Le Pape Léon XIV a célébré la messe pour la commémoration des défunts dans l’un des plus grands cimetières de la capitale italienne. Ceux qui nous ont précédés nous attendent pour le grand banquet autour du Seigneur.
L'alternative moderne aux médias de contrôle social
Pope Leo XIV on Artificial Intelligence and human dignity
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Le Pape Léon XIV a célébré la messe pour la commémoration des défunts dans l’un des plus grands cimetières de la capitale italienne. Ceux qui nous ont précédés nous attendent pour le grand banquet autour du Seigneur.

Le roman d’Alexis Lager, secrétaire de la Société des Études camusiennes, débute par le repos forcé d’Albert Camus, victime d’une rechute de tuberculose. Nous sommes le 25 janvier 1950, dans une villa près de Cabris, la neige est tombée d’un coup et Camus a froid. Il vient d’apprendre la mort de George Orwell, l’auteur de La Ferme des animaux et surtout de 1984. Cet antistalinien acharné, ami d’Arthur Koestler, est décédé dans un hôpital londonien, le 21 janvier, terrassé par la tuberculose. La maladie a emporté le célèbre journaliste qui avait couvert la guerre d’Espagne, n’hésitant pas à troquer la plume pour le fusil, combattant avec les républicains contre les troupes de Franco soutenues par les nazis. Il fut gravement touché à la gorge, cette blessure l’obligeant à s’exprimer avec une étrange voix métallique. Camus se souvient alors que dans un Paris en proie à l’épuration sauvage, les deux hommes étaient convenus de déjeuner aux Deux Magots.
Alexis Lager, à partir de nombreux textes des deux écrivains engagés dans le siècle, imagine leur échange qu’il situe le dimanche 25 février 1945. Camus, fatigué par la tuberculose qui ne le lâche pas, épuisé par ses articles à Combat, et surtout la rédaction compliquée de La Peste, consent à rencontrer Orwell qui arrive le premier au rendez-vous. Après quelques phrases de présentation convenues, la discussion commence. Elle nous replonge dans la période troublée de la fin de la guerre, des trahisons, des vengeances, des incertitudes quant à l’avenir de la France et de la paix à construire en Europe. Orwell, dans ses démonstrations, apparait pragmatique. La guerre l’a rendu catégorique : l’ennemi, désormais, c’est le stalinisme. Pour la France, c’est le parti communiste, dont la patrie est l’URSS. Il a vu à l’œuvre les communistes espagnols qui ont empêché « qu’une révolution sociale se fasse en Espagne en supprimant tous ceux qui la portaient : « le P.O.U.M, auquel il appartenait, les différents groupes anarchistes. » Camus n’est pas loin de penser la même chose, même s’il n’a pas combattu en Espagne, comme le fit Malraux, lequel n’est pas épargné par Orwell, ce dernier le trouvant trop lyrique et suspect son héroïsme. Camus, malgré la force politique que représente le PCF, et qu’il craint, ne tombe pas du côté des gaullistes. « Je crains que le gaullisme qui s’impose ne soit qu’un retour à l’ordre, à un conservatisme bourgeois ». Orwell confirme qu’il est un homme de terrain et Camus tente de préserver sa liberté de pensée dans un monde où faire un choix devient pourtant une nécessité. Les deux intellectuels sont du reste d’accord sur le rôle de l’écrivain au cœur de la cité. Il doit s’engager au nom « de l’injustice et de la misère du monde. » Un écrivain ne peut pas avoir une « attitude purement esthétique envers la vie. » Camus rejoint Orwell et emploie le terme « embarqué » emprunté à Pascal. « L’artiste est embarqué dans la galère de son temps, souligne Camus. Et il doit s’y résigner. » C’est assez stimulant de lire cela alors que la production littéraire nous ensevelit sous les récits autocentrés et familiaux.
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Les plats sont chauds malgré les restrictions. La conversation se poursuit, chacun affute ses arguments, le ton reste courtois, les deux écrivains s’estiment. Ils évoquent encore l’Europe à reconstruire, lorsque l’Allemagne sera définitivement vaincue ; le processus de décolonisation qu’ils lient à la réussite de la nouvelle Europe. Orwell, plus lucide que jamais, déclare : « La France, de son côté, devrait préparer l’autonomie de l’Algérie, du Maroc et de l’Indochine. » Il n’est pas convaincu que de Gaulle aille dans la bonne direction. Camus se tait. L’Algérie, c’est un sujet sensible chez l’intellectuel, né à Mondovi. Et puis il y a le sujet de la peine de mort. Robert Brasillach vient d’être fusillé le 6 février 1945. Camus détestait l’écrivain collaborateur, qu’il juge piètre romancier, mais il a signé la pétition en faveur de sa grâce refusée par l’homme du 18-juin. Camus est abolitionniste, dans la lignée de Victor Hugo. Orwell, plus direct, plus incisif que l’auteur de L’Étranger, affirme : « À vrai dire, on ne se venge jamais. On veut se venger lorsque l’on est impuissant, et qu’on a conscience de l’être : dès que ce sentiment d’impuissance disparaît, le désir de vengeance s’évanouit avec lui. » L’actualité récente ne lui donne pas tort.
Le dernier chapitre réserve une chute étonnante qui rend le roman particulièrement réussi.
Alexis Lager, Le songe des esprits libres : Camus – Orwell 1945, Le Passeur éditeur. 208 pages
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Comme toutes les très jeunes femmes, ma Sauvageonne adore sortir. Il y a peu, c’était encore l’été, nous nous sommes rendus au quartier Saint-Leu, à Amiens, et abreuvés au bar Le O’Bélu, en contemplant la Somme et les chevesnes et vandoises qui s’y trouvaient encore. Nous avons eu le plaisir de boire quelques verres en compagnie du cinéaste-documentariste David Carr-Brown. Connu internationalement pour ses réalisations – souvent d’investigation – de grande qualité, il a choisi de s’établir à Amiens en juillet 2022. J’ai fait sa connaissance grâce à mon copain Arnaud Viviant, écrivain, journaliste, critique littéraire (en particulier au Masque et la Plume, sur France Inter) et psychanalyste que j’avais côtoyé quand j’étais journaliste chez Best. « Fais-lui découvrir la ville ! » me dit un soir Arnaud. Ce que je fis tout de go.
Nous prîmes l’habitude, David et moi, de nous retrouver au Cheers, un café très cosmopolite de Saint-Leu qu’il fréquenta jusqu’à se récente fermeture. Et nous sympathisâmes. J’ai toujours aimé les Britanniques (et nos alliés en général) qui nous ont aidé à vaincre, d’abord, nos bons amis d’Outre-Rhin porteurs de casques pointus comme de petits et ridicules paratonnerres, puis ces fumiers de nazis qu’on ne détestera jamais assez et sur lesquels je déverserai de la haine jusqu’à mon dernier souffle. Or, David est l’incarnation même de l’Anglais avec son élégance so british, son léger accent birkinien, et son goût pour nos meilleurs vins rouges. Bref : rapidement, David et moi sommes devenus amis. J’admire ses créations, sa carrière. N’a-t-il pas constitué un fonds d’archives sous forme d’entretiens avec des personnalités aussi diverses qu’épatantes : Susie Delaire, Claude Autant-Lara, Charles Vanel, René Char, etc. ? N’est-ce pas à lui que nous devons le documentaire Tranquillement la peur, diffusé sur Antenne 2, qui connut un franc succès ? N’est-ce pas lui encore qui, en 1983, co-fonda Gamma Télévision, département audiovisuel de l’agence Gamma ? A la même époque, il réalisa une série de trois émissions sous la houlette du philosophe Michel Foucault, notamment sur les Brigades rouges et la Cisjordanie. Puis, dans les années 90, il conçut pour Arte, un film audacieux et très lucide sur l’islam, qui, selon lui, serait impossible à diffuser aujourd’hui. A cela s’ajoute un portrait édifiant de Tony Blair diffusé juste après son élection, et bien d’autres œuvres puisqu’il est l’auteur de quelque cent cinquante films, documentaires, courts-métrages, etc.
De tout cela, nous avons parlé souvent. Mais secrètement, je me demandai ce qui avait bien pu l’attirer dans notre bonne ville d’Amiens. Un jour, il m’a avoué qu’il sentait ici, tout le poids de la Première Guerre mondiale et qu’il avait l’impression que les plaines du Santerre étaient imbibées par le sang de ses ancêtres. Ce n’est pas tout : à Amiens, il adore la gare, la Tour Perret, la cathédrale, l’architecture du club nautique et vénère le quartier Saint-Leu où il rêve d’habiter un de ces jours. Tout de suite, il s’est constitué un réseau d’amis. Dois-je avouer à mon tour que je suis très fier d’en faire partie ?
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Au terme de la prière de l’Angélus récitée place Saint-Pierre, le Souverain pontifie a élevé sa voix en faveur d’un cessez-le-feu dans le nord du Darfour. Il a également invité les tanzaniens au dialogue pour mettre un terme aux violences électorales.
Le préfet du dicastère pour la Communication remercie le photographe qui, pour le Service photographique de l’Osservatore Romano (aujourd’hui Vatican Media), a immortalisé les pontificats de Paul VI à Léon XIV. Aujourd’hui, après 48 ans de service, il prend sa retraite. Le photographe a fait de son appareil photo un instrument de communion entre les papes et le peuple de Dieu. «Merci d’avoir appris au monde à contempler la beauté de l’Église».
Dans un climat de violence constante, sœur Paésie aide des centaines d’enfants à construire leur avenir, loin des bandes criminelles armées qui ont pris d’assaut des pans entiers du territoire haïtien. Elle témoigne d’un quotidien extrêmement complexe.

Bien après, quand les Hommes n’auront plus d’espoir, qu’ils erreront au royaume des morts ; quand ils auront tout perdu, tout gâché, tout oublié, qu’ils auront été vaniteux et lâches, mal aimés et tristes, une image leur apparaîtra. Les sauvera, peut-être. Les guidera sûrement. Saint parmi les saints. Un Argentin râblé comme les paysans berrichons terreux et noirs de peau, à la chevelure frisée et huileuse, un joueur ténébreux venu des quartiers pauvres d’un sous-continent mal défini, d’un pays d’immigrés italiens de lointaine ascendance européenne, un homme seul, le torero est toujours seul, face à son destin, face à son peuple, face au chaos ; un virtuose à la main d’or, un prince en savates, avant-garde d’une humanité défaite, cette comète réinventa un sport soi-disant inventé par les Anglais aux XIXème siècle.
Diego Armando Maradona est le foot. Son incarnation. Son essence. Sa mythologie et son onde nostalgique. Le foot de rue, le foot des copains, le foot ascenseur social, le foot métaphorique, le foot érigé en art populaire, le foot qui fait oublier la laideur du monde, le foot qui est plus qu’un jeu, une manière d’être, de bouger, de respirer, d’accélérer, de jongler, de s’amuser avec le ballon, de le glisser là où on ne l’attend pas, de le détourner de sa trajectoire. Pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’admirer les grands peintres baroques espagnols, de lire Cervantes dans sa langue natale, d’écouter une sonate de Brahms, Maradona leur a donné accès gratuitement à l’indéfinissable beauté. Maradona n’est pas un joueur qui a gagné seulement la Coupe d’Italie et la Coupe du Monde, il n’a pas accumulé les trophées, les vaines statuettes comme d’autres laborieux, il a façonné nos cerveaux par son irruption, son génie, sa roublardise, sa maestria, son engagement sans fin, sa veine. Il n’est pas utile de s’intéresser au foot, de suivre un quelconque championnat, il suffit juste de regarder. Simplement se laisser porter par cette geste magnifique d’éclat, cette volonté d’exister par et pour le ballon rond, Diego est une religion du partage, une communion qui, durant sa courte existence, il est né en 1960 et meurt en 2020, a illuminé les yeux des enfants.
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Partout, il a généré, engendré, nourri une admiration sincère, fiévreuse, un amour intense, rond, plein, sans aucune ombre, sans jugement, sans minoration. L’amour des peuples pour les créateurs. C’était donc ça aussi ce sport mondialisé, bouffi d’argent et d’arrogance, un jeu de pur d’intelligence et d’adresse, d’instinct et de travail, d’émotion et de frustration, une allégorie du monde des vivants. Diego fut cette lumière. Pour approcher cette icone, comprendre son parcours, son arc de vie, saisir charnellement son sens du mouvement et du tir fabuleux, sa voracité à dévorer ses adversaires, à subordonner tous les défenseurs de la planète, il fallait un écrivain sensible aux martyrs et aux champs magnétiques. Bernard Morlino nous adresse une lettre, une ode, un cri, un acte de foi et d’admiration à Maradona dans un livre qui ressemble à son idole. Pas un livre en toc de spécialiste, d’ergoteur, de compilateur, un livre d’écrivain racé, c’est-à-dire où la littérature suinte à chaque phrase, où la formule prend au cœur et au corps, où l’agencement des mots suit la chasse vers le but. « Avec tes pieds, tu boxes l’incertitude » écrit-il, dès les premières pages. Morlino se permet de tutoyer Diego comme on tutoie un dieu fraternel. Il n’a pas peur de lui. Au contraire, il partage ses souffrances et ses victoires. Les élus, Diego est l’élu, avancent souvent dans le brouillard, ils sont chahutés au gré des transferts, empêchés par les puissants, calomniés et encensés. « Ce que tu fais avec tes jambes, la Callas le faisait avec sa voix » exulte Morlino. Il raconte ces moments de bravoure et de doute, d’extase et de furie. Il remonte l’histoire à Boca Juniors et sa rivalité sociologique avec Rivers Plate. Il évoque, avec rage, son passage au Barça où on le traitait de « métèque ». Il réhabilite « la main de dieu » car les hiérarchies ne mentent pas. Diego est au sommet. Diego est un gamin du grand Sud qui relève la tête. Il a dans la peau l’héritage de tous les déshérités et la hargne des rédempteurs.
Il prend la peine des anonymes et la transforme en une féérie. Morlino se souvient de Goikoetxea, « agresseur » de l’Athletico Bilbao au tacle sauvage. « Tu agis contre l’ordre établi », clame-t-il. Contre l’incurie arbitrale, contre ses adversaires frustrés qui veulent lui faire mal, le déposséder du ballon sans y parvenir, contre les instances qui ne comprennent pas cette adoration folklorique et incontrôlée… Maradona remet simplement le foot au centre du terrain.
Alors oui, tu fascines les stades. Tu enflammes ta nation. Tu écris l’Histoire de ton sport. Et puis un jour, tu débarques à Naples, Naples la « pouilleuse », moquée, salement accueillie par l’Italie industrielle du Nord. À Naples, tu es intouchable. Tu voles. Tu enchantes. Tu rassasies. La ville n’avait pas connu pareil tremblement. Tu réveilles les fiertés. Tu fais de la frustration des miséreux, une danse incantatoire.
Morlino, en grand connaisseur de la littérature, en appelle à Borges pour cerner ta personnalité. Des centaines de livres existent sur ta trajectoire, celui-ci est le plus vibrant, le plus vrai, le plus essentiel.
Maradona, il était une foi de Bernard Morlino – Les livres de la Promenade 350 pages
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Dans son exhortation lors de la prière de l’Angélus en ce dimanche 2 novembre, date de commémoration des fidèles défunts, le Pape a souligné que ce moment «nous rapproche encore davantage du mystère». «Ce désir de Dieu de ne perdre personne, nous le connaissons en effet de l’intérieur, chaque fois que la mort semble nous faire perdre à jamais une voix, un visage, un monde entier», a-t-il affirmé.
A priori, rien de commun entre Pier Paolo Pasolini, assassiné le 2 novembre 1975 sur un terrain vague d’Ostie, et moi.
Pourtant, bien avant l’excellent article de Jacques de Saint Victor « Pasolini : enquête sur un assassinat plein de mystères » dans Le Figaro du 29 octobre 2025, je m’étais toujours senti étrangement familier, complice, avec cette âme torturée, avec cette personnalité si complexe, dont les contradictions et les paradoxes faisaient l’infinie richesse ; avec cette incroyable honnêteté qui, malgré les apparences, ne la rendait prisonnière d’aucun camp, dès lors que l’expression de la vérité, selon lui, était en jeu.
Homosexuel, prenant tous les risques d’une existence de plaisirs débridée, détesté autant qu’il pouvait être admiré par ailleurs, écrivain, cinéaste, profondément respectueux des gens de peu, des simples, des modestes, tout en étant exigeant et vigilant au service d’une culture dont il voulait préserver l’intégrité et l’universalité, Pasolini, par ses fulgurances et ses provocations, par l’étrangeté même de ses obsessions, parvenait cependant à intéresser bien au-delà de lui-même, de ses affinités propres, de ses chemins intimes préservés des curiosités vulgaires.
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Avec lui, je n’étais pas loin de me retrouver dans un paysage humain qui, délesté du crime, me faisait songer à la passion que j’avais éprouvée devant certaines destinées à la cour d’assises de Paris, et qui, bizarrement, engendraient parfois comme une impression d’obscure fraternité, dont il convenait que je tirasse souvent les conclusions les plus répressives qui soient.
Pasolini faisait partie de cette catégorie rare d’êtres, où, plus forte que les dissemblances, surgissait une trouble empathie, en dépit du gouffre qui les séparait du commun.
Je ne sais si, chez moi, cette dilection constante pour les ombres plus que pour les lumières a préexisté à une vie professionnelle me contraignant à considérer les premières bien plus que les secondes ou si, dans un même mouvement, ma sensibilité ne s’est pas conjuguée avec ma mission d’accusateur public, que j’ai toujours perçue d’abord comme une salubre opération de débroussaillage intellectuel, judiciaire et humain.
On a souvent fait un sort à sa défense de la police qui aurait dû être soutenue parce qu’elle relevait d’un prolétariat avec lequel ses agresseurs pouvaient être complices socialement.
Comment aurais-je pu demeurer, surtout, indifférent à cette réflexion, si actuelle, de Pasolini dans les Lettres luthériennes, qui dit tout du renversement de nos valeurs, de nos hiérarchies éclatées, de la pauvreté et de la confusion de notre langage, de la perversion de nos principes et de nos idées : « Le fascisme peut revenir sur la scène à condition qu’il s’appelle antifascisme ».
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Avec cette pensée, dont la densité signifie plus et mieux que bien des verbeuses dénonciations, on est immédiatement saisi par un double constat : le fascisme, sur tous les plans, a changé de camp ; il n’est plus là où l’on avait l’habitude de le trouver et de le blâmer, et il sert désormais, dans une odieuse banalisation, à frapper d’opprobre toute contradiction qui ne serait pas conforme à cet antifascisme de pacotille, à ses diktats inspirés par la bonne conscience et par une idéologie qui se flatte de laisser le réel à ses portes.
Aussi la gauche et l’extrême gauche traitent-elles de fascistes, de nazis, ceux qui ont l’impudence de les contester ; les conservateurs sont stigmatisés, et les réactionnaires assimilés aux bourreaux d’hier. Il ne se passe pas une journée sans qu’on ne nous annonce que le fascisme serait à notre porte – et, le lendemain, tout étonnés de nous découvrir encore vivants, nous nous réveillons et ouvrons les yeux sur la démocratie.
Oui, Pasolini est un mort proche, si familier, à la fois tellement à part, mais si terriblement, si tragiquement, si lucidement humain, qu’il demeure, malgré le passage du temps, en nous, tel un mystère que nous n’essayons pas de déchiffrer à notre mesure.
Parce que ce mystère, c’est moi, c’est nous – avec lui.
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Dans un message lu vendredi 31 octobre par le cardinal Secrétaire d'État Pietro Parolin à Norcia, lors de la messe pour la dédicace et la réouverture au culte du temple de la ville ombrienne après le tremblement de terre de 2016, le Pape partage la joie d'un événement attendu et célébré dans le monde entier. Dans son homélie, l'archevêque de Spolète-Norcia, Mgr Renato Boccardo, évoque la «solidarité bénédictine» comme antidote à la fragilité du continent européen.
Après la messe jubilaire célébrée à l’occasion de la Toussaint et la proclamation de saint John Henry Newman comme «docteur de l’Église universelle», et avant la prière mariale de l’Angélus, Léon XIV est revenu sur les «souffrances et injustices» liées à la guerre que subissent les peuples, mais aussi sur le mystère de la communion des saints, saluant la présence de la délégation de l'Église d'Angleterre, conduite par l’archevêque d'York, Stephen Cottrell.
«Je prie pour que l'éducation catholique aide chacun à découvrir sa vocation à la sainteté». Tel est le souhait exprimé par le Pape ce 1er novembre lors de la messe au cours de laquelle il a proclamé John Henry Newman docteur de l’Église. Le cardinal britannique était dévoué à l’éducation. S’appuyant sur les paroles de saint Augustin, le Pape a souligné que «nous sommes des compagnons d'étude qui n'avons qu'un seul Maître, dont l'école est sur terre et la chaire au ciel».
Donald Trump termine une tournée asiatique qui l’a conduit en Malaisie, en Corée du Sud et au Japon, mais non à Taïwan. Une telle visite aurait été interprétée par Pékin comme une provocation directe. Ce choix illustre le paradoxe d’une situation devenue centrale : Taïwan demeure l’un des plus anciens alliés des États-Unis, tout en représentant la ligne rouge absolue de la République populaire de Chine.
Le véritable test stratégique pour l’Occident ne se situe plus en Europe, mais en Asie, autour de la défense de Taïwan. Pékin revendique sa souveraineté sur l’île et multiplie les démonstrations de force : incursions aériennes, manœuvres navales et attaques informatiques. Une annexion de Taïwan ne constituerait pas seulement une tragédie régionale, mais un bouleversement mondial. Les États-Unis subiraient un revers historique ; le Japon, la Corée du Sud et l’Australie se retrouveraient fragilisés, et l’ensemble du système d’alliances occidental serait ébranlé.
Une chute de Taïwan entraînerait le basculement du Pacifique sous influence chinoise, d’autant que plusieurs États insulaires de la région sont déjà passés dans l’orbite de Pékin. L’île n’est pourtant nullement un « morceau de Chine égaré », mais un État souverain, libre, prospère et démocratique, tout ce que le régime communiste n’est pas.
L’argument historique selon lequel Taïwan serait une province chinoise ne résiste pas à l’examen. L’île fut d’abord peuplée par des populations aborigènes austronésiennes. Au XVIIᵉ siècle, les Néerlandais et les Espagnols y établirent des comptoirs fortifiés. Ce n’est qu’à la fin du XVIIᵉ siècle qu’elle fut rattachée à la Chine impériale, et pour une période relativement brève au regard des cinq millénaires d’histoire chinoise.
En 1895, à la suite du traité de Shimonoseki, Taïwan devint une colonie japonaise et le resta jusqu’à la défaite de Tokyo en 1945. Après la victoire communiste de 1949, les nationalistes du Kuomintang, dirigés par Tchang Kaï-chek, se réfugièrent sur l’île et y instaurèrent un régime autoritaire sous loi martiale. Depuis cette date, Pékin n’a plus jamais exercé le moindre contrôle sur le territoire. Autrement dit, depuis plus d’un siècle, la Chine ne gouverne pas Taïwan, et le régime communiste actuel ne l’a jamais administrée.
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La transition démocratique débuta à la fin des années 1980 avec la levée de la loi martiale et la création du Parti démocrate progressiste (DPP). Les premières élections libres se tinrent au début des années 1990 et, en 2000, la victoire du DPP marqua la première alternance politique. Taïwan est aujourd’hui une démocratie pleine et stable, dotée d’institutions solides, d’une presse libre et d’une justice indépendante.
Malgré sa réussite démocratique et économique, Taïwan demeure marginalisée sur la scène internationale. Avec ses 23 millions d’habitants, elle n’a ni siège à l’ONU, ni reconnaissance diplomatique de la part des grandes puissances. L’île ne conserve que quelques ambassades, dont celle du Vatican, et reste exclue de l’Organisation Mondiale de la Santé, comme si l’absence de reconnaissance politique suffisait à la soustraire aux épidémies.
Cette situation est la conséquence directe du chantage diplomatique imposé par la Chine populaire, qui exige la rupture de tout lien officiel avec Taipei de la part des États entretenant des relations avec Pékin. Taïwan est donc traitée en paria, malgré une réussite économique spectaculaire. L’île produit plus de 60% des semi-conducteurs mondiaux et près de 90% des puces électroniques de haute performance. Sans elle, les chaînes industrielles mondiales s’interrompraient : plus d’iPhones, plus d’automobiles, plus d’intelligence artificielle.
La position militaire de Taïwan est singulière. Le Japon, la Corée du Sud et les Philippines bénéficient de traités bilatéraux de défense mutuelle avec les États-Unis : une attaque contre eux entraînerait une réponse automatique. Taïwan n’a pas de traité d’alliance formel avec les États-Unis. Washington n’est donc pas juridiquement tenu d’intervenir en cas d’agression chinoise. Le Taiwan Relations Act de 1979 définit néanmoins une coopération de défense : les États-Unis s’engagent à fournir les armes nécessaires à la défense de l’île et à maintenir une capacité d’intervention dissuasive. Cette « ambiguïté stratégique » vise à décourager Pékin sans provoquer une confrontation directe.
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Dans les années 1970, Taipei avait envisagé un programme nucléaire avant d’y renoncer. Si elle disposait aujourd’hui de l’arme atomique, la Chine oserait-elle encore envisager une invasion ? Le général de Gaulle parlait de la « dissuasion du faible au fort » : l’idée qu’un pays capable de riposter empêche le plus puissant de l’attaquer. Appliqué à Taïwan, ce concept aurait sans doute dissuadé Pékin et renforcé la stabilité régionale.
Soutenir Taïwan relève d’un impératif stratégique. Une annexion chinoise constituerait une défaite majeure pour l’Occident, une déstabilisation durable du Pacifique — désormais cœur de l’économie mondiale — et un message de faiblesse adressé à toutes les démocraties asiatiques.
Taïwan représente ainsi un enjeu plus important que l’Ukraine. Donald Trump semble l’avoir compris : il a hâte de faire la paix en Ukraine pour que l’Amérique puisse se concentrer sur son seul adversaire véritable, la Chine.
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Imaginez la Seine-Saint-Denis sans police durant cinq ans. À votre avis, dans quel état sera le département le plus dangereux de France ? C’est à ce jeu stupide et irresponsable que joue Rio de Janeiro depuis 2020. Les génies qui peuplent la Cour suprême brésilienne (STF) ont décidé que la police n’avait plus le droit de mettre les pieds dans les nombreuses favelas de la ville, au nom des droits de l’homme. Résultat : les favelas de Rio de Janeiro sont devenues la capitale du crime au Brésil, attirant des criminels en fuite qui les ont transformées en bastions imprenables. La règle a été légèrement assouplie en avril 2025, permettant le retour timide et temporaire de la police. L’opération de la police carioca qui a fait 121 morts cette semaine s’inscrit dans ce contexte. Son but est très limité, il s’agit simplement d’atténuer les effets de cinq ans de délire légal en pénétrant, ne serait-ce que quelques heures, dans le sanctuaire de la mafia et au passage y saisir des armes et des individus recherchés. Quant à libérer la population du joug des trafiquants, il n’en est pas question, la police locale étant dépassée et le gouvernement de Lula tout à fait opposé à une quelconque remise en cause de l’impunité du Comando Vermelho, la mafia préférée de la gauche brésilienne.
Le Brésil fait face à une offensive majeure du crime organisé. PCC, BDM, OKD, SDC, CV, GDE, TCP, ADA, les murs du pays sont recouverts de sigles remettant à des groupes mafieux qui contrôlent des territoires entiers. Pendant que les veaux qui peuplent les rédactions mainstream brésiliennes et leurs correspondants bovins dans les chancelleries européennes n’ont d’yeux que pour « la menace Bolsonaro », les Brésiliens, eux, sont soumis à la terreur de la mafia. Un institut très officiel a révélé il y a quelques jours que 25% des Brésiliens sont soumis aux lois du syndicat du crime. Au Ceara, au nord-est du pays, un village entier a été vidé de ses habitants sur ordre du crime organisé qui a loué leurs maisons à d’autres. L’Etat ne fait rien.
Rio de Janeiro exprime l’aboutissement de cette dérive. La police préparée pour lutter contre des bandits fait face à des insurgés. Mardi dernier, 400 hommes lourdement armés ont fait face à la police. 400 hommes ! Ce n’est pas un gang, c’est une force insurrectionnelle. Il a fallu rassembler 2500 hommes pour les encercler et les obliger à se mettre à découvert dans une zone boisée au-dessus d’une colline où les forces spéciales les attendaient en embuscade.
La police de Rio de Janeiro a toujours été structurellement incapable de contrôler les favelas. Depuis que la Cour suprême lui met des bâtons dans les roues, la situation a dégénéré d’une délinquance aggravée vers une insurrection de moyenne intensité.
Depuis cinq ans, 5000 barrières en béton ont fait leur apparition autour des favelas. À l’intérieur de ces frontières nouvelles, la mafia prélève l’impôt, elle dispose du monopole de la vente du gaz butane, de celui de l’internet et de la bière. Uber est interdit, les mototaxis de la mafia s’occupent de la mobilité urbaine. Le trafic de drogue est assez secondaire désormais, le territoire en lui-même rapporte plus. Au-delà des activités économiques que nous venons de décrire, il y a l’usage des favelas comme entrepôt accueillant les centaines de cargaisons dévalisées chaque mois aux quatre coins de la ville : viande rouge, électronique, voitures, médicaments qui amaigrissent etc.
Plusieurs milliers d’hommes s’entraînent et se réfugient dans les zones interdites à la police. Quatre millions de cariocas y sont coincées et n’ont d’autre choix que de baisser les yeux. Chaque jour, ils voient défiler des hommes en camouflage militaire, portant grenades et fusils d’assaut. Des drones volent constamment au dessus de leur tête, pour l’observation à longue distance mais aussi pour l’attaque au sol. Des anciens soldats ont été recrutés par la mafia et les bonnes pratiques de la guerre ukrainienne ont atterri sous les tropiques plus rapidement que prévu. Les hélicos de la police ne sont plus adaptés, ils sont trop fragiles au vu du calibre des armes utilisées. Il faut des Black Hawk ou des Caracal maintenant. Les blindés de la police sont inutiles, il faut des blindés à chenille pour passer au-dessus des barrières en béton.
La police de Rio de Janeiro appelle à l’aide depuis des mois, l’État fédéral ne répond pas. Pas question de céder les moyens de l’armée, pourtant stationnée en nombre à Rio de Janeiro, ancienne capitale du pays. Elle dispose des armes et des hommes à la hauteur de la tâche, elle l’a déjà fait brillamment à la veille de la Coupe du Monde de 2014. C’est la guerre mais Lula et l’establishment veulent que la police de Rio de Janeiro la mène avec des pistolets à eau.
Quand la nouvelle a filtré que plusieurs dizaines de criminels ont été abattus par la police de Rio, Lula s’est dit « sidéré ». Il n’a jamais versé la moindre larme lorsque les trafiquants ont massacré des civils ou violé des jeunes filles qui refusaient de participer à leurs fêtes. Quand Trump lui a proposé de classer les deux plus grandes mafias brésiliennes comme groupes terroristes, il a refusé arguant de la souveraineté nationale (mai 2025). Dans son cynisme infini, il fait semblant de croire qu’il est souverain là où la mafia fait la loi. Quand on lui pose la question du trafic de drogue, il répond que « les trafiquants sont victimes des drogués » et qu’il faut les protéger des consommateurs de drogue avant toute chose (octobre 2025).
Aucun mot de consolation pour les quatre policiers morts, pour le commissaire de police amputé de la jambe suite à un tir dans la veine fémorale ni pour les 80 agents des forces de l’ordre blessés.
On peut croire que le président est fou, cynique ou même complice du trafic, mais comment comprendre l’attitude scandaleuse de la Cour suprême ?
Quelques heures après l’apparition des cadavres de trafiquants, le juge le plus en vue de la Cour suprême, Alexandre de Moraes, a demandé des explications écrites au gouverneur de Rio de Janeiro. Puis, il a annoncé se rendre dans la ville, la semaine suivante, pour vérifier de lui-même le respect des droits de l’homme (des bandits…). Lui qui ne s’est jamais ému des violations des droits de l’homme des habitants des favelas, victimes d’atrocités aux mains des trafiquants. Il est vrai que comme le juge de Moraes est très occupé à persécuter l’ancien président Bolsonaro, il ne lui reste pas beaucoup de temps pour pourchasser la mafia. Il l’accuse d’avoir mis en danger l’Etat de droit alors qu’il a été aboli dans les favelas de Rio de Janeiro…
Tout porte à croire que l’establishment politico-juridique brésilien favorise la mafia. Comment interpréter autrement la décision surprenante de la plus haute cour électorale du pays de remettre sur la table deux vieux procès contre le gouverneur de Rio de Janeiro, quelques heures à peine après le déclenchement de l’opération dans les favelas ? Il risque d’y perdre son mandat, ce qui serait le meilleur cadeau de Noël à faire au crime organisé. D’ailleurs, le principal chef du Comando Vermelho, la mafia prise pour cible cette semaine, a le droit de publier sur Instagram depuis sa prison ! Il a pu dénoncer l’opération de la police en toute impunité alors qu’il est sous la surveillance de l’Etat fédéral, c’est-à-dire de Lula en définitive. (Il sera transféré dans une prison de haute sécurité par la suite.)
Ce « civil » selon la terminologie employée par le Ministre de la Justice, Ricardo Lewandowski, pour qualifier les membres de la mafia, ce civil donc est accusé d’avoir fait couper les oreilles d’un jeune homme qui a osé draguer sa femme. Quel humaniste ! Quel homme de gauche !
En effet, le Comando Vermelho est né en 1979 dans une prison où étaient mélangés des détenus politiques de gauche et des criminels de droit commun. Les premiers ont converti les seconds aux valeurs de la justice sociale et aux techniques insurrectionnelles. Est née ainsi A Falange Vermelha (la phalange rouge) qui plus tard deviendra O Comando Vermelho (le commandement rouge, aussi appelé CV par ses initiales). L’organisation a depuis longtemps essaimé hors de Rio de Janeiro. Elle contrôle plusieurs corridors de transport de la drogue et de la contrebande à travers le pays. En Amazonie, elle déboise en toute liberté, elle s’active dans l’orpaillage illégal et dans toutes sortes d’activités criminelles. Elle bute sur le PCC, son grand concurrent, basé à São Paulo, et qui se distingue par sa discrétion. Là où le PCC cherche à soigner les apparences, le CV se distingue par son côté scandaleux. L’un fait profil bas et fait croire aux naïfs que la police a le dernier mot, l’autre empêche la police de circuler. Deux philosophies différentes pour un même cancer.
La mansuétude avec le CV ne doit pas faire oublier l’attitude globale des autorités fédérales avec le crime organisé, qu’il soit lié à la gauche ou à la droite. C’est en général une douceur infinie, bien plus ample que ce que l’on constate dans les tribunaux français (c’est dire…). A Rio de Janeiro, par exemple, une mafia que l’on dit proche de la droite prospère tranquillement, elle investit les quartiers ouest de la ville depuis vingt ans : il s’agit de la milice (milicia), composée de policiers et de pompiers renégats.
En réalité, le Brésil est devenu un des premiers pays occidentaux à avoir confié au crime organisé le contrôle de ses périphéries. L’Etat s’organise, ouvertement ou subrepticement, pour que les pauvres soient confiés à la mafia, du moment qu’ils votent comme il se doit aux élections. Le Brésil est un pays à deux vitesses. Il y a le pays utile qui est fliqué constamment par une administration tatillonne, et il y a le pays délégué aux mafias qui produit moins certes mais apporte une ressource inestimable aux yeux de l’establishment : des millions de votes captifs. Mais, ne vous inquiétez-pas, Lula est là et Bolsonaro est en résidence surveillée. La démocratie a donc triomphé !
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Arnaud Desplechin a, comme tout grand cinéaste, une manière bien à lui de filmer sa propre histoire, avec la distanciation voulue, mais aussi la plus grande sincérité à fleur de peau. Son projet artistique est une passionnante révélation de lui-même. Il reprend avec régularité le même fil narratif, auquel il ne fait subir aucune distorsion majeure. Seuls les personnages changent et apparaissent avec leurs contradictions, et souvent la fatalité de leur existence. C’est que Desplechin ne filme pas d’abord les événements, mais ce qu’ils cachent. Non pas tant le phénomène, pour reprendre le langage de Kant, que le noumène, c’est-à-dire tout ce qui n’apparaît pas à première vue, mais qui est derrière, sous-jacent et que parfois l’art peut rendre visible aux spectateurs attentifs.
Quel est le personnage principal du nouveau film de Desplechin, Deux pianos ? Mathias Vogler, pianiste virtuose qui revient du Japon où il s’était volontairement enterré ? Ou Claude, son amour de jeunesse, mariée à Pierre, jadis le meilleur ami de Mathias ? De fait, Deux pianos s’ouvre sur l’image de Claude reflétée dans un miroir, comme pour nous dire que c’est sur elle que le cinéaste veut s’attarder. Sur elle, et sur son fils Simon. Comme toujours, chez Desplechin, l’enfant est celui des autres, même si en réalité le vrai père de Simon se révèle être Mathias. D’où des rapports extrêmement apaisés entre Mathias et Simon, car tous deux sont placés dans une situation idéale pour que leur relation trouve son équilibre. Il y a là une représentation symbolique plutôt intéressante de la paternité, qui ne nie pas la filiation, mais la sublime.
Deux pianos donne souvent l’impression d’une vie de chaos. La caméra de Desplechin est imprévisible, et toutes les scènes défilent de manière inattendue. Nous sommes loin du classicisme. Aussi bien, le comportement de Mathias échappe à toute logique. C’est un personnage « dostoïevskien » au sens plein du terme. Malgré son talent de pianiste, il erre dans l’existence, sans but. Heureusement, il est flanqué d’un bon génie, Max, son agent, joué par Hippolyte Girardot, qui le sort de toutes les embrouilles dans lesquelles il se fourvoie. Il y a aussi, face à lui, la grande figure impériale, mais déjà sur le déclin, d’Elena, son professeur de piano, jouée superbement par Charlotte Rampling. Elena est une artiste d’une exigence folle, qui ne passe rien à quiconque, pas même à elle-même. Ainsi, elle confie au seul Mathias un secret qui l’obsède : « J’ai un secret, lui dit-elle, je vais arrêter la musique… » Sa mémoire la quitte, elle ne parvient plus à mémoriser les partitions qu’elle joue. Plus grave : « Je perds qui je suis. » Le thème du silence, et de son corollaire, la mort, obsède Desplechin. C’est pourquoi sans doute a-t-il choisi pour cette fois de nous parler du monde de la musique et de ses « virtuoses » déracinés.
Comme à son habitude, Desplechin se plaît à multiplier les références au judaïsme et à la culture juive. Cela donne à son propos une belle profondeur. Par exemple, le mari de Claude, Pierre, est juif. Il racontait à sa jeune femme des histoires juives puisées chez Martin Buber, qui la faisaient se tordre de rire. À tel point — moment extraordinaire — que celle-ci, lors de l’enterrement de son mari, va essayer, devant l’assemblée présente, d’en raconter une, mais elle le fait si maladroitement que, dans ces tristes circonstances, sa blague fait un flop retentissant. Du moins, ce détour par l’humour juif pour évoquer l’adultère permet-il à Claude de soulager sa conscience, et peut-être de se réconcilier, au-delà de la mort, avec Pierre.
J’ai eu, au tout début, un peu de mal à entrer dans Deux pianos. Je me demandais comment il fallait comprendre les premières scènes avec Mathias, interprété par le jeune acteur François Civil. Le film, pour moi, a commencé à marcher vraiment à partir du moment où je me suis dit que Mathias n’était pas dans un état psychologique normal, mais que très probablement il luttait contre une « psychose » latente qui, peu à peu, l’envahissait. J’ai pensé alors au Journal d’Hélène Berr, où l’on suit une jeune fille juive, agrégée d’anglais, dans sa vie quotidienne sous l’Occupation allemande, jusqu’au moment où le piège, qu’elle sentait arriver inconsciemment, se referme sur elle. Je dois dire que la manière dont Desplechin arrive à transposer ce climat hypnotique au cinéma, c’est du très grand art.

La prestation de Nadia Tereszkiewicz dans le rôle de Claude est mémorable. Elle porte le film sur ses épaules, et c’est son interprétation qui, à elle seule, donne son sens à l’histoire. Si tout se termine bien, c’est grâce à elle. Le personnage de Claude rééquilibre parfaitement le propos pessimiste du cinéaste, elle redonne de la joie et de la gaieté à ce qui n’en avait plus. La force de Deux pianos repose sur ce personnage de Claude et son amour de la vie. Le film de Desplechin s’incarne en elle.
Arnaud Desplechin, Deux pianos. Avec Charlotte Rampling, Nadia Tereszkiewicz, François Civil. Drame, 1 h 55. En salle depuis le 15 octobre. 1h 55min
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À Palerme vient de se conclure l’édition italienne du Woman Economic Forum, centré cette année sur la Méditerranée. L’artiste pour la paix de l’Unesco Giulia Clara Kessous y a été récompensée pour son activisme visant à impliquer davantage les femmes dans les négociations de paix. Entretien.
Ce vendredi à 15 h, heure de New York, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution en faveur du plan d’autonomie proposé par le Maroc pour le Sahara. Une décision historique, obtenue sans le veto russe ni chinois, et qui marque une avancée diplomatique majeure après plusieurs décennies de négociations intermittentes.

Le Sahara marocain, territoire colonisé sous administration espagnole jusqu’au début des années 1970, est au centre d’un différend territorial prolongé que la politique régionale de l’Algérie a accentué et prolongé. Cette terre souverainement marocaine incluse dans l’Empire chérifien a été le théâtre de luttes d’influence internationales qui ont causé du préjudice au royaume. Enfin, une sortie de crise semble se profiler. Depuis le retrait progressif de l’Espagne, le Maroc a proposé un cadre d’autonomie destiné à offrir aux populations locales une gestion interne de leurs affaires, à travers des institutions législatives, exécutives et judiciaires propres, tout en maintenant pour l’État marocain les compétences régaliennes, notamment la défense, la diplomatie et les affaires religieuses. Parallèlement, le Front Polisario, soutenu politiquement et logistiquement par l’Algérie, revendique le droit à l’autodétermination des Sahraouis.
L’ONU a multiplié les initiatives pour tenter de résoudre ce conflit. Dès 1991, la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) visait à préparer un référendum d’autodétermination, mais les divergences persistantes entre Rabat et le Polisario ont empêché la tenue de ce vote. Au fil des décennies, plusieurs résolutions du Conseil de sécurité ont réaffirmé la nécessité de négociations « sérieuses, réalistes et crédibles », sans qu’aucune solution définitive ne soit trouvée.
La résolution adoptée ce vendredi consacre une reconnaissance internationale accrue du plan d’autonomie marocain. Une victoire pour la patiente diplomatie marocaine qui a, au fil des années, gagné les soutiens francs et directs de l’Espagne, des États-Unis de Trump ou encore de la France en 2024. Les États-Unis ont joué un rôle central dans l’élaboration du texte, introduisant des aménagements essentiels : participation effective des populations locales, protection de leurs droits et engagement pour la transparence des institutions.
Ces précautions diplomatiques ont été déterminantes pour obtenir le consensus nécessaire et éviter tout veto, notamment de la Russie et de la Chine, qui avaient parfois exprimé leurs réserves par le passé.
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La France, l’Arabie Saoudite et plusieurs États africains et européens ont également soutenu le texte, renforçant sa légitimité. Paris a souligné que la résolution représente une opportunité historique de consolider la stabilité régionale et de créer un cadre de négociation durable.
Pour Rabat, cette décision constitue une reconnaissance diplomatique majeure, marquant un tournant dans la perception internationale du plan d’autonomie. Pour Alger et le Polisario, c’est un signal clair : le statu quo prolongé n’est plus soutenu par la communauté internationale et l’autonomie marocaine est désormais mise en avant comme cadre privilégié pour résoudre le différend.
Le plan prévoit la création d’institutions locales élues par les Sahraouis, avec des compétences législatives, exécutives et judiciaires limitées aux affaires internes, tandis que le Maroc conserve les prérogatives stratégiques et internationales. Cette approche pragmatique, saluée par les observateurs comme un compromis réaliste, offre un cadre de négociation stable, susceptible de dépasser les blocages passés.
La résolution ouvre également la voie à un suivi rigoureux de la mise en œuvre. Les mécanismes de contrôle et d’évaluation prévus par le texte permettront de s’assurer que l’autonomie se déploie effectivement, tout en respectant les droits et la participation des populations locales. Ce suivi est crucial, car il constitue la garantie que la résolution ne restera pas lettre morte, comme cela a pu être le cas pour certaines initiatives précédentes.
Ce vote témoigne d’une diplomatie internationale en pleine maturation, capable d’articuler reconnaissance de la souveraineté marocaine et garanties pour la participation locale, dans un texte minutieusement calibré pour respecter les équilibres régionaux. Il reflète un pragmatisme rare, sur un dossier qui a longtemps été figé par des postures idéologiques et des blocages stratégiques. Cette avancée n’aurait pas été possible sans la diplomatie habile de Mohammed VI, dont l’impulsion personnelle a su accélérer le changement, mobiliser le soutien international et repositionner le Maroc comme acteur incontournable de la résolution du conflit. En définitive, cette adoption constitue un tournant historique : elle inscrit le plan d’autonomie marocain comme une solution crédible et réaliste, tout en ouvrant un cadre diplomatique propice à des négociations constructives. Les défis restent nombreux — assurer la participation effective des populations sahraouies, garantir la transparence des institutions locales, respecter pleinement les droits fondamentaux — mais la résolution offre désormais une perspective tangible de paix et de stabilité dans la région après des décennies d’incertitudes.
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Le scénariste et réalisateur Laurent Firode continue de nous enchanter. En plus de ses courts Films à l’arrache mettant en pièces l’écologisme, le progressisme et le wokisme, et après les très réussis Monde d’après 1, 2 et 3 et le magistral Ce qui se voit et ce qui ne se voit pas[1], il vient de réaliser un nouveau petit bijou cinématographique, loin des films subventionnés ressassant les mêmes sujets politiquement corrects. Il y est parvenu avec un budget dérisoire. Le scénario et la réalisation résultent d’une évidente maîtrise technique et esthétique. Les comédiens et les comédiennes sont tous remarquables. La musique d’Igor Dvorkin (Pale Shadow) ponctue idéalement les chapitres de ce magnifique livre d’images filmées. Oyez, oyez, braves gens, le cinéma français n’est peut-être pas (totalement) mort !
Onze personnes participant à un stage d’écriture doivent écrire une histoire. Tel est le sujet du merveilleux film de Laurent Firode, Histoires ordinaires et extraordinaires[2]. Onze saynètes drôles, poétiques, étranges, bouleversantes ou surprenantes, montrent ces personnes tentant de raconter l’histoire qu’ils doivent écrire. La vie est pleine d’événements qui n’attendent que d’être racontés. La tête des hommes est pleine de rêves et de cauchemars qui n’attendent que d’être écrits. La source des histoires n’est pas près de se tarir. Mais quelle histoire raconter ?
Et comment la raconter ?
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Il existe mille et une manières d’inventer puis de raconter une histoire. Laurent Firode se propose de nous en dévoiler quelques-unes à travers ces personnages qui, rêvant, affabulant, s’inventant une autre vie, tentant désespérément de lutter contre la solitude, de tromper l’ennui ou d’enjoliver une expérience douloureuse, nous ressemblent tant. Des sentiments contradictoires nous envahissent au fil des scènes abordant subtilement différents genres littéraires ou cinématographiques: fantastique, polar, drame, comédie, etc. Une élégante et troublante atmosphère entoure ces êtres en quête d’inspiration. Laurent Firode est un poète facétieux qui use avec humour et tendresse de tous les moyens que son art met à sa disposition pour contrarier la mélancolie qui afflige certains de ses personnages et nous atteint aussi parfois. Lui aussi raconte des histoires. En l’occurence, des histoires de gens racontant des histoires tour à tour distrayantes, cruelles, baroques ou tout bonnement incroyables. Des histoires pleines des désirs, des déceptions, des espérances qui animent et souvent tourmentent les hommes. Le réel, dit le réalisateur en voix off, regorge d’histoires extraordinaires. Il suffit d’être attentif aux détails, aux petites choses inhabituelles, aux circonstances étonnantes. La sensibilité et le pouvoir imaginatif de chacun se chargeront du reste. Car nous sommes tous des inventeurs d’histoires en puissance.
Dès les premières secondes de chacune de ces onze histoires, le spectateur ne pourra d’ailleurs pas s’empêcher de chercher à deviner à quel genre littéraire ou cinématographique elle fait référence – romantique, dramatique, fantastique, policier, etc. – et, croyant l’avoir découvert, d’en échafauder la suite. Mais il y aura des surprises. Les histoires de nos écrivains en herbe aboutiront souvent à des dénouements inattendus – l’art du conteur sera d’avoir su retenir l’attention du lecteur ou du spectateur jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’au moment de la récompense suprême : la perceptible émotion de ces derniers, preuve indiscutable d’une histoire réussie. À ce propos, une chose est certaine : l’art de raconter une histoire est un art que, pour notre plus grand plaisir, Laurent Firode maîtrise de bout en bout.
P.S : Laurent Firode prépare en ce moment son prochain long-métrage, Jupiter II – Le Retour, un film satirique sur la réélection d’Emmanuel Macron. Sachant pertinemment qu’aucune subvention publique ne lui sera octroyée, le réalisateur a lancé un appel aux dons privés via son site.
[1] Ces films sont disponibles en VOD : https://lesfilmslarrache.vhx.tv/products
[2] Ce film n’est malheureusement visible qu’au cinéma L’Espace Saint-Michel, dans le 5ème arrondissement de Paris, le samedi, séance de 18h20.
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Ségolène Royal publie Mais qui va garder les enfants ? et rappelle aux Français qu’elle est disponible pour 2027, avec un slogan inattendu: « Il est peut-être temps d’avoir une mère de la nation. » Dans son livre, en plus d’un réquisitoire contre le machisme en politique dont elle dit avoir fait les frais pendant des années, en particulier lors de la campagne présidentielle de 2007, Ségolène Royal érige la maternité en modèle de gouvernement : « Présider, c’est aimer, écouter, dialoguer. Comme une mère aime ses enfants », affirme-t-elle, convaincue que « les qualités que l’on prête à l’amour maternel : vigilance, patience, constance, exigence, sont précisément celles que les citoyens inquiets attendent de leurs dirigeants. » Comme c’est touchant…
Ségo a raison sur un point : sans les qualités ci-dessus énumérées, le pouvoir peut en effet se déconnecter du réel et devenir une gouvernance narcissique, livrée à des humeurs changeantes, celles d’un enfant-roi ivre de son ego. « Trop de politiques s’aiment eux-mêmes, avec ce poison de l’ego, au lieu d’aimer les autres, ce pour quoi ils ont été élus », tranche-t-elle. Une pique à peine voilée contre l’actuel président.
Notons en premier lieu que ce positionnement materno-politique a de quoi surprendre : au moment où l’esprit du temps célèbre le « no kids » et pratique volontiers le mother-bashing, Ségolène Royal endosse la figure de la « petite mère du peuple » et transforme ainsi un stigmate sexiste en bannière politique. Mais le plus piquant, c’est qu’en plaidant pour la réhabilitation de la maternité, Ségolène Royal se retrouve finalement en rupture avec la gauche qu’elle incarne. Cette vieille figure du socialisme, et très probable future candidate aux primaires de son parti, défend aujourd’hui ce que l’idéologie écoféministe s’emploie à délégitimer : la maternité.
En effet, l’idéologie verte mâtinée de néoféminisme et de millénarisme collapsologique culpabilise à tout va tout projet de reproduction au nom de la planète, transformant le berceau en menace écologique et la maternité en péché contre la grande prêtresse du climat : Gaïa. Comme l’a analysé la journaliste Gabrielle Cluzel dans son essai Yes Kids : enfanter, c’est polluer. Avoir des enfants, c’est égoïste. Fonder une famille, c’est patriarcal ! Ce discours antinataliste infuse dans la société et dans les jeunes générations biberonnées aux discours woke et écolos. Il constitue d’ailleurs l’une des raisons qui expliquent l’effondrement inédit du taux de fécondité, tombé à 1,59 enfant par femme, un record depuis la Première Guerre mondiale. Selon l’INSEE, 15% des jeunes ne veulent plus avoir d’enfants du tout, trois fois plus qu’en 2005.
On assiste donc à l’étrange invocation, par Ségolène Royal, du désir d’être la « mère de la nation », au moment où une partie de la société se détourne de la maternité. Mais au-delà de ce paradoxe truculent, l’ambition matriarcale de Ségolène Royal pose un problème philosophique qui réside dans la confusion des rôles.
Car si s’inspirer des qualités morales liées à la maternité (vigilance, constance, exigence, soin) élève la politique, réduire la nation à une famille avec, à sa tête, une mère symbolique, l’infantilise. Et Ségolène Royal pousse la métaphore jusqu’au bout : « D’ailleurs, la République ne les appelle-t-elle pas “les enfants de la patrie” ? Et que dit-on de notre planète, sinon qu’elle est notre Terre-mère ? » Sans en avoir pleinement conscience, Ségolène Royal renoue sans doute avec une tradition que son patronyme résume à lui seul : celle d’un pouvoir héréditaire et domestique, hérité des penseurs de la monarchie absolue du XVIIᵉ siècle, pour qui la nation n’était qu’une grande famille. Grotius (1583-1645), puis surtout Robert Filmer (1588-1653), imaginaient le pouvoir politique sur le modèle du pater familias : le roi, comme le père, devait aimer, protéger et corriger ses enfants. Une théorie du pouvoir « naturel », organique, affectif — bref, autoritaire.
C’est précisément contre cette vision domestiquée et patriarcale de la politique que le philosophe anglais libéral John Locke (1632-1704) s’est insurgé : le pouvoir ne procède pas de la filiation, mais du consentement libre des citoyens. Une nation n’est pas une famille : c’est un contrat entre des adultes responsables, unis par des lois qu’ils se sont librement données et non par un lien de sang ou d’affection. L’amour peut donc inspirer l’action publique, mais il ne fonde pas la légitimité du pouvoir. Gouverner, ce n’est pas materner. Gouverner, ce n’est pas aimer le peuple comme un parent, mais le servir et lui répondre.
La retraite n’existe pas vraiment dans la politique française. Les anciens candidats à l’élection suprême ne quittent jamais tout à fait la scène publique ; ils y reviennent toujours, avec des livres et des promesses… Après tout, pourquoi pas. Le problème de Ségolène Royal c’est qu’elle n’apporte rien.
340 pages
Yes Kids: La colère d'une mère face aux nouveaux diktats de la famille
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C'est le thème de la Journée missionnaire mondiale 2026, choisi par le Pape pour la célébration mondiale du centenaire de l'institution voulue par le Pape Pie XI, sur proposition de l'Œuvre pontificale de la propagation de la foi, rendu public ce vendredi 31 octobre.
Il ne suffit pas d’avoir écrit un livre. Ce n’est qu’un point de départ. Minuscule, presque dérisoire à l’aune de la montagne à gravir. Encore faut-il le porter, le soutenir, l’incarner et le faire voyager à travers les âges. Au-delà de la qualité intrinsèque d’une œuvre, la tambouille interne, c’est-à-dire le ton, le rythme et le fond ; l’écrivain est le miroir de sa propre création qu’il le veuille ou non ; son image sera plus forte que ses mots. Elle le trahira même souvent. Une gueule d’écrivain, ce n’est pas donné à tout le monde. C’est un cadeau du ciel et ça peut compliquer la vie au quotidien. Malheur à celui qui ne dégage rien devant l’objectif, mollesse du visage, regard absent, traits fades, expressions éteintes, physique transparent, ni beau, ni laid, cette médiocrité-là, moyenne et lasse, est de nature à inquiéter les libraires. Ils veulent des personnalités, des aspérités, en somme des personnages pour leurs séances de signature à la rentrée littéraire.
Pour un éditeur, une gueule passe-partout est une faute professionnelle : Faites quelque chose pour capter l’attention de vos lecteurs, je ne sais pas moi, laissez-vous poussez la moustache, enlevez cette cravate à pois, bougez-vous, mon vieux ! Si vous croyez que vos phrases suffiront à vendre le premier tirage…On ne le dit pas assez mais le drame involontaire pour un auteur aussi talentueux soit-il est la profonde indifférence qu’il inspire. Sans saisissement instantané de la rétine, les listes de prix s’éloignent. Depuis l’apparition de la photographie, et encore plus avec l’émergence de la télévision qui oblige à des contorsions scabreuses, l’écrivain doit montrer sa bobine dans les journaux pour exister. Avant d’entamer la lecture d’un pavé, le lecteur se renseigne d’abord sur cet auteur inconnu. A-t-il la gueule de l’emploi pour que je dépense le double d’un ticket de cinéma ? Dans ses Portraits d’écrivains, ouvrage élégant réalisé sous la direction de son fils Luc, le travail d’Yves Debraine, Suisse d’origine française atteint des hauteurs esthétiques et une sincérité journalistique, cet alliage-là est précieux. Il y a une forme de religiosité à pénétrer l’intimité d’un écrivain à travers sa silhouette, son corps et sa présence. Le photographe s’était installé à Lausanne dès la fin des années 1940 et deviendra la référence helvétique du reportage-photo dans le monde entier, une pointure des grands prix de Formule 1 et notamment le portraitiste fidèle de Chaplin, de la famille Dominici au procès du vieux ou de Simenon dans son château d’Echandens. Ses portraits dans la presse magazine d’après-guerre alors florissante ont fait les grandes heures de Life, Time, Paris-Match, L’Express, Stern ou Epoca.
L’ex-engagé dans un corps franc à 18 ans, incorporé dans la 1ère armée du général de Lattre de Tassigny a résisté au sensationnalisme. Son goût pour la lecture se remarque au premier coup d’œil. Il l’a sauvé des travers de la profession de reporter, croulant sous les conquêtes, homme pressé dévalant les Nationales en roadster, un soir à Portofino, au petit matin chez Castel. La mythologie de cette époque-là est tenace. Au contraire, « sa vie durant, Yves Debraine a aimé les romans, les ouvrages d’histoire, les polars, les essais, les biographies, sans compter les magazines et les journaux auxquels il collaborait » écrit son fils, en préambule. « L’hommage d’un photographe à l’acte d’écrire » est une épitaphe qui convient à ce recueil soyeux, nostalgique, une plongée dans le monde d’avant avec cette galerie de gueules pas possibles.
Debraine a photographié notre bibliothèque idéale. On y voit, entre autres, Cocteau cabot et songeur à Milly-la-Forêt ; Patrick Rambaud chevelu et barbu jouant au billard ; Chessex faux sergent Garcia et vrai ogre littéraire à sa table de travail ; Clavel stoïque, les pieds plantés dans des vignes ; Albert Cohen en pyjama de soie et pochette blanche ne sachant pas s’il va guincher ou se coucher ; Giono tapant la conversation avec son facteur du côté de Manosque ; Henri Guillemin et ses longues mains ; les sourcils broussailleux et inquiétants de John Le Carré ; la veste « Pinder » de Paul Morand ; le profil de sénateur romain de Nabokov ; Pagnol faisant la fête à son chien ; le carré strict de Han Suyin ou l’œil farceur d’Henri Vincenot dans son village de Bourgogne. Et puis, Debraine stoppe des moments d’histoire comme cette rencontre « froide » de septembre 1963 entre Ian Fleming et Simenon, le père de Maigret avec sa pipe à la Tati observe, le dos courbé la Studebaker de l’espion de sa majesté, un brin facétieux et moqueur. La série consacrée à Frédéric Dard datant de novembre 1976 est splendide, l’auteur ressemble tantôt à un patron de boîte de nuit, cintré dans un caban en cuir, tantôt en bourgeois lyonnais installé à son bureau, un basset hound à ses pieds. Debraine nous fait aimer les écrivains, c’est une étape essentielle pour aimer la littérature.
Portraits d’écrivains – De Cocteau à Simenon – Yves Debraine – Les Éditions Noir sur Blanc 198 pages
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Ce vendredi 31 octobre, Léon XIV a reçu les membres de l’Organisme consultatif international des jeunes, l'International Youth Advisory Board (IYAB), du dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie. Dans son discours consigné, il les a exhortés à être les porte-parole de leurs pairs, en particulier ceux qui n'ont pas accès aux mêmes opportunités éducatives. Aussi, il les a invités à être «des maîtres de créativité et de courage».
Après s’être joint aux élèves et étudiants jeudi, le Pape a rencontré ce vendredi, place Saint-Pierre, les éducateurs venus du monde entier, à l’occasion du jubilé du monde éducatif. Reprenant quatre aspects de la doctrine de saint Thomas - l'intériorité, l'unité, l'amour et la joie - Léon XIV a souhaité que ces principes deviennent «les pivots d'un chemin à parcourir ensemble, faisant de cette rencontre le début d'un parcours commun de croissance et d'enrichissement mutuel».
Qui ira dire encore que Marine Le Pen, ses députés, son camp ne sont pas en politique de bons manœuvriers ? Voilà qu’ils viennent de s’offrir une jolie petite victoire. Petite parce que sans véritable effet concret sur la donne du moment puisque essentiellement symbolique, mais victoire quand même, d’une part du fait du score et plus encore en considération de l’habileté avec laquelle le piège RN a été ourdi.
185 voix contre 184 en faveur du rejet des accords de 1968 régissant les relations franco-algériennes en matière d’immigration et d’accueil sur le sol de France des ressortissants d’outre-Méditerranée. Voilà pour le score.
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La subtilité du piège RN consistait tout simplement à profiter de la fenêtre de tir de sa niche parlementaire pour, sur ce sujet particulier, acculer quelques dizaines de bonnes âmes de notre représentation nationale à mettre leurs actes en conformité avec leurs paroles. Bonnes âmes qui, depuis des mois, ne cessaient de critiquer lesdits accords, notamment depuis le sort ignoble réservé à notre écrivain Boualem Sansal et au journaliste Christophe Gleizes. Par son initiative parlementaire, Marine Le Pen et ses élus ont contraint ces beaux parleurs tout simplement à passer du blablabla de convenance pour plateaux TV au geste solennel du vote. On imagine assez bien combien certains d’entre eux ne l’ont accompli, ce geste, que de l’extrême bout de la conscience, en se pinçant le nez et en serrant les fesses de trouille dans la perspective des représailles à venir de leurs habituels supplétifs électoraux gauchos-écolos-insoumis lors des prochains scrutins, notamment locaux.
Une voix, une voix seulement, se gaussent les mauvais perdants. Mais c’est aussi à une voix seulement que, le 30 janvier 1875, lors du vote d’un article additionnel présenté par le député Wallon que le mot République a fait son entrée dans notre arsenal constitutionnel, ce qui a fait dire que la République, notre République, doit donc à un seul suffrage, à un cheveu donc, d’avoir vu réellement le jour.
Victoire, indéniablement, pour Marine Le Pen et le RN. Certes, ce n’est pas encore tout à fait l’union des droites que d’aucuns appellent de leurs vœux. Mais c’est bel et bien la désunion du camp des têtes molles, des mous du genou. C’est surtout, qu’on le veuille ou non, une brèche ouverte dans le mur des contres. Un tabou est tombé : l’interdit suprême de mêler son vote à celui du diable et sa voix au chœur des tenants de la peste brune ! Pensez ! Le front du rejet, prétendument républicain, se trouve effrité, entamé. Là est bien un des aspects de la victoire en effet. Elle réside aussi, cette victoire, dans le fait que les lâches ont été forcés en la circonstance de tomber le masque. Ainsi de M. Attal. Excusé, semble-t-il. Faute d’avoir sérieusement enquêté sur la question, je ne saurais dire s’il avait à ce moment-là piscine ou poney. Je penche pour poney car, bien que rêvant de grand bain, l’intéressé, à la piscine comme en politique, ne réussit guère à passer au-delà de la pataugeoire.
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Victoire toujours du RN – et non la moindre de mon point de vue – pour avoir réussi l’exploit qu’un vote de la représentation nationale se révèle enfin conforme à ce que pense et attend la population dans son ensemble. Rappelons-le, elle est à plus de 72% (voire davantage selon certains sondages) favorable au rejet pur et simple des accords en question. Rejet, non renégociation, n’en déplaise à la contrefaçon de gouvernement que nous subissons en ce moment.
Cela dit, il en faudra bien d’autres, des votes de cette nature, en phase avec les aspirations du pays réel, pour que sa classe politique recouvre une once de crédit. Mais ne boudons pas notre plaisir. Et saluons comme il convient cette victoire. Accessoirement, voyons-y un premier pas des plus encourageants…
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À l'occasion du Jubilé du monde éducatif, Léon XIV a reçu en audience l'Organisation des universités catholiques d'Amérique latine et des Caraïbes, leur recommandant de devenir «des itinéraires de l'esprit vers Dieu». Le Souverain pontife a exhorté ensuite les universités à s'occuper du développement intégral de la personne avec excellence, compétence et professionnalisme.
Alors que Bruxelles harmonise, les campagnes s’inquiètent. Le 25 mars 2025, le Conseil de l’Union européenne et le Parlement européen ont trouvé un accord sur la révision de la directive relative aux permis de conduire. À partir de 2026, la validité administrative du précieux sésame sera limitée à quinze ans pour les voitures et motos (ou dix ans lorsqu’il sert aussi de carte d’identité). Les permis poids lourds devront, eux, être renouvelés tous les cinq ans.
Cette réforme s’inscrit dans la stratégie européenne Vision Zero, qui vise à réduire de moitié les morts et blessés graves sur les routes d’ici 2030. Elle prévoit aussi un contrôle médical ou une auto-évaluation au moment du renouvellement, ainsi que l’introduction du permis numérique dans le futur portefeuille d’identité européen à l’horizon 2030.
Présentée comme un progrès administratif et sécuritaire, cette mesure suscite déjà de vives réserves chez les seniors et les habitants des zones rurales — ceux pour qui conduire n’est pas un plaisir, mais une nécessité.
La directive laisse aux États membres la liberté de raccourcir la validité du permis pour les conducteurs de plus de 65 ans. Une clause qui, sur le papier, relève du bon sens. Dans les faits, elle alimente la crainte d’une discrimination silencieuse.
Pour beaucoup de seniors, la voiture reste un instrument d’autonomie. Elle permet d’aller chez le médecin, de rendre visite à sa famille, de maintenir une vie sociale. Or, l’idée d’un renouvellement plus fréquent, accompagné de contrôles médicaux, est vécue comme une suspicion institutionnalisée : le conducteur âgé n’est plus présumé capable, mais potentiellement dangereux.
Les visites médicales, même facultatives, sont déjà redoutées : coûts, démarches, peur de perdre le droit de conduire pour une fatigue passagère ou une vue imparfaite. Et dans un contexte de désertification des services publics, chaque nouvelle formalité ressemble à une embûche de plus sur la route de la vieillesse.
Dans les territoires ruraux, la dépendance à la voiture est absolue. On conduit non pour le plaisir, mais pour vivre : pour se rendre au travail, au marché, à l’hôpital. Là où le bus passe deux fois par jour et la gare la plus proche se trouve à trente kilomètres, le volant n’est pas un confort, c’est un droit vital.
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Mais ce droit pourrait bien se compliquer. Le renouvellement administratif tous les quinze ans risque de tourner au casse-tête :
– démarches en ligne difficiles, voire impossibles sans connexion ;
– guichets administratifs éloignés ;
– déplacements coûteux pour un simple papier ;
– sentiment d’un contrôle injustifié.
Pensée à Bruxelles comme une modernisation, la mesure sera perçue dans les campagnes comme une contrainte de plus, imposée d’en haut sans prise en compte du réel. L’Europe « connectée » parle digitalisation et sécurité ; la France rurale, elle, entend distance et paperasse.
Pour un lecteur de sensibilité conservatrice, cette réforme soulève des questions fondamentales : liberté individuelle, autonomie, subsidiarité et rapport entre sécurité et responsabilité.
1. La liberté individuelle.
Renouveler un permis n’a rien de choquant. Mais faire de ce renouvellement un rituel administratif obligatoire pour tous, sans motif particulier, revient à instaurer une forme de tutelle permanente. La sécurité ne saurait justifier une méfiance généralisée envers les citoyens.
2. Le principe de subsidiarité.
L’Union européenne fixe le cadre, mais les États devront adapter la mise en œuvre. C’est là que se jouera la différence entre un texte technocratique et une réforme supportable. Une Europe respectueuse de la diversité devrait reconnaître que la vie d’un automobiliste du Cantal n’a rien à voir avec celle d’un cadre bruxellois.
3. La voiture, symbole d’émancipation.
Pour les ruraux, la voiture n’est pas un gadget mais un instrument de liberté. Restreindre ou complexifier l’accès au permis revient, pour beaucoup, à restreindre la possibilité même de vivre dignement.
4. L’argument sécuritaire.
La sécurité routière est un objectif légitime. Mais lorsqu’elle devient le paravent de nouvelles contraintes, elle alimente le sentiment d’une société de la suspicion, où l’État protecteur se transforme en tuteur permanent.
5. Le tout-numérique imposé.
Le futur permis digital illustre cette fracture : progrès pour les urbains connectés, angoisse pour les aînés et les ruraux. Dépendance au smartphone, risques de piratage, disparition du document papier : la modernité devient parfois synonyme d’exclusion…
Pour éviter que cette réforme ne se transforme en double peine, plusieurs garde-fous s’imposent selon moi : Pourquoi ne pas maintenir un permis papier aux côtés du format numérique pour ceux qui le désirent ? Ne pourrait-on pas permettre les démarches en mairie ou par guichet itinérant ? Comment garantir des contrôles médicaux proportionnés et non discriminatoires ?
Il faut impérativement adapter les modalités de cette nouvelle mesure selon les réalités locales. Car l’uniformité n’est pas l’unité. Une Europe équilibrée devrait protéger la liberté des individus autant que leur sécurité.
L’affaire du permis de conduire révèle la tension grandissante entre technocratie européenne et réalité du terrain. Quand Bruxelles parle sécurité et modernité, nos campagnes entendent bien souvent contrainte et méfiance. Pour les habitants des « territoires oubliés », pour les aînés attachés à leur indépendance, la voiture demeure le dernier espace de liberté concrète. Et chaque réforme qui la rend plus conditionnelle — même sous couvert de progrès — est vécue comme une atteinte à cette liberté. La question n’est donc pas de savoir si le permis doit être renouvelé tous les quinze ans, mais si nous aurons encore le droit de conduire librement.
Car lorsque la route devient un couloir administratif, c’est la société tout entière qui a le sentiment de perdre le sens de la responsabilité et de la liberté.
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La libération des 20 derniers otages vivants retenus dans la bande de Gaza le 13 octobre dernier a constitué un immense soulagement que l’on doit en grande partie à Donald Trump. Dans la poursuite de sa quête avouée d’obtenir le prix Nobel de la paix, le Républicain a actionné tous les leviers à sa disposition pour aboutir à un résultat qui paraissait difficilement envisageable ; permettant ainsi de paver la voie à une possible cohabitation pacifique entre Palestiniens et Israéliens. Néanmoins, le plan Trump comprend plusieurs incertitudes.
Si l’on part du postulat que le Hamas acceptera de déposer les armes, ce qui semble par ailleurs hautement improbable, le danger que constituent les nombreux autres groupes terroristes disséminés dans l’enclave se situe dans un des angles morts du plan.
La plupart des factions armées palestiniennes, ayant jusqu’ici bénéficié de l’ombre projetée par le Hamas, sont toujours actives et présentent des modus operandi qui nécessiteront des approches différentes pour les neutraliser. Si le scénario d’un désarmement du Hamas venait à se concrétiser, il est évident que ces nombreuses organisations continueront de faire planer une menace sécuritaire d’envergure sur Tel Aviv ; le Jihad islamique palestinien reprenant alors le rôle du Hamas comme élément le plus en vue du terrorisme palestinien.
Dès que les premières images des attaques terroristes du 7 octobre 2023 furent diffusées, le narratif quasi-unanimement proposé par les médias occidentaux laissait à penser que seuls les hommes de la branche armée du Hamas, les brigades Izz al-Din al-Qassam, avaient participé aux atrocités commises ce jour-là. Bien qu’orchestré par Yahya Sinwar, chef de la branche armée du Hamas, le « déluge d’al-Aqsa » a en réalité impliqué au moins cinq autres groupes palestiniens selon Moussa Abu Marzouk, l’un des responsables du Hamas[1].
L’un des ouvrages de Mohamed Sifaoui, spécialiste du terrorisme islamiste, a révélé que le pogrom du 7 octobre faisait l’objet d’une préparation minutieuse remontant à 2020 sous la direction d’un organe appelé « chambre des opérations »[2]. A l’exception notable du Fatah, cette chambre servait d’outil de communication et de coordination entre toutes les factions impliquées, ces dernières ayant mis de côté leurs divergences politiques ou religieuses pour se rassembler en son sein. Les brigades Abou Ali Mustapha, branche militaire du Front populaire de libération de la Palestine d’orientation marxiste-léniniste, ont ainsi participé aux attaques du 7 octobre.
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Il en va de même pour les brigades An-Nasser Salah al-Din, faction de la bande de Gaza qui contribue également aux forces de police officiant dans l’enclave. Sa collaboration avec le Hamas n’est pas nouvelle puisque c’est à cette brigade que l’on attribue l’enlèvement du soldat israélien Gilad Shalit en 2006. Ce dernier sera libéré en 2011 en échange de plus de mille prisonniers palestiniens dont Yahya Sinwar[3]. Les Brigades des Martyrs d’al-Aqsa, qui comptaient 5 000 hommes avant les attentats du 7 octobre, autrefois associées au Fatah mais partageant l’idéologie islamiste du Hamas, ont aussi contribué aux attaques. Tout comme les Forces du martyr Omar al-Qassem, branche armée du Front démocratique de la libération de la Palestine qui ont revendiqué leur participation aux attaques et continuent d’émettre des communiqués établissant leur responsabilité dans d’autres opérations terroristes via des canaux tels que l’agence de presse yéménite Saba.
Dès lors, on voit bien qu’attribuer les attaques terroristes du 7 octobre aux seuls militants du Hamas est une lecture très incomplète des évènements qui permet indirectement aux autres factions terroristes impliquées de rester dans l’ombre. Il résulte de ces éléments que le simple fait de neutraliser le Hamas ne suffira pas à assurer la sécurité d’Israël, la menace terroriste s’en accommodera et changera tout simplement de visage.
Considérée comme la deuxième organisation terroriste la plus influente de la bande de Gaza, le Jihad islamique palestinien pouvait s’appuyer sur 10 000 combattants avant le 7 octobre 2023. Bien qu’émanant également des Frères musulmans, il se distingue du Hamas en ce qu’il lui reproche une approche insuffisamment islamique de la gouvernance de l’enclave. Il refuse par ailleurs catégoriquement tout rôle politique, une absence d’ambition politique qui permet aux deux groupes de collaborer. Cette organisation terroriste apparaît aujourd’hui comme la mieux placée pour prendre la tête du terrorisme palestinien à la place du Hamas en cas de neutralisation de ce dernier.
Fondé en 1981 par Fathi al-Shiqaqi, le Jihad islamique palestinien s’est signalé aux yeux du grand public par une série d’attentats suicides perpétrés afin d’enrayer la mécanique de paix enclenchée par les accords d’Oslo signés en 1993. A l’inverse du Hamas, ils refusent d’envisager toute négociation, y compris dans le but de mener à un cessez-le-feu. Ses militants se distinguent par des attaques au couteau et bien entendu par des attentats-suicides à la bombe, signature du groupe.
Contrairement au Hamas, la distinction entre branches politique et militaire n’a aucun sens pour le Jihad islamique palestinien. L’organisation en tant que telle se confond avec sa branche armée, les Brigades al-Qods, qui perpétue et revendique les attentats commis en son nom. La communication de ces Brigades, effectuée via leur site internet se confond avec celle du Jihad islamique palestinien qui met à profit ses propres médias[4].
Les ambitions pour l’enclave du groupe désormais dirigé par Ziad al-Nakhalah sont également plus radicales d’un point de vue religieux que celles du Hamas, de quoi laisser craindre un système d’endoctrinement encore plus prononcé que celui mis en place par le Hamas depuis sa création puis son élection. Si tous deux souhaitent une Palestine indépendante, le Jihad islamique palestinien entend en faire un État religieux plus proche de ce que fut le califat de l’État islamique en Irak et en Syrie. Sa propension à embrasser sans réserve les intérêts de Téhéran en fait par ailleurs un allié plus fiable aux yeux du régime des mollahs que le Hamas[5].
Enfin, contrairement au Hamas, le Jihad islamique palestinien dispose d’hommes en Cisjordanie. Le groupe accuse fréquemment Israël de vouloir annexer le territoire[6] et oblige Tsahal à devoir garder un œil sur les agissement du groupe terroriste depuis la Cisjordanie. Une récente opération menée par l’armée israélienne dans le nord de la Cisjordanie ayant permis la neutralisation de deux membres du Jihad islamique palestinien illustre que ce dernier peut frapper depuis l’ensemble du territoire palestinien[7].
La disparition du Hamas serait certes une première victoire d’importance, mais la guerre contre le terrorisme palestinien n’en serait donc pas achevée pour autant.
[1] https://www.bbc.com/afrique/articles/c99ezy1r55lo
[2] Mohamed Sifaoui, Hamas : plongée au cœur du groupe terroriste, 2024, p. 255.
[3] https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/yahya-sinwar-attentats-7-octobre-liberation
[4] https://www.nationalsecurity.gov.au/what-australia-is-doing/terrorist-organisations/listed-terrorist-organisations/palestinian-islamic-jihad
[5] https://fr.timesofisrael.com/liran-au-jihad-islamique-vous-avez-prouve-que-vous-pouvez-ecraser-lennemi
[6] https://www.lefigaro.fr/international/cisjordanie-le-djihad-islamique-accuse-israel-de-vouloir-annexer-le-territoire-occupe-20250224
[7] https://www.longwarjournal.org/archives/2025/09/israeli-operation-kills-2-palestinian-islamic-jihad-terrorists-in-west-bank.php
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Au Royaume-Uni comme en France, prétendre qu’il n’y a aucun apartheid en Israël vous expose à l’exclusion sociale. Quand ce sont les principaux intéressés, les Israéliens, qui l’affirment, il suffit de les accuser, en plus, de mensonge. Mais quand c’est un imam britannique qui le prouve en se promenant à Jérusalem avec la même insouciance que n’importe quel pékin croyant ou incroyant, cela devient plus difficile.
– Bah ! Suffit de pas en parler, Coco ! Tu veux quand même pas faire le jeu des sionistes ?
Umayr Mulla, imam de la mosquée Masjid Khazra de Nottingham, s’est mordu les doigts de n’avoir pas suivi le sage conseil donné à certains journalistes débutants (syn. : « enclins à vérifier leurs sources ») par certains rédacteurs en chef de médias mainstream dans le monde (sans majuscule, Votre Honneur !)
L’imam a visité la vieille ville de Jérusalem en compagnie d’un suppôt de l’extrême droite, le journaliste militant Tommy Robinson. Pire qu’un délit d’opinion, c’est un péché mortel.
Tommy Robinson, qualifié de « visage de l’extrême-droite britannique qui attise la haine anti-musulmans » par France 24, a été accusé par icelle d’avoir organisé une marche pour la « liberté d’expression ». Les guillemets sont une circonstance aggravante ajoutée par le média étatique.
Ladite marche ayant rassemblé près de 150 000 personnes rien qu’à Londres, le 13 septembre 2025, il devenait impossible de la passer sous silence. Certains médias bienpensants ont simplement remplacé « liberté d’expression » par « islamophobie » et hop ! le tour était joué. D’autres y ont ajouté que la manifestation était violente, car 28 policiers ont été blessés et 25 personnes ont été arrêtées pour « troubles violents, agressions et dommages criminels », preuve irréfutable que les manifestants n’étaient pas des citoyens pacifiques mais des meurtriers de musulmans en puissance.
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Le Monde a vu ce qu’il voulait y voir : « La police a déclaré que 26 agents avaient été blessés, dont quatre gravement, après avoir été confrontés à une « violence inacceptable » alors qu’ils tentaient de contrôler la foule, dont beaucoup étaient drapés de drapeaux anglais et britanniques, pendant plusieurs heures tendues en marge du rassemblement. » Associated Press y a regardé d’un peu plus près, ce qui lui a permis de séparer les bons manifestants de l’ivraie black-blockiste : « la manifestation a dégénéré samedi lorsqu’un petit groupe de ses partisans s’est affronté avec des policiers qui les séparaient des contre-manifestants. » Regarder des deux côtés de la lorgnette, ce n’est pas du journalisme, c’est de la provocation !
Quand on est un imam respectueux de ses ouailles, on évite soigneusement le risque de contagion avec des personnes infectées par le Covid, le sionisme ou l’extrême droitisme. Si Umayr Mulla n’a pas pris cette précaution, ce n’est pas par étourderie, c’est par idéalisme (syn. : « collusion avec l’ennemi »).

La mosquée Masjid Khazra a publié un communiqué dans lequel elle présentait ses excuses pour les « opinions personnelles profondément offensantes et totalement incompatibles avec les valeurs de notre institution » de son imam. Quel crime de lèse-Allah Umayr Mulla avait-il commis pour que son employeur soit obligé de faire pénitence ? Il a accordé une interview au susnommé Tommy Robinson. Ce crime est inexcusable car, au lieu de critiquer l’intervieweur, il lui a donné des réponses iconoclastes, qui lui eussent peut-être valu la mort par lapidation, si sa paroisse avait été située à Gaza ou en Judée Samarie sous occupation palestinienne: « Je n’ai aucun problème avec Israël, tant que les gens vivent en paix, je pense que les deux parties devraient avoir leur propre pays. Les Palestiniens devraient avoir leur propre espace sûr, où ils peuvent vivre librement sans oppression ni injustice. Je pense que c’est la solution pour la paix au Moyen-Orient. »
Cette déclaration offensante a été mollifiée par la récitation de quelques versets anti-sataniques, expurgeant l’islam des principes et applications de la dhimmitude subie par les non musulmans en terre d’islam : tout était paradisiaque, « tant que [les non-musulmans] payaient la jizya, qui est une sorte de taxe de protection. Cela n’est pas différent des impôts que nous payons en Grande-Bretagne ». Certes, les dhimmis n’avaient pas le droit de construire des églises ou des synagogues, de prier à haute voix, de rire en public ou de marcher sur les trottoirs à l’égal des musulmans et ils subissaient d’innombrables persécutions quotidiennes actant de leur infériorité statutaire, mais « Si vous lisez l’histoire, il n’y avait ni oppression ni occupation. Ils payaient des impôts comme nous. Les musulmans, cependant, devaient payer la zakat, qui est une aumône. »
Ces figures imposées n’ont pas innocenté le coupable de la mécréance d’avoir reconnu le droit à l’existence d’Israël et, pire, d’avoir critiqué l’Autorité palestinienne, que l’opinion britanico-musulmane tient en sainteté : bien qu’il se réjouisse de la reconnaissance d’un État palestinien par son gouvernement, l’imam a déclaré s’opposer à la politique Pay-to-Slay, en vertu de laquelle l’Autorité palestinienne rémunère les meurtres de juifs. Il a également critiqué certaines actions commises au nom de l’islam par Daech et le Hamas. « Je peux affirmer sans crainte qu’ils ne sont pas du tout musulmans… Certains de leurs enseignements et de leurs actions vont à l’encontre des enseignements islamiques. » Ces blasphèmes contre les valeurs de la mosquée ont justifié les excuses faites aux croyants.
« Notre institut est fondé sur un engagement en faveur de la diversité, de l’égalité et de l’inclusion. Nous apprécions et respectons toutes les composantes de la communauté musulmane et de la communauté au sens large que nous servons, et nous nous engageons à maintenir un environnement respectueux et solidaire pour les élèves, le personnel et les familles. »
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Ce n’est pas à proprement parler un mensonge : l’employeur de Umayr Mulla respecte toutes les diversités de la communauté MUSULMANE (sauf celles que Mahomet réprouve, notamment l’homosexualité, mais celles-ci sont haram, donc irrespectables). Quant à la communauté au sens large QUE NOUS SERVONS… Le sens large n’a pas le même sens en anglais et en taquiya[1] dans le texte : les anglophones entendent « en général » alors que l’islam veut dire « la oumma », la communauté des croyants sur toute la planète.
Heureusement pour l’imam Mulla, en Angleterre, les représailles contre la pensée se limitent à la mort sociale et professionnelle. Il a été suspendu, pas pendu, et il s’est platement excusé, écrivant regretter « profondément le tort que mes propos ont causé aux communautés cachemirie et pakistanaise, aux Palestiniens, à mes employeurs, à ma famille, à mes amis et à toute personne qui avait été offensée directement ou indirectement. Mes références à certaines communautés étaient totalement inacceptables. Je les retire sans équivoque et demande sincèrement pardon à ceux que j’ai offensés. Je m’engage à tirer les leçons de cette expérience. » Conclusion : Allah est le plus grand et le client est roi.
[1] Le mot Taquiya, littéralement « prudence » et « crainte », désigne, au sein de l’islam, une pratique de précaution consistant, sous la contrainte, à dissimuler ou à nier sa foi afin d’éviter la persécution. Par extension, il est utilisé pour tous les mensonges qui permettent à l’islamisme de gagner du terrain au sein des nations.
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Il paraît que rien n’est plus personnel à un homme que ses lectures ; en découvrant celles de Bainville — dans un recueil d’articles publiés chaque mois pour la Revue universelle de 1929 à 1936, et préfacé par Charles Maurras —, il m’a semblé en apprendre infiniment plus sur ses idées, ses penchants, sa manière de voir le monde, que ne l’eût fait n’importe quelle biographie ; rarement n’ai-je ressenti à ce point l’impression de me trouver comme physiquement avec l’auteur d’un livre, de discuter avec lui, dans mon salon. Le royaliste, d’un style gracieux teinté çà et là d’esprit dix-septième, entremêle, à propos de ses lectures nombreuses et intelligentes, des réflexions subtiles et des parallèles historiques, des théories personnelles et des jugements qui en remontreraient à nos élites.
Allègre, vif, jamais ennuyeux, Jacques Bainville nous entretient pêle-mêle du Lys dans la vallée et de Volupté, des vers d’Horace, de Don Quichotte et des Mémoires de Caulaincourt, des réflexions sur l’histoire de Paul Valéry, de Taine et de Paul Bourget, mais aussi de choses plus méconnues, comme par exemple les Études sur les poètes latins de la décadence de Désiré Nisard ; à propos de choses méconnues, qui se souvient que dans le concert unanime de louanges adressées à Goethe, un seul écrivain osa l’accabler, et avec quelle violence ! — Barbey d’Aurevilly ?… Bainville, lui, s’en souvient et le rappelle à ses lecteurs.
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Bien sûr, dans cet ouvrage non dénué de paradoxes (Bainville, que la psychologie des peuples agace décidément, se montre fort intéressé par l’ouvrage de Burckhardt sur Wallenstein et Richelieu, lequel oppose l’idéalisme allemand au rationalisme français), on trouvera l’auteur injuste avec certains poètes et personnages historiques (mais c’est tout le charme d’une lecture, qu’elle provoque l’indignation : cela aiguise l’esprit de contradiction) : ainsi de La Fayette, « le premier » des « personnages historiques et ennuyeux ». Talleyrand ne fut qu’un « diplomate surfait » (!). « Un style plat, une vulgarité essentielle découragent la lecture » de Bel-Ami ; Bainville, à propos de Flaubert, se demande « s’il n’avait donc pas d’oreille » ? Et, par une belle formule en croix, il exécute Benjamin Constant : « Ces deux choses avaient manqué à Benjamin Constant, la considération et le caractère. Celui-ci faisant défaut, il n’a pas eu celle-là ». Avec Leconte de Lisle, à qui il reproche d’avoir cru reconnaître l’art dans l’originalité (mais Villon ne l’était pas, original, ce qui ne l’empêcha pas d’exceller dans le don de poésie), il n’est pas tendre non plus : « Encore est-ce trop riche. On pense à Gustave Moreau qui, selon le cruel Degas, mettait des chaînes de montre aux dieux ». Même Victor Hugo n’est pas épargné ! « Quand on a cru que le passé valait mieux que le présent, on est prêt à transposer la même illusion dans l’avenir ». Et, poursuivant sur L’Année terrible, le critique lui reproche ses inepties, et en profite pour disserter magnifiquement sur Iéna et Sedan. Qu’il s’en prenne de manière récurrente à Julien Benda, c’est de bonne guerre en revanche, puis il ne le fait jamais qu’en des termes d’une courtoisie délicieuse. Un peu plus nuancé sur Jules Michelet, il remarque qu’on ne peut « ouvrir un [de ses] livre[s] sans y rencontrer, avec le style (même haché, névrosé, épileptique) d’un grand artiste de la prose, des perles dans le fumier des idées, des éclairs de génie au milieu des extravagances ».
Tout de même, quelques lignes directrices se dégagent du fatras des lectures de Bainville au cours de ces années trente, années de sa pleine maturité, et donnent à l’ensemble une espèce de colonne vertébrale : Renan, dont il parle et reparle sans cesse, la Révolution et l’Empire, période historique entre toutes et qui semble l’avoir intéressée au plus haut point (n’oublions pas qu’il fut l’auteur d’un Napoléon remarquable), la politique, l’ensemble servi sur fond d’anti-républicanisme et d’une pointe de germanophobie, époque oblige (« l’Allemand est plus près de la nature, ce qui ne constitue ni une garantie ni une recommandation »). Toujours est-il que l’on admirera la qualité des lectures de Bainville, et celle des enseignements qu’il en retient : sur Louis ⅩⅥ qui s’est trompé de politique en n’ayant pas voulu suivre l’exemple de Charles Ier (« raisonnement par analogie, mauvaise méthode ») ; sur les « mobiles des hommes » qui en disent plus long à l’historien que l’étude fastidieuse des sources, et permettent d’expliquer, par exemple, que c’est par un intérêt évident que les régicides, comme les acquéreurs de biens nationaux, ont vigoureusement soutenu Bonaparte qui les protégeait du retour des Bourbons tout en maintenant les acquis de la Révolution (« Sainte-Beuve dit quelque part, et fort bien, qu’aucun changement ne s’accomplit dans un État sans qu’on ait trouvé le point de rencontre des sentiments et des intérêts »), ce que Louis Madelin démontre à merveille dans ses ouvrages sur l’Empire et le Consulat. De Napoléon, il retient, fort judicieusement, qu’il a été un homme « si intelligent qu’il se rendait compte lui-même, et mieux que personne, de la part des circonstances dans le chef-d’œuvre de sa vie, au point que nul, peut-être, ne s’est abandonné comme lui aux événements ». Et je ne puis m’empêcher de citer ce persiflage contre les odieux révolutionnaires : « La seule chose qui rende supportable les récits de la Révolution, c’est qu’on peut dire à la plupart des imbéciles et des scélérats qui ont coopéré aux actes révolutionnaires : « Toi non plus tu n’en as pas pour longtemps. » L’Ecclésiaste se plaignait de l’immense impunité qui règne sur la terre. La Révolution est le seul exemple du châtiment qui suit la faute sans délai ». Sur la Révolution, d’ailleurs, Bainville ne recule pas devant les parallèles avec la politique actuelle, pour en mieux souligner les paradoxes. Ainsi, reprenant une page d’Alphonse Aulard sur Marat qui réclamait la dictature : « Cette remarque apprendra peut-être à quelques étourdis de tous les temps que la dictature n’est pas fatalement de droite, qu’elle est souvent de gauche […]. Fustel de Coulanges a montré que, dans la cité antique, le « tyran » était l’homme des pauvres contre les riches, un Lénine qui exerçait la dictature du prolétariat ». Page qui n’a pas pris une ride ! Autre commentaire dont on soulignera la justesse et l’actualité : « Mais la Révolution française, au bout de cent quarante ans, n’est-elle pas déjà méconnaissable ? Deux de ses éléments sont devenus réactionnaires: la liberté et le patriotisme. Le sentiment bourgeois d’une vie indépendante par la propriété ou par les professions « libérales » est entré en lutte avec le socialisme égalitaire. L’internationalisme a cessé d’être aristocratique et le nationalisme est passé à droite ».
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Il ne faudrait pas s’arrêter qu’à cela ; le lecteur apprendra des lectures de Bainville quelques sages maximes dont on ferait bien de garder la mémoire. Par exemple, que « l’idée de saucer un poème en roman est une erreur prodigieuse ». Ou qu’il n’est jamais inutile pour un prosateur de versifier de temps en temps, comme un musicien fait ses gammes, pour « donner du rythme à la phrase ». Ou encore qu’en histoire, il ne reste de préférence que la calomnie : voir Tacite et Suétone. Il est une idée qui revient souvent sous la plume de Bainville, parce qu’il la relève systématiquement lorsque les auteurs l’évoquent, c’est qu’il existe une limite aux événements politiques, et qu’en la matière, on ne peut plus guère prétendre à l’invention : « C’est le sens profond de la définition de l’utopie par le poète espagnol que j’ai déjà cité : « L’utopie, — tout ce qui n’est pas arrivé dans l’histoire romaine. » »
Enfin, je ne peux terminer cet article sans citer ces quelques commentaires à la La Bruyère, sur le charme de la conversation : « les vieux se répètent et les jeunes n’ont rien à dire. L’ennui est réciproque ». Ou sur la nécessité pour l’écrivain de travailler son art comme un artisan : « L’homme de lettres n’acquiert pas l’audience et le respect du public par le talent seul, par l’élévation ou l’originalité de ses vues, par son dire ni par son « faire », mais aussi par sa probité et par son travail, comme un artisan. […] Acquérir pour élaborer, c’est la devise de l’écrivain. Goethe n’avait-il pas toujours appris ? Et qu’est-ce que le plus beau génie tire de lui-même ? S’il a le malheur de se satisfaire de sa société, on en voit trop tôt le fond ». Il est un fléau que j’ai bien connu, moi qui fus professeur de français : on n’ose plus faire lire aux jeunes gens les plus beaux chefs-d’œuvre de nos lettres, de peur de les ennuyer ; à La Fontaine, à L’Illusion comique, à Molière ou Jules Verne, on préfère des livres pour enfants, quand ce ne sont pas des bandes dessinées. Mais « c’est avec des lectures « au-dessus de leur âge » que se forment les bons esprits », rappelle utilement Bainville, exemples à l’appui, — et à cet avertissement j’applaudis des deux mains.
Notez le nombre de références que contient cet article : ce n’est qu’une minuscule recension des lectures de Bainville ; j’en oublie je ne sais combien qu’il évoque de sa plume toujours parfaite, des traités du style (Georges Duhamel), des livres négligés, des romans fantastiques ; pensez donc ! — il s’essaye même à l’uchronie. « De ressemblances approfondies en contrastes inattendues, écrit Charles Maurras dans sa préface, ce Bainville inespéré se développe et se complète d’une page à l’autre. La matière est multiforme. Comme il est né Protée, elle l’aide à varier la métamorphose. » Et de conclure : « Le beau livre ! Et le grand esprit ! »
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Mardi 4 novembre auront lieu les élections pour la mairie de New York. Le candidat favori est le Démocrate Zohran Mamdani. Gerald Olivier, grand expert de la vie politique outre-Atlantique et des relations internationales, nous explique qui est ce jeune progressiste qui, pour le moment, semble focaliser tous les espoirs d’un Parti démocrate en désarroi depuis la défaite sans appel infligée à Kamala Harris par Donald Trump il y a un an.
Si le courant véritablement socialiste que représente Mamdani arrive à prendre le pouvoir au sein de son Parti, le résultat risque d’être, non une dérive vers l’extrême-gauche, mais une scission qui coupe en deux cette formation politique fondée en 1828.
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Pendant tout ce temps, le grand adversaire du progressisme, Donald Trump, faisait une tournée triomphale en Asie, visitant à tour de rôle la Malaisie, le Japon et la Corée du Sud où il a rencontré brièvement Xi Jinping. Son succès montre combien avaient tort tous ces commentateurs, surtout en France, qui ont répété inlassablement – et qui continuent de le faire – que la politique étrangère du président est résolument isolationniste. Le nombre de pays qui aujourd’hui affichent leur amitié avec les États-Unis ou qui se montrent prêts à conclure un accord commercial avec Trump est la preuve que la vision de ce dernier est America first (l’Amérique d’abord) plutôt que America alone (l’Amérique seule).
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Dans moins d’un mois, Léon XIV foulera le sol du Liban lors de la seconde grande étape de son premier voyage apostolique à l’étranger. Pour Mgr Mounir Khairallah, évêque de Batroun, au Liban, c’est «un soleil qui se lève après 50 ans de ténèbres et une incitation à être un pays porteur d'un message de paix, de réconciliation et de démocratie pour tout le Proche-Orient».
L'archevêque de la capitale iranienne parle de la décision de consacrer une station de métro de la ville à la Vierge Marie, représentée dans un bas-relief. C'est un signe d'ouverture et de dialogue «qui suscite l'intérêt», a-t-il affirmé.
Le frère dominicain et directeur du Centre pour le dialogue interculturel DoSt-I d'Istanbul commente le premier voyage apostolique de Léon XIV en Turquie. Il évoque les perspectives pour la communauté chrétienne et les changements en cours dans l'Église locale mais aussi les attentes du pouvoir politique, le rôle du dialogue et les espoirs de paix au Proche-Orient.
Le 28 octobre 1965, Paul VI apposait sa signature à la déclaration Nostra Aetate adoptée par les pères du concile Vatican II. Ce texte majeur a redéfini le rapport du christianisme et de l’Église aux religions non-chrétiennes, notamment le judaïsme. C'est le fruit d'un processus amorcé après la Seconde Guerre mondiale et qui ne cesse d'être réactualisé. Entretien avec Olivier Rota, professeur en histoire de l’Église à l’Université catholique de Lille, spécialiste des relations avec les juifs.
Suspense électoral aux Pays-Bas, où la droite radicale de Geert Wilders se retrouve au coude-à-coude avec les libéraux progressistes du D66. Mercredi soir, le premier sondage sortie des urnes donnait l’avantage aux libéraux, menés par Rob Jetten, avec 27 sièges contre 25 pour le Parti de la liberté (PVV) de M. Wilders. Mais, à l’aube jeudi, renversement de situation : après le dépouillement de la quasi-totalité des bulletins, les deux rivaux se retrouvaient soudain à égalité, chacun crédité de 26 sièges.
Celui qui aura obtenu le plus de voix pourra le premier tenter de former une coalition gouvernementale, comme le veut la tradition. Le duel final se joue donc à quelques milliers de voix. Celles des Néerlandais de l’étranger, jugées cruciales, ne seront peut-être connues que lundi prochain.
Mais, il est peu probable que M. Wilders, dont le parti perd onze sièges, soit invité à former un gouvernement. M. Jetten, qui en gagne 17, semble mieux placé. Après son triomphe électoral de 2023, quand le PVV obtint 37 des 150 sièges au Parlement, Wilders mit sur pied une coalition quadripartite qu’il dynamita l’été dernier. Depuis, aucun parti sérieux ne veut s’allier à lui, comme nous l’expliquions hier.
La liesse de Rob Jetten aura finalement été un peu prématurée. Mercredi soir, devant des partisans euphoriques, il s’était réjoui : « Des millions de Néerlandais ont tourné la page de tant d’années de négativité et de haine. » Sans le citer, le chef de file du D66, 38 ans, visait clairement Geert Wilders, qu’il accuse de polluer le climat politique du pays depuis près de vingt ans.
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Selon les analystes, Geert Wilders a vu une partie de son électorat se tourner vers un autre parti de la droite dure, JA21, jugé plus disposé à collaborer avec d’éventuels partenaires sans les humilier. À l’inverse, M. Wilders continue d’adopter une ligne inflexible, tout en conservant un noyau dur de partisans farouchement fidèles. « Nous espérions un autre résultat, mais nous sommes restés fidèles à nous-mêmes », a-t-il déclaré, la mine renfrognée, avant que les résultats ne commencent à basculer en sa faveur.
Dans d’autres partis, de telles pertes auraient eu des conséquences pour le dirigeant. Mais, le PVV n’a pas de membres, M. Wilders, âgé de 62 ans, est seul maître à bord et les rarissimes velléités de rébellion sont immédiatement sanctionnées.
Rob Jetten, qui a du sang indonésien dans les veines, comme M. Wilders, a convaincu bien des électeurs par son approche optimiste et volontaire. C’est un pro-européen convaincu, qui fut brièvement ministre du Climat et de l’Energie, vice Premier ministre et fervent défenseur des droits LGBT. Il est fiancé avec un jeune homme argentin, joueur de hockey sur gazon dans l’équipe nationale de son pays et d’une équipe de La Haye. M. Jetten envisage de fonder une famille avec son amoureux et d’avoir des enfants, mais ces projets sont encore au stade d’étude.
Son parti D(émocraten)66, d’après l’année de sa fondation au siècle dernier, ne s’est que très récemment converti à l’idée qu’il était temps de limiter le nombre de demandeurs d’asile et des migrants. Le sujet intéresse peu ses électeurs, préoccupés surtout par le changement climatique, l’environnement, la pénurie de logements et l’état de l’enseignement national où ils sont nombreux à travailler. Sous M. Jetten, D66 tente de se défaire de son image bobo et soixante-huitarde. Il est vrai qu’on voit ses affiches électorales surtout dans les beaux quartiers, alors que celles du PVV prédominent dans les quartiers populaires. Durant sa campagne, Rob Jetten, issu de la classe moyenne, avait cherché à se rapprocher du « peuple » en imposant davantage de drapeaux rouge-blanc-bleu lors de ses meetings. « Notre drapeau ne doit plus être l’apanage de l’extrême droite », proclamait-il. Message reçu : la soirée électorale, hier, en était couverte, et l’atmosphère est restée festive tant que le parti apparaissait en tête.
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Aux Pays-Bas, la droite raille souvent les « juges D66 », un refrain comparable aux critiques françaises contre la supposée « République des juges » : les magistrats seraient, selon elle, trop indulgents envers les criminels et trop alignés sur les idées progressistes.
M. Jetten lorgne vers le centre-gauche, dont le principal parti, GroenLinks/PvdA, perd cinq sièges et en conserve vingt. Grande déception pour son dirigeant Frans Timmermans, qui a démissionné. Les chrétiens-démocrates, qui ont fait de bons scores, et les libéraux conservateurs, qui enregistrent une légère perte, sont également prêts à gouverner. Tous disent fuir M. Wilders, qui termine quand même ex-aequo avec l’homme qu’il estime être un immigrationniste pur sucre. Wilders assure qu’il veut et peut gouverner le pays. Y croit-il vraiment, après sa demi-victoire quelque peu tristounette et solitaire?
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Le département de la Défense des États-Unis vient d’édicter de nouvelles règles pour les correspondants de presse qui ont provoqué un mouvement de révolte dans tous les médias, même les plus MAGA.
Désormais, selon un nouveau document de 21 pages (à la différence de l’ancien règlement qui tenait en une seule page), un journaliste ne pourra divulguer même des informations non-confidentielles sans avoir la permission des autorités, sous peine de perdre son accréditation. Une autre règle stipule qu’« il y a une différence entre le fait de poser des questions licites à un responsable du département, et le fait de pousser un responsable à livrer des informations qui dépassent les limites de la discrétion nécessaire ». Les porte-paroles militaires seraient-ils donc si faciles à désarmer ? De manière générale, c’est tout comme si les journalistes ne devaient désormais diffuser que l’information que le département de la Défense a décidé de diffuser. C’est un véritable système de censure qui fait son apparition. À partir de maintenant, les journalistes auront besoin d’escortes pour circuler entre les différentes zones du Pentagone. Certes, en France, les journalistes accrédités défense ne se promènent pas non plus sans escorte dans les allées de l’Hexagone Balard qui abrite l’État-major des Forces armées. Cependant, l’idée de policer les écrits d’informations non-confidentielles n’existe heureusement pas en France.
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La raison de cette annonce outre-Atlantique n’est pas très claire. Dans le domaine de la défense, les journalistes sont normalement assez dociles. Rares sont ceux accrédités à être en bisbilles avec le bureau du porte-parole du département, par exemple. Le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, a motivé la décision de l’exécutif américain en se référant à des situations impliquant la « divulgation non autorisée d’informations classifiées, susceptible de mettre en danger la vie des militaires américains ». Or une telle logique peut s’appliquer dans un nombre infini de cas. Faut-il que la presse se focalise uniquement sur des déclarations comme celle que le secrétaire à la Défense a faite en septembre, devant des centaines de hauts responsables militaires, en dénonçant publiquement des troupes et des généraux en surpoids ? Fini les gros, bienvenue les guerriers.
La chose étonnante, voire réconfortante, dans cet énième bras-de-fer entre la presse et l’administration Trump vient de la presse républicaine, conservatrice, populiste. Fox News et Newsmax, deux chaînes qui soutiennent fortement Donald Trump et son mouvement, sont autant indignés par cette nouvelle réglementation que les autres médias. C’est ainsi que, mardi 14 octobre, leurs correspondants étaient parmi les centaines de reporters qui ont pris leurs affaires et ont évacué les locaux, en formant un cortège qui ressemblait à une évacuation. Le directeur du très pro-trumpien Newsmax a même expliqué à la BBC que la liberté de la presse était distincte de la ligne éditoriale d’un journal, et qu’il était totalement solidaire des médias représentant une ligne anti-MAGA.
Le département à la Défense a répliqué à ce mouvement de protestation sur un ton moqueur : « Vous ne nous manquerez pas. Une nouvelle génération de reporters de défense arrivera. Des jours meilleurs sont devant nous ». Des jours meilleurs pour les gouvernants, faudrait-il comprendre… Mais si les vrais correspondants sont remplacés par des influenceurs en ligne, d’où proviendront les informations critiques et fiables qui ont fait la force de la presse américaine ?
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Ce jeudi 30 octobre, le Pape a reçu en audience au palais apostolique le président de la République gabonaise, Brice Clotaire Oligui Nguema ainsi que le président de la République des Fidji, Ratu Naiqama Tawakecolati Lalabalavu. Les deux chefs d’État ont également rencontré le Secrétaire d’État du Saint-Siège et le sous-secrétaire de la Section pour les Relations avec les États.
Le Pape a rencontré dans la salle Paul VI, ce jeudi 30 octobre, les étudiants participant au Jubilé du monde l’éducation en cours à Rome depuis le 27 octobre dernier. Dans son discours, le Saint-Père les a exhortés à suivre les pas de Pier Giorgio Frassati, le saint italien canonisé au cours de cette Année Sainte et de saint John Henry Newman qui sera proclamé le 1er novembre docteur de l'Église. Le Souverain pontife est aussi amplement revenu sur l’importance du Pacte éducatif mondial.
Cela fait 349 jours qu’un écrivain français dont le seul crime est de penser librement est détenu en Algérie – en réalité retenu en otage. À l’isolement. Se dit-il que la France l’a abandonné ?
Très peu d’informations (et conditionnelles) nous parviennent. Hier, nouvelles alarmantes de son comité de soutien. L’écrivain de 81 ans a un cancer. Il vit dans des conditions très dures. Il aurait demandé à être hospitalisé.
L’indifférence des pétitionnaires professionnels et de la gauche en général est stupéfiante. Les milieux culturels sont aux abonnés absents. L’Académie française a refusé de l’élire (l’Académie royale de Belgique, elle, l’a fait). Les artistes qui dénoncent un génocide en boucle ne se soucient pas plus de Sansal que des supposés collabos palestiniens exécutés publiquement par le Hamas. Si Sansal était dans une prison israélienne, ils seraient déchaînés. Mais comme son crime est de dénoncer l’islam politique là-bas et ici, on vous dit qu’il est d’extrême droite. D’ailleurs, le Rassemblement national le défend.
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Est-ce qu’au moins la France officielle agit véritablement ? Ni la France, ni l’Europe, ni le CICR, ni l’ONU. On rêve d’une opération des forces spéciales à l’israélienne ou d’un coup d’éclat à la Trump. Mais non : nous devons nous contenter de l’Elysée qui prétend depuis des mois que c’est une priorité. Nous ne cessons de nous humilier. Il n’y a eu aucune rétorsion ou presque. Jean-Noël Barrot est allé baiser toutes les babouches qu’il pouvait. Pour en conclure que les relations étaient désormais apaisées, tu parles. Un signe parmi d’autres : le record des visas étudiants délivrés aux Algériens cette années. Macron adjure tout le monde de ne pas faire trop de bruit. Il promet que le dossier avance avec des airs entendus. Mais ni Boualem Sansal, ni Christophe Gleizes, journaliste retenu pour raisons politiques, ne l’ont convaincu de taper du poing sur la table. Notre diplomatie est en réalité dictée par la peur et par la culpabilité coloniale.
Hier soir, la présidente du comité de soutien Noëlle Lenoir affichait un optimisme mesuré et diplomatique. Elle espère un déblocage lors du prochain voyage de Laurent Nuñez. Il est plus réaliste de s’en remettre au Pape qui va faire également un voyage en Algérie sur les traces d’Augustin.
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Hier, je voulais être Allemande. Et aujourd’hui, j’aimerais être Américaine. Un pays qu’on respecte aurait déjà obtenu le retour de nos deux compatriotes Sansal et Gleizes. Par la diplomatie ou par la force. Avec des rétorsions disproportionnées. Genre confiscations des biens, expulsions, arrêt de tout visa… Ça aurait duré deux jours. Mais non, vous comprenez on ne peut pas. Nous on a des bonnes manières. Ce n’est pas la diplomatie de la canonnière mais la diplomatie de la courbette.
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Si vous ne suivez l’information que d’un œil et d’une oreille, vous avez peut-être vu et entendu ces derniers jours une nouvelle proprement effrayante concernant les Etats-Unis: « Donald Trump est en train de détruire la Maison Blanche » !
Jay Scarborough le présentateur matinal de MSNBC a dénoncé une « destruction grotesque »! Les présentatrices de l’émission « The View » sur ABC (une table ronde quotidienne exclusivement féminine) ont hurlé de colère : « Il n’a pas le droit de la détruire ce n’est pas sa maison, c’est la maison du peuple ». Hillary Clinton, une autre femme féministe, a dit exactement la même chose sur X « ce n’est pas sa maison, c’est la vôtre et il est en train de la détruire. » Et le très sérieux New York Times s’est lamenté que Trump ait utilisé un « boulet de démolition contre la Maison Blanche».
It’s not his house.
— Hillary Clinton (@HillaryClinton) October 21, 2025
It’s your house.
And he’s destroying it. pic.twitter.com/YchFF5U1nO
Qu’on se rassure, la Maison Blanche est toujours debout ! Ces informations étaient erronées. C’étaient encore des fausses nouvelles (« fake news ») vendues par la clique de journalistes américains qui détestent Trump et détournent les faits – ou racontent carrément n’importe quoi – depuis dix ans, avec l’espoir de monter l’opinion publique contre lui. Espoir totalement vain, cela dit au passage. Tout au plus, ces journalistes ont-ils réussi à tuer leur propre crédibilité et à provoquer une crise de confiance sans précédent envers les médias « officiels »…
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Trump n’est pas en train de détruire la Maison Blanche et n’a aucune intention de le faire. Au contraire il vient d’y engager un projet de rénovation majeur : la construction d’une grande salle de bal (8 000 m²) en place et lieu de l’actuelle « aile est ». Les travaux d’excavation ont commencé avec inévitablement la démolition d’une partie de la structure actuelle… D’où les élucubrations de la gauche américaine. Imaginez qu’en 1985, Le Monde ait accusé François Mitterrand de « détruire le Louvre » lorsque les travaux de la future pyramide ont commencé dans la Cour Carrée !
Au-delà de la fausse polémique, le projet mérite quelques éclaircissements, ne serait-ce que pour rappeler que de nombreux présidents avant Trump ont laissé leur marque sur cette demeure, et ont en général été vivement critiqués par leurs contemporains pour cela.
La Maison Blanche est le lieu de vie et de travail du président des Etats-Unis. Elle sert aux réceptions protocolaires. Elle est aussi ouverte au public et reçoit un demi-million de visiteurs chaque année. Elle fut construite à partir de 1792 sur un site choisi par le président Washington. C’est une demeure néo-classique de style géorgien, avec un fronton palladien et une rotonde à l’arrière, due à l’architecte James Hoban, également maître d’œuvre du Capitole, le bâtiment qui abrite le Congrès.
Le fronton et la rotonde sont toujours là, ornant respectivement les façades nord et sud, mais le bâtiment n’est plus l’original. Car cette première Maison Blanche fut brulée par les Anglais lors de la prise de Washington durant la guerre de 1812-1814 et le bâtiment reconstruit ensuite à l’identique.
Aujourd’hui ce que les médias appellent « la Maison Blanche » est en fait un complexe de plusieurs bâtiments qui abritent les principaux services de l’appareil exécutif américain. Le bâtiment central est appelé en anglais la « executive mansion » ou « executive residence ». C’est cette bâtisse qui abrite les appartements présidentiels – au premier étage – et les principaux bureaux de l’exécutif – au rez-de-chaussée et dans les sous-sols.
La bâtisse avec ses deux étages extérieurs et ses onze fenêtres a conservé un même aspect extérieur depuis sa reconstruction en 1817. Chaque président a effectué des aménagements mineurs et changé le mobilier, sans toucher à l’édifice.
En 1802, Thomas Jefferson fit ajouter des colonnades de chaque côté, longues allées couvertes permettant de se rendre dans des bureaux à l’extérieur, prémices des futures « aile est » et « aile ouest ». Andrew Jackson agrémenta le fronton d’un portique majestueux et fit installer la plomberie et le chauffage en 1830. James Polk ajouta l’éclairage au gaz en 1848. Abraham Lincoln fit construire une verrière sur le toit, malgré la guerre de Sécession en 1862. Il fit aussi installer un poste de télégraphe. En 1878 Rutherford B. Hayes fit installer le téléphone, et en 1891 Benjamin Harrison, l’électricité.
En 1882 le président Chester Arthur effectua une grande rénovation intérieure en faisant appel à l’artiste Louis Tiffany, qui fit entrer l’art nouveau et des vitraux colorés dans la demeure présidentielle.
Mais la première modification majeure du bâtiment fut l’œuvre de Théodore Roosevelt à partir de 1902. A l’aube du 20e siècle le bâtiment que Thomas Jefferson avait appelé une « agréable résidence de campagne » était devenu trop étroit pour une administration qui n’avait cessé d’étendre ses compétences et le nombre de ses employés.
Roosevelt fit donc aménager « l’aile ouest » pour y loger une partie de son administration. La presse de l’époque fut unanime pour condamner ces travaux. Roosevelt avait privé le bâtiment de « sa valeur historique », dit-elle. Sans parler de la serre qu’il fallut détruire et des plantes qu’il fallut déplacer…
L’aile ouest devint néanmoins le nouveau centre névralgique de la présidence américaine. Le président Taft y fit même aménager son bureau, de forme ovale, en 1909. Franklin Roosevelt, élu en 1932, fit déplacer le bureau ovale à l’emplacement qu’il occupe toujours aujourd’hui, le coin sud-est de l’aile, ouvrant sur la pelouse sud.
En 1942, le même Franklin Roosevelt fit construire « l’aile est ». Toujours pour accommoder une administration de plus en plus pléthorique. Temps de guerre oblige, un bunker fut aménagé dans le sous-sol. Et sécurité nationale oblige, sa construction fut gardée secrète. Ce qui alimenta tous les fantasmes, ainsi que la colère du Congrès, vexé de ne pas être informé.
Certains des nouveaux bureaux de l’aile est furent aussi destinés à la Première Dame et son entourage. Une première dans l’histoire américaine.
Ces aménagements, ainsi qu’un aménagement des combles dans les années 1920 finirent pas imposer un stress excessif à la structure originale alors âgée de 130 ans. Les planchers du 1er étage étaient particulièrement fragiles. Le pied du piano de Madame Truman finit par passer à travers et une baignoire du premier faillit se retrouver au rez-de-chaussée. La Maison Blanche tout entière menaçait de s’écrouler. « Elle ne tient debout que par la force de l’habitude » dit un ingénieur venu inspecter son état.
Une rénovation totale fut alors ordonnée et le président Harry Truman et son épouse durent emménager dans la Blair House, habituellement réservées aux hôtes étrangers, le temps des travaux. Seule la carcasse extérieure fut conservée. Comme un décor de cinéma. Pour ne pas effrayer les Américains. La Maison Blanche fut ramenée à l’état de coquille vide. L’intérieur de la demeure fut entièrement rasé puis reconstruit à l’identique. Les travaux durèrent trois ans, jusqu’en 1951.
A l’occasion, la vieille ossature de bois fut renforcée par une structure en acier et la climatisation installée, ce qui, vue la chaleur humide et étouffante de Washington l’été, a changé la vie des employés de la Maison Blanche.
En 1960 Jacqueline Kennedy, supervisa une nouvelle rénovation intérieure, avec l’aide d’un designer français, Stéphane Boudin. Elle fut la première à piocher dans l’immense stock de mobiliers et œuvres d’art accumulés par les différents occupants au cours des décennies passées et remisés dans des entrepôts de stockage. Une fois les travaux terminés, elle invita les caméras de télévision et fit éditer un guide de la Maison Blanche dont la vente permit de rembourser une partie du coût des travaux.
Jackie Kennedy fit également planter une roseraie dans la pelouse du sud, le « rose garden ». Elle existe toujours et tient lieu de décor à certaines cérémonies et conférences de presse pendant les beaux jours. Jackie Kennedy fut la seule personne à être jamais félicitée par les médias pour ses transformations apportées à la Maison Blanche. Peut-être parce qu’elle n’était que la première dame, et non pas le président, et parce qu’elle personnifiait l’élégance et le bon goût. Son mari, le président John Kennedy, aimait nager dans la piscine aménagée dans le sous-sol. Elle datait de 1933 et avait été construite pour le président Roosevelt qui souffrait de la polio et l’utilisait à des fins thérapeutiques. Kennedy en faisait, pour sa part, un usage strictement récréatif, invitant dit-on les jeunes secrétaires de la Maison Blanche à le rejoindre dans le plus simple appareil…

Nixon fit couvrir la piscine et installa à la place la salle de presse. Toujours utilisée aujourd’hui. L’essor de la télévision et de l’information en images et en direct avaient généré une demande pour un espace dédié aux « briefings » où l’on puisse installer des caméras et une salle de presse.
Toutefois, la Maison Blanche dispose toujours d’une piscine, mais en extérieur. Elle fut construite sous Gerald Ford, à partir de donations privées et est réservée à l’usage de la famille et de leurs invités. Ford était un avide nageur. Nixon préférait jouer au bowling et en fit bâtir un au sous-sol. Barack Obama préférait le basket-ball et fit recouvrir le court de tennis pour y installer des paniers de basket…

Bill et Hillary Clinton firent à nouveau changer la décoration intérieure. Avec l’aide d’une décoratrice de l’Arkansas, l’Etat de Bill Clinton. Bill prit quelques libertés avec les lieux, faisant de l’alcôve menant au bureau ovale le lieu de ses ébats sexuels avec une jeune stagiaire, Monica Lewinski. En quittant les lieux, le couple Clinton emporta la vaisselle et l’argenterie. Ils furent rattrapés par la patrouille et durent tout restituer, ces biens étant ceux du peuple américain, et non des occupants de la Maison Blanche…
En 2003 George W. Bush, bien qu’originaire de l’Etat pétrolier du Texas, fit installer des panneaux solaires pour chauffer l’eau de la piscine extérieure et alimenter certains ateliers techniques. Dix ans plus tard Barack Obama installera des panneaux solaires directement sur le toit de la résidence principale, pour alimenter les appartements présidentiels. Quant à Michelle Obama, elle plantera un potager « bio » et installera des ruches pour produire un miel de la Maison Blanche.
Jusqu’à récemment, le seul apport de Donald Trump était des mâts de trente mètres de haut de part et d’autre du bâtiment principal pour hisser les couleurs américaines plus haut que jamais.
Et puis il y eut la salle de bal ! Le lieu de tous les enjeux. La pièce à l’origine du scandale. Contrairement à ce que beaucoup de médias ont affirmé ce projet n’est ni soudain, ni nouveau. Il trotte dans la tête de Donald Trump depuis des années. Régulièrement invité à des diners à la Maison Blanche, Trump avait constaté que la Maison Blanche ne dispose pas d’un salon digne de la puissance et de la richesse des Etats-Unis. La « East Room » ne peut accueillir que deux cents personnes. Pour toute capacité supérieure, il faut dresser des tentes sur la pelouse, monter un faux parquet et installer des toilettes portatives ! Indigne de la première puissance mondiale.
En 2010, le citoyen Trump avait proposé à David Axelrod, principal conseiller de Barack Obama, de leur construire une salle de bal pour cent millions de dollars. Proposition non retenue. Lors de son premier mandat, le temps avait manqué pour lancer le projet. Cette fois et parce qu’il sait qu’il ne fera pas de « troisième mandat » (même s’il aime provoquer les démocrates sur cette question), Trump a décidé d’agir et d’agir vite.
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L’annonce officielle du projet remonte au 31 juillet dernier ! Il s’agissait d’une salle de bal venant se greffer sur l’aile-est, sans nécessiter sa démolition totale. La dimension annoncée était de 8 000 m². De quoi accommoder jusqu’à mille invités. Clark Construction, firme immobilière très reconnue de Washington, fut retenue pour le projet, contre un budget de 200 millions de dollars. En septembre ce budget fut révisé à 250 millions de dollars. Il apparut aussi que l’aile est devrait être entièrement détruite. Avec son propre argent et le soutien de donateurs privés et pour financer le projet, Donald Trump donna l’ordre de préparer le terrain, c’est-à-dire de démolir l’aile est.
En dépit de cris d’orfraies de la gauche américaine, Trump n’a rien fait d’illégal. La preuve, aucune action judiciaire n’a été engagée contre lui. Il existe bien une loi aux Etats-Unis sur la gestion des monuments historiques, mais la Maison Blanche et le Capitole ne sont pas concernés. Il existe aussi la National Historical Planning Commission (NCPC), chargée de superviser les projets fédéraux, mais ses compétences se limitent à la « construction » du nouveau bâtiment, pas à la destruction de l’ancien ! Les fonds finançant le projet étant privés, Trump n’avait besoin d’aucune autorisation du Congrès et n’a donc pas consulté les législateurs… D’autant que le gouvernement est actuellement « fermé » pour cause d’impasse budgétaire.

Moralité, ayant les mains libres Trump en a profité pour agir vite. Comme à son habitude. L’aile est n’est plus et le retour en arrière n’est pas possible, sauf à la reconstruire à l’identique ce qui serait une perte totale d’argent et de temps. Trump aurait pu présenter les plans de la future salle de bal à la NCPC, mais il n’en avait pas l’obligation. Ces plans peuvent donc encore évoluer et avec eux le budget du projet. Pour l’heure, Trump a levé pas moins de 350 millions de dollars. Plus que nécessaire. Et les plus grandes entreprises américaines sont derrière lui, de Google à Microsoft en passant par Apple et Amazon ou Lockheed Martin et d’autres.
Moralité, la salle de bal verra le jour. La question est de savoir si les travaux seront finis pour fin 2028 comme le projet le prévoit. Sinon, Trump pourrait bien être tenté de rester au-delà de son mandat pour être toujours président au moment de l’inauguration de « sa » salle de bal… Que les anti-Trump se rassurent, la salle ne sera pas nommée la « salle de bal Donald J. Trump». Donald Trump a lui-même modestement suggéré « la salle de bal présidentielle ».
Ce texte a été publié sur le blog de Gerald Olivier.
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Depuis septembre, le Congrès américain débat d’un projet de loi ayant pour objectif d’interdire toute application éventuelle de la charia, qualifiée d’« antiaméricaine ».
Le No Sharia Act a été déposé à la Chambre des représentants par deux élus républicains. Au Sénat, un projet de loi parallèle a suivi en octobre. Outre-Atlantique, certains États ont déjà promulgué des lois similaires, mais en réalité cette législation est superflue: la Constitution interdit tout recours à des principes de loi étrangers. Il s’agit surtout d’envoyer un message à toute communauté issue de l’immigration qui soit tentée par une forme de séparatisme: n’y pensez même pas ! Ce besoin se ressent depuis la controverse entourant un projet de développement immobilier au Texas initié par une mosquée qui a été accusée de vouloir créer une zone régie par la charia. Les défenseurs du projet de loi citent l’exemple de l’Europe qu’ils considèrent comme déjà perdue. A Londres en septembre, Donald Trump avait dit des Anglais : « Ils veulent aller vers la charia ».
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Les Américains ont-ils tort ? Au mois d’août, un tribunal civil à Vienne a statué que certains principes de la charia n’étaient pas incompatibles avec la loi autrichienne. Deux hommes ayant un différend au sujet d’une propriété immobilière s’étaient engagés à respecter la décision d’un conseil arbitral mis en place par une communauté sunnite. Quand la décision a donné tort à l’un des deux en lui ordonnant de payer 320 000 euros à l’autre, le perdant a porté l’affaire devant un tribunal, maintenant que la charia était susceptible d’interprétations différentes et incompatible avec la loi autrichienne… Le tribunal lui a donné tort aussi : le principe motivant la décision du conseil ne contrevenait pas à la loi, mais le refus de l’homme de respecter le contrat qu’il avait signé l’était. Des élus de droite ont dénoncé cette conclusion comme ouvrant la porte à la création d’une société parallèle islamique.
Nous n’en sommes pas encore là, mais il se peut que la reconnaissance d’instances d’arbitrage et de médiation islamiques soit une pente glissante.
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« Je dis juste que je ne comprends pas qu’on lise de la romance. Il y a des genres bien plus intéressants à découvrir », déclare un personnage du présent ouvrage. « Chacun lit ce qui lui fait plaisir et on n’a pas à juger les autres. Chacun ses goûts, non ? », lui répond un autre. « La romance est un genre à part entière et beaucoup des classiques que tu adores en font partie, en vérité. » La seconde réponse est pleine de bon sens. La romance est un genre à part entière ; c’est vrai. Et dans ce genre, il y a du bon et du moins bon. Du pertinent, de l’intelligent, et du mièvre parfois.
Le roman de Julien Rampin, C’est pas marqué dans les livres, s’inscrit dans ce courant, sans aucun doute. Et son opus est à la fois intelligent et pertinent. Bien écrit, bien construit, il parvient à tenir le lecteur en haleine. C’est déjà beaucoup.
L’auteur nous invite à suivre pas à pas les membres d’un club de lecture d’une médiathèque de Toulouse, ville où il a grandi. Il y a là Colette, quittée par son époux après 40 ans de mariage. Elle cherche à briser la solitude qui l’étouffe et finit par rejoindre le fameux club. Il y a aussi Lucie, étudiante repliée sur elle-même que l’on sent mal dans sa peau. A leurs côtés : Sacha, un trentenaire haut de deux mètres, élégant et beau garçon, en couple avec Romuald ; Caroline et Pétronille, collègues de Pauline, bibliothécaire et animatrice du groupe, qui ne cessent de se disputer ; Mme Germaine, vieille dame sous narcoleptique qui s’endort souvent avant la fin des séances.
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Une sacrée équipe hétéroclite. Parviendront-ils à s’entendre, à communiquer, à s’apprécier ? Julien Rampin, non sans talent, entretient le suspens. Au fil des pages, au fil des échanges littéraires, les uns et les autres se confient et se comprennent mieux. Ils fraternisent. Sacha confie que tout n’est pas rose avec Romuald ; Lucie fait savoir, en larmes, que sa sœur s’est suicidée après avoir été harcelée sur les réseaux sociaux ; Mme Germaine avoue qu’elle a fait de la prison…
Vers la fin du roman, Colette s’adresse à l’assemblée en ces termes : « Ecoutez bien ce que je vous dis, les enfants. Les mots d’amour, les gestes tendres, les sourires délicats, ces effusions que l’on croit superflues, il ne faut pas les économiser. Il s’agit de les offrir par poignées, par brassées, que dis-je, par camions. L’amour, ça se dépense sans compter. A une seule personne ou à la multitude. On ne sait jamais quand il sera trop tard. Il faut aimer à s’en faire péter le coeur. »
Ça peut paraître banal, mais c’est si vrai. Vrai comme se roman qui sonne si… vrai.
C’est pas marqué dans les livres, Julien Rampin ; Charleston ; 252 pages
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Le terme de dhimmitude a été popularisé il y a trente ans par Gisèle Littman dans un livre intitulé La chrétienté d’Orient entre djihad et dhimmitude. C’est peu dire qu’il a été critiqué, provenant d’une historienne non académique publiant parmi des spécialistes de l’islam qui, à cette époque où la Shoah s’imposait dans la mémoire de l’Occident, soulignaient en général que l’islam par contraste avait laissé une place à ses minorités et pour qui l’Andalousie du Moyen Âge était l’exemple continuellement cité d’un glorieux «vivre ensemble», une image que les historiens d’aujourd’hui ont beaucoup nuancée.
Gisèle Littman, qui avait pris le surnom de Bat Ye’or, la fille du Nil, était née en Égypte, en avait été chassée comme la totalité de la communauté juive de ce pays et suspectait que l’argument de lutte contre le sionisme, appliqué à une communauté entière, cachait en réalité une hostilité plus diffuse à l’égard du judaïsme.
Si Bat Ye’or forgea le mot et le concept de dhimmitude, le terme dhimmi était déjà largement employé. Il est celui dont le statut relève de la dhimma, un pacte d’alliance. Ce mot apparaît dans la neuvième sourate, dite Tawba, une des toutes dernières, à une époque où Mahomet avait assuré son pouvoir. Il est écrit dans le Coran lui-même que les dernières révélations peuvent corriger des révélations plus anciennes. C’est dire l’importance de la sourate Tawba, le repentir, techouva en hébreu. Mais, contrairement à ce qu’on en dit, le mot de dhimma n’y vise ni les juifs, ni les chrétiens, mais les «hypocrites» ces soi-disant alliés de Mahomet qui ne l’ayant pas soutenu lors d’une expédition contre les byzantins, avaient brisé le pacte qui les liait à lui.
C’est plus loin dans la même sourate, mais sans le mot dhimma, qu’apparait l’obligation pour les «gens du Livre» de verser un impôt spécifique, la jaziya, attestant le caractère dominant de l’islam sur les autres monothéismes, une mesure plus douce que l’alternative réservée aux polythéistes, la conversion ou la mort. Un siècle plus tard un calife peu connu mais s’appelant Omar et hostile aux chrétiens et aux juifs, donna le nom de dhimma à cette obligation spécifique aux non-musulmans vivant en terre d’islam, accompagnée de diverses interdictions. Il fut prétendu que c’était là un pacte de protection.
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La dhimma a été appliquée avec une rigueur variable suivant les lieux et les époques dans l’immense espace islamique. Beaucoup d’historiens soulignent que la jaziya a été souvent légère, que la protection des minorités a été réelle, notamment dans l’empire ottoman où ces communautés s’administraient elles-mêmes sur le plan civil, et que, au fond, l’impôt de la dhimma remplaçait une obligation de combattre qui n’incombait qu’aux musulmans. ll y a en fait beaucoup à dire sur cette vision irénique de la domination de l’islam, comme en témoignent les conversions forcées, les restrictions religieuses, les persécutions des Almohades ou celles des Safavides d’Iran. Bat Ye’or, qui a utilisé des sources peu exploitées avant elle, a montré une situation des minorités en terre d’islam loin d’être idyllique.
Au cours du XIXe siècle, dans une série de réformes juridiques et administratives qu’on appelle les Tanzimats, les sultans ont aboli la pratique de la dhimma dans l’empire turc, une mesure qui a théoriquement transformé les non-musulmans en citoyens comme les autres. Théoriquement….
Comme on le sait, il n’y a aujourd’hui presque plus de juifs en terres musulmanes et les représailles exercées contre les juifs iraniens à la suite de la guerre des Douze jours montrent comme leur situation est fragile. Des minorités chrétiennes ont fait et font aujourd’hui encore l’objet de persécutions dans plusieurs pays musulmans, dans un silence général. La revendication de la supériorité intrinsèque de l’islam sur les autres religions, est indiscutablement un des moteurs les plus faciles à activer dans l’extension de ces violences.
Dans la neuvième sourate, il est précisé que lorsque les monothéistes paieront leur impôt, ils devront le faire en état d’humiliation. Le terme utilisé est ṣāghirūn. Beaucoup de ce que représente la dhimma provient de l’interprétation de ce mot. L’adjectif saghir, très courant, renvoie au champ sémantique de la petitesse. La plupart des exégètes musulmans d’aujourd’hui, y compris Qaradawi ou la mosquée el-Azhar écrivent que la dhimma, originellement liée à la rupture du pacte d’alliance par les hypocrites, fait référence à une situation de guerre qui était celle de l’islam des origines et n’a plus lieu d’être aujourd’hui.
Mais il y a une ambiguïté à ce sujet: ce qui fut la dhimma dans l’histoire provient d’une situation différente, celle de domination qui fut pendant de nombreux siècles celle de l’islam par rapport à ses minorités, qui l’est encore dans certains endroits du monde et que certains islamistes rêvent de rétablir. Une telle situation laisse des traces dans les mentalités. Après la disparition officielle de la dhimma dans l’empire turc, il y eut beaucoup de réactions de mécontentement qui furent reprises et amplifiées par les réformateurs religieux du XXe siècle tels Rashid Rida puis son disciple Hassan el-Banna, créateur des Frères Musulmans.
La mise en cause d’un sentiment de supériorité considéré comme naturel et légitime est très difficile à accepter et est souvent vécue elle-même comme une humiliation, alors que dans le livre sacré, c’est le privilège du musulman que d’infliger une humiliation à autrui. Quand s’y ajoutent le succès de celui qui devrait être un inférieur et plus encore la défaite au combat face à lui, le ressentiment devient très fort.
Ces réactions émotionnelles, qui ne se limitent d’ailleurs nullement à l’islam, laissent peu de traces dans les archives. Elles jouent un grand rôle dans l’histoire des hommes.
Quant à la dhimmitude, état de résignation devant une situation qu’on ne pouvait pas modifier, ce fut longtemps le lot des populations juives en terre chrétienne comme en terre d’islam. Cette résignation était une stratégie de survie efficace mais elle se payait par l’humiliation intériorisée. Le sionisme fut en quelque sorte une révolte contre la dhimmitude en milieu chrétien. Cette révolte fut réussie et rares sont les juifs qui voudraient revenir à l’état antérieur. Quant à l’attitude de soumission résignée que l’on peut voir ici et là dans un monde d’origine chrétienne essayant de ne pas voir la guerre qui lui est menée, je ne suis pas surpris que le terme de dhimmitude lui soit souvent attribué, même si les explications en sont évidemment bien plus complexes…
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Alors que l'Église célèbre le soixantième anniversaire de la déclaration conciliaire Nostra Aetate, entretien avec l'évêque auxiliaire de Reims, spécialiste des relations avec le judaïsme sur l'état du dialogue aujourd’hui, après les horreurs du 7 octobre.
À l’occasion du 60ᵉ anniversaire de Nostra Aetate, le document conciliaire promouvant la fraternité entre les religions, des représentants du judaïsme, de l’islam, de l’hindouisme et des religions traditionnelles africaines se sont réunis, le mardi 28 octobre, dans la Salle Paul VI au Vatican. Parmi eux, une importante présence africaine, dont celle de l’abbé Pierre Kabongo N’kishi qui, dans un entretien accordée aux médias du Vatican, souligne l'importance du dialogue pour la paix.
En juin, à la Conférence sur l’océan, à Nice, Emmanuel Macron déclarait : « On est au pire moment ! On a une crise qui est cinq crises en même temps : biodiversité, eau, alimentation, santé, changement climatique ». Le président reprenait ainsi le refrain de la crise environnementale.
Pourtant, si crise il y avait vraiment, nos conditions d’existence et, en particulier, nos ressources alimentaires devraient déjà se détériorer. Or, selon les données les plus récentes du Département de l’Agriculture des États-Unis (USDA), l’année 2025 devrait être une année de records pour les récoltes mondiales. Le maïs et le blé connaissent une hausse spectaculaire, le soja atteint également un niveau inédit, tandis que le riz se maintient à son maximum historique. Même les rendements, c’est-à-dire les quantités produites par hectare cultivé, grimpent eux aussi à des sommets pour ces grandes cultures. Autrement dit : nous produisons toujours plus, avec relativement moins de terres. D’autres productions suivent la même tendance : colza, huile de palme ou café sont aussi promis à des récoltes record. Bien sûr, certains produits connaissent des fluctuations annuelles, comme le coton ou le sucre. Et certaines cultures négligées, telles que le sorgho et le millet, stagnent.
Mais l’image d’ensemble est claire : malgré le réchauffement climatique, malgré la baisse de la biodiversité, malgré la prétendue détérioration de la qualité des sols, la production agricole mondiale continue de croître. Cette bonne nouvelle ne signifie pas qu’il n’y ait aucune raison de s’inquiéter. En particulier, le changement climatique représente une menace sérieuse pour l’agriculture. Mais comme cette production agricole en témoigne, il est faux d’affirmer que la crise est déjà là. Certes, les agriculteurs français peuvent être confrontés à des difficultés. Mais, au regard des bons résultats de la production mondiale, les responsables politiques ont beau jeu d’en attribuer la responsabilité à la situation environnementale plutôt qu’aux contraintes qu’eux-mêmes leur imposent.
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Le cardinal archevêque de Kinshasa invoque la paix dans son pays dévasté par des décennies de conflit et par «une crise humanitaire». Des mesures sérieuses s'imposent face aux «millions de morts, à la destruction des villages et à la dispersion des familles», également face à une communauté internationale qui «continue de tirer profit du pillage systématique des ressources».
La rumeur sur Brigitte Macron incite son mari à s’en prendre aux réseaux sociaux. Or le président commet une erreur d’analyse : il est lui-même, par sa parole démonétisée, la cause première de la cabale. Hier, le procureur de la République a requis, devant le tribunal correctionnel de Paris, des peines de prison avec sursis contre dix cyberharceleurs poursuivis pour avoir mis en doute le sexe de l’épouse du chef de l’État. Le même jour, Emmanuel Macron a lancé un débat sur l’impact des réseaux sociaux et d’internet sur la démocratie. Au prétexte de « créer les conditions d’un débat éclairé et apaisé », l’Élysée poursuit son idée fixe visant à mettre sous surveillance ce lieu indomptable et impertinent qu’est devenu le numérique et ses forums. La simultanéité des deux événements fait comprendre que le président cherche à instrumentaliser la fake news, relayée sur Twitter, qui assure que la « première dame » serait un homme ayant effectué une transition de genre. Ce faisant, Macron aggrave la défiance publique vis-à vis du discours officiel. Le pouvoir, en se retranchant derrière son récit émaillé de propagandes et de dénis, alimente les suspicions sur les vérités officielles. La crise sanitaire, qui a conduit l’État à imposer des slogans inexacts sur les vaccins (« Tous vaccinés, tous protégés ») a accentué la défiance entre le pouvoir et la société civile. Les aveuglements sur l’immigration de masse et l’insécurité produisent les mêmes doutes sur la bonne foi du pouvoir. L’obsession de Macron à réguler l’internet s’intensifie à mesure que son règne est contesté. La dérive liberticide du régime explique les outrages vengeurs que subit Brigitte Macron, à qui est reproché également une relation ambiguë avec l’élève de 15 ans, son futur époux, alors qu’elle en avait 39.
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La fable urbaine d’une substitution d’identité entre Jean-Michel Trogneux et Brigitte Macron aurait dû rester dans le répertoire des libelles ou des blagues bêtes et méchantes. Hier, Tiphaine Auzière est venue dire devant le tribunal combien sa mère souffrait de cette malveillance. Ce poison a trouvé de surcroit un accélérateur aux États-Unis à cause de l’influenceuse Candace Owens, irrationnellement déchaînée dans son obsession à nuire à l’épouse du président français. Cependant, s’il est une question que devrait se poser Macron, c’est de savoir pourquoi il projette sur son entourage intime autant de malveillances, qui trouvent un écho auprès d’une partie de l’opinion.
« L’ affaire Trogneux » doit être comprise comme le symptôme d’une opinion qui, à force de s’être laissée abusée par trop de mensonges d’État, ne croit plus ce qu’on lui dit. Au point de prendre les démentis officiels pour des aveux. Dans Génie du christianisme, Chateaubriand a écrit : « Un gouvernement pervers introduit le vice chez les peuples, comme un gouvernement sage fait fructifier la vertu ». C’est cette corruption des esprits qui s’observe, au détriment d’une femme profondément meurtrie par ses harceleurs. Mais le vrai coupable est à l’Élysée.
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Chaque semaine, retrouvez l'actualité des Églises orientales, en partenariat avec L'Œuvre d'Orient.
Le président de la conférence des évêques américains lance un appel urgent à mettre fin à ce climat de paralysie du gouvernement aux États-Unis, qui pèse «lourdement sur les pauvres et les personnes vulnérables» dans le pays. Une situation «injuste et inacceptable» qu'il dénonce, soulignant que l'Église avait «plaidé en faveur de politiques publiques qui soutiennent les personnes dans le besoin».
Dans une zone reculée de ce pays asiatique, dans la région de Davao De Oro, accessible uniquement en habal-habal, le taxi-moto local typique, deux religieuses ont allumé une lueur d’espoir pour les familles pauvres, les enfants sans nourriture et les jeunes marqués par des choix précoces imposés par la misère.
Le garde des Sceaux s’est rendu à Bordeaux pour rencontrer les élèves magistrats de l’École nationale de la magistrature et leur annoncer les changements qu’il envisageait. Il a également dialogué avec une soixantaine d’enseignants et confirmé dans ses fonctions de directrice Nathalie Roret.
La promotion « État de droit » était mobilisée. Mais, sur les 468 auditeurs de justice, seuls 250 étaient présents dans l’amphithéâtre.
Est-il permis de s’étonner du choix d’« État de droit » comme dénomination, alors que sa contestation, dans le climat actuel, n’est pas illégitime et qu’il aurait été plus fort, symboliquement, d’arbitrer en faveur d’une incarnation exemplaire, ou même d’une victime à laquelle on aurait rendu hommage ?
Avant d’en venir à la teneur des propos du ministre, j’avoue ma surprise devant la manière infantilisante dont ont été prévues et programmées les questions adressées à Gérald Darmanin. Comme si l’on n’avait pas pu, tout simplement, laisser les auditeurs formuler librement leurs interrogations – en espérant, pour toutes, une forme maîtrisée.
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Le comble du ridicule a été atteint avec « un petit happening » au cours duquel deux auditrices et un auditeur ont proféré trois banalités vaguement contestataires, évidemment applaudies à tout rompre.
Le garde des Sceaux envisage pour l’ENM – il a rappelé que tous les futurs candidats à l’élection présidentielle souhaitaient sa disparition – « une réforme en profondeur du concours et du recrutement, l’introduction de modules d’enseignement consacrés au monde économique et financier, à la connaissance des rouages administratifs et étatiques, des cours de management, mais aussi l’obligation de mobilité des magistrats ».
Ce n’est pas sur ce plan que je discuterai le propos, au demeurant revigorant, de Gérald Darmanin : on garde l’ENM, mais on la réforme. Je suggérerais volontiers que la culture générale – classique et contemporaine – ne fût pas oubliée !
En revanche, si j’admets que « si l’on ne change pas quelque chose, cela va mal se passer avec une population qui ne se sent pas représentée », je suis beaucoup plus réservé, non sur « l’ouverture méritocratique », mais sur l’idée « d’une magistrature qui doit changer et ressembler à ceux qu’elle juge, pour retrouver la confiance des justiciables ».
Je crains que cette aspiration, destinée à plaire immédiatement à une majorité de citoyens, ne soit un zeste démagogique. Car la difficulté réside dans le fait que rêver d’une magistrature plus conforme à la composition sociologique de notre pays est une chose, mais vouloir « qu’elle ressemble à ceux qu’elle juge » en est une autre.
En effet, je crois que la magistrature a trop souvent cultivé, dans ses apparences, dans ses pratiques, dans ses rapports avec autrui et dans sa volonté de mimétisme social, politique et syndical, l’obsession de se rapprocher des comportements ordinaires, pour qu’on puisse, sans danger, pousser encore plus loin la dilution de la Justice dans le commun.
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Que la diversification du corps s’amplifie et s’enrichisse, soit ; mais rien ne serait pire que l’abolition de la distance, de la tenue, de cette légitimité et de cette autorité qui, dans les temps de crise que nous vivons, constituent le moyen le plus radical de perdre l’estime des citoyens et le respect des politiques. Profondément, la magistrature peut avoir des origines multiples, mais pour rien au monde le magistrat ne doit être comme tout le monde : sinon, il perd tout crédit pour juger. Cet écart nécessaire, c’est sa force et son honneur. Le faire « ressembler à ceux qu’il juge », ce serait aggraver gravement son déclin. Et ce serait la banalisation d’une institution qui ne se remet pas d’avoir été, et de ne plus être, ou médiocrement.
Alors que rien n’est irréversible et que tout est ouvert pour 2027.
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Alors que la Syrie vit aujourd’hui sous le régime d’Abou Mohammed Al-Julani, après la chute des Assad en 2024, la question de sa souveraineté reste posée. Le régime Assad, soumis depuis 1979 à l’influence iranienne, était devenu un relais de Téhéran, dépendance accentuée après 2011. Celui d’Al-Julani s’appuie désormais sur les puissances sunnites, dont l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar et la Turquie, déplaçant la tutelle étrangère de l’axe chiite vers l’axe sunnite.
Dans ce jeu de dépendances régionales, la France ne peut rester spectatrice. Un siècle plus tôt, elle façonna la Syrie moderne et négocia son indépendance sous Léon Blum, restée sans effet faute de ratification. En 1941, le général de Gaulle proclama cette indépendance à Damas après la victoire des Forces françaises libres sur les troupes vichystes et nazies. Le départ du dernier soldat français en 1946 scella cette transition, consacrant la Syrie comme un État souverain et démocratique, paradoxe face à la réalité actuelle. Ce voyage de De Gaulle, souvent oublié, fut une tentative de conjuguer puissance et liberté sur le Levant.
À la suite de la libération de la Syrie et du Liban, intervenue en juin-juillet 1941 à l’issue de l’offensive des forces franco-britanniques contre les autorités vichystes, soutenues par l’Allemagne nazie, le général de Gaulle se rendit à Damas afin d’y affirmer la légitimité de la France libre. Cette opération fut conduite avec l’appui de contingents issus de l’Empire britannique — notamment indiens, canadiens et australiens — ainsi que de combattants judéo-arabes engagés aux côtés des Alliés.
Winston Churchill déclara : « We must not lose Syria. »
À cette époque, la Syrie et le Liban étaient tombés sous le contrôle des autorités vichystes, alliées objectives de l’Allemagne nazie. La France était occupée, et l’Empire britannique faisait face à de vives difficultés au Proche-Orient. En Iran, le chah Reza Pahlavi manifestait des sympathies à l’égard du régime hitlérien ; en Irak, le coup d’État de Rachid Ali al-Gillani avait renversé la monarchie hachémite pour établir un gouvernement favorable à l’Axe ; et en Égypte, le roi Farouk était soupçonné de maintenir des communications discrètes avec l’Italie fasciste de Mussolini.
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La Palestine mandataire demeura fidèle aux Alliés durant la Seconde Guerre mondiale, devenant ainsi un point d’appui stratégique pour le lancement des opérations de libération de la Syrie et du Liban. Toutefois, l’élite arabe du Proche-Orient était profondément divisée. Certaines figures influentes, telles que Moustafa el-Nahhas, Badia Masabni ou Taj al-Din al-Hassani, apportèrent un soutien clair aux puissances alliées. D’autres, en revanche, s’alignèrent ouvertement ou de manière plus discrète sur les forces de l’Axe, à l’image de Reza Pahlavi en Iran, du mufti de Jérusalem Amine al-Husseini, ou encore de Rachid Ali al-Gillani en Irak.
Enfin, la Syrie est libérée. Le général de Gaulle y fait son entrée et proclame l’indépendance du pays, mettant ainsi fin à ce que l’on appelait autrefois « la Syrie française » — territoire du mandat, également désigné sous les appellations de Syrie mandataire ou République syrienne sous mandat.
La France entra en Syrie en 1920, à la suite de la bataille de Mayssaloun, qui opposa les troupes du ministre de la Guerre Youssef al-Azma aux forces françaises métropolitaines, sénégalaises et marocaines, placées sous le commandement du général Henri Gouraud. En Syrie, depuis l’entrée de Lawrence d’Arabie à Damas en 1918, le prince Fayçal s’était proclamé roi du royaume arabe de Syrie. Toutefois, le gouvernement français, dirigé par Raymond Poincaré, refusa de reconnaître cette monarchie naissante lors de la Conférence de la paix à Paris.
Le président Raymond Poincaré avait donné des assurances au chef de l’Église maronite, Élias Pierre Hoyek, en faveur de la création d’un Grand Liban. Par la suite, le général Henri Gouraud, nommé premier haut-commissaire de la République française au Levant, procéda à la fondation de l’État du Grand Liban en 1920. Dans une logique de division administrative du territoire syrien sous mandat, il établit également d’autres entités politiques : l’État d’Alep, l’État de Damas, l’État des Druzes et l’État des Alaouites.
La France établit ensuite l’Union syrienne, en regroupant l’État d’Alep, l’État de Damas, l’État des Alaouites et l’État des Druzes sous une entité administrative unifiée. Sobhi Barakat en fut nommé président, et la ville d’Alep fut choisie comme capitale de cette union. Les territoires de la Syrie actuelle correspondent, dans leur grande majorité, à ceux qui composaient l’Union syrienne établie sous mandat français.
Des tensions ont existé entre les autorités françaises et les populations syriennes et libanaises ; cependant, plusieurs hauts responsables militaires s’efforcèrent d’établir de bonnes relations avec la société civile ainsi qu’avec les autorités religieuses, tant chrétiennes que musulmanes, ce qui permit d’atténuer en partie les conflits. Cette relative accalmie fut toutefois remise en question avec la nomination du général Maurice Sarrail au poste de haut-commissaire de la République française. Ce dernier, connu pour ses positions ultra-laïques et son attachement au jacobinisme républicain, heurta les sensibilités locales et raviva les tensions.
Le général Maurice Sarrail laissa derrière lui un passage chaotique, marqué par de graves tensions et des conséquences tragiques. Abordant les réalités religieuses locales avec le prisme d’un laïcisme rigide hérité du contexte français, il heurta profondément les sensibilités des autorités spirituelles, tant musulmanes que chrétiennes. La révolte éclata d’abord dans le Jebel druze, avant de s’étendre au-delà du sud et d’embraser une partie du territoire syrien. Damas fut durement touchée, subissant des bombardements qui provoquèrent l’émoi au Levant comme en métropole. Les tensions et polémiques parvinrent jusqu’à Paris, où certains responsables politiques allèrent jusqu’à réclamer le retrait immédiat de l’armée française. Le gouvernement du président Gaston Doumergue refusa cependant d’abandonner la Syrie et le Liban au chaos. Il prit néanmoins la décision de limoger le général Sarrail, afin de calmer les esprits et de restaurer une forme de stabilité dans la région.
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La France décida de fonder la République syrienne en collaborant avec plusieurs intellectuels et notables syriens. Des figures politiques et culturelles issues de diverses confessions, telles que Saïd Ghazzi (musulman sunnite), Fares Khoury (chrétien orthodoxe) et Ibrahim Hanano (d’origine kurde), furent chargées de rédiger la première Constitution de la République syrienne. Ce texte remarquable, d’une qualité juridique et démocratique largement supérieure à celles imposées plus tard sous les régimes des Assad et de Jolani, affirmait avec force les principes de souveraineté, de pluralisme et d’indépendance nationale.
Le haut-commissaire français, Henri de Jouvenel, tenta toutefois d’y insérer une clause conférant au poste de haut-commissaire une autorité supra-constitutionnelle. Cette exigence fut catégoriquement rejetée par les représentants syriens. En réaction, et afin de contourner ce refus, Henri de Jouvenel fit adopter la Constitution par décret.
Léon Blum accède au pouvoir en 1936 et engage les négociations en vue de l’indépendance de la Syrie. Une délégation syrienne se rend à Paris pour entamer un long processus diplomatique qui durera six mois. Un accord est finalement trouvé, mais le gouvernement du Front populaire ne parvient pas à le faire ratifier par le Parlement français. Le texte demeure ainsi lettre morte, relégué aux archives. Ce sera finalement la légitimité révolutionnaire de la France libre et de la Résistance qui permettra au général de Gaulle de proclamer l’indépendance de la Syrie.
De 1941 à 1946, la France demeura présente en Syrie, bien que dans une position affaiblie, ne conservant son influence que grâce au soutien britannique, notamment celui de Winston Churchill. Finalement, elle se résolut à retirer ses troupes et quitta définitivement la Syrie et le Liban en 1946.
Pourtant, l’influence française demeure perceptible jusqu’à aujourd’hui. De nombreux mots français ont été intégrés au dialecte syro-libanais, tels que bougie, toutou, marmiton, avance, en arrière, vase, etc. Par ailleurs, la France a longtemps constitué un refuge pour les intellectuels syriens fuyant les dictatures baasistes et nasséristes. Les diplômés des universités françaises ont figuré parmi les cadres les plus éminents de l’enseignement supérieur syrien. Leur formation, reconnue pour sa rigueur et sa qualité académique, tranchait nettement avec celle de certaines vagues de professeurs formés dans les pays du bloc soviétique, où l’encadrement pédagogique se révélait souvent insuffisant.
Plus de quatre-vingts ans après que le général de Gaulle proclama l’indépendance de la Syrie, la France semble avoir perdu le fil de son rôle au Levant. Héritière d’une influence ancienne, elle pourrait pourtant redevenir une puissance d’équilibre, fidèle à l’esprit des Lumières et à l’idéal d’émancipation qui guida jadis son action. Encore faut-il qu’elle dépasse les ambiguïtés d’une diplomatie hésitante, illustrées par l’accueil précipité d’Emmanuel Macron à Abou Mohammed Al-Julani en mai 2025, suivi d’une rencontre à New York en septembre, peu après son arrivée au pouvoir et les massacres perpétrés sur la côte syrienne.
Une telle hâte tranche avec la prudence de Pompidou, Giscard d’Estaing et Mitterrand, qui avaient attendu avant de tendre la main à Hafez Al-Assad, notamment après les massacres de Hama. Pour la France, meurtrie par le terrorisme islamiste mais toujours porteuse d’un idéal universel, renouer avec la Syrie ne peut se limiter à un symbole : il s’agit de retrouver le sens d’une politique orientale fidèle à son histoire et à sa vocation.
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Le Pape assure de sa prière et de sa proximité toutes les victimes de l’ouragan Melissa qui a dévasté l’île de la Jamaïque ces dernières heures. Léon XIV encourage les autorités civiles à faire tour leur possible pour les communautés frappées par la catastrophe qui touche maintenant Cuba.
Je ne croyais pas prononcer cette phrase un jour mais oui quelle chance d’être Allemand ! Je ne dis pas ça par goût immodéré des saucisses, des BMW ou des marécages philosophiques, mais parce que le chancelier Merz manifeste une liberté de pensée et de parole inconnue chez nos dirigeants.
Le 14 octobre, interrogé sur les migrants, il parle d’un problème non résolu dans le paysage urbain. Derrière cette traduction littérale donnée par la presse française, il vise à l’évidence la délinquance et l’insécurité de rue. Une semaine plus tard, alors qu’on lui demande de s’expliquer, il met les pieds dans le plat: « Demandez à vos filles, elles vous diront qui leur cause des problèmes le soir ». Tollé, les belles âmes manifestent devant le siège de la CDU, hurlent à l’afdisation des esprits, la gauche du parti se bouche le nez. Merz précise qu’il parlait seulement des migrants délinquants en situation irrégulière. De toute façon les Allemands l’ont compris. 64% l’approuvent.
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Pourquoi suis-je jalouse ? Si Sébastien Lecornu prononçait cette phrase, il serait immédiatement traîné devant les tribunaux. Nos dirigeants et nos élus rivalisent dans la soumission au politiquement correct et dans le déni. Pas seulement par peur du bad buzz ou par envie d’être félicité par Le Monde, mais parce qu’une grande partie de nos élites pense vraiment que s’inquiéter de l’immigration ou la refuser est un signe d’étroitesse d’esprit voire de racisme.
Donc, contrairement à Merz, nos gouvernants ne voient toujours pas ce qu’ils voient :
Alors oui, que toutes ces grandes consciences demandent à leurs filles de quoi et de qui elles ont peur le soir. Mais, beaucoup sont tellement aveuglées par leurs bons sentiments et leurs ambitions politiques qu’elles n’entendent déjà pas leurs électeurs. Je ne suis pas sûre qu’elles écoutent leurs enfants.
Retrouvez notre directrice de la rédaction dans la matinale.
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Au lendemain de la célébration du 60e anniversaire de Nostra Aetate, le Pape a consacré l’audience générale de ce mercredi 29 octobre, au dialogue interreligieux. Léon XIV est amplement revenu dans sa catéchèse sur les origines de cette déclaration conciliaire qui, adoptée par le Concile Vatican II, a mis fin à des siècles d’incompréhension entre Juifs et chrétiens. Il a rappelé combien l'Église ne tolérait aucune forme d'antisémitisme.
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Dans Ne fais pas ton Français, j’évoque ce que j’ai appelé l’ivresse du tribalisme solidaire. Cette fraternité communautaire viscérale lie les membres d’un même clan au détriment du droit, de la vérité et de la justice. Un vieux proverbe arabe en résume la logique :
« Moi contre mon frère, mon frère et moi contre mon cousin, mon cousin, mon frère et moi contre l’étranger. »
Ce réflexe n’est pas un vestige anthropologique : il structure encore la sociologie de certains territoires français.
Je l’ai vu de mes yeux à Sallaumines, dans le bassin minier du Pas-de-Calais, à la fin des années 1980.
Un homme ivre, sans défense, fut lynché par une dizaine de jeunes, tous d’origine maghrébine, sous le regard passif de la foule.
L’un d’eux me lança fièrement : « C’est ça, la solidarité musulmane. » Cette phrase m’a vacciné contre la naïveté. J’avais sous les yeux le cœur du problème : une solidarité de clan, capable du meilleur – l’entraide, la chaleur, la loyauté – mais aussi du pire : la justification de la violence collective, la négation du juste.
Ce que j’ai observé à Sallaumines n’était pas un hasard, mais la réactivation d’un vieux schéma culturel importé des sociétés maghrébines.
Là-bas, la structure clanique – la hamula – repose sur un principe de solidarité absolue : l’agression d’un membre est vécue comme une attaque contre tout le groupe.
Ce système fit la force des conquérants arabes et berbères d’Al-Andalus, mais aussi la cause de leurs divisions internes.
Or, dans une société d’État centralisé comme la France, ce modèle devient explosif : il fragmente l’espace civique et substitue à la loi républicaine la loi du groupe.
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Partout où l’État recule, le clan avance.
Là où la police ne va plus, les caïds deviennent les chefs de guerre, s’appuyant sur le même mécanisme de loyauté tribale : ne jamais livrer un membre de la communauté à une autorité extérieure.
C’est ce ciment invisible qui explique la puissance des caïds, des islamistes et des indigénistes : ils exploitent la solidarité primaire d’un groupe refermé sur lui-même.
Dans la culture arabo-musulmane, le caïd n’est pas un voyou au sens français, mais un meneur d’hommes, un chef respecté, capable d’assurer la sécurité et la prospérité du clan par la force. Son autorité repose sur la domination, non sur le droit. Battre un policier, humilier un professeur ou insulter un représentant de l’État n’est pas vu comme un crime, mais comme une victoire symbolique sur la puissance étrangère. Ainsi se maintient une hiérarchie parallèle : celle du pouvoir clanique, fondé sur la peur et la fierté, qui se substitue au pouvoir légitime de l’État.
Cette logique s’étend désormais aux territoires perdus de la République, où règnent des équilibres tacites, des « pactes de non-agression » entre élus locaux et chefs de quartiers. On achète la paix sociale avec des subventions, comme les dhimmis d’autrefois payaient la djiziah, l’impôt de capitation, aux émirs andalous pour ne pas être massacrés.
La soumission a simplement changé de forme : elle est devenue budgétaire, clientéliste et idéologique.
Le tribalisme solidaire est l’angle mort des sciences sociales françaises. On parle de pauvreté, de chômage, de racisme systémique, mais jamais du facteur culturel, car il heurte la doxa universaliste et met en péril la narration victimaire.
Résultat : la gauche postcoloniale, les universitaires indigénistes et une partie de la droite technocratique s’accordent sur un même mensonge confortable : celui d’un État oppresseur face à des victimes structurelles. Ce déni n’est pas seulement moral, il est mortel pour la nation. Car tant que la République refusera de nommer le tribalisme, elle nourrira le monstre – un monstre qui ne se bat pas pour des idées, mais pour le butin, le territoire et l’honneur du clan.
La France a désormais son Al Françalus : un territoire de coexistence illusoire, un califat Potemkine bâti sur le déni et la culpabilité. Les façades restent républicaines, les institutions fonctionnent encore, les discours sont truffés de références à la fraternité, à la laïcité, à l’égalité. Mais derrière ce décor, la réalité se délite. Les mêmes mots recouvrent d’autres sens : la fraternité devient communautarisme, la tolérance devient capitulation, et la laïcité devient neutralisation de la France elle-même.
Le Républi-clanisme, c’est cela : une République vidée de sa substance, infiltrée par les logiques tribales qu’elle ne comprend plus et qu’elle n’ose plus combattre.
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Les élus locaux pactisent avec les seigneurs du quartier, les associations communautaires se substituent aux institutions, et la peur s’installe dans le quotidien des citoyens ordinaires, devenus étrangers chez eux.
On assiste à un phénomène paradoxal : la France n’est plus coloniale, elle est recolonisée. Non par la force d’une armée, mais par l’idéologie, la démographie et la lâcheté. Les anciens colonisés ont importé leurs structures claniques, leurs réflexes d’allégeance, leur vision hiérarchisée du monde. Et l’État, rongé par la culpabilité postcoloniale, s’interdit d’y opposer sa propre verticalité. Il abdique son rôle de souverain, se réduit à une ONG qui distribue la paix sociale à crédit. Cette démission ouvre un espace où prospèrent les caïds, les islamistes et les militants indigénistes, qui jouent chacun leur partition dans la même symphonie : celle du tribalisme triomphant. Les uns dominent par la violence, les autres par la foi, les derniers par le discours victimaire. Le résultat est identique : la République s’efface, le clan règne.
La France, en somme, n’est plus un État-nation : elle devient une mosaïque de tribus, où la force du groupe l’emporte sur la loi commune. Une Al Françalus à visage démocratique, où les dhimmis d’aujourd’hui s’appellent contribuables, fonctionnaires, professeurs, policiers. Ils paient la djiziah moderne : impôts, subventions, silences et excuses. Tout cela pour ne pas être massacrés symboliquement, pour éviter d’être traités de racistes, d’islamophobes ou d’extrémistes.
Le choc viendra si la France ose regarder le réel en face, si elle se rappelle qu’elle n’est pas une idée mais une civilisation.
La chute, en revanche, se produira si elle continue de se raconter qu’il suffit de “vivre-ensemble” pour que la guerre des clans s’éteigne d’elle-même.
Mais si l’on fait enfin le bon diagnostic, alors il faut en tirer des conséquences concrètes.
Il faut revoir la politique migratoire, non par haine mais par lucidité, pour ne pas reproduire sur le sol français les structures claniques des pays d’origine. Et il faut repenser la politique du logement, afin de rompre avec les logiques de concentration ethnico-culturelle qui servent d’incubateurs à ces normes socioculturelles. En continuant à regrouper, par “solidarité”, ceux qu’il faudrait mêler à la cité commune, on organise la sécession du pays réel. La France ne peut pas rester une mosaïque de “douars urbains” subventionnés, où le vivre-ensemble se transforme en vivre-à-part. Si nous persistons dans cette voie, nous Seinesaintdeniserons tout le pays — et ce mot-là dit bien ce qu’il veut dire : transformer la nation entière en un territoire morcelé, où la loi du clan se substitue à la loi commune.
Nous aurons alors cru la sauver par la tolérance pendant que nous l’étranglions par le mensonge. La chroniqueuse Sabrina Medjebeur l’a bien vu : il ne s’agit plus d’un problème de coexistence, mais de survie politique et morale. Il faudra une génération de Français décidés à reconstruire la cité, non sur la peur ou la repentance, mais sur la vérité nue du réel. Car comme le disait Lacordaire : « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et c’est la loi qui affranchit. »
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Dans le pittoresque village de pêcheurs de Volendam, M. Geert Wilders a lancé, samedi, un avertissement solennel à ses partisans. « La démocratie néerlandaise mourra si notre parti est exclu du prochain gouvernement ! » a-t-il tonné, entouré de gardes du corps rendant tout contact avec le public difficile. Aussi, le chef du Parti pour la liberté (PVV) a dû hausser la voix pour se faire entendre lors de ce modeste meeting tenu en terrain conquis, à la veille des fameuses élections législatives anticipées du mercredi 29 octobre.
Tous les sondages le donnent encore gagnant. Le PVV pourrait décrocher une trentaine des 150 sièges de la Chambre basse. Mais cette victoire annoncée pourrait bien avoir un goût amer : la plupart des grands partis refusent désormais de s’allier une seconde fois à celui dont le goût du compromis n’a jamais été la principale vertu.
Ces derniers jours, l’écart entre le PVV et l’alliance de la gauche (GroenLinks/PvdA, union des écologistes et des travaillistes) s’est resserré. Tandis que le parti de M. Wilders perd un peu de terrain, les formations de gauche, les chrétiens-démocrates et les libéraux progressent légèrement. En début de campagne, M. Wilders semblait pourtant assuré d’égaler, voire d’améliorer, sa performance de novembre 2023, lorsque son parti avait remporté 37 sièges. Ce qui a changé en très peu de temps, selon des commentateurs, est la crainte réaliste de bien de ses partisans qu’un vote pour M. Wilders serait un vote perdu. Message martelé avec un certain succès par la gauche et la droite modérée, ou, selon M. Wilders, « molle ».
C’est que l’homme politique de 62 ans, qui vit sous des menaces de mort islamistes depuis deux décennies, est accusé d’avoir dynamité « sa » coalition gouvernementale sortie des urnes il y a près de deux ans. Qui avait suscité un immense espoir parmi le « peuple de droite ».
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L’été dernier, M. Wilders avait soudainement imposé à ses partenaires une liste de dix nouvelles mesures visant à durcir encore la politique migratoire. Face à leur refus, il avait brutalement retiré le PVV du gouvernement. Celui-ci, déjà fragilisé par des querelles incessantes et des résultats médiocres dans la lutte contre l’immigration extra-européenne, n’avait pas survécu. Le Premier ministre, M. Dick Schoof, sans étiquette, avait alors pris la poudre d’escampette, écœuré d’être en permanence la tête de Turc de M. Wilders, resté simple parlementaire.
Depuis, les anciens alliés du PVV — notamment les libéraux-conservateurs du VVD — ont fermé la porte à toute nouvelle coalition. Quant aux partis de gauche et aux chrétiens-démocrates, ils refusent catégoriquement de s’allier à celui qu’ils considèrent comme un « raciste », pourtant de « sang mêlé » néerlandais-indonésien.
Déçus, de nombreux électeurs du PVV semblent se tourner vers un autre parti de droite nationale, JA21, qui prône une ligne dure sur l’immigration mais souple dans sa volonté de former des coalitions. Nécessité absolue dans un pays où les 150 sièges du Parlement sont répartis entre une quinzaine de partis…
Ces derniers mois, les Pays-Bas ont connu une cinquantaine d’émeutes, parfois violentes, liées à l’accueil des demandeurs d’asile. D’après l’audiovisuel public, une trentaine de maires auraient cédé face aux manifestants. La fureur atteignit des sommets cet été après le meurtre d’une jeune Néerlandaise, Lisa, attribué à un demandeur d’asile africain déjà accusé de plusieurs agressions.
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Même GroenLinks/PvdA, dirigé par l’ex-commissaire européen Frans Timmermans, veut maintenant réduire considérablement l’afflux de réfugiés. Mais les dirigeants de gauche accusent M. Wilders de semer la haine avec de petites phrases provocatrices, telles que: « Les Néerlandais en ont assez de voir certains quartiers de Rotterdam ressembler à Marrakech » ou encore: « Les vieux partis ont transformé les Pays-Bas, en un demi-siècle, en un pays à moitié arabe. »
L’immigration n’est pas le seul sujet au cœur de la campagne. La crise du logement — pénurie, flambée des prix et listes d’attente interminables pour un logement social — y occupe également une place de choix. Beaucoup de Néerlandais reprochent aux politiques de réserver en priorité les logements sociaux aux réfugiés régularisés. Une frustration qui nourrit le ressentiment envers les immigrés. Le déclin de l’État-providence figure aussi parmi les thèmes phares. M. Wilders promet de le restaurer, finançant ses mesures grâce, dit-il, à la suppression de l’aide au développement et au renvoi des réfugiés syriens ainsi qu’à la fermeture des centres de demandeurs d’asile.
Fait rare, en fin de campagne, M. Wilders a présenté des excuses pour le comportement de deux de ses députés, auteurs d’un photomontage réalisé à l’aide d’intelligence artificielle montrant M. Timmermans vidant la poche d’un Néerlandais pour donner l’argent à une femme voilée. Ce geste a été interprété comme un gage de modération envers de possibles alliés…. Le chef du PVV a juré qu’il serait cette fois un partenaire « loyal » si son parti sortait à nouveau vainqueur des urnes. Reste à savoir si quelqu’un le croira ?
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Le pluralisme n’a jamais été la spécialité des amphithéâtres militants. De Sylviane Agacinski à Bordeaux à François Hollande à Lille, on se souvient que plusieurs conférences ont été annulées ces dernières années sous la pression de groupuscules d’extrême gauche. Leur méthode est rodée : empêcher de parler quiconque ne porte pas le tampon « antifasciste ». Mais depuis l’affaire Gentillet à Paris 1, la censure franchit un palier : il ne s’agit plus seulement d’interdire la parole des invités, mais aussi de chasser ceux qui enseignent.
À la Sorbonne, la chasse aux « profs réacs » est ouverte. Avocat, ancien chroniqueur de CNews, et professeur contractuel en droit depuis huit ans, Pierre Gentillet est accusé par Révolution Permanente d’être un « ex-candidat RN » et le « fondateur de la Cocarde Étudiante ». L’article, publié le 22 octobre, a déclenché l’habituelle curée numérique: relais syndical du groupe Alternative, appels au renvoi, injures, menaces. Bref, l’arsenal complet du lynchage moral. Le verdict militant est sans appel : « Qu’il dégage ! ».
Que reproche-t-on à Pierre Gentillet ? D’avoir fondé, en 2015, un syndicat étudiant souverainiste, d’avoir pris position dans les années 2010 sur la Syrie et la Russie comme le faisaient à l’époque Jean-Pierre Chevènement ou Jean Lassalle, et d’avoir osé se présenter en 2024 sous l’étiquette du Rassemblement national dans le Cher, où il avait frôlé la victoire. Rien de plus. Aucun incident en cours, aucune plainte d’étudiant, aucune dérive pédagogique. Seulement un délit d’opinion, donc.
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L’avocat s’est fait connaître dans les médias durant la crise du Covid par ses critiques du passe vaccinal et du pouvoir excessif du Conseil constitutionnel. C’est d’ailleurs ce dernier point qui lui valut d’être cité dans une vidéo sans nuance de l’inquisiteur télévisuel Clément Viktorovitch (moraliste qui s’est fait connaitre, ironie du sort, lui aussi sur CNews) intitulée TUTO : comment reconnaître le FASCISME [1]. Le « détecteur de ficelles rhétoriques » y voyait en effet un « fasciste en cravate », l’élégance constituant sûrement une circonstance aggravante. La vidéo, d’une pauvreté confondante, aura mis près d’un an à être recyclée par Révolution Permanente…
Depuis, la machine s’emballe : réseaux en feu, menace sur la reconduction de son contrat. « Je ne me fais pas d’illusions », confiait-il au Journal du Dimanche. « On m’écartera poliment, comme on éteint une lampe qu’on juge inutile. » Il se défend pourtant d’avoir confondu ses cours avec des meetings : « Jamais je n’ai mêlé mes convictions à mes cours, j’ai toujours respecté la diversité des opinions et encouragé la réflexion libre ».
Ironie du sort : l’extrême gauche, d’ordinaire si prompte à défendre les travailleurs précaires, s’en prend ici à l’un d’eux. Pierre Gentillet, simple contractuel, a dû demander la protection fonctionnelle prévue pour tout agent menacé dans l’exercice de ses fonctions. L’Université, prudente, se tait. Les « révolutionnaires inclusifs » triomphent : leur militantisme a trouvé une nouvelle cible, et cette fois dans la maison même du savoir.
Pourtant, les soutiens affluent. Anciens membres de la Cocarde, élus du RN, Marion Maréchal évidemment, mais aussi des voix inattendues : Jean-Éric Branaa, spécialiste des Etats-Unis peu suspect de sympathies trumpistes, et Patrick Weil, spécialiste reconnu de l’immigration, se sont indignés publiquement de cette cabale. Aucun communiqué syndical n’a d’ailleurs pu produire la moindre preuve de faute professionnelle lors des cours donnés par Gentillet.
Au fond, Pierre Gentillet ne paie pas ses opinions, mais le droit d’en avoir. Sa mise au pilori illustre la dérive d’une université transformée en zone à défendre intellectuelle, où l’on trie les enseignants selon leur conformité idéologique. La fébrilité qui gagne désormais les rangs militants en dit long. Même certains journalistes du média ultra-spécialisé StreetPress parlent d’une « non-affaire[2] »…
Trop tard : la tentative d’épuration a déjà produit son effet paradoxal. En voulant chasser un professeur, les gardes rouges de la bien-pensance ont fabriqué un symbole. Et Pierre Gentillet, avocat, enseignant et citoyen engagé, incarne désormais un peu plus que sa propre cause : celle d’une liberté académique que l’on redécouvre, comme souvent, au moment où l’on tente de l’étouffer.
[1] https://www.youtube.com/watch?v=XVySCg0o84s
[2] https://x.com/joweisz/status/1982732580857262525
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