaza, en lançant une guerre civile miniature contre des clans et des familles jugés dissidents ou accusés de collaboration avec Israël.

Le premier épisode de cette vendetta a lieu le 12 octobre. Il se déroule au sud de Gaza-ville, lorsque le Hamas tente de désarmer et d’arrêter des membres du puissant clan Doghmush. Lors des combats, au moins 27 personnes auraient été tuées, dont huit du Hamas. Certaines sources évoquent un bilan bien plus lourd, qui atteindrait jusqu’à 64 morts. Ce conflit rappelle les affrontements sanglants de 2007, lorsque le Hamas avait renversé le Fatah à Gaza. Le fait que le mouvement ait lancé cette opération si rapidement montre qu’il entend reprendre son monopole des armes et ne tolérera pas les autonomies tribales qui s’étaient développées pendant son affaiblissement temporaire durant la guerre.

Le 13 octobre, au moment où on sable le jus d’orange à Charm el-Cheikh, la répression se mue en une véritable campagne de terreur, qualifiée par la milice de « stabilisation ». Derrière ce vocabulaire se cache une journée d’arrestations arbitraires, de perquisitions brutales et de violences contre des groupes et des individus perçus comme des menaces.

Le 14 octobre, le Hamas passe de la reconquête à la terreur de masse. Il diffuse une vidéo, authentifiée par plusieurs médias, montrant l’exécution par balle dans la nuque de huit hommes ligotés, agenouillés et les yeux bandés. Les victimes, désignées comme des « collabos » ou des « hors-la-loi », sont abattues sous les yeux de civils contraints d’assister à la scène.

Le 15 octobre, de nouveaux rapports font état d’exécutions publiques et de raids armés menés par le Hamas contre des familles considérées comme dissidentes ou soupçonnées d’avoir soutenu des factions rivales. En moins d’une semaine, Gaza a ainsi connu une série de violences internes destinées à réprimer systématiquement toute structure non alignée sur le Hamas, avec un bilan de plus d’une centaine de morts. Sûr de lui et en passe de redevenir dominateur, le mouvement islamiste peut dès lors se tourner vers son grand rival dans la bande de Gaza : l’État juif.

19 octobre, le jour où l’édifice diplomatique a failli s’effondrer

Le 19 octobre, dix jours après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, deux soldats israéliens sont tués près de Rafah, lors d’une attaque menée par des cellules encore actives du Hamas dans les ruines de cette zone frontalière avec l’Égypte. La gravité de l’incident provoque immédiatement une réaction de Tsahal. Israël suspend, puis rétablit partiellement l’acheminement de l’aide humanitaire. Certains de ses ministres appellent à considérer le plan Trump comme caduc et à reprendre la guerre. Le Hamas nie aussitôt toute responsabilité, mais il est tout simplement inimaginable que le mouvement islamiste, qui a repris avec une telle brutalité le contrôle de Gaza, ait laissé un groupe armé prendre de sa propre initiative le risque de torpiller le cessez-le-feu.

Cet incident, et la perspective de voir l’édifice diplomatique s’effondrer, ont poussé Washington à dépêcher en Israël en mission qualifiée par la presse israélienne de « Bibi Sitter » le vice-président J. D. Vance, accompagné des deux négociateurs en chef, Steven Witkoffet Jared Kushner. Le trio a contraint Netanyahou au cessez-le-feu, mais les Américains savent que le plan Trump, très avantageux pour Israël, déplaît souverainement au Hamas. Ils savent aussi que, pour Erdogan par exemple, le fait que le Hamas grignote sa voie vers le statu quo ante 7-Octobre n’est qu’une adaptation naturelle du plan Trump à la réalité du terrain. Israël se trouve donc acculé par ces grignotages à des choix binaires : rompre ou avaler la potion amère. Ainsi, même si pour le moment, la coordination entre les États-Unis et Israël se déroule comme prévu (avec la participation active des Britanniques présents en Israël, dévoile The Times), le grignotage constant du Hamas met ces mécanismes à l’épreuve.

En Israël, les principales craintes concernent un désaccord sur les lignes exactes où se déploiera Tsahal, les règles d’engagement ainsi que sur sa liberté d’imposer des sanctions au Hamas en contrôlant – et au besoin en réduisant – le flux de l’aide. Israël s’attend donc à des pressions constantes pour « laisser passer, laisser couler » face à « de petites violations » ou « des infractions mineures ». On l’a vu le 28 octobre, après un tir de roquette sur un engin de Tsahal qui a tué un soldat. Face à cette violation flagrante, les Américains ont certes soutenu une réplique israélienne conséquente, mais ils se sont hâtés de refermer la parenthèse et de proclamer que le cessez-le-feu était toujours en vigueur. À l’évidence, si les intérêts de Washington et Jérusalem convergent largement, surtout sur le long terme, ils ne sont pas toujours identiques. Notamment autour du rôle que pourrait tenir Ankara dans « le jour d’après » à Gaza.

Pour Israël, qui voit en Erdogan un adversaire stratégique en Syrie et dans le bassin oriental de la Méditerranée ainsi qu’un soutien du Hamas et des Frères musulmans, il n’est pas question que des militaires turcs stationnent sur sa frontière. Pour Trump en revanche, Erdogan est un garçon formidable avec lequel les États-Unis entendent faire des affaires. Certes, lors d’une conférence de presse sur la base américaine de Kiryat Gat (sud d’Israël), J. D. Vance a promis que l’administration n’imposerait pas à Israël la composition de la force qui sera déployée à Gaza pour superviser l’application du cessez-le-feu. Mais en réalité, il entend bien laisser la Turquie y jouer « un rôle constructif ».

Au moment où nous bouclons, le Hamas détient toujours les corps de 12 otages. En exerçant sa terreur sur la population, il espère devenir le partenaire incontournable de la reconstruction de Gaza. Seulement, cette ambition se heurte à un obstacle de taille. Les gigantesques et très coûteux projets de reconstruction (et donc sa future pompe à fric) ne débuteront que si les puissances sollicitées pour les financer (l’Arabie saoudite, les Émirats et le Qatar) sont assurées de l’autorisation d’Israël, dont l’armée est capable de tout anéantir en quelques heures.

Une évolution à la libanaise ?

C’est donc le début d’une partie qui promet d’être longue et très serrée. La supposée force de sécurité à Gaza sera-t-elle déployée ? Selon Donald Trump, tout est prêt et les participants trépignent d’impatience. Il a ainsi écrit sur son réseau Truth Social : « Nombre de nos désormais GRANDS ALLIÉS au Moyen-Orient [Qatar, Arabie saoudite, EAU et Turquie, NDLR], et dans les régions voisines [Azerbaïdjan et Pakistan, NDLR], m’ont […] fait savoir qu’ils accueilleraient favorablement l’opportunité, à ma demande, d’entrer à GAZA avec une force importante pour “remettre le Hamas dans le droit chemin”, si celui-ci continue à se comporter mal, en violation de son accord avec nous. […] Il reste encore l’espoir que le Hamas fasse ce qu’il faut. S’il ne le fait pas, la fin du Hamas sera RAPIDE, FURIEUSE et BRUTALE ! »

Pour le moment, cette déclaration n’a pas plus de poids que la promesse de transformer Gaza en Riviera. Car même si cette force voyait le jour et le terrain de Gaza, elle pourrait bien ressembler à la Finul, déployée au Liban en 1978 et devenue, après quelques attentats contre ses Casques bleus, la caution du Hezbollah au Sud-Liban.

Donald Trump et le président indonésien Prabowo Subianto au sommet international sur Gaza, Charm el-Cheikh, 13 octobre 2025. (C) Suzanne Plunkett/Pool Photo via AP/SIPA

Une évolution « à la libanaise » n’est donc pas du tout exclue. Dans le rôle du Hezbollah, le Hamas assurerait la « résistance » contre « l’ennemi sioniste ». Dans ce scénario, le mouvement palestinien contrôlerait le territoire sans participer directement à son gouvernement, tout en captant une part de la manne économique destinée à la reconstruction.

Face à ces manigances, Israël dispose de deux cartes maîtresses pour empêcher la libanisation de Gaza et sauver l’esprit des 20 points : son armée occupe plus de la moitié de la bande de Gaza, désormais divisée en deux par la « ligne jaune », et surtout, l’État juif pourrait à tout moment, face à un réarmement du Hamas (et non pas une simple violation du cesser-le-feu) jugé insoutenable, réagir par la force et, le cas échéant, détruire tout début de reconstruction émergeant du sol.

Et ce n’est nul autre que Jared Kushner qui a explicité cette menace. Le 23 octobre, en réponse à un journaliste d’Haaretz, le gendre de Donald Trump a annoncé que les États-Unis envisageaient de commencer la reconstruction des zones sous contrôle israélien, précisant qu’« aucune reconstruction n’aurait lieu dans les zones encore sous le contrôle du Hamas ». Si cette promesse est tenue, le Hamas, sans les armes stratégiques et les ressources nécessaires pour jouer au grand jeu, serait condamné à n’être plus que le premier gang de Gaza. Sans capacité de distribuer des logements et du travail, sans pouvoir reconstruire des infrastructures et avec des soldats israéliens sur le sol de Gaza, le mouvement islamiste perdra sa légitimité populaire. Surtout si, à quelques centaines de mètres, dans le périmètre occupé par Israël, les travaux avancent.

Autrement dit, sauf coup de théâtre, le Hamas conserve le pouvoir de nuire, pas celui de faire danser toute la région au rythme de ses lubies meurtrières. De ce point de vue, la situation stratégique d’Israël s’est nettement améliorée par rapport au 6 octobre 2023. L’affaiblissement réel et significatif du Hezbollah, du Hamas, de l’Iran et la Syrie, ouvre des perspectives prometteuses dans la région et au-delà. Et le plan Trump a au moins un mérite : Israël a pu prendre ses gains et quitter la table pour convertir les jetons gagnés par la force en monnaie diplomatique. Cependant, la fenêtre d’opportunité ne restera pas ouverte indéfiniment. Et pendant ce temps, la crise politique déclenchée par la réforme judiciaire continue de diviser le pays et de fragiliser ses institutions. Alors que les élections n’auront probablement lieu que dans un an, on peut aussi compter sur les Palestiniens de Cisjordanie et sur les colons pour jeter de l’huile sur les braises.

Reste à espérer que l’Etat hébreu jouera finement de cette position de force et saura tirer parti des tensions, bien réelles et promises à s’intensifier, au sein de la société gazaouie, qui commence seulement à réaliser la catastrophe qu’elle vient de vivre. À Gaza, le « jour d’après » risque fort d’être un jour sans fin.

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November 17, 2025

Climat: Léon XIV appelle à un engagement concret à la hauteur des enjeux

Le Pape Léon XIV a envoyé un message vidéo lundi soir à destination des cardinaux et des évêques participants à la COP30 à Belém. Depuis Rome, le Saint-Père a appelé à la mise en place d’actions et de politiques climatiques plus fortes, capables de répondre aux objectifs de l’Accord de Paris. «Nous sommes les gardiens de la création, pas des rivaux pour ses dépouilles», a-t-il martelé.

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Un concert pour soutenir l’hôpital pédiatrique “Bambino Gesù”

À l’occasion de la Journée internationale des droits de l'enfant et de l'adolescent, un concert de bienfaisance est prévu jeudi 20 novembre, à 19 heures, dans la salle Paul VI du Vatican. Une initiative pour soutenir l'hôpital pédiatrique du Saint-Siège.

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Père Rafanomezantsoa: les évêques malgaches exhortent à l’écoute des aspirations du peuple

Lors de l’interview accordée à Radio Vatican, le Père Séraphin Rafanomezantsoa, Secrétaire Général de la Conférence épiscopale de Madagascar, revient les points saillants du message des évêques dans lequel ils expriment une profonde préoccupation devant le processus actuel, qu’ils jugent menacé de s’éloigner des aspirations du peuple malgache. Ils mettent en garde contre un retour aux dérives du passé, rappelant que les manifestations récentes sont nées de causes persistantes.

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Le retour d’un christianisme musclé?

Dans une France qui s’archipélise, l’apparition d’une horde de pèlerins néo-chrétienne sur les réseaux sociaux est réjouissante. Mais elle a aussi de mauvais côtés.


Qu’on le regrette ou qu’on s’en réjouisse, le constat est là : la religion semble sortie de la sphère privée et du domaine de l’intime. La mode est à la foi qu’on revendique et qu’on affiche, de manière ostensible voire ostentatoire, en particulier chez les jeunes générations. Le catholicisme ne fait pas exception : c’est ce que j’ai découvert récemment, au fil de mon parcours de catéchumène débuté il y a 16 mois. Déjà en hausse de + 30% en 2024 et de + 45% en 2025, le nombre d’adultes demandant le baptême catholique ne cesse d’augmenter en France. En Belgique, le chiffre a même triplé en dix ans. Parmi ces aspirants catholiques, la part des 18-25 ans affiche une croissance particulièrement spectaculaire, dépassant aujourd’hui celle des 26-40 ans qui représentait jusqu’ici le cœur de cible historique du catéchuménat.

Besoin d’appartenance

Durant ces deux années de préparation au baptême, les catéchumènes d’une même paroisse sont invités à se regrouper lors de journées de rites et de partage. Du haut de mes 37 ans, je me suis vite sentie doyenne de ce groupe constitué en majorité d’étudiants et de jeunes actifs, particulièrement exaltés. Considérant l’excessivité en toute chose comme l’apanage de la jeunesse, je ne me suis d’abord offusquée ni de leur désir commun d’une pratique religieuse plus stricte, ni de leur volonté d’afficher et d’assumer leur religion, qui parfois frôle le prosélytisme. La discrétion ne semble clairement plus être un critère déterminant lorsqu’il s’agit de choisir une croix ou une médaille de baptême. Dans la note de présentation des chiffres du catéchuménat 2025[1], le père Jean-Baptiste Siboulet, du diocèse de Nantes, constate ainsi le nombre croissant de jeunes gens désireux de « faire le Carême ». Il insiste également sur leur « besoin d’appartenance à un groupe ».

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Leurs histoires personnelles se ressemblent : le premier contact avec la foi catholique n’a souvent pas lieu au sein de la cellule familiale ou amicale mais sur les réseaux sociaux par le biais d’influenceurs, qu’ils ne cessent de m’exhorter à suivre. Je découvre ainsi sur Instagram et TikTok un nombre impressionnant d’influenceurs catholiques, majoritairement de moins de 30 ans, essentiellement masculins, parfois prêtres consacrés, mais le plus souvent simples croyants. Ces jeunes hommes, suivis pas des communautés de plusieurs dizaines de milliers de personnes, exposent leur foi, leur quotidien de jeunes chrétiens, commentent l’actualité  mais, de manière plus surprenante, prodiguent des conseils de musculation et de morale. Beaucoup se fantasment missionnaires et entendent vulgariser et propager la parole de Jésus-Christ, en alternant paroles d’Amour universel et vocabulaire guerrier sur fond de culturisme.

Un phénomène qui n’est plus marginal

Comment l’Église catholique réagit-elle à ce phénomène qu’elle ne peut ignorer ? Les 28 et 29 juillet dernier se tenait la première édition du jubilé des « missionnaires digitaux » organisé par le pape Léon XIV, durant lequel celui-ci a appelé les créateurs de contenu à « nourrir d’espérance chrétienne les réseaux sociaux ». Les influenceurs catholiques les plus suivis en Europe sont d’ailleurs des prêtres italiens. Parmi ceux-ci, Giuseppe Fusari, prêtre influenceur aux 66 000 abonnés, surnommé « le prêtre culturiste », n’hésite pas à mettre en avant ses biceps volumineux et tatoués dans ses vidéos. Le curé Don Cosimo Schena, belle gueule et physique de mannequin, est suivi quant à lui par 480 000 personnes. Nous sommes loin de la caricature du curé replet et dégarni façon Don Camillo ou du chrétien souffreteux des romans de Bernanos. Clairement, l’esprit ne semble pas dominer ou, plutôt, la domination de l’esprit semble indissociable de celle du corps.

Sans le savoir, ces néo-chrétiens renouent avec un mouvement religieux né en Angleterre au milieu du xixe siècle appelé « Muscular Christianity », ou « Christianisme musclé », défini par Charles Kingsley, chanoine anglican, comme l’association de la force physique et de la certitude religieuse[2]. La participation à un sport permet d’acquérir et d’assimiler la morale chrétienne, tout en définissant la virilité. Il est intéressant de constater que l’émergence du christianisme musclé a lieu pendant des périodes d’instabilité politique dans le monde anglo-saxon. Ainsi, Thomas Arnold, directeur d’un collège universitaire, théorise à l’époque ce mouvement en expliquant chercher à forger chez les jeunes gens le caractère « dur, moral et chrétien dont ont besoin les futurs dirigeants de la Grande-Bretagne ». Il est question de foi, de devoir patriotique, de discipline, de virilité mais également de beauté morale et physique via des pratiques athlétiques.

Répondre à l’expansionnisme islamique

Sur les réseaux sociaux en 2025, si la question de la morale religieuse est toujours d’actualité, d’autres grandes thématiques peinent à trouver écho dans le cœur des néo-catholiques, en particulier celle du Pardon que ceux-ci associent aisément à de la faiblesse. Il n’est pas plus question de pardonner que de tendre l’autre joue, mais bien de défendre une culture chrétienne française sur fond de patriotisme exacerbé. L’influenceur catho.costaud, simple laïc aux 20 000 followers, nous parle de l’époque des Croisades et enchaîne les prêches : « Nous sommes la lumière, par la Sainte Vierge, par le chapelet, par la prière […] La France ne renaîtra par dans les urnes mais dans les églises ».  La défense du patrimoine culturel français, matériel ou immatériel, est un thème récurrent de ces publications. Dans une France qu’ils considèrent en danger, ces jeunes gens ressentent un réel besoin de répondre à l’expansionnisme islamique par un communautarisme chrétien. Dans cette quête identitaire face à un danger ressenti comme existentiel, certains vont jusqu’à se proclamer royalistes et questionnent la séparation de l’Église et de l’État ou la loi de 1905 sur la laïcité.

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Quel mal pourrait-il y avoir à ce que des jeunes gens en quête de discipline et de sens remplissent à nouveau nos églises, les défendent, exhibent chapelets, bérets et bretelles, fassent de la musculation ou encore se passionnent pour l’histoire de France ?  Il m’a fallu plusieurs échanges avec ces jeunes catéchumènes et néo-catholiques pour comprendre ce qui me chiffonnait dans toute cette exaltation patriotique et religieuse. Ce mouvement, essentiellement porté par des jeunes hommes, se teinte aisément de sexisme, voire de masculinisme. L’avortement y est décrié, la « reconquête » de la France devant également se faire par la natalité. Si la moralité des jeunes hommes transparait dans leur musculature et leur force physique, c’est sur le terrain de la vertu que les femmes sont attendues, même si leur apparence se doit également d’être soignée. La figure traditionnelle de la femme, douce, maternelle, élégante et patriote, est ainsi glorifiée. L’historien George L. Mosse, dans son ouvrage sur la construction de la virilité[3] exposait ainsi que « l’homme, pour prendre conscience de sa virilité, a besoin de la femme, à condition que celle-ci reste vraiment féminine ». Exclues de ce néo-christianisme musclé, les femmes n’en sont pas moins présentes sur les réseaux. Tandis que de nombreux internautes les qualifient en commentaire de « bonnes à marier », le compte Instagram lesfranceries, sur fond de chanson de Charles Aznavour, détaille ainsi la journée dominicale telle qu’elle devrait se dérouler partout en France : messe, balade, chasse, sieste et poulet rôti. Et devinez qui doit préparer ce dernier dans la douce chaleur du foyer ? En ce qui me concerne, je ne m’attendais clairement pas, en retrouvant le chemin de l’église, à ce qu’on me désigne celui du foyer et de la cuisine.


[1] Dossier de presse de l’enquête « Catéchuménat 2025 » : https://eglise.catholique.fr/wp-content/uploads/sites/2/2025/04/Catechumenes_2025_chiffres_Dossier-de-presse-2.pdf

[2] Donald E. Hall, « Muscular Christianity » : Reading and Writing the Male Social Body, Cambridge University Press 1994.

[3] George L. Mosse « L’image de l’homme – L’invention de la virilité moderne » – Editions Abbeville 1997

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Mgr Cibambo: ce n’est pas aux pauvres d’avoir honte mais à la société qui les engendre

La mission de l’Église à l’égard des pauvres ne consiste pas simplement à leur prêter une assistance dans les situations d’urgence mais de les aider à retrouver leur autonomie. C’est ainsi que le président de Caritas Afrique, entend la mise en œuvre du principe de développement humain intégral. Cela sous-entend un travail de plaidoyer qui vise à la transformation des structures injustes, mais aussi la lutte contre l’obsession pour l'accumulation des ressources au niveau des personnes.

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Nigeria: des étudiantes enlevées lors d’une attaque armée dans l’État de Kebbi

Des hommes armés ont pris d’assaut, dans la nuit du 17 novembre, un collège pour filles dans le nord-ouest du Nigeria. Le vice-président de l’établissement qui avait tenté de défendre les étudiantes a été tué et un nombre encore indéterminé d’élèves ont été enlevées. Les ravisseurs ont fui vers l’État voisin de Zamfara.

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Synode: publication des rapports intermédiaires des groupes de travail

Institués par le Pape François en mars 2024, les groupes ont remis leurs conclusions sur les travaux accomplis depuis la conclusion du Synode sur la synodalité. Les rapports finaux seront remis à Léon XIV le 31 décembre. Les thèmes abordés incluent la mission numérique, le rôle des femmes, l'œcuménisme, la polygamie, la liturgie, le ministère des nonces et l'élection des évêques.

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Le Pape aux collaborateurs des nonciatures: «Vous êtes le sel de la terre»

Le Pape a reçu en audience les collaborateurs diplomatiques des nonciatures apostoliques ce lundi 17 novembre en salle Clémentine. Il les a exhortés à «être des pèlerins d'espérance, surtout là où les peuples manquent de justice et de paix». Devant les situations difficiles, l’évêque de Rome encourage «à se souvenir que l'Église les soutient dans la prière», et à «renforcer l'identité sacerdotale en puisant la force dans les sacrements et dans une docilité constante à l'Esprit Saint».

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Taïwan: la Première ministre japonaise met le feu aux poudres

En évoquant une possible intervention militaire au côté de Taïwan, la Première ministre Sanae Takaichi a déclenché la colère de Pékin et ravivé les blessures du passé, révélant un Japon désormais décidé à assumer une ligne diplomatique plus offensive.


Un mois à peine après son accession au pouvoir, en octobre 2025, la Première ministre japonaise Sanae Takaichi a déclenché une tempête diplomatique en évoquant la possibilité d’une intervention militaire du Japon en cas d’attaque chinoise contre Taïwan. Pékin a réagi avec une virulence rare.

Une escalade verbale qui fait ressurgir les fantômes du passé, réveille les tensions territoriales et confirme que Tokyo n’entend plus pratiquer l’ambiguïté stratégique.

Sanae Takaichi, la Première ministre qui bouscule les lignes

Première femme à accéder à la tête du gouvernement japonais, Sanae Takaich, 64 ans, n’est pas une novice dans l’arène politique. Figure conservatrice du Parti libéral-démocrate (PLD), protégée du Premier ministre Shinzo Abe (2006-2007 et 2012-2020), lequel a été assassiné en 2022, elle s’est construit une réputation de femme de poigne, nationaliste assumée et inflexible sur les questions de souveraineté.

Elle milite depuis des années pour la révision de l’article 9 de la Constitution pacifiste afin de reconnaître explicitement les Forces d’autodéfense comme une « armée nationale », soutient l’augmentation du budget militaire, le développement de capacités offensives et l’adoption d’une législation anti-espionnage. Selon la dirigeante japonaise, en cas de guerre, « il est primordial de neutraliser en premier lieu les bases ennemies » (2021).

Volontiers nationaliste, elle a multiplié les visites controversées au sanctuaire de Yasukuni où reposent les héros de la Seconde Guerre mondiale.  De quoi crisper la Chine qui n’apprécie pas non plus que Sanae Takaichi tienne un discours révisionniste, allant jusqu’à affirmer que les crimes de guerre japonais ont été « exagérés » par les historiens. Questionnée en 2002, lors d’une émission télévisée, sur l’incident de Mukden qui avait conduit à l’invasion de la Mandchourie en 1931, alors députée, Sanae Takaichi avait expliqué qu’il s’agissait avant tout d’une « guerre légitime afin de protéger le Japon de toute agression extérieure », remettant même en cause les milliers de morts recensés dans le bombardement (« viol ») de Nankin en 1937. Exit donc les ravages de l’unité 731 dans l’Etat fantoche du Mandchoukouo, des exécutions sommaires et viols commis contre les civils chinois, elle estime que les termes « femmes de réconfort » et « travail forcé » restent aujourd’hui « extrêmement dévalorisant » pour le peuple japonais qui se doit de se réapproprier son histoire nationale.

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Sanae Takaichi n’a jamais caché non plus sa méfiance envers Pékin : dénonciation du vol de propriété intellectuelle, plaidoyer pour réduire la dépendance économique à la Chine, soutien au déploiement de missiles américains sur l’archipel. La tonitruante leader du PLD entend remettre son pays au centre de l’échiquier politique asiatique. En avril 2025, elle s’était rendue à Taïwan pour rencontrer le président Lai Ching-te, reprenant à son compte la phrase de Shinzo Abe : « Une situation d’urgence à Taïwan est une situation d’urgence au Japon ». Une visite qui avait fortement irrité la Chine qui ne reconnaît pas l’indépendance de cette île (1949), considérée comme une simple province chinoise séparatiste.

Taïwan, la ligne rouge qui menace d’embraser l’Asie

Le 7 novembre 2025, devant la Diète, Sanae Takaichi a déclaré : « La situation concernant Taïwan est devenue si grave que nous devons envisager le pire. ». Et d’ajouter que si l’usage de la force par la Chine « impliquait une menace pour la survie du Japon », Tokyo pourrait intervenir militairement en déployant des navires de guerre.

Ajoutée au contexte historique tendu entre la Chine et le Japon, la phrase de la Première ministre a mis le feu aux poudres. Pour la Chine, le signal est clair : Tokyo n’entretient plus aucune ambiguïté stratégique et se prépare à une intervention armée au côté des États-Unis.

À chacun son point de vue sur ce qui est encore considéré comme le rempart à l’influence du dragon rouge. Pour Pékin, Taïwan n’est pas un dossier diplomatique, mais un élément fondamental de son identité nationale : la « réunification » est non négociable, y compris par la force. L’île fut longtemps occupée par le Japon jusqu’en 1945, ce qui ajoute une charge émotionnelle supplémentaire aux relations sino-japonaises. Pour Tokyo, l’enjeu est vital. Taïwan se situe à 100 km seulement de l’archipel japonais. Sa chute provoquerait un encerclement stratégique du Japon, une rupture des routes maritimes essentielles à son économie, une domination chinoise accrue sur le Pacifique que l’Empire du Soleil Levant ne saurait accepter.

La réaction furieuse de la Chine : menace, pressions et représailles

Les autorités chinoises ont réagi avec une brutalité inhabituelle. Le consul de Chine à Osaka, Xue Jian, a publié un message menaçant de « lui couper son p*tain de cou » — un niveau de violence rhétorique rare dans la diplomatie.

Envolées désormais les poignées de main entre Sanae Takaichi et le président chinois Xi Jinping en octobre dernier comme leurs déclarations pacifiques. Le ministère chinois des Affaires étrangères a prévenu : « Quiconque ose s’ingérer dans la cause de la réunification se verra infliger une riposte ferme. ». Quant aux médias officiels chinois, ils ont affirmé que la Première ministre « devrait en payer le prix ». Dans un acte de pression supplémentaire, Pékin a déconseillé à ses ressortissants de voyager au Japon, évoquant des « risques importants pour la sécurité ». Plusieurs compagnies aériennes chinoises ont immédiatement proposé des remboursements gratuits pour les vols vers l’archipel. 

La crise sino-japonaise marque un tournant. Pour la première fois, Tokyo semble prêt à lier explicitement sa sécurité à celle de Taïwan. En réponse, Pékin choisit l’intimidation, la menace et l’instrumentalisation de l’opinion publique. Aucun des deux camps ne souhaite la guerre — mais chacun se prépare à l’éventualité du pire. La Première ministre japonaise, en assumant une ligne dure, a levé le voile sur une réalité qui s’impose désormais à l’Asie : la paix dans le détroit dépendra désormais de la fermeté — ou de la retenue — du Japon et de la Chine.

Dans un climat où les mots tranchent comme des lames, l’escalade diplomatique n’est peut-être qu’un prélude à un affrontement stratégique beaucoup plus profond.

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COP30: l’influence de l’Église dans les négociations à Belém

Coup d’envoi de la deuxième semaine de négociations à Belém. Les nombreux représentants ecclésiaux présents à la COP30 souhaitent mettre la justice climatique et le respect de la dignité humaine au cœur des débats. Analyse de la portée du message de l'Église dans les discussions climatiques avec le président de Coopération Internationale pour le Développement et la Solidarité (CIDSE), participant à la COP.

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Léon XIV met en garde contre un mauvais usage de l'IA dans la santé

En recevant les participants au séminaire sur l’éthique dans la gestion de la santé, le Pape a fustigé l’utilisation parfois frauduleuse de l’intelligence artificielle dans le domaine des soins. Il a invité ces pèlerins à porter sur les malades le regard de Dieu.

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Le cardinal Parolin ordonne Mgr Éric Soviguidi, nouveau nonce au Burkina Faso et au Niger

À Cotonou, le 15 novembre, Mgr Éric Soviguidi a reçu l’ordination épiscopale des mains du cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège et de deux autres évêques à la paroisse Sacré-Cœur d’Akpakpa. L’Église béninoise se réjouit de cette nomination, accueillie comme un signe de sollicitude du Pape pour le Burkina Faso et le Niger, deux nations fragilisées par la crise sécuritaire.

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Léon XIV: «Les mineurs et les personnes vulnérables doivent être respectés»

«Là où la justice est vécue avec miséricorde, la blessure se transforme en fenêtre de grâce», a écrit le Pape ce 17 novembre aux participants à une rencontre organisée par la Commission pontificale pour la protection des mineurs. Dans son message, le Souverain pontife a salué «le partage de leurs expériences sur la manière de prévenir toute forme d'abus et de rendre compte, avec vérité et humilité, des mesures de protection mises en place».

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Répandre l’Évangile dans les espaces numériques, un défi pour Léon XIV

L’Évangile comme source fondamentale, l’accès le plus large aux Écritures Saintes, et la nécessité de proclamer l’Évangile dans les espaces numériques: ce sont les trois principaux aspects que le Pape a abordé dans son discours ce lundi matin à la Fédération biblique catholique dont il a rencontré les membres en salle des Papes au Palais apostolique.

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Alain Souchon, vestige de la gauche prolophobe

Le chanteur préféré des vieilles institutrices abonnées à Télérama menace de s’exiler en Suisse si la droite populiste accède aux responsabilités. L’interprète de Foule sentimentale, qui raillait la bourgeoisie d’extrême droite raciste en 1977 dans son titre Poulailler’s Song a un train de retard. Il ne voit pas qu’en 2025, c’est le peuple ordinaire qui vote pour Jordan Bardella.


Les mirobolants progressistes, qui ont mis la France dans ce sale état, se ridiculisent dans leurs forfanteries. Alain Souchon est de ceux-là, quand il déclare, vendredi sur RTL, en promotion pour ses chansons : « Je ne crois pas que les Français soient aussi cons pour élire quelqu’un du Front national pour diriger ». En ajoutant : « Si ça arrivait, on irait en Suisse ». Certes, rien n’est plus convenu que ce commentaire élitiste.

Le mépris pour les Français ordinaires ne passe plus

Le même chanteur prolophobe pétitionna également, en juillet, contre l’implantation dans son quartier (le chic VIe arrondissement de Paris) d’un Carrefour City accusé de faire tache ; Jacques Toubon, ancien RPR recyclé dans la défense des humiliés, avait également apposé sa signature à ce petit carnet mondain[1]. Ce qui est nouveau, cependant, est l’exaspération que le jugement de classe de Souchon a immédiatement produit auprès d’une partie de l’opinion s’exprimant sur le numérique et les médias alternatifs. En fait, le mépris porté aux Français ordinaires par des humanistes d’apparat devient de plus en plus insupportable, à mesure que le système moralisateur produit toujours plus de pauvres, de violences, d’insécurités, de racismes, d’antisémitisme. Quand Souchon menace de rejoindre la Suisse, il fait certes un excellent choix. Mais ce faisant il plébiscite – au-delà du refuge pour les riches – une démocratie exemplaire dans sa politique de votations (référendums) menée en étroite collaboration avec le peuple raisonnable, que lui-même discrédite.

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Pénible spectacle

Ces élites, exhibant leur progressisme en déroute, ont cessé depuis longtemps de penser la réalité au profit d’un monde abstrait et coupé des gens. Leur univers fictif ne répond qu’à des codes sociaux marquant l’appartenance à des castes cloitrées dans leurs croyances. La décence est un mot que ces experts et donneurs de leçons ignorent, quand ils lancent des procès en incompétence contre les populistes, s’épargnant de s’arrêter sur leurs propres bilans désastreux. Jordan Bardella est une des cibles des salonnards. Ils en oublient de demander des comptes à Emmanuel Macron pour ses déroutes budgétaires et civilisationnelles. Il sera pourtant difficile de faire pire. La péroraison des faillis et des ratés, appuyés par un show-biz pétochard, devient un spectacle pénible. Mais l’air du temps se raidit. La morgue des récitants en clichés devient un carburant qui alimente la rébellion des proscrits, des injuriés. Ils ont face à eux la lâcheté molle de la pensée officielle qui a contaminé ses clones.

C’est très timidement que l’intelligentsia a ainsi défendu Boualem Sansal, emprisonné durant un an en Algérie et libéré mercredi grâce à l’intervention de l’Allemagne. Parce que la droite résistante à la dictature algérienne et à l’islamisme avait proposé le nom de l’écrivain, en septembre, pour le prestigieux Prix Sakharov, ses éditeurs, Antoine Gallimard et Jean-Marie Laclavetine, s’étaient opposés à cette initiative, vue comme venant de l’« extrême droite ». Cette posture snobinarde est celle de Souchon. Celle des imbéciles heureux.


[1] https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2025/07/19/a-paris-les-tres-chics-opposants-a-une-superette-pres-du-jardin-du-luxembourg_6622120_4500055.html

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Docteur Borloo: l’ordonnance qui tue

Jean-Louis Borloo était l’invité de Laurent Delahousse ce dernier dimanche en fin de journal du 20 heures de France 2. Au programme, déambulation bon enfant dans Paris et recette miracle du docteur Borloo pour sauver la France qui ne va pas bien. Quais de Seine, île de la Cité pour la balade. Bref les beaux quartiers point trop encombrés de tentes Quechua et de migrants paumés.

La France n’est pas au mieux, diagnostique l’ancien député européen, ministre et maire de Valenciennes. Là-dessus, on ne peut contester qu’il fasse consensus. Rien ne marche comme il faudrait. L’hôpital, en particulier sur lequel il prend soin d’appuyer. Les finances non plus, apprend-t-on littéralement ébahi, ne seraient pas au mieux, nous signale donc le bel esprit, passant à la hauteur du ministère dédié. Et d’en profiter pour lâcher cette remarque d’une grande puissance symbolique: la bâtisse du ministère empiète sur le cours de la Seine alors que Notre-Dame, elle, respecte le fleuve. Là, on admire l’acuité de la pensée.

L’essentiel du propos va plus loin, bien entendu : le sauvetage de la France. Et donc l’identification des causes du mal. Ou plus exactement de « la » cause. Car tout, selon le docteur Borloo, vient de ce que le pays est mal organisé. Voilà l’alfa et l’oméga. On est au bord de la pâmoison devant tant de pertinence, de perspicacité et, surtout, de nouveauté. Nous sommes invités à nous persuader que personne avant lui n’avait osé une telle audace dans le diagnostic, n’était allé aussi loin dans la dénonciation de l’accumulation des couches administratives, des doublons de responsabilité ou d’irresponsabilité entre Etat, région, département, interco, etc… Vieille rengaine, pourtant. De même la solution proposée, usée, éculée : réorganiser, bien sûr, mais surtout, et c’est bien là le coup de génie, faire de la France un Etat fédéral. À la française, cela va de soi. Bref, reprendre la marotte de Raffarin et de tous ceux qui, n’ayant pas une vraie vision de l’ampleur du problème et de la radicalité des remèdes à prescrire, s’abritent derrière ce serpent de mer : la décentralisation. Comme si éparpiller l’indigence politique suffisait à métamorphoser celle-ci en puissance d’agir…

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Donc, la France souffrirait de désorganisation. Et le docteur Borloo managerait en toute discrétion une équipe pour, le moment venu, à l’horizon 2027, partir en croisade et imposer ces vues tellement novatrices. Et surtout tellement efficaces. On brûle d’impatience.

En vérité, le grand intérêt de ce genre de trompe l’œil est de permettre à la classe médiatico-politique en place de berner le citoyen électeur en lui faisant croire que ce qu’il faut au pays est une simple réorganisation, un toilettage des rouages de fonctionnement, mais absolument pas une remise en cause en profondeur des logiciels et des principes présidant aux décisions, aux orientations politiques. Le but inavoué et pourtant patent de ce genre de prestation n’est autre que de donner à penser que tout le reste, tout ce qui ne relève pas d’une simple réorganisation des structures, est à ranger dans la rubrique des fantasmes et des faux problèmes: l’insécurité endémique, l’immigration de masse, le naufrage de l’école… Tout cela ne serait que lubie d’une sous-population aigrie et fascisante – cette catégorie de Français que l’éminent philosophe Souchon qualifie de cons.

Voilà bien le but, voilà la stratégie inaugurée par service public de télévision ce dimanche soir en invitant le docteur Borloo et ses cautères pour jambe de bois. Détourner le téléspectateur de la réalité, lui faire prendre les vessies pour des lanternes. Oui, inauguration d’une stratégie délibérée, car je vous fiche mon billet qu’il en défilera bien d’autres, des docteurs miracles experts ès médecines douces et poudres de perlimpinpin d’ici 2027 sur nos écrans. La grande et longue campagne d’anesthésie médiatique n’en est qu’au lever de rideau. Croyez-moi…

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Léon XIV aux responsables liturgiques: «Ne vous lassez pas de former le Peuple de Dieu»

Rencontrant les participants au cours de formation liturgique de l’Institut pontifical de liturgie de Saint-Anselme, le Saint-Père a rappelé l’importance d’une formation solide et permanente pour une liturgie belle, digne et fidèle à l’esprit du Concile Vatican II et selon les lignes maîtresses de la Sacrosanctum Concilium et des déclarations du Magistère.

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Royaume-Uni: Farage est-il trumpiste?

Les adversaires de Nigel Farage le considèrent comme une pâle copie de Donald Trump. Le chef de Reform UK partage les mêmes préoccupations que le président américain mais son parcours et son style font la différence.


« Un Trump à la sauce anglaise » (Les Échos), « le Trump britannique » (Le Point), « la méthode Trump  » (France Info )  : la plupart des médias français présentent Nigel Farage comme un simple sous produit du phénomène Trump. C’est une façon commode de discréditer le chef de Reform UK qui écrase dans les sondages les deux partis traditionnels outre Manche. Certes, il y a de nombreuses similarités entre Farage et Trump dont les préoccupations principales sont la maîtrise de l’immigration et la défense de l’identité nationale, notamment par rapport à la souveraineté économique (le Brexit, « America First »). La carrière politique de chacun a été renforcée par une carrière dans les médias. Farage a eu une émission de radio à Londres entre 2017 et 2020 ; depuis 2021, il a une émission télé sur GB News. En 2023, il a même participé à une sorte de Koh-Lanta à l’anglaise. Les deux hommes maîtrisent les médias sociaux et prétendent défendre la liberté d’expression. En septembre, Farage a été invité à témoigner à ce sujet devant la commission judiciaire de la Chambre des représentants à Washington, comparant son propre pays à la Corée du Nord. Les deux sont accusés d’entretenir un culte de la personnalité et de manquer de transparence dans leurs opérations financières, bien que Farage n’ait jamais été condamné par la justice. Leur image à tous les deux d’enfants terribles du populisme a été scellée par la célèbre photo les montrant dans l’ascenseur doré de la Trump Tower en 2016, après le référendum sur le Brexit et la première victoire électorale de Trump.

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Pourtant, leurs convergences sont plus le résultat de similarités profondes que d’une influence à sens unique. Farage s’est lancé en politique bien avant Trump. Membre fondateur de UKIP en 1993, il a été élu au Parlement européen en 1999. Il a développé très tôt son style unique, fait de franc-parler, d’humour mordant et de provocation. Le discours, devenu viral, où il dénonce le premier président officiel du Conseil européen, Herman Van Rompuy, date de 2010. Le phénomène Trump est la rencontre entre une personnalité hors du commun et une Amérique qui tolère une certaine théâtralité en politique. Plus maîtrisé que Trump, Farage a su créer une personnalité publique adaptée à la culture britannique, combinant l’autorité d’un grand bourgeois « vieille Angleterre » et le bon sens et la gouaille d’un homme du peuple. À la différence de Trump, Farage est chef et fondateur de partis. Comme la plupart des politiques, il est obligé de gérer au quotidien la turbulence inévitable créée par des dissensions internes et les conflits de personnalités. Au fond plus modéré que Trump, il doit régulièrement lancer des opérations de dédiabolisation pour se distinguer de ceux qui sont plus à droite que lui, comme l’activiste anti-islam, Tommy Robinson. Farage n’était pas présent à la grande manifestation du 13 septembre organisée par Robinson à Londres. Parler de trumpisme à propos de Farage ou d’autres populistes de droite est une manière commode pour leurs adversaires de les mettre dans le même sac, malgré des contextes différents, et de minimiser les inquiétudes réelles de leurs électeurs.

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November 16, 2025

Le budget de la Grande-Bretagne également dans l’impasse

Depuis bientôt une décennie, le Royaume-Uni donne l’impression d’un pays dont l’économie avance les yeux bandés vers l’affaiblissement.


Les performances économiques britanniques, parmi les plus faibles du monde développé depuis le Brexit, prolongent un déclin entamé avec la crise financière de 2008. À force de chercher des responsables, tantôt l’Union européenne, tantôt la mondialisation ou les banquiers, les gouvernements successifs ont fini par ignorer l’essentiel : ce n’est pas un événement isolé qui a brisé la trajectoire britannique, mais un ensemble de choix politiques qui ont rendu la crise durable et le pays plus fragile.

Les trois illusions du Royaume

L’histoire récente offre pourtant un contre-exemple saisissant. En 1992, lorsque la livre sterling fut contrainte d’abandonner son ancrage au Deutsche Mark, ce qui devait être un désastre devint une libération. L’économie rebondit, les exportations repartirent, la croissance du PIB par habitant fut pendant près de vingt ans la plus rapide du G7. Mais pour que cette renaissance soit possible, il avait fallu accepter une vérité douloureuse : le système économique construit par le gouvernement de John Major reposait sur une fiction. Une fois la fiction effondrée, la réalité, dure mais féconde, reprit ses droits.

Aujourd’hui, une crise similaire semble se préparer, avec la même potentialité de renversement. Car si le Royaume-Uni va mal, ce n’est pas seulement en raison des chocs de 2008 et de 2016, mais parce que ses dirigeants persistent à s’accrocher à trois illusions destructrices : des règles budgétaires arbitraires et intenables, l’idée qu’un État-providence généreux peut être financé sans augmenter l’imposition de la majorité, et la conviction qu’une croissance miraculeuse jaillira spontanément de ce carcan contradictoire.

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Keir Starmer, qui avait promis une gestion sobre et responsable, voit sa popularité s’effondrer à un rythme inédit dans l’histoire du pays. Quinze mois après sa victoire électorale, son gouvernement est devenu le plus impopulaire jamais enregistré par les instituts de sondage. Sa ministre des Finances, Rachel Reeves, se trouve dans une situation encore plus délicate car c’est elle qui devra annoncer, lors du budget du 26 novembre, une hausse d’impôts allant jusqu’à 40 milliards de livres pour respecter des règles budgétaires que plus personne ne défend sérieusement, sauf ceux qui les ont édictées.

Le Royaume-Uni semble donc entré dans ce moment paradoxal où la réalité économique rattrape les promesses politiques. Et les chiffres sont impitoyables. Depuis 2016, la croissance du PIB par habitant a été presque divisée par deux. Autrefois champion du dynamisme, le pays est désormais dépassé par la France, l’Italie et même le Japon. Faut-il pour autant invoquer le Brexit ou la crise financière comme des fatalités ? Ce serait trop simple. La question centrale n’est pas ce qui est arrivé, mais pourquoi cela a produit des effets si durables au Royaume-Uni, et beaucoup moins ailleurs.

La première réponse touche à l’identité économique même de la Grande-Bretagne. Le pays disposait de deux puissants moteurs de croissance qui ont nourri la prospérité entre 1992 et 2016 : la finance mondiale et les services paneuropéens. Pourtant, ce sont ces deux secteurs que la politique britannique a méthodiquement affaiblis. Depuis la crise financière, la finance est devenue un mot toxique. Après le Brexit, les activités paneuropéennes qui faisaient briller les entreprises britanniques (conseil, culture, universités, recherche) ont été entravées ou amputées. Le Royaume-Uni s’est volontairement privé des domaines dans lesquels il excellait.

Le ruissellement, mais dans le mauvais sens

La deuxième réponse est plus subversive encore. Dans un consensus partagé par la gauche et la droite, les dirigeants britanniques ont réorganisé la fiscalité pour alléger la charge sur les salariés « ordinaires » et faire reposer le financement de l’État-providence sur les très hauts revenus. Présentée comme un geste de justice sociale, cette mutation fiscale a en réalité produit un paradoxe dévastateur : jamais les impôts n’ont pesé aussi lourd dans l’économie, et jamais les travailleurs moyens n’en ont payé aussi peu. Le 1 % des contribuables les plus riches finance désormais près d’un tiers de l’impôt sur le revenu (contre 20% en France).

Un progrès moral peut être, une erreur économique certainement. Car une telle concentration de l’impôt décourage précisément les secteurs où les salaires sont les plus élevés comme la finance internationale, les technologies, l’industrie pharmaceutique, la recherche. Autrement dit, les secteurs qui tirent le moteur invisible de la prospérité, la productivité.

Or, la productivité ne naît pas dans un climat de stagnation. Elle exige un minimum de croissance. Augmenter les impôts en pleine faiblesse conjoncturelle revient à étouffer l’économie et à précipiter la prochaine crise. Le Royaume-Uni est aujourd’hui piégé dans cette boucle autodestructrice avec un déclin de la productivité, un déficit public croissant, une hausse des impôts, une nouvelle contraction de la demande et enfin une nouvelle baisse de la productivité.

A lire aussi: Le plus long «shutdown» américain s’achève: mais à quoi tout cela a-t-il servi?

De ce cercle vicieux, une issue existe. Mais elle suppose de rompre avec les illusions politiques actuelles. Rachel Reeves risque de condamner son propre budget si elle persiste à vouloir tout à la fois rassurer les marchés, financer l’État-providence, ménager les électeurs, et éviter une hausse de l’impôt sur le revenu. Pour sortir de l’impasse, il faudrait renverser la logique et stimuler la croissance à court terme en évitant les hausses d’impôts immédiates, tout en programmant pour 2028 ou 2029 une augmentation du taux standard de l’impôt sur le revenu. C’est le seul instrument suffisamment large et stable pour à la fois restaurer la confiance et financer durablement un État-providence universel.

Le Royaume-Uni n’a pas besoin d’une énième réforme technique, mais d’un changement de doctrine. Il doit cesser de taxer obsessivement les secteurs les plus productifs, cesser de construire ses budgets sur des promesses impossibles, et surtout reconnaître que l’État-providence, pour survivre, doit être financé par tous, y compris les classes moyennes qu’on cherche aujourd’hui à ménager.

Au fond, la leçon de 1992 demeure valable. Une crise peut libérer un pays des illusions qui l’étouffent. Reste à savoir si le gouvernement britannique acceptera d’ouvrir les yeux avant d’y être contraint.

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«50 anecdotes culinaires», un livre qui fait du bien !

Et si l’on parlait d’autre chose que de politique dans les soirées entre amis ?

On a plus que jamais besoin de relâcher la pression et de rire un peu!

C’est en tout cas l’avis de Camille Nahum qui nous propose un premier ouvrage atypique et très documenté : 50 anecdotes culinaires complètement insolites.

Journaliste gastronomique, auteure et réalisatrice, Camille passe le plus clair de son temps auprès de ceux qui font la gastronomie française. Elle a notamment écrit et réalisé le magazine « Les secrets des grands chefs », diffusé sur M6 et le documentaire « Chefs, tout pour la première étoile » diffusé sur C8.

Son livre est une anthologie de ce qu’elle a pu découvrir de plus dingue et surprenant au cours de sa carrière.

À lire aussi, Jonathan Siksou: Vive le gras!

Que l’on aime la cuisine ou non, cet ouvrage est hilarant… et instructif ! On y découvre des histoires toutes plus croustillantes les unes que les autres sur l’histoire de la gastronomie. 

Quelques exemples : sait-on que le métier de branleur de dindons existe ? que le homard était autrefois un plat destiné aux plus démunis ? ou qu’il existe une glace réalisée à base de lait maternel… Sur 190 pages l’auteure retrace des milliers d’années de cuisine.

Voilà un joli cadeau pour les fêtes et qui pourrait animer les dîners sans risquer de fâcher.

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Les évêques malgaches appellent à ne pas trahir les aspirations du peuple

À l’issue de leur assemblée plénière, les évêques de Madagascar interpellent les politiques, les jeunes et l’ensemble de la population en ces temps de crise. Ils lancent un appel fort aux nouveaux dirigeants pour qu’ils appliquent une politique sociale et publique orientée vers le bien commun et le développement durable, loin de la corruption et des abus commis jusqu’alors.

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En RDC, un massacre dans la paroisse de Byamwe relance les appels à l’aide face aux ADF

La paroisse Saint-Paul de Byambwe, dans le Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, a été victime d'une attaque meurtrière particulièrement sanglante. Tout se passe dans la nuit du 14 au 15 novembre 2025, lorsque les présumés combattants ADF-NALU font incursion et tuent au moins 28 personnes, incendient un centre de santé de la paroisse et ravagent plusieurs habitations.

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Léon XIV à table avec les pauvres

Après avoir célébré la messe pour le jubilé des pauvres ce dimanche matin, le Saint-Père a partagé un déjeuner avec plusieurs centaines de pauvres réunis en salle Paul VI mais aussi dans les jardins du Vatican. Ce fut l’occasion pour le Pape de leur adresser quelques mots et de témoigner de sa proximité avec eux, grâce à la mobilisation du dicastère pour le Service de la charité et les Lazaristes.

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Le Pape prie pour les victimes d’attaques terroristes en RDC

Après la prière de l’Angélus place Saint-Pierre, en ce 16 novembre, le Saint-Père a dit prié pour les chrétiens discriminés et persécutés, évoquant particulièrement les victimes congolaises d’une attaque terroriste des ADF au Nord-Kivu. Le Pape a également eu une pensée pour l’Ukraine durement frappée ces derniers jours par les bombardements russes.

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«L’agression du mal ne peut détruire l’espérance» affirme le Pape à l'Angélus

Dans son commentaire de l’Évangile de ce 16 novembre, lors de l’Angélus place Saint-Pierre, Léon XIV rappelle l’importance de témoigner dans les moments et les situations les plus difficiles. Les catastrophes et les souffrances ne dureront pas, au contraire de la joie de ceux qui reconnaissent en Jésus le Sauveur.

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«Devenons témoins de la tendresse de Dieu» invite Léon XIV au jubilé des pauvres

Face à la mondialisation de l’impuissance, le Pape interpelle les puissants de ce monde pour qu’ils entendent le cri des pauvres. Ce dimanche 16 novembre au matin, dans la basilique Saint-Pierre, Léon XIV a célébré la messe à l’occasion du jubilé des pauvres, en présence de milliers de personnes en situation de grande précarité accompagnées des opérateurs de la charité. Il a exhorté ces derniers à continuer à être une conscience critique et à poursuivre leur engagement.

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Je préfère paraître sur CNews que dans « Le Monde »

Face aux attaques, le président d’Avocats sans frontières défend la chaîne d’information continue du groupe Canal Plus, sur laquelle il intervient régulièrement.


Samedi 25 octobre, je découvre dans Le Monde un article sur CNews en général, et sur le directeur de celle-ci, Serge Nedjar, en particulier. Le texte est assez vide. Ses auteurs n’ont pas trouvé grand-chose à se mettre sous leur dent creuse. On comprend simplement qu’il n’est pas convenable de défendre Israël ni d’attaquer la criminalité étrangère. Que diffuser des émissions religieuses chrétiennes n’est pas très catholique. Et qu’une fois encore, l’extrême gauche médiatique montre sa capacité à regarder sévèrement ceux qui ne pensent pas comme elle pour ne pas distinguer ses propres turpitudes. Je préfère, par élégance, mille fois paraître sur CNews que dans Le Monde.

En effet, pour reprendre une thématique qui m’est chère, l’anti-israélisme du Monde est devenu médicalement pathologique. Depuis les années 1970, le quotidien vespéral a opéré un virage radical. L’éviction de son correspondant à Jérusalem, André Scemama, réputé pour son honnêteté, a marqué le début d’une radicalisation décuplée sous l’ère Plenel. Aujourd’hui, le journal fait montre envers Israël d’un esprit acéré qui n’a d’égal que son indulgence extrême pour le Hamas.

A lire aussi: Elisabeth Lévy: Liberté, retiens nos bras vengeurs

Cette dérive a atteint son sommet lors du conflit à Gaza. Une enquête d’Eugénie Bastié dans Le Figaro a révélé le malaise croissant parmi certains salariés du Monde face à un traitement biaisé de cette douloureuse actualité. La talentueuse journaliste a dévoilé l’existence, au cœur de leur rédaction, d’un infâme « mur de Gaza », où sont affichés sélectivement des contenus propalestiniens, qui rappelle le magistral « mur des cons » du Syndicat de la magistrature. La direction du Monde, qui n’aime guère la contrition, a dû reconnaître que les visuels étaient choquants. Mais la Société des rédacteurs a assumé bravement son « soutien à la cause palestinienne », qui n’avait, il est vrai, pas échappé à un myope (qu’ils aient, dans leurs colonnes, qualifié feu Hassan Nasrallah de « martyr » me permet de faire l’économie d’une démonstration).

Je ne me lasserai cependant pas de rappeler ici que Le Monde aura passé les deux ans de guerre à nourrir, sans le dire, ses lecteurs des bilans victimaires du Hamas, trompeusement qualifié de « Défense civile ». Il est vrai que l’audiovisuel public a fait de même.

C’est donc la première fois dans l’histoire mondiale de l’information que l’opinion aura été désinformée sciemment par le biais de la propagande d’une organisation officiellement classée terroriste. Mais qui le dit ? Sinon celui qui ici le rabâche ?

C’est dans ce cadre idéologique pervers qu’on comprend sans grands efforts pourquoi Le Monde, si sévère envers l’État juif, ferme les yeux sur l’antisémitisme pervers qui gangrène La France insoumise. Et c’est ainsi que ce journal si sentencieux a constamment épargné Rima Hassan malgré ses multiples saillies haineuses. En mars, il l’a dépeinte aimablement comme une « figure radicale ». Il n’ira pas plus loin, quand bien même lorsqu’elle se réjouit, aux cris de « one by one », du spectacle des assassinats par le Hamas de ses opposants gazaouis.

Quant aux sieurs Portes et Guiraud et à dame Soudais, ne cherchez pas le début du commencement d’une réserve critique à leurs innombrables dévoiements, vous n’en trouverez pas un. Vous ai-je donc dit que je préfère paraître sur CNews que dans Le Monde ?

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Philippe Tesson, le dernier patron de presse

Rédacteur en chef à Combat, fondateur du Quotidien de Paris, vu à la télévision durant plusieurs décennies et surtout homme de théâtre, Philippe Tesson a marqué son époque. Les éditions Équateurs lui dressent une stèle à partir d’articles, d’entretiens, d’éditoriaux et de préfaces afin qu’il retrouve sa haute place dans la grande histoire de la presse française


Agaçant assurément. Cabot, séducteur, vif, agressif, cet esprit français porté par la polémique et ce fouetté libéral qui secoua l’apathie des rédactions au tournant de la rigueur. Colérique probablement. Installé confortablement dans la réussite bourgeoise et conservant cependant la verdeur de l’artiste. Le doute raisonnable des dissidents. Courant après un ailleurs. Ambitieux au carré. Aventurier du papier avant les dérives numériques, amoureux sincère des planches et des acteurs, les mains encrées au cul des rotatives, courbé sur la lecture d’une chronique, rédigeant une critique dramatique, ayant consacré sa vie aux mots et à l’information.

Fougueux patron de presse

Fin de la comète des Trente Glorieuses et mirage des années de crise, Philippe Tesson était né en 1928 et il a disparu en 2023. La postérité est une belle garce. Des Tesson, on ne retient aujourd’hui que son fils. Alors, il fallait bien raconter la légende, que les fidèles rappliquent au chevet de l’oublié. Guillaume Durand, Robert Toubon, Claire Chazal, Bertrand de Saint-Vincent, F.O.G et Jean-Christophe Buisson prennent la plume sous la tutelle respectueuse d’Amande Coquelle et d’Olivier Frébourg. Dans ce recueil intitulé Le quotidien de l’éternité, ils disent leur vérité sur le démiurge du Quotidien de Paris, portraiturent le fougueux patron de presse et se souviennent ensemble de cette figure du vieux monde. Ils retiennent le temps qui file et qui saccage les mémoires. Car, il ne fait aucun doute que le moule a été cassé, enseveli par la banalité et les forces de l’argent. Si l’incarnation manque au personnel politique actuellement, on déplore à la fois son inconsistance intellectuelle et son absence de vision, la direction des médias souffre des mêmes maux, des mêmes pesanteurs, des mêmes travers. Une forme d’obscénité financière et de terreur procédurière nous assaille.

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Les fameux « petits hommes gris » ont pris le pouvoir sur la presse écrite. Tout est lourd et complexe. Besogneux. Prévisionnel et déceptif. Sans humour et dérision. On gère l’actualité comme l’on surveille la chaîne du froid. Il n’y a plus beaucoup de place pour les trublions, les affranchis, les stylistes et les pirates d’une certaine vérité. Tesson était l’incarnation de cet élan-là. Au risque de fortement déplaire et de tirer la couverture à lui. Tesson était un joueur comme le sont les véritables créateurs de journaux. Un individualiste forcené, à l’égo chargé de plomb, brutal dans ses attaques, caricatural à la télévision (l’image vous enferme, l’écrit vous libère), réfractaire à l’esprit de sérieux et perpétuellement en mouvement. De cette mobilité exténuante qui fédère les autres. Il avait l’œil pour repérer les journalistes en devenir et l’audace suprême de les laisser s’exprimer. Ce n’est pas si courant de laisser sa chance à des inconnus. Tesson n’avait pas peur du talent des autres même s’il s’estimait au-dessus de la mêlée. Il était le meilleur d’entre nous pour insuffler un vent de liberté à une rédaction, lui faire croire qu’elle écrivait l’Histoire, lui inculquer le frisson du scoop et la friction du débat d’idées, il était ce roi-là. Charmeur, on lui pardonnait ses sautes d’humeur et ses manières de grand prince.

Séducteur aux yeux bleus

Ce volume de textes a aussi le mérite d’éclairer une œuvre journalistique immense parcourue d’autant de succès que d’échecs commerciaux, de revenir sur l’épopée d’un groupe de presse créé avec son épouse et de nous montrer qu’il y avait du jus et du nerf dans ce pays essoufflé.

Olivier Frébourg le qualifie de « Don Giovanni de la presse française, l’insaisissable séducteur aux yeux bleus des journaux, quotidiens, hebdomadaires, mensuels ». Guillaume Durand l’éternel sentimental estime qu’au fond notre époque ne le méritait pas : « Philippe Tesson est un pianiste pour chefs-d’œuvre. L’ordinaire l’a tué ». La France l’avait déçu. Il n’était pas le seul à déplorer son interminable déclin. Ce recueil charmant et bourré de contradictions dévoile la part de jeu dans les joutes et les luttes politiques. Tesson savait si bien croquer à la volée les Barre, Chirac, Mitterrand, Hollande, Sarkozy ou Macron avec une tendre férocité, il n’était dupe de rien et pourtant il était sensible au vibrato de ces fauves. Et puis, pour nous, les journalistes abandonnés, les nostalgiques du papier, Tesson était intarissable sur notre métier. Une source de jouvence. « J’ai connu les vieilles linos, les vieilles rotos, les vieux ateliers et l’odeur » disait-il. Nous sommes tous à la recherche de cette « sensualité » perdue.

Le quotidien de l’éternité – Philippe Tesson – Équateurs (sortie le 5 novembre)  480 pages

Le Quotidien de l'Éternité: Articles, entretiens, édirotiaux

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Ukraine, la répétition générale?

Anastasia Fomitchova nous rappelle dans son livre que la guerre est de retour en Europe.


Malraux considérait, à juste titre, que la guerre d’Espagne était la répétition générale de la Seconde Guerre mondiale. C’est pour cela qu’il décida de s’engager pleinement en créant l’escadrille Espanã, composée de volontaires internationaux, pour combattre les franquistes, tandis que les démocraties européennes détournaient le regard.

Engagée volontaire

Aujourd’hui, montrerait-il l’exemple en achetant des drones pour épauler les soldats ukrainiens face à l’armée russe ? Le prix André Malraux 2025 vient d’être attribué à une jeune femme, Anastasia Fomitchova, pour son récit Volia.

Ce livre, écrit sans lyrisme, au scalpel, ressemble à celui de Malraux, L’Espoir (1937). Les jurés du prix y ont sûrement pensé. C’est de la même veine, avec une émotion toute particulière parce qu’il s’agit d’une femme de trente-deux ans, chercheuse franco-ukrainienne, qui a quitté Paris, ses amis, son confort, pour rejoindre la résistance et servir comme infirmière au sein du bataillon médical des Hospitaliers. Une première blessure, à l’automne 2022, l’avait tenue éloignée de la ligne des combats les plus rudes. Mais cela n’avait pas entamé sa détermination à protéger sa patrie de naissance. Pour cette engagée volontaire, c’était une question de vie ou de mort depuis que la Russie de Poutine avait envahi l’Ukraine pour la première fois. Le ciel avait la couleur du deuil. Et cette couleur était devenue le quotidien des Ukrainiens.

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Anastasia Fomitchova est née à Kyiv, en 1993. L’URSS n’existait plus et l’Ukraine avait acquis son indépendance depuis deux ans. La jeune soldate revient sur l’histoire récente de son pays avec précision, même si l’enjeu de son livre est ailleurs. Elle rappelle que le bataillon des Hospitaliers a été créé sur le front du Donbass, au moment de la révolution de Maïdan de l’hiver 2013-2014. Elle martèle surtout que l’impérialisme russe ne s’arrêtera pas aux frontières de l’Ukraine. L’enjeu du livre, donc, est de montrer avant tout la détermination de la population ukrainienne – « volia » pouvant être traduit par « volonté » et « liberté » – à repousser l’invasion de l’armée russe. Les renforts occidentaux ne sont pas arrivés en temps et en heure. Les puissances occidentales ont compris tardivement que la défense de l’Ukraine contre le totalitarisme russe les concernait toutes. Au fil d’un récit qu’on ne lâche jamais, on voit Fomitchova, la « médic », monter au front pour secourir les blessés, tandis qu’à l’arrière, les civils apprennent à vivre sous les bombes, dans des caves, sans eau ni électricité, la peur au ventre, la peur de perdre un enfant, une sœur, un ami, la peur d’apprendre que leurs parents ont été torturés, exécutés, et jetés pêle-mêle dans des fosses. Ces combattants et ces civils, ce sont souvent les mêmes, n’attendent pas le dernier smartphone pour Noël, ils espèrent que leur sacrifice empêchera que l’Ukraine soit rayée de la carte. Sacrifice qui ne date pas de 2022. Anastasia : « Les stigmates de ce que nous avaient infligé les Russes étaient inscrits au fer rouge dans nos âmes et nos ventres. Si cette mémoire n’avait pas été entretenue du temps de l’URSS, écrasée par le narratif russe sur les ‘’peuples frères’’, les corps, eux se souvenaient. » Il me revient la phrase de Milan Kundera : « La petite nation est celle dont l’existence peut-être à n’importe quel moment mise en question, qui peut disparaître et qui le sait. » Les Russes pensaient prendre Kyiv en trois jours. La ville résiste toujours, mais celle de Marioupol est en train de devenir le théâtre de l’un des plus grands massacres du XXIᵉ siècle. Les Russes n’ont pas hésité à employer des armes chimiques, affirme Anastasia qui n’exclut plus l’usage d’une bombe nucléaire sur ordre du Kremlin.

Crasse et sang

Il y a des pauses dans le récit. Le carnage ne cesse pas, il s’éloigne un peu. Elle s’arrête, elle et ses collègues volontaires, dans un orphelinat, base historique du bataillon. Nous sommes dans la région de Dnipropetrovsk. Un peu de lumière, l’odeur du feu de bois, le ciel, au loin, qui rosit. La paix ? Non, juste l’espoir qui reprend des forces. Et puis c’est la montée au front sans cesse recommencée. La boucherie ressemble à un tableau de Bosch. Il faut porter secours aux blessés, parmi les cris des agonisants. Les snipers peuvent entrer en action à n’importe quel moment. Anastasia consigne : « Nos journées se résument à des dizaines de bras et de jambes. » Elle ajoute, sans pathos : « Jour et nuit, nous nageons dans un océan de blessés. Ils se ressemblent tous, couverts de crasse et de sang. » Après avoir lu son témoignage, il est impossible de dire qu’on ne savait pas. La guerre est revenue en Europe, elle frappe à nos frontières factices.

Après l’héroïque contre-offensive de 2022, Anastasia réintègre la vie civile et finit sa thèse de doctorat sur les évolutions de l’État ukrainien depuis la révolution de Maïdan. Elle retrouve sa ville natale meurtrie mais debout. Les attaques de drones kamikazes Shahed, livrés par l’Iran à la Russie, s’abattent la nuit sur les civils endormis. L’Ukraine refuse de céder ses territoires car ça n’arrêtera pas la guerre, affirme la jeune femme. Le Kremlin a ordonné le réarmement de la Russie. « Ce processus, écrit-elle, a déjà commencé, et plusieurs nations, comme l’Allemagne, le Danemark et le Royaume-Uni, l’ont clairement identifié : dans quelques années, Moscou disposera de tous les moyens pour lancer une offensive majeure contre le reste de l’Europe. De se confronter directement aux pays de l’OTAN. »

La paix est plus que jamais menacée. Elle n’est déjà plus qu’un doux souvenir. Et comme l’a écrit Malraux : « La liberté appartient à ceux qui l’ont conquise. »

Anastasia Fomitchova, Volia, Grasset. 288 pages

Volia: Engagée volontaire dans la résistance ukrainienne

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Peut-on être catholique et franc-maçon ?

Vous avez mentionné dans un article récent que par exemple si l’on était franc-maçon on ne pouvait aller communier. Pourriez-vous préciser la pensée de l’Église sur la franc-maçonnerie ? Peut-on être catholique et franc-maçon ?

Depuis le XVIIIe siècle, l’Église catholique maintient une opposition ferme et constante à l’égard de la franc-maçonnerie. Pour la première fois en 1738, le pape Clément XII a expliqué que sa condamnation de la franc-maçonnerie reposait sur des divergences de fond, touchant à la nature même de la foi, à la vérité révélée et à la conception de Dieu.

La franc-maçonnerie, dans sa structure symbolique et initiatique, promeut une forme de spiritualité relativiste, souvent déiste, détachée de toute révélation divine spécifique. Elle s’affirme indépendante de toute religion constituée, ce qui entre en conflit direct avec le caractère absolu et universel de la foi chrétienne, fondée sur la personne du Christ. De plus, le secret des rites maçonniques et la complexité de certains engagements prêtés lors des initiations ont toujours éveillé la méfiance de l’Église.

Après maintes condamnations pontificales (notamment de Léon XIII dans Humanum Genus en 1884), plus récemment, en 1983, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, sous l’autorité du cardinal Ratzinger, a rappelé que « les principes de la franc-maçonnerie sont inconciliables avec la doctrine de l’Église ». En conséquence, l’adhésion à une loge maçonnique constitue un péché grave. Le fidèle qui s’y engage ne peut accéder aux sacrements, en particulier à l’Eucharistie.

Il ne s’agit pas d’un jugement sur les intentions personnelles, mais d’un discernement objectif sur la nature de l’institution. L’appartenance à la franc-maçonnerie implique une rupture avec l’exigence de vérité propre à la foi chrétienne. S’il n’existe plus d’excommunication formelle automatique (contrairement à l’ancien code de 1917), il demeure un délit, mentionné dans l’actuel code de droit canonique. On ne peut donc être authentiquement catholique et franc-maçon, sans une très grave contradiction.

article paru dans Parole et prière, n°185, novembre 2025

Il y a une vie après l’Assemblée

Le psychodrame gouvernemental n’a pas mis fin au feuilleton de la réforme des retraites. Pendant ce temps, Paris continue de s’humilier face à Alger, la Ligue des droits de l’homme poursuit ses attaques contre Béziers, et les idées pleuvent pour taxer davantage les Français. Vivement les vacances de « fin d’année » !


Trois gouvernements plus tard, on va enfin pouvoir entrer dans le vif du sujet : le vote du budget. J’attends avec impatience l’examen des 1 800 amendements déposés devant la commission des finances de l’Assemblée. Sans 49.3 à la clé, le concours Lépine des propositions les plus dispendieuses risque, comme chaque année, de nous réserver quelques surprises.

Dreyfus

« Ligue des droits de l’homme, le retour ». En plusieurs épisodes, s’il vous plaît. La Ville de Béziers pavoise son hôtel de ville avec des drapeaux tricolores plutôt qu’avec le drapeau palestinien ? La LDH attaque. Le couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans seuls dans les rues après 23 heures ? La LDH attaque. La construction d’un centre de rétention administratif pour y détenir les délinquants sous OQTF ? La LDH attaque encore… Pour moi qui ai travaillé pour la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), dont la LDH est membre, c’est incompréhensible. Ou plutôt, trop compréhensible. Leur combat n’est plus depuis longtemps celui des droits de l’homme, mais celui de certains hommes, toujours les mêmes, contre certains politiques, toujours les mêmes également. À Béziers, chaque arrêté municipal est scruté et fait l’objet d’un recours devant les tribunaux. La lutte contre les déjections canines ? Attaquée. La crèche de Noël dans l’hôtel de ville ? Attaquée. La célébration de la fête juive Hanoukka ? Attaquée aussi… Avouez qu’on est assez loin de la défense du capitaine Dreyfus, acte fondateur de leur combat. Du reste, la même organisation soutenait, il y a quelques années encore, Tariq Ramadan ou militait pour la libération du terroriste Georges Ibrahim Abdallah. Et qui, en 2022, au nom du « droit au respect de la vie familiale », défendait Hassan Iquioussen, imam auteur de discours « haineux envers les valeurs de la République » et, selon le président de la LDH en personne, de « propos antisémites absolument abjects ». Comprenne qui pourra… En français dans le texte, on appelle ça se fourvoyer. Moins gentiment, je préfère parler de forfaiture.

Magie de Noël

Après avoir proposé de « dégenrer » le Panthéon, voilà qu’on parle de changer le nom des vacances scolaires. Ce n’est pas nouveau, on a déjà vu les anciennes « vacances de Pâques » se transformer en « vacances de printemps ». Mais c’était pour cause de « zonage des vacances », qui ne coïncidaient plus forcément avec les fêtes de Pâques (dont la date change chaque année). Le 1er octobre dernier, c’est donc le Conseil supérieur de l’éducation qui a proposé de rebaptiser les vacances de la Toussaint en vacances d’automne et celles de Noël en vacances de fin d’année. Devant le tollé, le ministère de l’Éducation nationale a rapidement fait savoir que « renommer les vacances scolaires n’est pas et n’a jamais été envisagé ». En 2021 déjà, la Commission européenne avait invité ses fonctionnaires à préférer l’expression « joyeuses fêtes » à « Joyeux Noël ». Avant, là encore, de faire marche arrière. De quoi se mêlent-ils ? On tient peut-être là la solution pour éviter le mois prochain un énième procès de la LDH : installons à l’hôtel de ville de Béziers une « crèche de fin d’année » et le tour sera joué !

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Le Tartuffe ou l’imposteur

« Campus France et l’ambassade de France en Algérie félicitent les 8 351 étudiants algériens qui ont obtenu un visa pour venir étudier en France à la rentrée 2025. Ce chiffre représente une augmentation de plus de 1 000 visas par rapport à l’année 2024. » Je me souviens d’une interview de Bruno Retailleau, en juillet dernier, accordée au Figaro, dans laquelle il affirmait que « la diplomatie des bons sentiments a échoué » avec l’Algérie. Et parlant de Boualem Sansal, toujours emprisonné, il ajoutait : « Le régime algérien ne souhaite pas une relation respectueuse, mais cherche à nous humilier. Plus nous plierons, moins nous obtiendrons. » Il n’a visiblement pas été entendu par le Quai d’Orsay, ni par son successeur Laurent Nuñez. À pleurer. De rage.

Gag

Il aura fallu 26 jours à Sébastien Lecornu, pour nous pondre, peu ou prou, le même gouvernement que celui de François Bayrou. En y ajoutant quand même, fait notable, Éric Woerth et Bruno Le Maire ! Quelle trouvaille ingénieuse ! Quelle originalité ! Nominations qui ont mis le feu aux poudres et occasionné le coup de sang de Bruno Retailleau, suivi du désormais célèbre « Je me casse » de l’ancien « ministre des mille milliards de dette ». Avant la démission du Premier ministre et sa re-nomination quelques heures plus tard. Vous suivez toujours ? Ah oui, j’oubliais dans tout ça l’épisode du « chaton de Marine Le Pen » à Matignon qui a opposé les tenants du « comme c’est attendrissant… » à ceux du « quel manque de respect ! ». Moi j’aimerais juste savoir si l’animal a survécu.

Martror

La présidente de l’Assemblée nationale a jugé bon de lancer à son tour sa petite bombe en affirmant qu’il fallait en finir avec « ce truc qui tombe du ciel ». Elle propose donc de davantage taxer les héritages. Pour mémoire, la France est déjà l’un des pays du monde où la fiscalité sur la transmission du patrimoine est la plus lourde. Seules la Corée du Sud et la Belgique sont à des niveaux comparables. Oui, la mort d’un proche coûte cher à ses héritiers en France.

Le problème avec nos « politiques », c’est que, chaque fois qu’on rencontre un problème, on invente un nouvel impôt. Mais « ce truc qui tombe du ciel », n’en déplaise à Yaël Braun-Pivet, a déjà été taxé à de nombreuses reprises du temps du vivant. Bref, on taxe une seconde fois au moment du décès. Cela s’appelle ni plus ni moins qu’un impôt sur les morts…

Forfaiture again…

C’est le « prix du compromis », paraît-il. Le « prix pour garder sa place » serait plus juste puisque la suspension de la réforme des retraites a été décisive dans les tractations ayant permis à Sébastien Lecornu de rester à Matignon. Tout cela sur le dos des Français à qui on tente de faire croire une nouvelle fois que nous pourrions être le seul pays à travailler moins tout en préservant nos retraites. Alors démissionnaire, l’ex-futur ministre de l’Économie, Roland Lescure, avait d’ailleurs mis en garde contre le coût d’une telle mesure : « Modifier la réforme des retraites, ça va coûter des centaines de millions en 2026 et des milliards en 2027. » Visiblement, ce n’est plus si grave quelques heures plus tard. Ça doit être ça la magie Lecornu !

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Mais on a la réponse, Monsieur le président…

Le président de la République, dans un beau et émouvant discours prononcé pour rendre hommage aux victimes du 13 novembre 2015, a notamment déclaré : « Une douleur insensée, injuste, insupportable, et cette question sans réponse: pourquoi? »

Je sais que la pensée même la plus sincère a besoin parfois de s’orner de l’artifice de la rhétorique. Je connais le talent et l’intelligence de ceux qui préparent les discours d’Emmanuel Macron et je me doute du soin qu’il met pour y apposer sa patte et son style.

Mais tout de même, « cette question sans réponse » me reste en travers de l’esprit.

Alors que par ailleurs il nous alerte sur « un djihadisme qui renaît sous une autre forme ».

Personne ne se pose « cette question », tout simplement parce qu’il n’est personne qui ne connaisse « la réponse ».

Bien avant le cataclysme effroyable du 13 novembre 2015, nous avions déjà eu d’atroces signes de la haine que le terrorisme islamiste vouait à la France, à notre société et à notre civilisation. Le jour du Stade de France, du Bataclan et de tous ces lieux de convivialité et de bonheur frappés et meurtris, nous n’avons pu que déplorer, sans le moindre doute quant au dessein de nos assassins, l’obsession qui les habitait de faire payer le prix fort à un monde où la grâce et la douceur de vivre continuaient d’être préservées, où la détestation d’autrui pour ce qu’il pensait, dessinait ou croyait était encore récusée et rejetée, et où n’existait nulle envie de rejoindre l’étouffement et l’inhumanité islamistes.

A lire aussi: � Podcast: Libération de Boualem Sansal; commémoration de l’attentat du Bataclan

J’entends bien que ces lignes peuvent apparaître comme des banalités, tant les enseignements sans cesse renouvelés de la terreur islamiste — parfois déjouée, toujours redoutée — n’étaient plus un secret pour personne, inscrits qu’ils étaient dans les morts, les corps, les désespoirs, l’héroïsme de nos services de police et l’impossible oubli de ce qui a dévasté des familles, coupé net le fil de l’espérance et dissipé la naïveté de beaucoup. Même si, pour certains responsables politiques davantage inspirés par leur idéologie que par le souci de la vérité nue, il convenait toujours, au nom d’un humanisme prétendu, de baisser la garde et de nous exposer, nous et nos valeurs — valeurs que la volonté de nous les arracher par la terreur rend chaque jour plus précieuses — à de nouveaux massacres.

Alors, oui, monsieur le président, votre « pourquoi » était beau, mais inutile, et la réponse, vous la connaissiez comme nous tous.

Il y a un paradoxe amer : les islamistes, qui cherchent à nous détruire ainsi que la qualité de notre univers et la force de notre démocratie, qui ne visent que l’éradication de notre vivre-ensemble et de notre unité apparemment maintenue malgré leurs assauts criminels, se battent en réalité sans percevoir qu’ils pourraient l’emporter simplement en nous laissant faire…

Cette société qu’ils s’acharnent à effacer, à coups d’attaques au couteau, d’explosions et de massacres, n’est-elle pas déjà en crise, en déclin et en doute ? Nous avons à mener une double bataille, si la lucidité et le courage nous sont donnés ainsi qu’à l’ensemble de nos responsables politiques.

Celle, évidemment, contre le terrorisme islamiste, et des progrès incontestables ont été accomplis sur ce plan.

Mais aussi celle qui devra nous mobiliser pour que la France demeure, dans tous les domaines, le symbole vivant de ce que le Mal cherche à anéantir.

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November 15, 2025

Orange ou mandarine?

Chaque semaine, Philippe Lacoche nous donne des nouvelles de Picardie…


Orange ou mandarine ? Je ne m’en souviens plus. Il faudra que je demande à ma Sauvageonne mais je ne suis pas sûr qu’elle soit en mesure de me répondre : elle est si jeune. Étaient-ce des oranges ou des mandarines qu’on nous remettait à l’issue de la cérémonie du 11-Novembre, événement obligatoire pour nous, les minuscules écoliers de la République ? Nos instituteurs, MM. Lartigot, Pullès, Rousselle, Jehan, nous conduisaient, en rang par deux, comme des petits militaires, jusqu’au monument aux Morts de Tergnier (02), dans le parc Sellier. Il faisait froid, tantôt un froid sec, tantôt un froid humide et mousseux comme une eau sale. Il ne fallait pas broncher. Nous étions là, recueillis, nous les rebelles, les sauvageons allais-je dire, de l’école de la cité Roosevelt, faite de maisons provisoires où, juste après la Seconde Guerre, les familles aux habitations bombardées (d’abord par nos bons amis d’Outre-Rhin qui, après 1870, après 1914, nous avaient, une fois de plus, rendu une visite de courtoisie ; les Prussiens nous aiment tant! Puis par nos vrais amis alliés et leurs forteresses volantes ; il fallait le faire malheureusement car Tergnier était un centre ferroviaire réquisitionné par les Teutons) avaient été relogées. Les rues étaient recouvertes, non pas de bitume, mais de cendrée rêche. La cité Roosevelt avait, à tort, mauvaise réputation ; on prêtait à ses jeunes gens des vertus qu’ils n’avaient pas toujours : poings faciles, taquins avec les filles, voleurs à l’occasion, creveurs de ballons, etc. On ne pouvait pas dire non plus que l’école du Centre était celle des bourgeois ; des bourgeois, à Tergnier, il n’y en avait pas. Les trois-quarts de la population était cheminote ; le quart restant travaillait en usine, à la scierie Beaumartin, à la Fonderie, aux ALB (Aciérie et Laminoirs de Beautor), à la raffinerie. A Tergnier, on était pour le partage des richesses ; on votait rouge mais on respectait le Général car il nous avait évité de marcher au pas de l’oie, et, dès 1946, il avait tendu une main fraternelle aux résistants communistes, et Dieu sait qu’ils avaient été nombreux dans ma bonne ville de Tergnier.

A lire aussi: Les colonnes de Buren seront-elles vraiment balayées par le vent de l’histoire, comme le dit Jean Clair?

Donc, nous étions là devant le monument aux morts, mes copains de la cité Roosevelt (Alain Lanzeray, Fabrice Le Bourhis, Jean Brugnon, Jean-Jacques Mensuelle, Felice Napolitano, Pascal Dugat, Jean-Luc Jehan, etc.), à regarder les anciens combattants au garde-à-vous (les Poilus étaient encore de ce monde), certains porteurs de drapeaux. Parmi eux, le père Deporter, un ancien de 14-18, qui résidait dans notre cité et nous impressionnait avec sa jambe de bois. Puis c’était l’appel aux morts. Tous les noms gravés dans le granit étaient énoncés, tous suivi d’un « Mort pour la France », « Mort pour la France », « Mort pour la France »… Tous ces morts… Nous ne comprenions pas tout mais nous sentions bien que c’était grave. Il y avait dans l’air comme une bise de larmes et dans les yeux des Poilus des éclats de terreur. Ils devaient se souvenir quand ils montaient au front, baïonnette au canon, dans les tranchées de la Somme, de Champagne, de Verdun ; ils devaient revoir les visages de leurs copains fauchés par la mitraille prussienne, leurs copains qui couraient à côté d’eux. Le sang ; les rats ; l’attente ; les cris du sergent quand il fallait y aller. Monter à l’assaut. J’ai repensé à tout ça, en cette journée de 11-Novembre 2025. Et, sur les conseils de la Sauvageonne, nous avons regardé sur Netflix, A l’Ouest, rien de nouveau, adaptation du roman d’Erich Maria Remarque (la troisième après celle de Lewis Milestone en 1930, et le téléfilm de Delbert Mann, en 1979) par Edward Berger. « Ça ne te fera pas de mal de voir ce qui se passait du côté allemand en 14-18, toi qui aimes tant l’Allemagne », me dit-elle. Je la bouclai, un peu penaud, et regardai. Quel film magnifique ! Quel grand film qui décrit si bien toute l’horreur de la guerre ! Un film pacifiste ? Un euphémisme que de le dire. Tous ces pauvres gars qui vont se faire casser la pipe au nom du capitalisme international ! Une horreur ! Pas étonnant que ces fumiers de nazis l’eussent placé, tout de suite, sur la liste des autodafés. Les images du film défilaient devant mes yeux ; du sang partout. Des amputations. Des crânes éclatés. Je repensais à mes grands-pères (Alfred, côté paternel, dans la Somme ; Eloy, côté maternel, dans la Marne) ; je repensais aux cérémonies du 11-Novembre de mon enfance, dans le parc Sellier, à Tergnier. Orange ou mandarine ? Sacrée mémoire qui fiche le camp ! On ne devrait jamais oublier.

Photo : Philippe Lacoche

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«À la COP, je ne trouve pas ma place»: les autochtones de Guyane française à Belém

Une marche pour le climat a été organisée samedi matin dans les rues de Belém. Parmi les 50 000 personnes annoncées par les organisateurs, des milliers de représentants des peuples autochtones ont défilé pour appeler à la sauvegarde de l'Amazonie et à la prise en compte de leur voix dans les négociations de la COP30. Une délégation de huit personnes venue de Guyane française a participé au cortège.

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Le jubilé des pauvres au Vatican

Depuis le 14 novembre, a lieu le jubilé des Pauvres dans le cadre du Jubilé de l’Espérance. Ce samedi, dix mille personnes en situation de grande précarité, ont passé la porte sainte de la basilique Saint-Pierre. Ils étaient accompagnés des par des associations caritatives des diocèses, des bénévoles et des opérateurs. Ce dimanche ils assisteront à la messe célébrée par Léon XIV dans la basilique Saint-Pierre.

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Deux nouveaux Immortels

L’Académie, une fois n’est pas coutume, a voté fort judicieusement.


L’Académie française, fondée sous le cardinal de Richelieu, en 1634, fait partie de ces quelques piliers sur lesquels repose le français moderne, avec la Défense de Du Bellay et l’édit de Villers-Cotterêts. L’institution est magnifique : elle consolide notre langue, elle la régule, elle la met au pas. En fixant les règles de la grammaire et de l’orthographe, en définissant la syntaxe, elle a donné à nos lettres une assise d’airain, support de nos plus beaux poèmes et de nos plus grandes œuvres. Elle a contribué à l’unité nationale, elle est l’une des clés de notre culture commune. Ainsi, François Villon et Pierre de Ronsard, nés à cent ans d’intervalles, parlent deux langues différentes ; mais nous lisons Molière et Racine dans le texte, car à partir du dix-septième, et grâce à l’Académie, la langue ne varie plus.

Quelle histoire !

L’Académie française est de ces fondations qui contribuent à notre sentiment d’appartenir à quelque chose de commun — qui nous rassemble au lieu de nous diviser —, et son prestige n’a d’égal que sa longévité. On ne compte plus ses grands noms : au hasard, Boileau, Montesquieu, Yourcenar, Barrès, Paulhan, Lamartine, Rostand, Musset, Habert, d’Ormesson, Hugo, Corneille, Senghor, Chateaubriand, Perrault, La Fontaine, Pagnol, Maurois, Renan, Vigny, Bourget, Fénelon, La Bruyère, Bossuet, Thiers, Valéry. La liste fait tourner la tête, et j’en oublie des quantités ! — aujourd’hui encore, l’Académie compte parmi ses membres Alain Finkielkraut, François Sureau, Antoine Compagnon, et bien d’autres du même talent.

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Bien sûr, elle s’est souvent trompée. Trop de noms tombés dans l’oubli figurent dans la liste des Immortels alors que tant de nos écrivains, qui eussent mérité d’y être et parfois même ont proposé leur nom, ont été dédaignés. Balzac a candidaté : il a obtenu moins de cinq voix, dont celles de Victor Hugo et d’Alfred de Vigny. Si l’élection se faisait au poids des voix, écrit André Maurois dans son Prométhée, Balzac eût été élu ; hélas, elle se fait au nombre seul : l’Académie préféra l’auteur d’une histoire de la ville de Naples qui n’aura pas passé l’épreuve du temps… erreur impardonnable ! Quatre fois, elle a rejeté la candidature de Théophile Gautier ; et en 1894, entre Verlaine, Zola et José-Maria de Heredia, elle a honoré le troisième au détriment des deux autres (!).

Se serait-elle amendée ? Voici qu’elle vient d’élire Éric Neuhoff (fauteuil n° 11) et Florian Zeller (fauteuil n° 14), à la succession de Gabriel de Broglie et d’Hélène Carrère d’Encausse. Deux choix que l’on ne peut qu’applaudir, tant ils semblent mérités. Éric Neuhoff, pétri d’érudition et qui, bon Français, ne craint pas la polémique (mais en France, notait Jean d’Ormesson dans sa biographie de Chateaubriand, la polémique a toujours été très favorable aux écrivains), est aussi l’auteur de quelques romans formidables, et de beaucoup de critiques justes et convaincantes ; Florian Zeller, dramaturge à succès que l’on ne présente plus, réalisateur non moins excellent, dont les œuvres touchent aux sujets les plus tabous mais aussi les plus réalistes, fait rayonner notre langue et notre littérature dans le monde entier. Si le cinéma se veut l’art majeur de notre époque, comme le dix-neuvième fut le triomphe du roman, l’Académie, une fois n’est pas coutume, a voté fort judicieusement. Elle eût pu se compromettre en cédant aux sirènes des auteurs à succès ; ces auteurs, elle ne les a pas non plus méprisés, par une espèce de pédantisme qui eût été inutile et vain. Sans primer les machines à faire des ventes, elle a distingué deux grands noms, qui ne sont pas des poètes de tour d’ivoire.

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A quand Houellebecq ?

Je ne sais si Michel Houellebecq a présenté sa candidature. Oserais-je militer en sa faveur ? Son réalisme brutal entre à plein dans notre tradition littéraire : Houellebecq dit le vrai, ce vrai de Balzac sur la femme de trente ans, ce vrai de Maupassant sur l’amour (un piège de la nature, pour forcer la reproduction), ce vrai de tant d’autres, de La Bruyère, de La Rochefoucauld, de Zola, ce vrai qui nous offusque. Ce qu’écrit Houellebecq nous révolte : ce qu’écrit Houellebecq, c’est nous, dans toute notre petitesse. Il fait sa littérature en trompe l’œil, comme Zeuxis peignait des raisins avec une telle précision que les oiseaux venaient les becqueter. Ses romans sont des miroirs : ils nous montrent : nous ne sommes pas beaux à voir. Si Houellebecq restera dans l’histoire de nos lettres (l’un des rares) c’est parce que l’on comprendra l’époque en lisant ses romans, comme on comprend le dix-neuvième en lisant Balzac, « créateur du monde moderne » (B. Cendrars). Et quelle époque : pornographique et consumériste, industrielle, libertaire et globalisée, décadrée, déprimée. Quelle tristesse, et quelle vérité, des Particules élémentaires à Anéantir, en passant par La Carte et le territoire !

© Martin Meissner/AP/SIPA Numéro de reportage : AP21680542_000002

Écrits sur la littérature, I (14 février 2021 – 19 juin 2023)

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Antoine et Cléopâtre

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Les bateaux-hôpitaux perpétuent l'héritage du Pape François en Amazonie

En marge de la COP30 à Belém, au Brésil, des bateaux-hôpitaux sont amarrés au bord du fleuve et offrent une assistance médicale à ceux qui en ont le plus besoin. Inspirés par le Pape François, ces bateaux parcourent le fleuve Amazone pour répondre aux besoins des communautés autochtones et des personnes qui vivent le long du fleuve, loin des villes. Voici le témoignage de Felipe, médecin bénévole.

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Un nouveau volume de la Pléiade consacré à Philip Roth

Philip Roth ne se démode pas, au contraire.


Les éditions Gallimard continuent la publication des œuvres complètes de l’écrivain américain Philip Roth dans la prestigieuse collection de la Pléiade. Le volume qui sort concerne la période 1993-2007 de l’écrivain, au cours de laquelle quatre romans majeurs de lui ont été publiés : Opération Shylock (1993), Le Théâtre de Sabbath (1995), Le Complot contre l’Amérique (2004) et Exit le fantôme (2007). Le romancier est alors dans la plénitude de son génie romanesque et donne libre cours derechef à son imagination la plus débridée.

Ce sont des œuvres qui, pour la plupart, ont créé des polémiques, notamment Opération Shylock, sur Israël. Le journaliste Marc Weitzmann, ami français de longue date de Roth, a confié dans un récent essai que ces romans du maître de Newark étaient parmi ses préférés. Les retrouver rassemblés dans une Pléiade aujourd’hui est une heureuse surprise, même pour ceux qui les ont déjà lus.

La Pléiade, une collection de référence

Personnellement, j’aime assez cette collection de la Pléiade, censée honorer les grands auteurs classiques ou contemporains. On peut ne pas être d’accord avec certains des choix effectués, mais on trouvera toujours une raison de se féliciter de disposer, en cas de besoin, d’un exemplaire à portée de main. La Pléiade met en valeur ses auteurs, les fait entrer par la grande porte dans l’histoire littéraire. L’appareil critique de préfaces et de notes, dû aux meilleurs spécialistes, donne une confirmation objective à ce sacre éditorial. J’ai entendu certains lecteurs contester la taille des caractères, qu’ils jugent illisibles ; ou bien l’utilisation du papier bible… D’autres y voient des objets de pure bibliophilie, au cuir manquant d’épaisseur, bons tout juste à décorer une bibliothèque. C’est peut-être la rançon du succès. Posséder son écrivain préféré en Pléiade reste, malgré tout, une nécessité, pour marquer le coup. Tous les goûts sont d’ailleurs représentés, les concepteurs de la collection faisant preuve d’un éclectisme irréfutable. Pour le futur, j’aimerais pour ma part y retrouver par exemple les essais de Georges Bataille, ou bien l’œuvre complète de Maurice Blanchot.

Expliciter l’art de Philip Roth

Pour revenir à cette Pléiade Philip Roth, disons d’emblée que c’est une réussite. Philippe Jaworski en a assumé, comme pour les volumes précédents, la direction. Les traductions ont été soigneusement révisées. Une excellente chronologie y figure, et le texte de Roth est accompagné de notices utiles et de notes précises, afin d’en rendre particulièrement aisée la lecture.

A lire aussi, du même auteur: Une Pléiade pour entrer dans l’atelier d’Aragon

De plus, un glossaire des mots yiddish et hébreux viendra éclairer le lecteur sur le sens exact du vocabulaire employé par Roth. C’est dans ce travail critique, comme souvent, que réside la « saveur » d’une Pléiade. Car une Pléiade est une lecture que proposent des universitaires. Une lecture parmi d’autres, étant donné que le commentaire oriente l’œuvre dans tel ou tel sens. Disons qu’ici, le travail explicatif du texte, au demeurant très brillant, demeure relativement neutre, se contentant d’expliciter l’art de Roth. Philippe Jaworski insiste par exemple sur le côté carnavalesque des romans de Roth : « Le théâtre du Moi de Philip Roth, écrit-il, doit beaucoup à cette atmosphère de foire ou de fête foraine. » Et dans Le Théâtre de Sabbath, la très riche métaphore des marionnettes est développée longuement autour du personnage de Mickey Sabbath, « comédien et metteur en scène » de lui-même.

Le rôle des critiques

Lorsque je lis, toujours dans les commentaires, que Roth est « un romancier jouant au romancier voulant faire croire qu’il souhaite que sa fiction soit perçue comme fausse, pour que l’on croie qu’elle est vraie », je regrette de n’avoir pas commencé à lire Roth dès ma jeunesse. Dans les années quatre-vingt, alors que j’étais étudiant, je suis en vérité passé à côté de ce romancier, à cause principalement de la critique littéraire, je dois dire, qui, à l’époque, n’a pas su en parler de manière convaincante. À la notable exception tout de même de la revue de Philippe Sollers L’Infini qui, par exemple, dans son numéro 10 du printemps 1985, que je m’étais procuré alors, proposait une longue interview, absolument passionnante, de Roth. Celui-ci s’y exprimait sur son métier d’écrivain et certains faits biographiques de sa vie (ce qu’il a vécu a toujours été déterminant pour Roth). Je ne sais pas si cet entretien a été repris par la suite en volume. J’ai encore cet exemplaire de L’Infini en ma possession. À vrai dire, j’ai toujours adoré les revues littéraires, goût distinctif de ma génération. Je ne me console pas que, depuis plusieurs décennies, les revues disparaissent inéluctablement de notre champ intellectuel — même si certains nostalgiques d’un autre temps, peu nombreux il est vrai, font encore des efforts pour perpétuer cette tradition : ainsi, j’ai envie de vous indiquer en passant la livraison annuelle de Ligne de risque, numéro 5, que je viens de me procurer en librairie, revue animée par François Meyronnis et Sandrick Le Maguer, qui s’inscrivent tous deux dans la parfaite continuité de Sollers et de L’Infini.

Je sens très bien à quel point aujourd’hui un écrivain comme Philip Roth, par tout ce qu’il représente, se place au centre de nos débats. Il avait une manière très provocatrice, mais salutaire, d’aborder les questions les plus graves, en se plaçant du côté de la « contrevie », comme il dit, afin de jouir de plus de liberté. Roth, de son vivant, avait conscience de ce rôle qu’il s’attribuait : « Je suis un théâtre, écrivait-il, et rien d’autre qu’un théâtre. » C’est ce théâtre inimitable et délectable de Philip Roth qui aujourd’hui vous tend les bras, avec cette Pléiade. Ce théâtre ne se démode pas. Gardez bien à l’esprit que Roth a incarné, outre le plaisir de lecture garanti, la joie effective de la pensée qui s’exprime sans contrôle extérieur abusif. Autrement dit, il nous fait plonger dans un gai savoir, avec lequel nous serions bien inspirés de renouer un jour.

Philip Roth, Romans (1993-2007). Édition établie sous la direction de Philippe Jaworski. Éd. Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade ». 1664 pages.

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Marc Weitzmann, La Part sauvage. Éditions Grasset. Prix Femina essai 2025.

Ligne de risque n° 5. « Éclats divins III ». Revue littéraire annuelle éditée par Sprezzatura, 40 boulevard Gambetta, 29200 Brest. 68 pages.

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Les papes et le cinéma, une beauté qui sauve

À l'occasion de la rencontre entre Léon XIV et une délégation d'artistes du monde du cinéma, voici quelques réflexions des Papes sur le «septième art» qui peut générer l'harmonie, réveiller l'émerveillement, faire revivre des pages d'histoire, promouvoir un humanisme lié aux valeurs de l'Évangile. C'est aussi un instrument non dépourvu de dangers moraux, capable de transmettre des passions et des idées, de suivre les diktats de la conscience et de laisser place à l'imagination.

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Don du Pape d’objets autochtones détenus par les musées du Vatican aux évêques du Canada

Léon XIV, lors de l’audience avec le président de la Conférence épiscopale du Canada ce samedi 15 novembre, a fait don aux évêques canadiens de 62 objets fabriqués par les communautés autochtones et détenus depuis un siècle par les Musées du Vatican. Il s’agit d’un signe concret de dialogue, de respect et de fraternité indique un communiqué conjoint du Saint-Siège et de la Conférence épiscopale du Canada.

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Peut-on blâmer Angela Merkel pour les attentats de Paris?

Notre chroniqueur voit dans les attentats de Paris mais aussi de Bruxelles le prix de « l’humanisme Â» solitaire et autoritaire d’Angela Merkel.


La crise migratoire de 2015 a ouvert la voie aux attentats de Paris et de Bruxelles. En décidant unilatéralement d’ouvrir les frontières de l’Europe, Angela Merkel porte une lourde responsabilité dans ces tragédies. L’exode lié au conflit syrien avait débuté en 2012 et s’était amplifié au fil des années. À l’été 2015, la situation devint critique, avec une accumulation de migrants en Grèce et en Hongrie. Le 4 septembre 2015, Angela Merkel prit seule la décision historique de suspendre temporairement le règlement de Dublin — qui impose le traitement des demandes d’asile dans le premier pays d’entrée — et d’autoriser les réfugiés bloqués en Hongrie à rejoindre l’Allemagne. Ni ses partenaires européens, ni le Parlement allemand ne furent consultés. Elle lança alors sa phrase devenue emblématique : « Wir schaffen das » (« Nous y arriverons »).

La photo d’Aylan, tournant émotionnel

Presque simultanément, l’image du petit Aylan, retrouvé mort sur une plage grecque, bouleversa l’opinion publique. Dès lors, toute critique devint impossible : les médias européens rivalisèrent pour présenter l’accueil des migrants comme un impératif moral. Cette photo joua un rôle comparable à celui du cliché de la fillette fuyant un bombardement au napalm pendant la guerre du Vietnam. Pourtant, la diffusion d’une telle image était inhabituelle : la presse occidentale s’interdit généralement ce type de représentation. On n’a jamais vu d’images des victimes des attentats de Paris, Nice, Bruxelles ou Berlin. Marine Le Pen fut même poursuivie pour avoir diffusé sur Twitter une photo de la décapitation du journaliste américain James Foley, accompagnée du commentaire : « Daech, c’est ça Â».

Des migrants majoritairement économiques

Après l’épisode Aylan, plus d’un million de migrants arrivèrent en Europe, principalement en Allemagne, mais aussi en Autriche, Belgique, Suède, France. Or, les Syriens ne représentèrent jamais plus de 40 % des demandeurs d’asile, la plupart étant déjà réfugiés dans les pays voisins suite au conflit. Beaucoup profitèrent de cette fenêtre d’opportunité pour rejoindre l’Europe. En Irak, en Iran, en Afghanistan, mais aussi au Maghreb et en Afrique subsaharienne, des dizaines de milliers de personnes prirent la route, vendant leurs biens pour payer les passeurs, à des tarifs allant de 3 000 à 10 000 €.

Jeremy Stubbs et Ivan Rioufol: � Podcast: Libération de Boualem Sansal; commémoration de l’attentat du Bataclan

Merkel, l’humaniste consacrée

Ce geste « humanitaire » transforma l’image de la chancelière. Critiquée jusque-là pour sa rigueur imposée à la Grèce et aux pays endettés, elle devint l’icône des médias, auréolée d’un prestige quasi intouchable. Son aura s’éteindra plus tard, avec la guerre en Ukraine et la critique des accords gaziers avec la Russie.

Brexit, montée de l’AfD, fracture européenne

Les conséquences de l’ouverture des frontières furent considérables. L’arrivée massive d’hommes jeunes, la plupart non réfugiés de guerre, provoqua des réactions hostiles dans plusieurs pays. La campagne du Brexit en 2016 fut fortement influencée par cette crise. En Allemagne, l’AfD fit une percée historique en 2017, obtenant 13 % des voix et 94 sièges au Bundestag. Angela Merkel imposa ensuite, avec la Commission européenne, une politique de quotas de répartition obligatoire des réfugiés, accentuant les tensions. La crise de 2015 creusa un fossé entre l’Est et l’Ouest de l’Europe et entraîna une recrudescence inquiétante de l’antisémitisme, notamment en Suède, en Allemagne et en Belgique.

Les djihadistes dans le flot migratoire

À court terme, le plus grave fut l’organisation, depuis Raqqa, des attentats de Paris (13 novembre 2015) et de Bruxelles (22 mars 2016). Les médias refusèrent longtemps d’envisager l’hypothèse qu’ils furent rendus possible par le flot migratoire, qualifiée de « rumeur », « fantasme » ou « intox ». Pourtant, un an plus tard, Le Monde dut admettre : « La plupart des kamikazes ont suivi la route des Balkans jusqu’en Hongrie, plate-forme de transit des réfugiés, avant de rejoindre Bruxelles, base opérationnelle des terroristes[1]» L’ouverture des frontières permit à l’État islamique un « basculement stratégique » : des attentats de grande ampleur furent conçus depuis Raqqa et des combattants aguerris empruntèrent la route des migrants, la plus sûre ! Pour les djihadistes, le flux migratoire de 2015 devint un véritable tapis rouge vers l’Europe. Sans lui, il est probable que les massacres de Paris et de Bruxelles n’auraient pas eu lieu. Certes, les coupables furent les djihadistes de l’État islamique. Mais, en ouvrant les frontières de manière unilatérale et imprudente, Angela Merkel porte une responsabilité majeure, tout comme ceux qui, dans les médias et le monde politique, ont nié ou minimisé un risque pourtant évident.

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[1] https://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/article/2016/11/12/comment-les-terroristes-des-attentats-de-paris-et-de-bruxelles-se-sont-infiltres-en-europe_5030004_4809495.html

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Léon XIV au monde du cinéma: «faites du cinéma un art de l’esprit»

Le Pape a reçu ce samedi 15 novembre quelque 200 acteurs du monde du cinéma en salle Clémentine au Vatican. Contemplant la beauté de cet «art populaire» qui est également un «laboratoire d’espérance, un lieu où l’homme peut revenir sur lui-même et son destin», le Saint-Père a souhaité que le cinéma demeure un lieu de rencontre, un refuge pour les chercheurs de sens, un langage de paix et d’espérance». Léon XIV a également exhorté les institutions à continuer de soutenir le septième art.

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Ordination épiscopale de Mgr Éric Soviguidi à Cotonou

Nommé par le Pape Léon XIV, le 15 août dernier, le nouveau nonce apostolique auprès du Burkina Faso et du Niger, Mgr Éric Soviguidi, sera ordonné évêque ce samedi 15 novembre à la paroisse Sacré-Cœur de Cotonou, au Bénin. Il entend être le signe de la solitude et de la proximité du Pape auprès de l’Église du Burkina Faso et du Niger. Situés au cœur du Sahel, ces deux pays traversent des défis multiples auxquels l’Église entend répondre par la diplomatie, l’écoute et le dialogue.

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