Alors que le Sénat brésilien s’apprête à voter un projet de loi légalisant les casinos et les paris en ligne, les évêques du pays ont renouvelé leur opposition à un tel texte, qui ouvre la porte à des «déséquilibres socio-économiques» en raison de l'augmentation des jeux d'argent, à de graves répercussions sur la santé publique et à un «mépris de la vie et de la famille».
Début juillet en Allemagne, Büren (Rhénanie-du-Nord–Westphalie) a lancé une campagne de sensibilisation contre le harcèlement sexuel dans sa piscine municipale, nommée « Été-soleil-sécurité ». Visant à protéger les jeunes baigneurs, elle a suscité une polémique en raison d’une affiche controversée : une femme blanche, rousse et en surpoids, posant la main sur les fesses d’un jeune garçon noir amputé d’une jambe. Ce visuel, jugé « absurde » et éloigné des réalités statistiques, a provoqué un tollé.
L’été commence fort à Büren. Pour sensibiliser les baigneurs aux gestes déplacés, la mairie a lancé une campagne intitulée « Été-soleil-sécurité » dans sa piscine municipale. Le message, en soi, semblait limpide : « Stop ! Les attouchements sont interdits ! », « Personne n’a le droit de te toucher sans ton consentement ». Pour faire passer la pilule, une mascotte toute mignonne — la tortue Tiki — invitait les enfants à signaler tout comportement douteux. Jusque-là, rien à redire.
Sauf que. L’une des affiches a fait grincer des dents. Et pas qu’un peu. On y voit une femme blanche, rousse et en surpoids toucher les fesses d’un garçon noir, handicapé, porteur d’une prothèse de jambe. Une scène censée illustrer une situation de harcèlement… mais qui, pour beaucoup, tient davantage du fantasme que de la prévention efficace. Car les chiffres, eux, racontent une autre histoire. En 2024, le Bundeskriminalamt, la police criminelle fédérale, a recensé 423 agressions sexuelles dans les piscines allemandes. Parmi les 367 auteurs identifiés, environ 65 % étaient non-Allemands. Autrement dit, dans la vraie vie, les profils d’agresseurs ne ressemblent pas franchement à ceux des campagnes d’affichage.
Et comme si ça ne suffisait pas, le timing n’a rien arrangé. Quelques jours avant le lancement de la campagne, le 22 juin, une affaire a choqué tout le pays : neuf jeunes filles, âgées de 11 à 17 ans, ont été victimes d’attouchements dans une piscine de Gelnhausen, en Hesse. Les suspects ? Quatre réfugiés syriens. Dans ce climat tendu, la campagne de Büren a été perçue par certains comme un geste de communication politiquement correct, visant à détourner l’attention des profils réels des agresseurs pour promouvoir une image « inclusive ».
Agressions sexuelles dans les piscines allemandes : la vague qui inquiète
En Allemagne, les piscines publiques, autrefois synonymes de rires d’enfants et de bronzage, sont devenues le thermomètre d’un pays en surchauffe migratoire. Loin de l’insouciance des plongeons estivaux, ces lieux de détente familiale tournent au cauchemar, saison après saison. Dès 2016, des villes comme Bornheim et Zwickau avaient tiré la sonnette d’alarme, interdisant l’accès aux piscines à certains demandeurs d’asile après une série de plaintes pour harcèlement, attouchements, masturbation dans les jacuzzis ou intrusions dans les vestiaires féminins. Dix ans plus tard, la marée n’est toujours pas redescendue.
Rien que cette année, dans la piscine de Hof, en Bavière, deux Syriens ont été accusés d’avoir agressé une fillette de 12 ans, la maintenant sous l’eau pendant qu’ils la touchaient. Dans la piscine de Babenhausen, en Hesse, un Roumain de 31 ans, visiblement plus proche du coma éthylique que du plongeon, a été arrêté après avoir molesté trois fillettes de 10 ans. Son taux d’alcoolémie ? 4,21. Les cas s’enchaînent, et l’accumulation finit par dessiner une tendance. En 2023, dans une piscine de Stuttgart, un Syrien de 23 ans a agressé sept adolescentes. En 2021, à Kaufbeuren, six adolescents « à la peau foncée » – toujours non identifiés – auraient agressé trois filles de 12 ans dans les bassins.
Alors qu’une partie des médias évite soigneusement le sujet, les chiffres, eux, parlent d’eux-mêmes. En 2024, la police criminelle de Hesse a enregistré 74 cas de violences sexuelles dans les piscines, un chiffre en nette augmentation par rapport à l’année précédente. Dans 60 % de ces cas, les suspects n’étaient pas nés en Allemagne. Par ailleurs, cette année, dix plaintes pour harcèlement sexuel ont été signalées dans la seule piscine de Cologne.
Réactions médiatiques : entre indignation et satire
Dans la presse, Die Welt et Bild ont relayé une opinion publique indignée, dénonçant une « réécriture idéologique » du réel. Junge Freiheit — le pendant germanique de Causeur — ne manque pas d’ironie : « Le migrant du dessin est censé boiter jusqu’au maître-nageur sensibilisé à la tortue Tiki, après avoir réussi à échapper à la grosse Allemande. » Le journal en profite pour rappeler que, dans des piscines extérieures à Berlin, Munich ou Hambourg, des panneaux en arabe avaient déjà été installés pour tenter de dissuader les agressions sexuelles[1] — sans le moindre succès.
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La CDU, de son côté, affiche ses divisions. Manfred Pentz (CDU), ministre des Affaires européennes de la Hesse, dénonce une campagne « qui ne peut être qu’une mauvaise blague », allant jusqu’à parler d’« insulte pour les victimes ». Même son de cloche chez le policier Manuel Ostermann (CDU), déjà cité ici pour son essai sans concession : « Les agresseurs sont des hommes, majoritairement issus des principaux pays d’origine des demandeurs d’asile. Ne pas les nommer, c’est trahir les victimes. » À l’opposé, le maire de Büren, Burkhard Schwuchow (CDU), a d’abord soutenu fermement la campagne : « Nous avons la responsabilité de protéger les enfants », clamait-il. Mais face au tollé, il a vite changé de ton, affirmant que les visuels visaient à « représenter la diversité et éviter délibérément les stéréotypes ». Avant de conclure, penaud : « Si nous avons pu donner une autre impression, nous vous prions de nous en excuser. » À ce jour, il continue de refuser de révéler les chiffres et les origines des véritables auteurs des agressions survenues dans la piscine de Büren.
Le SPD s’est retranché derrière une posture prudente, concédant une « maladresse » dans le choix des visuels, sans s’aventurer plus loin. Il faut dire qu’à Gelnhausen, le maire Christian Litzinger (SPD) avait déjà suscité la polémique en attribuant les agressions commises par les quatre Syriens à la « canicule » — une explication jugée aussi légère que déplacée. Tentant de rattraper le tir, Susanne Turlach, présidente du SPD local, avait recentré le débat sur le genre des agresseurs plutôt que leur origine : « Il s’agit de violences sexuelles perpétrées par des hommes contre des femmes », avait-t-elle affirmé. Une déclaration qui n’a pas échappé aux critiques non plus.
Alice Weidel, cheffe de l’AfD, s’est gardée de commenter directement la campagne de prévention contre les attouchements sexuels à Büren. Mais elle n’en a pas moins dénoncé, à plusieurs reprises, la « dégradation de l’ordre public » dans les espaces publics, piscines municipales en tête. Pour elle, ces incidents ne sont rien d’autre que le symptôme d’un « échec de l’État » imputable à une politique migratoire laxiste. Sur X, des cadres locaux de l’AfD, comme Jan Grusdas (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), ont fustigé une affiche « ridicule et irréaliste », dénonçant un « gaspillage manifeste de l’argent des contribuables ».
Au fond, la campagne de Büren trahit une impuissance sidérante : comment protéger nos enfants si l’on refuse obstinément de nommer les faits et les responsabilités ? L’Allemagne, prisonnière d’un système vicié par le wokisme et une xénophilie béate, s’enlise dans une autocensure tragique. Cette langue de bois, gorgée de bien-pensance, asphyxie le débat public et abandonne la sécurité des citoyens à une idéologie hors sol. Jusqu’à quand cette hypocrisie dominera-t-elle la parole publique outre-Rhin ? Et combien de femmes et d’enfants devront encore être victimes de ce déni woke, qui érige l’aveuglement en rempart pour les coupables ?
Dans la région du Kurdistan, au nord de l'Irak, l'Université catholique d'Erbil, a été fondée en 2015 pour offrir une éducation aux groupes minoritaires fuyant l’État islamique. Dix ans plus tard, elle vise à promouvoir la paix, notamment par l’enseignement de l'histoire religieuse de la Mésopotamie.
La ministre Catherine Vautrin vient de détailler une série de mesures gouvernementales pour relancer les naissances. Mais y croit-elle ? Un peu partout autour du globe, et sous les régimes politiques les plus divers, l’humanité demeure récalcitrante à faire plus d’enfants. Il y a forcément une explication…
Voilà au moins trente ou quarante ans, dans l’hebdomadaire L’Express le – génial – dessinateur – Sempé publiait un dessin remarquable. On y voyait une manifestation pléthorique, une foule défilant dans une large avenue. Sempé savait merveilleusement bien dessiner le nombre, le grand nombre de gens. Au milieu de cette foule, en petit forcément, puisque à peu près noyé dans la marée humaine, un quidam brandissait une pancarte sur laquelle on pouvait lire le slogan « Soyons moins ».
Or, c’est dans ce même hebdomadaire, L’Express, que à une si grande distance de temps, il nous est révélé que ce manifestant anonyme aurait finalement été entendu. Ainsi qu’il le souhaitait, nous allons êtes moins. Cela à l’horizon 2100, voire 2050, prédisent les études les moins optimistes.
Deux enfants par femme, du passé
La dénatalité serait donc en marche. Le monde entier serait touché par le phénomène. Y compris les pays musulmans, nous apprend le reportage du magazine. Des pays comme la Tunisie, la Turquie, l’Iran seraient situés au même niveau que la France, où le nombre d’enfants par femme est tombé à 1,6, alors qu’il a été longtemps de 2,02, ce qui faisait de nous de bons élèves comparativement à nos voisins.
Les pouvoirs publics des pays concernés tentent de se saisir du problème, de trouver des moyens afin de doper la natalité. Car un pays qui voit baisser le nombre des naissances, qui échoue à renouveler sa population, et qui donc vieillit, est un pays en voie de déclin. Sans aucune possibilité de revenir en arrière une fois atteint un certain seuil.
Or, remédier à ce fléau est, semble-t-il, tout sauf simple.
Chérie, je veux plus faire des gosses !
L’enquête journalistique de Laureline Dupont et Thomas Mahler nous apprend, par exemple, que la politique volontariste de la Hongrie, mise en place par Victor Orban, instituant une exonération fiscale à vie pour les mères de quatre enfants, puis de deux seulement, n’avait nullement donné les résultats escomptés. Désillusion.
« On ne nait pas d’une incitation fiscale », écrit Maxime Sbaihi, l’auteur de l’essai, Balançoires vides, paru aux éditions de l’Observatoire en début d’année. Une bonne nouvelle cependant, précise-t-il, « le désir d’enfant est toujours là, malgré les discours médiatiques sur les « Chilfree ».
Du désir à la réalité, les obstacles sont connus, dira-t-on : insertion plus tardive sur le marché du travail, difficultés pour trouver à se loger, casse-tête pour faire garder les petits, incertitudes de diverses natures, sociales, environnementales financières, une réelle absence de visibilité quant à l’avenir, le sien propre mais pas seulement, instabilité chronique du monde, etc, etc.
La ministre française du travail, de la santé, des solidarités Catherine Vautrin vient de dévoiler sa stratégie pour que nous nous remettions à avoir des enfants. Elle en fait un impératif de la politique gouvernementale. « Notre fameux modèle social, né il y a quatre-vingts ans du programme du Conseil national de la Résistance, repose sur la solidarité intergénérationnelle, rappelle-t-elle. Moins d’actifs signifie moins de financements. » Financements des retraites, mais également de la quasi intégralité de la vie sociale.
Soyons moins ?
Aussi, prépare-t-elle un arsenal de mesures destinées à redynamiser la natalité chez nous. Parmi elles, celles qu’on pourrait qualifier de classiques, augmentation du nombre de crèches, incitations financières permettant de choisir plus librement le mode de garde…, mais aussi de plus novatrices : renforcer l’attractivité des métiers de la petite enfance, l’instauration d’un congé de naissance, « plus court que le congé parental, mais mieux rémunéré (…) Un congé qui succèderait au congé maternité et qui pourrait être pris par la mère et le père, à la suite l’un de l’autre, avec un accompagnement financier plus conséquent. » Quant aux familles monoparentales, elles pourront bénéficier de l’aide afférent au mode de garde choisi, non plus jusqu’aux six ans de l’enfant, mais jusqu’à ses douze ans. Une question, est-ce que cela ne reviendrait pas à « encourager » la monoparentalité, dont on ne peut pas dire que, à l’échelle d’un pays, elle soit le modèle de politique de la famille le plus abouti ?
En fait, le problème semble bien être à peu près le même et aussi préoccupant partout dans le monde : comment donner envie d’avoir envie de faire des enfants.
Or, justement, le constat que le péril est planétaire, touchant donc des pays, des populations aux mœurs, aux rites, aux codes, aux systèmes sociaux différents, voire opposés, pourrait bien nous amener à considérer que le problème se situe, au moins en partie, bien au-delà des questions et des solutions évoquées ici.
J’en reviens donc à mon « Soyons moins » du dessin de Sempé.
Tous les ans, nous sommes amenés à prendre connaissance avec précision du moment où la population mondiale dépasse en consommation ce que la planète est à même de lui fournir. Et ce moment ne cesse de se produire plus tôt dans l’année. Donc, effectivement, on pourrait aisément en déduire que nous sommes trop.
Donc, si j’osais, je me permettrais une hypothèse qui ne vaut que ce qu’elle vaut et qui peut fort bien prêter à ricaner. Est-ce que l’humanité, puisant très mystérieusement son inspiration dans le tréfonds de l’inconscient collectif, voire de l’inconscient archaïque, dont parle Jung, ne freinerait-elle pas de son propre mouvement, sans en avoir une claire conscience, ce déséquilibre croissant entre elle et sa planète ? Voilà qui permettrait d’expliquer que, d’un continent à l’autre, malgré des modes de vie, des cultures, des références philosophique, spirituelles et autres, ainsi que des intérêts très différents, nous nous trouvions devant la même réticence à peupler nos berceaux… Qui contribuerait à expliquer aussi que les initiatives diverses et variées déployées par les pouvoirs publics ne rencontrent finalement que des résultats mitigés. Je le répète. C’est là juste une hypothèse d’école. Absurde peut-être bien. Ou peut-être pas…
Dans la province ecclésiastique de Bamenda au Cameroun, cinq jeunes religieuses de la Congrégation des sœurs franciscaines à Shisong ont fait leur première profession. Dans son homélie, Mgr Nkuo a encouragé les jeunes religieuses «à rayonner de la joie de leur consécration totale au Seigneur, et à se montrer courageuses devant les défis à relever, en restant des modèles de communion».
À l’occasion du Sommet AI for Good 2025 qui se déroule à Genève du 7 au 11 juillet, le cardinal Secrétaire d’État a envoyé un message au nom du Pape Léon XIV, insistant sur l’importance de développer l’intelligence artificielle avec «responsabilité et discernement». Le Saint-Père a invité les dirigeants présents à «établir une gouvernance locale et mondiale coordonnée de l'IA», afin de protéger la dignité et la liberté inhérente à chaque personne humaine.
Dans une interview accordée aux médias du Vatican, le nonce en Ukraine revient sur les dernières heures vécues dans la capitale Kiev. Des dizaines de missiles russes ont frappé le quartier où se trouve la représentation diplomatique du Saint-Siège: l'archevêque témoigne avoir «vu des drones autour de la nonciature et des maisons». «Nous avons entendu plusieurs explosions, dont deux très proches. Nos locaux ont été endommagés au niveau du toit et du garage», a-t-il affirmé.
Un an après la publication des premières enquêtes concernant l’abbé Pierre, un troisième rapport a dévoilé ce mercredi 9 juillet douze nouveaux témoignages de personnes victimes du prêtre connu pour son engagement auprès des plus démunis. Dans un communiqué, la Conférence des évêques de France les a assurés de sa proximité et invite toute personne ayant subi des violences de la part de l’abbé Pierre, à se rapprocher d’un dispositif d’écoute et d’accompagnement.
Mercredi, le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella a été perquisitionné dans le cadre d’une enquête sur des prêts accordés au mouvement par des particuliers. Dénonçant un acharnement, M. Bardella a déclaré : « Rien à voir avec la justice, tout à voir avec la politique ».
« Le siège du RN, des entreprises et les domiciles de leurs dirigeants ont été perquisitionnés dans le cadre d’une information judiciaire sur des soupçons de financement illégal des campagnes présidentielles et législatives en 2022 et européennes en 2024 » nous fait savoir ce mercredi 9 juillet le parquet de Paris.
Et de préciser : « Il s’agit de permettre de déterminer si ces campagnes ont été notamment financées grâce à des prêts illégaux de particuliers bénéficiant au parti ou à des candidats du Rassemblement national, ainsi que par des surfacturations de prestations fictives ayant été intégrées par la suite dans les demandes de remboursement forfaitaire par l’État des dépenses de campagne. » « À ce jour, aucune personne physique ou morale n’est mise en examen dans cette procédure », est-il ajouté.
Ces perquisitions, menées par deux juges d’instruction et une vingtaine de policiers, s’inscrivent donc dans le cadre de cette information judiciaire ouverte depuis juillet 2024, pour, je cite : « escroquerie commise au préjudice d’une personne publique, prêt à titre habituel d’une personne physique à un parti politique, blanchiment d’escroquerie aggravée, faux et usage de faux. »
Il serait question de prêts de vingt-trois particuliers accordés au RN pour un montant évalué à plus de 2,3 millions d’euros, sommes qui doivent impérativement être remboursées, sauf à prendre le risque de les voir requalifiées en dons déguisés. Fin 2023, le montant total de tels prêts à rembourser par le parti s’élevait à environ vingt millions d’euros. Notons que le recours au financement de partis politiques par des prêts de particuliers, selon des modalités précises et en respectant un plafond, est parfaitement licite.
Surtout, convient-il de souligner que le RN ne voit guère se dérouler devant lui le tapis rouge lors de ses démarches auprès des banques françaises. Une unanimité, un consensus de la profession dont on veut bien croire qu’ils ne sont dus eux aussi qu’au plus grand des hasards, font que ce parti se voit systématiquement opposé portes et bourses closes. Il lui faut donc chercher ailleurs. Le très sensé M. de La Palice en conviendrait sans peine. Hélas, ce cher homme ne préside pas les instances financières du pays.
Voyez ce que c’est que les coïncidences ! On apprend justement que le mardi 8 juillet, la veille même de ces perquisitions – qui visent aussi les bureaux des principaux dirigeants du parti, dont le président lui-même – le parquet européen a ouvert une enquête sur l’ancien groupe politique auquel appartenait le RN avant 2024, Identité et Démocratie, suspecté quant à lui d’avoir « indûment dépensé » plus de 4,3 millions d’euros entre 2019 et 2024.
A ne pas manquer, notre nouveau numéro : Merci qui ?
On se plaint souvent du calme politique qui règne au cœur des étés, surtout lorsqu’ils sont caniculaires. Tout porte à croire que la présente saison fera exception. Au moins du côté du RN.
Mais cette effervescence est-elle seulement le fait du hasard ?
Voilà quelque temps déjà, le sabre si bien affûté de la justice avait plus ou moins décapité les espérances de Marine Le Pen – sauf miracle en session de rattrapage – d’être candidate lors des prochaines élections présidentielles. Et voilà bien que l’actualité judiciaire s’aventure à fournir à un esprit qui serait ombrageux, un rien machiavélique – tout le contraire du nôtre, ici à Causeur, surtout par temps de si fortes chaleurs – quelques motifs de suspicion.
En effet, selon un tel esprit, ces perquisitions abondamment médiatisées – que Jordan Bardella, qualifie d’ « opération spectaculaire et inédite », d’« atteinte grave au pluralisme et à l’alternance démocratique » -, ne tomberaient pas à ce moment du calendrier politique totalement par hasard.
« Opération inédite », s’insurge M. Bardella. Il n’a pas tort. Il n’est effectivement pas d’usage, du moins dans un pays qui se flatte d’être « démocratique », que les placards, les tiroirs, les dossiers des chefs d’un parti d’opposition soient ainsi livrés aux investigations policières. Qu’on se permette d’aller jusque-là en dit assez long, me semble-t-il, sur le sens que donnent aujourd’hui nos gens de pouvoir au beau mot de « démocratie ».
Mais revenons à la question de la place du hasard dans cette affaire.
Il se trouve, c’est un fait, que l’année de moratoire durant laquelle M. le président de la République ne pouvait se délecter de nouveau de son péché mignon, la dissolution, se termine à présent. À tout moment, donc, entre deux longueurs de piscine à Brégançon, ou un soir d’ennui entre les murs du palais de l’Élysée toujours plus ou moins dépeuplé à cette période de l’année, M. Macron peut-il décider d’agrémenter les semaines qui viennent, voire la rentrée, des plaisirs toujours si fertiles en surprises d’un nouveau jeu de quilles parlementaire, avec, cela va de soi, retour aux urnes.
Dans cette optique, tout ce qui pourrait embarrasser, disqualifier le RN et ses candidats ne pourrait être que bienvenu. On s’en doute.
Mais, comme il est dit plus haut, loin de nous semblables considérations. Nous les laissons aux esprits malfaisants et bassement complotistes. Bien sûr…
Bienvenue sur le plateau de « Des chiffons et des bêtes », le nouveau jeu de société nationale présenté par Jean-Luc Mélenchon et Aurélien Taché, duo de clowns tristes sponsorisés par l’Institut du Déni Républicain. Au programme de cette émission: relativisme ricanant, chapeaux de carnaval islamique, et auto-flagellation d’apparat pour un festival de francophobie !
Règle du jeu : Il faut comparer ce qui ne l’a jamais été, confondre ce qui ne l’est pas, et applaudir très fort quand quelqu’un prononce une énormité avec l’aplomb d’un évêque progressiste sous LSD.
Premier round : Le Mot le Plus Con. Et le gagnant est… « serretête », évidemment. Oui, vous avez bien entendu : le voile islamique serait l’équivalent du serretête de Bernadette. Taché jubile : « Si on n’a pas interdit les petites filles catholiques de mettre un nœud dans les cheveux, pourquoi interdire à Aïcha de se voiler à 6 ans ? » Mélenchon opine, l’œil humide, le verbe chaloupé : « C’est la même pudeur, la même beauté du geste… créolisons, créolisons ! »
Ici, la bêtise atteint une forme d’élévation mystique. On touche au sublime de l’absurde, là où le ridicule devient dogme. Dans leur vision du monde, les serretêtes oppriment autant que les voiles libèrent, la liberté est une soumission stylisée, et la République est une mosquée laïque avec option wokisme.
Deuxième round : Votre compte est bon. Additionnons : • Un voile = un accessoire parmi d’autres. • Une conviction religieuse totalitaire = une expression personnelle de la diversité. • Une contradiction flagrante avec les principes républicains = un enrichissement culturel. Résultat : le multiculturalisme indigénisé gagne 1000 points.
Mais attention ! Si vous osez émettre une réserve, vous perdez tout. On vous classe aussitôt parmi les « crispés », les « identitaires », les « néo-laïcards rigides » ou, pire, les racistes structuraux. Vous pensiez défendre l’école publique ? Mauvais point. Vous citez Condorcet ? Fasciste. Vous avez encore une photo de Jules Ferry ? Prison.
Bonus round : La phrase historique qui n’a jamais eu lieu. Mélenchon annonce, sans trembler du menton, que Saladin aurait appris aux Français à construire des cathédrales. Et pourquoi pas Charlemagne disciple d’Ibn Khaldoun pendant qu’on y est ? La cathédrale devient ainsi un coup de génie de l’ingénierie arabo-musulmane, construite dans un éclair d’intersectionnalité mystique. Le gothique flamboyant est désormais halal-compatible.
Et pendant ce temps-là, la langue française, cette vieille emmerdeuse républicaine, est priée de se taire. Elle a trop dit, trop affirmé, trop imposé ses conjugaisons rigides et son lexique vertical. Place au français-patchwork, mâtiné de darija, d’anglais managérial et de slogans militants.
Mais que personne ne s’inquiète : ce n’est pas une disparition, nous dit-on, c’est une créolisation ! La République n’est pas déconstruite : elle est décentrée, fluidifiée, intersectionnalisée. Elle ne s’effondre pas, elle s’incline poliment.
Conclusion : Dans « Des chiffons et des bêtes », il ne s’agit pas de faire réfléchir, mais de faire taire le réel. D’habiller la régression en progrès, et le prosélytisme religieux en liberté culturelle. Le voile devient un serre-tête, la bêtise une vertu, et la République un salon de thé multiculti. Le mot le plus con ? C’est celui qu’on n’a plus le droit de dire.
La célérité avec laquelle ont été retrouvés les onze vélos volés à l’équipe Cofidis laisse pantois… Une enquête menée au rythme d’un sprint. Dérobés dans la nuit de samedi à dimanche, à l’issue de la première étape du Tour, à Bondues, banlieue nord de Lille, sur le parking de l’hôtel où l’équipe séjournait, les vélos ont tous été récupérés le lundi matin, 36 heures seulement après le méfait, et en parfait état. Le sentiment était pourtant qu’on ne les reverrait plus jamais…
L’an dernier, en effet, au soir de la 11e étape du Tour, l’équipe Total-Energie avait connu le même déboire. Des cambrioleurs l’avaient également dépouillée de onze montures. Et depuis, elles demeurent introuvables.
Le préjudice financier pour Cofidis était estimé à près de 150 000 euros, chaque unité valant 13 000 euros. Ces vélos (de la marque française Look, installée à Nevers) sont à la bicyclette ce qu’est un bolide de F1 à la bagnole de tout le monde. Le cadre en carbone, au profil aérodynamique facilitant en particulier le phénomène d’aspiration que provoque le coureur qui précède, est taillé sur mesure, selle et guidon fixés au millimètre, dérailleur électronique, pédalier digne d’un mouvement d’horlogerie, freins à disque, roue aussi légère que robuste, etc. : des bijoux mécaniques.
« Ces modèles de compétition, a expliqué le directeur de Look, Raphaël Jeune, au Parisien, ne sont pas destinés aux cyclistes du dimanche. Il y a un trafic avec des filières à l’Est de l’Europe. » Ils sont revendus en pièces détachées, car celles-ci sont impossibles à tracer, à la différence des vélos montés. Numérotés, portant sur le cadre le nom du coureur, et souvent en plus un signe distinctif propre à ce dernier, ils sont très difficiles à refourguer. Et on imagine mal un respectable vendeur de cycles français s’aventurer à jouer le recéleur, et encore moins à en prendre un en dépôt-vente.
S’ils n’avaient pas été retrouvés aussi promptement, le dommage pécuniaire, certes pas négligeable, serait passé au second rang. Sans eux, Cofidis risquait fort d’être contrainte d’abandonner le Tour, comme le craignait son manager Cédric Vasseur. Car il est impossible de les remplacer en quelques jours.
Or, la Grande Boucle est vitale pour les sponsors des équipes en raison de l’exposition télé qu’elle offre. Un spot publicitaire de 30 secondes sur les chaînes majeures revient, se dit-il, entre 30 000 et 100 000 euros. Pas besoin de faire un dessin pour comprendre le gain que représente d’avoir un coureur qui se glisse dans une échappée. D’ailleurs, les échappées dites matinales, qui n’ont quasi aucune chance d’aller au bout, sont nommées « publicitaires ». Leur but est d’exhiber le maillot. Quant à une victoire d’étape ou un maillot distinctif… c’est évidemment le jackpot.
En réalité, le Tour est un gigantesque support publicitaire. Ce qui explique pourquoi les Émirats arabes unis et Bahreïn, dans une stratégie de « soft power », ont investi dans le cyclisme. Cela n’a pas mal réussi aux Émirats puisqu’ils ont dans l’effectif de leur équipe (UAE, le plus gros budget du peloton, estimé à plus de 60 millions d’euros) Tadej Pogacar.
Le patron de Skoda France, une filiale de Volkswagen, qui fournit à l’organisateur du Tour (Amaury Sport Organisation – ASO) 250 voitures et sponsorise le maillot du meilleur sprinteur, Julien Bessière, a reconnu dans un entretien accordé au JDD que « c’est un partenariat très rentable parce que c’est un événement planétaire. » Le Tour est diffusé dans 190 pays. En France, ses audiences télé atteignent des records. Dimanche dernier, la seconde étape a été suivie par 3,8 millions de téléspectateurs, soit 34,92 % de part de marché, auxquels il faut ajouter la foule qui se masse le long de son parcours dans une ambiance festive et bon enfant. Les grincheux diraient « populiste ».
Ainsi, Cofidis a échappé au pire… Mais ce n’est pas le flair d’un fin limier à la Maigret, lui aussi amateur de courses de vélo et lecteur assidu du mensuel disparu Miroir du cyclisme, la bible à l’époque de la Petite Reine et satellite du Parti communiste, qui a conduit aux vélos usurpés, mais bien un tout petit boîtier de la taille d’une boîte d’allumettes qu’on appelle un transpondeur.
C’est à la fois un GPS et une sorte de mouchard informatique. Tous les vélos en sont désormais dotés dans les courses World Tour (1ʳᵉ division). C’est ainsi grâce à lui qu’on peut connaître en temps réel l’écart entre une échappée et le peloton, la vitesse des coureurs, et connaître le classement exact à l’arrivée de chacun d’eux.
De toute évidence, les voleurs n’étaient pas très au fait de la chose vélocipédique. Par chance, et peut-être par inadvertance d’un mécanicien, un des vélos était resté équipé de ce petit boîtier qu’on installe sur le hauban horizontal de la fourche arrière, à l’opposé du dérailleur. « Des Pieds Nickelés », ainsi que les a qualifiés un enquêteur. Le transpondeur, qui a continué à émettre, a permis de géolocaliser six vélos à Halluin, commune du Grand Lille, à une encablure de la frontière belge. Ils étaient planqués dans le box d’un garage d’une maison d’un quartier dit ouvrier. Les enquêteurs ont aussi trouvé le pied-de-biche qui avait servi à forcer la porte latérale du camion-atelier où étaient gardés les vélos. Ils ont relevé de l’ADN et des empreintes… Et le box a un propriétaire qui sera entendu.
Auparavant, la veille, dimanche, cinq des vélos avaient déjà été retrouvés, abandonnés dans un sous-bois, à 200 mètres seulement du lieu de l’effraction. Pas vraiment des Arsène Lupin, ces rats de parking : ils n’avaient pas prévu un véhicule assez grand pour embarquer la totalité de leur butin… onze vélos, ça fait du volume.
Il est donc probable que leur échappée prenne vite fin… à moins qu’ils n’aient déjà rejoint le pays de destination de ces vélos. On devine lequel…
Vingegaard : la gueulante de Madame, cause ou prémonition ? L’événement de la 5ᵉ étape, un contre-la-montre de 33 km autour de Caen, n’a pas été la victoire — attendue — du double champion du monde et olympique de la spécialité, Remco Evenepoel, qui en profite pour endosser la tunique blanche de meilleur jeune (moins de 25 ans), ni même la belle performance de Tadej Pogacar, deuxième à seulement 16 secondes, qui récupère trois maillots distinctifs. Le Blanc lui échappe en raison de son âge : il a, cette année, 26 ans. Le véritable fait marquant, c’est le gros plantage de Jonas Vingegaard. Il termine 13ᵉ à 1’21 » d’Evenepoel, et surtout à 1’05 » de Pogacar. Au général, il concède 1’13 » à ce dernier et se retrouve même derrière le surprenant Français Kévin Vauquelin, troisième à 59″ du maillot jaune grâce à une belle 4ᵉ place dans ce contre-la-montre, à seulement 49″ du vainqueur. Une performance qui pourrait bien sauver son équipe Arkéa, toujours en quête d’un sponsor pour la saison prochaine. La question que se posent désormais tous les commentateurs est la suivante : à quoi tient cette déroute de Vingegaard, certes pas encore éliminatoire mais de très mauvais augure ? La gueulante, jugée par beaucoup comme intempestive, qu’avait poussée dimanche son épouse en est-elle la cause, lui ayant miné le moral ? Ou était-elle plutôt le signe avant-coureur d’un burn-out annoncé ? « L’équipe le pousse trop loin », confiait-elle au quotidien danois Politiken. « J’ai peur qu’il brûle la chandelle par les deux bouts. » Rien ne laissait présager cette contre-performance. Vingegaard avait entamé cette 112ᵉ édition de manière très incisive. Dès la 1ʳᵉ étape, il était à l’origine d’une bordure qui avait piégé Evenepoel ; lors de la 4ᵉ, après avoir été décroché par Pogacar dans un raidillon, il était revenu sur lui en trois coups de pédale impressionnants. Il répétait à l’envi qu’il n’avait jamais été dans une telle forme. Au Critérium du Dauphiné, dans le contre-la-montre de 17 km, il avait pris 20 secondes à Pogacar. Mais il marquait déjà le pas dans les arrivées en côte, où son rival se montrait impérial. On oublie parfois que Vingegaard a été victime l’an dernier d’une très grave chute au Tour du Pays basque (pneumothorax, côtes cassées), qui aurait logiquement dû l’écarter du Tour. Il avait pourtant terminé deuxième, après avoir opposé une farouche résistance à Pogacar. À l’époque, il avait confié s’être vu mourir. Cette année encore, alors qu’il portait le maillot jaune lors du Paris-Nice, il avait abandonné après une commotion cérébrale — passée sous silence — causée par une nouvelle chute. Depuis cet accident, son équipe l’a-t-elle trop poussé ? L’a-t-elle véritablement « brûlé par les deux bouts » ? Ou a-t-il simplement connu ce fameux « jour sans » que tous les coureurs redoutent ? Si les Pyrénées venaient à confirmer qu’il est déjà à bout de souffle, malgré ses 28 ans et deux Tours de France victorieux, la question des conditions de travail — voire d’exploitation — des cyclistes professionnels devra être posée. Certainement les plus dures et exigeantes de tous les sports, avec la boxe • RU
Le suicide du LR Olivier Marleix a mis en sourdine quelques heures les fureurs et les oppositions bruyantes du monde politique. Et si on comprenait aussi les vivants, rêve notre chroniqueur ?
En dehors de deux ou trois exceptions complotistes, le suicide d’Olivier Marleix a été abordé par toute la classe politique avec infiniment de dignité et de délicatesse. Avec une exemplaire compréhension de la fragilité d’une vie susceptible de basculer de la lumière vers l’ombre, de l’existence la plus palpable, la plus immédiate jusqu’à son effacement en un trait de temps vertigineux. Il est vrai qu' »on sous-estime toujours la solitude des êtres » comme l’a dit Laurent Wauquiez dans un hommage émouvant et très applaudi à l’Assemblée nationale. François Bayrou a exprimé la même idée : « On ne connaît jamais la fragilité des êtres humains ».
Mystère insurmontable
Bruno Retailleau, quant à lui, s’est interrogé douloureusement : « Quels cris Olivier étouffait-il ? Quelle nuit traversait-il ? Pourquoi ? Qu’aurions-nous dû voir ? Quels combats intérieurs livrait-il pour qu’il se résolve à un tel geste ? »
J’ai croisé Olivier Marleix, je l’ai un peu connu, j’ai aimé son caractère perçu par certains comme roide, intransigeant dans ses convictions, dénué de toute démagogie. Ce qui est sûr est que pour tous, cet homme a été un inconnu qui a laissé ceux qu’il a quittés et qui l’aimaient dans un définitif et insurmontable mystère.
I have a dream
Je fais un rêve. Cette décence unanime à l’égard d’Olivier Marleix et de son geste apparemment imprévisible, serait-il donc impossible qu’elle se manifestât, certes sur un autre mode, à l’égard des vivants ? En considérant déjà cette élémentaire fraternité qui devrait réunir tous les mortels dans leur conscience d’être périssables, et qui pourrait dominer tous les antagonismes conjoncturels ?
Pourquoi la politique, ses fureurs, ses humeurs, ses oppositions, cette manière qu’elle a de défigurer le dialogue démocratique en haine et en guerre, pèsent-elles tellement, face à notre dure condition humaine humaine en partage ? Ce sentiment ne couvrirait pas d’un baume absolu les oppositions partisanes ni les affrontements idéologiques mais les atténuerait par ce relativisme pacificateur…
Bilger, l’humain d’abord ?
Ce ne serait pas tomber dans le classique « chacun a ses raisons » mais user de la précaution de se rappeler que Jean-Luc Mélenchon, par exemple, est d’abord une histoire qui souvent l’explique, parfois le justifie, quelquefois le condamne, une sensibilité et un humus qui mettent naturellement à mal toutes ses constructions révolutionnaires théoriques. Emmanuel Macron n’est-il pas, plus que tout autre, l’incarnation d’une structure intime, d’un paysage subtil qui dessinent ce qui semble être une rationalité mais relève bien davantage d’une étrangeté ? Cette vision priorisant le souffle, les corps et les battements du cœur est susceptible de s’appliquer à tous ceux qui ont une parcelle d’autorité entre les mains, des présidents aux petits chefs, des dictateurs aux démocrates.
Il ne s’agit pas en permanence de faire passer l’humain qui rassemble et qui fait qu’on se ressemble, avant les joutes intellectuelles et les débats vigoureux et antagonistes mais de savoir les arrêter, dans leur intensité et leur tonalité, quand ils oublient les hommes ou les femmes qui y participent. Il ne serait pas grotesque de ne jamais oublier, où qu’on soit, la solidarité que créent inéluctablement nos faiblesses, nos fragilités et les sources subjectives nées de nos êtres, par rapport au dissensus constant qu’engendre une politique de postures et d’éclats.
Je ne vois pas au nom de quoi les vivants globalement entendus ne mériteraient pas, d’emblée et pour échapper à toute dérive, le respect que devraient inspirer une fortune et une infortune communes : hommes et femmes, on vit puis on meurt !
Dans un message délivré à l’occasion de la 5ème Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées le 27 juillet prochain, le Pape exhorte les anciens à persévérer avec confiance dans le Seigneur, tout en se laissant renouveler chaque jour par la rencontre avec Lui, dans la prière et dans la sainte messe. Il invite également les jeunes à bénéficier du témoignage des personnes âgées pour se projeter dans l’avenir avec sagesse.
À Londres, entre les calèches, les tapis rouges et la tapisserie de Bayeux, la France et le Royaume-Uni ont transformé l’Entente Cordiale en Entente Amicale – avec un soupçon de géopolitique et un panier gourmand en bonus. Résumé d’une visite historique.
Info. Notre directeur adjoint Jeremy Stubbs proposera demain une analyse politique de la visite d’Etat de M. Macron en Grande Bretagne dans le prochain épisode de notre podcast.
Dans un discours solennel devant les deux chambres du Parlement britannique, mardi, le président Macron a célébré le retour de relations plus étroites entre Paris et Londres, tout en appelant à une plus grande autonomie stratégique vis-à-vis des États-Unis et de la Chine. Le président français Emmanuel Macron a lancé un appel appuyé au Royaume-Uni pour reconnaître l’État de Palestine et renforcer le soutien à l’Ukraine, à l’occasion de sa visite d’État outre-Manche — la première d’un chef d’État européen depuis le Brexit.
Invité par le roi Charles III pour une visite officielle de trois jours (du 8 au 10 juillet), le président français a été accueilli en grande pompe par la famille royale. Après avoir été reçu par le prince William et la princesse Catherine, il a rejoint le château de Windsor en calèche, dans un décor emprunté aux fastes de la monarchie.
Le 8 juillet 2025, sous un ciel londonien tantôt gris, tantôt percé d’un soleil timide, Emmanuel Macron foulait le tapis rouge déroulé au pied du château de Windsor. Accompagné de Brigitte Macron, il était accueilli en grande pompe par le roi Charles III, dans une cérémonie où faste monarchique et modernité se mêlaient avec élégance. Le cliquetis des sabots sur les pavés résonnait comme un écho venu du passé, rappelant que l’histoire continue de s’écrire — de Bayeux à Buckingham.
Un discours d’unité
Au Parlement, Macron a plaidé pour un renouveau de la coopération franco-britannique, en particulier sur les dossiers cruciaux de la défense, du climat, de l’immigration et du commerce.
« Le Royaume-Uni et la France doivent, une fois de plus, montrer au monde que notre alliance peut faire toute la différence », a-t-il déclaré en anglais. « La seule manière de surmonter les défis de notre époque est d’avancer ensemble, main dans la main, épaule contre épaule. »
Le chef de l’État a réaffirmé que l’Europe ne « tournerait jamais le dos à l’Ukraine » face à l’agression russe, tout en exigeant un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel à Gaza.
Ce discours a marqué un tournant symbolique, à l’heure où le nouveau Premier ministre travailliste Keir Starmer œuvre à restaurer des liens apaisés avec les alliés européens, après des années de tensions post-Brexit.
Une « entente amicale »
Mardi soir, le roi Charles a offert un banquet d’État au château de Windsor en l’honneur du couple Macron. Quelque 160 invités — diplomates, figures politiques et personnalités comme Mick Jagger ou Elton John — étaient présents.
Dans son discours, le souverain britannique a salué le début d’une nouvelle ère dans les relations franco-britanniques. Il a proposé de faire évoluer la traditionnelle « Entente cordiale » de 1904 en une « entente amicale », scellant une coopération renouvelée et apaisée entre les deux nations.
Un geste hautement symbolique a été annoncé : la France prêtera au Royaume-Uni la célèbre tapisserie de Bayeux — chef-d’œuvre du XIe siècle — pour un retour exceptionnel sur le sol britannique, plus de 900 ans après sa création. En échange, Londres mettra à disposition de Paris une sélection de trésors anglo-saxons et vikings.
Diplomatie, défense et migration
Mercredi, les affaires politiques ont pris le dessus. Emmanuel Macron a été reçu au 10 Downing Street par Keir Starmer et son épouse Victoria, aux côtés de Brigitte Macron. Les discussions ont porté sur les grandes priorités bilatérales : migrations, défense, investissements.
Malgré les différends persistants liés aux conséquences du Brexit — notamment sur la gestion des migrants traversant la Manche à bord de petites embarcations —, Londres et Paris s’efforcent de bâtir une réponse commune, avec l’hypothèse d’une force militaire conjointe pour soutenir l’Ukraine en cas de cessez-le-feu.
Sommet franco-britannique : enjeux cruciaux
Ce jeudi, Emmanuel Macron et Keir Starmer ouvriront le 37e sommet franco-britannique à Londres. Une série de discussions est prévue, avec un objectif clair : sceller un accord pour limiter les traversées illégales de la Manche.
Il s’agirait d’élaborer un nouveau mécanisme de dissuasion, selon Downing Street, qui a confirmé en début de semaine un consensus sur la nécessité d’un changement d’approche. Le sommet devrait également aboutir à des engagements renforcés en matière de défense, en particulier vis-à-vis du conflit ukrainien.
Les deux dirigeants participeront à une réunion de la « coalition des volontaires », aux côtés du président ukrainien Volodymyr Zelensky, du chancelier allemand Friedrich Merz et de la Première ministre italienne Giorgia Meloni. Ils y discuteront de l’augmentation de l’aide militaire et de la pression diplomatique à exercer sur la Russie.
Vers un accord migratoire inédit ?
Starmer espère qu’un soutien britannique accru à l’Ukraine incitera la France à envisager un nouveau type d’accord migratoire, basé sur un principe d’échange : chaque demandeur d’asile renvoyé vers la France serait compensé par l’accueil d’un réfugié ayant un dossier légitime.
Une proposition ambitieuse, dans un contexte tendu : le Royaume-Uni a enregistré un nombre record de traversées illégales au cours du premier semestre 2025, et le Parti travailliste est concurrencé dans les sondages par la droite dure de Nigel Farage.
Mais Paris reste prudent. La France a jusque-là refusé un tel accord bilatéral, arguant que le Royaume-Uni devrait négocier avec l’ensemble des membres de l’Union européenne.
Une visite au carrefour des intérêts franco-britanniques
Au-delà du faste protocolaire et des discours enflammés, la visite d’État d’Emmanuel Macron à Londres s’inscrit dans un contexte chargé de défis partagés, mais aussi d’opportunités renouvelées.
Il s’agit d’abord d’un moment crucial pour tourner la page d’un Brexit qui a laissé des traces, en affirmant que la souveraineté britannique et française, loin d’être antagonistes, sont en réalité profondément imbriquées et interdépendantes. Le président français a rappelé que, dans un monde incertain, la France et le Royaume-Uni doivent unir leurs forces pour éviter de retomber dans les dépendances « excessives » aux grandes puissances comme la Chine ou la Russie.
Parmi les dossiers épineux, la question migratoire illustre bien la complexité des relations bilatérales. La traversée clandestine de la Manche cristallise les tensions, mais aussi l’urgence d’une coopération renforcée. Macron n’a pas éludé cette réalité, appelant à un partage de responsabilités, qui dépasse les frontières et réclame des solutions concertées.
Dans le même temps, le soutien commun à l’Ukraine offre un terrain fertile à un rapprochement stratégique. En formant une coalition de volontaires pour défendre Kiev, Paris et Londres signent une alliance militaire inédite depuis longtemps. Cette union s’appuie aussi sur une complicité plus intime, liée au statut partagé de puissances nucléaires et de membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Deux « États jumeaux » qui, malgré les différends, savent conjuguer leurs forces face aux défis contemporains.
Enfin, la visite a mis en lumière la puissance discrète mais réelle du soft power britannique. La monarchie, véritable aimant diplomatique, offre à Macron un cadre de prestige exceptionnel, rappelant à tous la profondeur et la richesse des liens qui unissent la France à son voisin.
Diplomatie en habits de courtoisie : les présents de Macron à Charles III
À travers un opéra de Debussy, une trompette de la Garde Républicaine, un coffret d’aquarelles Sennelier et un panier gourmand mêlant miel et douceurs françaises, Macron a offert plus que des présents : une véritable conversation silencieuse avec Charles III. Ces offrandes, entre musique, art et nature, incarnent la diplomatie en habits de courtoisie. De la musique aux abeilles, ces cadeaux disent plus qu’un discours : ils parlent d’attention, de connivence et de respect mutuel…
L’Alliance Sahra Wagenknecht transgresse les lignes rouges de la politique allemande en assumant des convergences ponctuelles avec l’extrême droite de l’AfD, au nom du pragmatisme démocratique mais aussi au nom d’une gauche antilibérale en rupture avec le progressisme « woke ».
En 1997, Patrick Besson signait un roman, Didier dénonce, dans lequel il moquait ceux qui voyaient des complots rouge-brun partout. Presque trente ans plus tard, c’est peut-être d’Allemagne que ce fantasme verra le jour. A la question d’une alliance possible avec l’AfD, Sahra Wagenknecht, leader du parti éponyme (Alliance Sahra Wagenknecht) issu d’une scission avec le parti d’extrême gauche Die Linke, a récemment répondu : « Si vous me demandez si je m’adresserais également à M. Tino Chrupalla [leader de l’AfD] s’il y avait une raison concrète à cela, comme ce fut le cas en Thuringe lors de la réunion des présidents des groupes parlementaires : oui, bien sûr ». Ajoutant : « Cela devrait être normal dans une démocratie ». Un appel du pied suffisant pour que les médias allemands détectent « la même pensée autoritaire » au sein des deux formations.
Quand craque le BraudenMauer…
L’alliance avec l’AFD ? Y penser souvent, n’en parler (presque) jamais. Dans ce pays, l’extrémisme de droite, quoiqu’en recul depuis Koursk et Stalingrad, n’amuse personne. Le cordon sanitaire, ici « BrandMauer », a longtemps défié toute résurgence des vaincus de 1945. La NPD (parti « national-démocrate »), aux fortes accointances néo-nazies, ou les Republikaners de l’ancien Waffen SS Franz Schönhuber n’ont jamais trouvé d’allié et n’étaient qu’exceptionnellement invités dans les médias. Aussi, ils n’ont connu de succès électoraux que temporaires, locaux et limités. Facile à maintenir quand l’extrême droite ne dépasse pas les 5%, le BraudMauer commence à céder lorsque l’AfD commence à rafler un quart ou un tiers dans certains Landers de l’ancienne Allemagne de l’Est. Problème : dans la BundesRepublik, comme à Weimar, on ne gouverne qu’en coalitions : le scrutin est strictement proportionnel, même à l’échelon local. Les partis de droite ont donc été tentés de croquer dans la pomme des alliances interdites pour gouverner à nouveau certains exécutifs.
Les premiers à craquer (ou croquer) furent les alliés libéraux d’Emmanuel Macron au Parlement européen. En février 2020, lors de l’élection du ministre-président (équivalent d’un président de région) de Thuringe, Thomas Kemmerich, membre du FDP, a été élu grâce aux voix de l’AfD, dirigé localement par Björn Höcke, face au candidat de gauche « Die Linke ». Levée de boucliers ! Sacrilège ! Tabou brisé ! « Acte impardonnable » s’étrangla la chancelière Angela Merkel. Devant la pression, le président libéral dût démissionner 48 h plus tard. Et les partis de bricoler un pacte de coalition pour maintenir un gouvernement du Land allant des démocrates-chrétiens… aux post-communistes. Depuis cet épisode, une partie de l’électorat FDP (parti désormais au fond du trou) a glissé vers l’AfD. La base libérale est souvent plus fiscale qu’humaniste, eurosceptique non par nostalgie de la grandeur nationale mais par refus des transferts budgétaires entre États. Le scandale de 2020 y a été vu comme une abdication morale de la droite modérée envers la gauche.
Friedrich Merz, alors chef de la CDU, sentant le vent de l’union des droites tourner, tenta un nouveau coup de sonde. Il déclare en juillet 2023 dans un média suisse que les élus de son parti pourraient, au niveau local, « travailler avec des maires ou des présidents de canton élus sous l’étiquette AfD », dès lors qu’ils sont démocratiquement désignés. Plusieurs résolutions communes avaient déjà été votées par l’apport des élus nationalistes aux démocrates chrétiens. Là encore : Horreur ! BrandenMauer fissuré ! « L’AfD est antidémocratique, d’extrême droite », avait sursauté Markus Soder, le chef de la CSU bavaroise – région qui pourrait avoir un passif historique à absoudre. Comme le président démissionnaire de Thuringe, M. Merz revint sur ses propos dès le lendemain. Les consciences de la CDU veillent. En janvier 2025, Angela, toujours elle, critiqua publiquement une motion anti-immigration votée par la CDU au Bundestag avec le soutien de l’AfD, dénonçant un alignement dangereux. Cinq ans après le scandale de Thuringe, ce sont donc les électeurs de la CDU qui entament leur migration vers l’AfD. Ce sont des retraités conservateurs, des classes moyennes rurales, des ex-électeurs CSU qui se tournent vers le parti de M. Höcke non par nostalgie hitlérienne, mais parce qu’ils ne se sentent plus représentés par une droite plus obsédée de digues morales que de digues fiscales, migratoires ou identitaires.
La gauche Rosa plutôt que la gauche Greta
Dans un pays qui a troqué Rosa Luxemburg pour Greta Thunberg, Sahra Wagenknecht est une relique hérétique. Trop brillante pour les chaines d’info (elle est docteure en philosophie et économie ; un titre qui compte en Allemagne), trop rouge pour la droite, trop nationale pour la gauche… Elle fut d’abord marxiste : née en Allemagne de l’Est, elle a même appartenu au SED, l’ancien parti communiste. Ça tombe bien, l’AfD et le BSW font leurs meilleurs scores sur le même fief électoral, celui de l’ancienne RDA. Son discours antilibéral est intégral et ne cède rien au progressisme. Elle a dénoncé l’obsession migratoire de la gauche comme un abandon des classes populaires qui commencent en Allemagne à être broyées par le libre-échange et les faillites d’usines. Elle a tenu la barre de Die Linke avant de faire scission avec ses ex-camarades intersectionnelles pour fonder le BSW – Bundins Sahra Wagenknecht : un parti refuge pour ceux qui ont voté SPD, puis Die Linke, puis plus rien… en attendant peut-être de voter AfD. Au Parlement européen, Michael von der Schulenburg, député BSW non-inscrit, vote déjà en faveur des amendements de l’AfD, notamment quand les deux formations sur retrouvent sur les mêmes thèmes eurosceptiques et le même tropisme russophile.
Le BSW serait donc une gauche conservatrice anti woke, en rupture avec le progressisme de Die Linke, qui a frôlé l’entrée au Bundestag aux dernières élections. Une Marine Le Pen de gauche ? Non : trop de Kant, trop de Marx, trop d’Adorno. Trop d’impératif catégorique, trop de lutte des classes, trop de traumatisme historique. Et pourtant…elle transgresse l’ultime tabou moral de l’après-guerre et pactiser avec le nationalisme. Sans doute un impératif politique : son parti ne voulait-il pas réconcilier la gauche avec le réel ?
Les enfants violents des cités qui se déchainent dans les rues le soir de la Fête de la musique : le symptôme d’un effondrement civilisationnel.
La Fête de la musique, censée être un moment de partage culturel et de liesse populaire, s’est muée cette année encore en une démonstration brutale d’un désordre profond. Dans plusieurs villes de France, les festivités ont été le théâtre de scènes inquiétantes : pillages de commerces, voitures incendiées, agressions au couteau, et même parfois agressions sexuelles. Plus grave encore, des femmes ont dénoncé sur les réseaux sociaux avoir été droguées à leur insu à l’aide de piqûres, phénomène aussi choquant qu’inquiétant.
La police ne sait plus où donner de la tête
Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, la Fête de la musique 2025 a été marquée par plus de 730 interpellations, près de 60 policiers blessés, et une centaine d’agressions recensées sur l’ensemble du territoire, dont plusieurs à l’arme blanche. À Lille, Lyon, Bordeaux, Marseille ou encore Nanterre, les forces de l’ordre ont été débordées face à des groupes organisés, parfois très jeunes, multipliant les attaques coordonnées contre les commerces, les véhicules ou les passants. À Paris, la préfecture a confirmé l’ouverture de plusieurs enquêtes pour violences sexuelles en réunion, tandis que la multiplication des cas de piqûres suspectes, souvent en pleine foule, alimente la sidération.
Du côté du gouvernement, le ministre Gérald Darmanin a dénoncé « des actes barbares et lâches, qui n’ont rien à voir avec la fête », tout en appelant à « une réponse judiciaire ferme et rapide ». Mais dans l’opposition, les critiques fusent. Jordan Bardella (RN) y voit « l’expression d’une insécurité systémique que le pouvoir refuse d’admettre », tandis que Manuel Bompard (LFI) évoque « une stratégie de la tension exploitée politiquement, sans jamais s’attaquer aux causes sociales profondes ». Le président Emmanuel Macron, en déplacement en Bretagne, s’est dit « préoccupé par la multiplication des violences urbaines », affirmant que « la République ne reculera pas ».
Tissu social et jeunesse déchirés
Ces violences ne sont ni des faits divers isolés ni de simples dérapages liés à l’alcool ou à la foule. Elles traduisent une dégradation accélérée de notre tissu social. Elles révèlent une jeunesse hors de tout cadre, une culture de la violence banalisée, et une société qui perd ses repères. Plus qu’un problème de sécurité, nous faisons face à une crise de civilisation. Et les responsables sont multiples : familles déstructurées, État démissionnaire, école en faillite, communautarismes identitaires, et une République paralysée par sa propre lâcheté. Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement l’ordre public, c’est l’avenir même de la nation.
Il est temps de cesser les circonvolutions. La violence des jeunes dans les cités n’est pas un accident. Ce n’est pas non plus un simple effet collatéral de la pauvreté. C’est le fruit amer d’un projet échoué de modernité démocratique, incapable de maintenir ses propres structures de transmission, de régulation, d’autorégénération. Cette violence est un cri, mais un cri dirigé contre le silence coupable d’une société qui ne sait plus ce qu’elle est, ni ce qu’elle veut.
Pendant trop longtemps, on a refusé de voir. On a même interdit de penser. Nommer les causes profondes de cette désintégration était suspect. Pointer la responsabilité de certains modèles familiaux ou culturels était un délit moral. Le politiquement correct a imposé sa chape de plomb : toute analyse un tant soit peu honnête était aussitôt assimilée à un discours de haine. Il est temps de briser ce mur d’autocensure.
Les jeunes violents des cités sont les enfants d’un vide. Vide de l’autorité paternelle, disparue sous les coups de boutoir de la délinquance, du consumérisme, de l’abandon social. Le père, lorsqu’il n’est pas physiquement absent, est souvent disqualifié dans son rôle : soit il est marginalisé, soit il incarne lui-même l’arbitraire ou la violence. L’adolescent sans repères se construit alors dans la rue, dans le gang, dans la loi du plus fort.
Vide d’une mère laissée seule, dépositaire d’une mission impossible, sans soutien, sans relais, parfois elle-même sous emprise culturelle ou religieuse. Elle tente de régner sur un foyer miné par l’anomie, souvent sous la domination d’un fils devenu chef de clan à la maison. Ce renversement des générations est une bombe à retardement sociale et psychologique.
Fausse tolérance
Vide d’un État devenu spectateur de sa propre impuissance, piétinant ses principes au nom d’une tolérance dévoyée. L’administration ferme les yeux, les politiques reculent, la justice tergiverse. L’ordre est devenu un mot tabou, la fermeté un acte de provocation.
Et l’École ? Elle aussi s’est effondrée. Jadis instrument d’émancipation, elle est devenue le théâtre de l’inversion des rôles : ce ne sont plus les élèves qui doivent s’adapter à l’institution, mais l’institution qui courbe l’échine devant les revendications identitaires, les communautarismes agressifs, les refus d’apprendre. L’autorité du professeur est constamment remise en question, la discipline remplacée par la peur du scandale. Les savoirs fondamentaux cèdent la place à une pédagogie de l’évitement.
N’ayons plus peur de nommer ce que tout le monde sait : une partie de cette jeunesse violente est irriguée par un islam de rupture. Pas la foi tranquille du croyant, mais l’islam de combat, politique, identitaire, conquérant. Celui qui enseigne la supériorité de la loi divine sur les lois humaines. Celui qui réduit la femme à l’ombre, l’étranger à l’ennemi, la France à une terre à réislamiser. Cet islam-là n’est pas une spiritualité : c’est une stratégie.
Il prospère sur le terrain que la République a abandonné : l’imaginaire, la règle, le récit collectif. Il offre un contre-modèle cohérent, totalisant, à une jeunesse en rupture. Face à une société qui n’ose plus transmettre, qui doute d’elle-même, qui s’excuse en permanence, l’islam radical offre de la fierté, de la discipline, un sens. Il parle à ceux que la République a désertés. Et il le fait mieux qu’elle, parce qu’il croit à ce qu’il dit, quand nous ne croyons plus à rien.
Campagne islamiste contre la Fête de la musique – "C’est haram" dénoncent des influenceurs musulmans pic.twitter.com/NneiChFpWH
— Fdesouche.com est une revue de presse (@F_Desouche) June 21, 2025
La France est piégée par sa propre lâcheté. Elle a laissé s’installer des enclaves où sa loi ne s’applique plus, où son école est décriée, où son autorité est contestée, où ses valeurs sont rejetées. Ces territoires sont devenus des zones grises, des foyers de désordre culturel et politique, des contre-sociétés où la logique du droit a cédé la place à celle de l’appartenance.
Et quand elle tente timidement de rappeler ses principes, elle se fait traiter de raciste, de colonialiste, de réactionnaire. Ce chantage moral, orchestré par certaines élites universitaires et médiatiques, a figé l’action publique dans un immobilisme suicidaire.
Il ne s’agit pas de stigmatiser, mais d’affirmer. Non, toutes les cultures ne se valent pas. Non, toutes les pratiques religieuses ne sont pas compatibles avec la démocratie. Oui, il faut poser des limites. Oui, il faut exiger l’adhésion aux principes républicains. Et s’il le faut, exclure ceux qui les rejettent frontalement. Il n’y a pas de liberté sans frontières, pas d’intégration sans exigence.
Restaurer ou sombrer
Ce n’est pas une simple affaire de volontarisme ou de slogans incantatoires. Il ne suffit pas de dire « il faut ». Ce qu’il faut, précisément, c’est sortir du registre moral pour revenir au politique, c’est-à-dire au conflit assumé entre des visions du monde. Il faut accepter que toute société repose sur une hiérarchie de valeurs, sur des choix de civilisation. La nôtre, si elle veut survivre, doit cesser de composer avec ce qui la nie.
Il ne s’agit pas d’en appeler à un réveil général, mais à une réforme structurelle de l’action publique. Réaffirmer l’autorité, cela suppose de réarmer les institutions, de garantir à l’école, à la police, à la justice, les moyens et la légitimité d’agir sans peur d’être désavouées. Cela suppose aussi de sortir de l’ambiguïté législative : interdire les discours de haine, certes, mais reconnaître que certains discours religieux, lorsqu’ils minent l’ordre public et la cohésion nationale, ne relèvent pas de la liberté de conscience, mais de la subversion.
Il faut également poser la question du rapport de force culturel. Ce que nous affrontons n’est pas seulement une crise sociale, mais une contestation de fond du projet démocratique par des logiques communautaires, parfois théocratiques, souvent violentes. La réponse ne peut être ni molle, ni purement morale. Elle doit être politique, stratégique, résolue.
Sans cela, la suite est connue : des quartiers toujours plus nombreux en rupture, des services publics en repli, une République réduite à la périphérie de son propre territoire. Une société qui ne se défend pas finit par se dissoudre. Ce qui se joue ici, ce n’est pas seulement la sécurité, c’est la possibilité même de faire encore peuple.
La destruction d’Israël et l’hostilité à ses alliés est l’unique projet politique du régime iranien. Cette animosité a nourri un expansionnisme régional fondé sur des milices, des proxys et la quête du nucléaire. Mais depuis des années, cet empire politico-religieux révèle ses nombreuses failles.
La scène pourrait figurer dans un film de James Bond. Elle se déroule en 2007, en bordure du désert iranien du Dasht-e Kavir, dans l’usine d’enrichissement d’uranium de Natanz. Ce jour-là, tout semble normal à l’intérieur de ce haut lieu du programme nucléaire de la République islamique. Dans les salles de contrôle aseptisées, les indicateurs sont au vert. Les centrifugeuses, ces immenses cylindres métalliques allongés qui permettent d’augmenter la proportion d’isotopes fissile dans l’uranium, paraissent parfaitement fonctionner. Température, pression, vitesse de rotation : rien à signaler.
Et pourtant. Alignées comme des soldats d’acier, plusieurs machines se mettent à vibrer, à se déformer, à se briser en cascade. Une panne majeure et brutale est en train de se produire. Mais curieusement, les écrans ne signalent aucune anomalie… Lot défectueux ? Erreur d’assemblage ? Sabotage mécanique ? Le personnel ne comprend pas ce qui se passe.
C’est seulement trois ans plus tard qu’on connaîtra enfin l’origine du problème. En 2010, une enquête du New York Times révèle que les services secrets israéliens et américains ont clandestinement inoculé un virus informatique dans le système Siemens qui supervise le fonctionnement des centrifugeuses de Natanz, introduisant des dérèglements microscopiques, des accélérations soudaines suivies de ralentissements brusques, trop brefs pour déclencher une alarme, mais suffisamment fréquents pour fragiliser l’acier. Grâce à ce piratage de haut vol, le projet nucléaire de la République islamique a subi un retard considérable. Sans un coup de feu.
12 jours de frappes humiliantes
Cette opération, appelée « Olympic Games », est le premier épisode connu de la guerre souterraine menée depuis vingt ans par les Israéliens et les Américains pour empêcher la République islamique d’Iran de se doter de l’arme nucléaire. Le dernier, c’est la « guerre des douze jours ».
Dans la nuit 12 au 13 juin, le conflit vire à la confrontation intense et ouverte. Vers trois heures du matin, des membres éminents du haut commandement et du programme nucléaire militaire iraniens sont ciblés et éliminés avec une précision et un effet de surprise remarquables. Les systèmes de défense aérienne subissent le même sort. En quelques dizaines de minutes, les forces israéliennes remportent la bataille de la suprématie aérienne. Désormais, le ciel iranien est ouvert à l’aviation et le sol, aux forces spéciales israéliennes.
S’ensuivent douze jours de frappes ciblant le programme nucléaire, les capacités balistiques (missiles, lanceurs, dépôts, personnel, sites de fabrication), l’aviation, ainsi que certaines structures symboliques du régime, comme le siège de la télévision publique et la prison d’Evin. Des infrastructures stratégiques des Gardiens de la révolution, telles que des raffineries et dépôts de carburant, sont également visées. Les États-Unis apportent un soutien offensif ponctuel, notamment à travers les frappes spectaculaires contre les sites de Fordo et Natanz, jusqu’à ce que, le douzième jour, le président impose un cessez-le-feu aux deux camps.
La partie est loin d’être terminée. L’Iran est trop vaste, trop éloigné, pour être renversé en une seule opération. Et si le changement de régime hante les esprits, il ne figurait pas dans les ordres de mission des forces israéliennes. Comme au Liban, la stratégie d’Israël est de poser un revolver chargé sur la table des négociations, pas de la renverser.
À Téhéran, on sait désormais qu’Israël a les moyens et la volonté de transformer la route du nucléaire en un chemin de croix sans fin. Ces douze jours ont significativement endommagé des éléments stratégiques des programmes nucléaire et balistique : la capacité de transformer l’uranium solide en gaz et de fabriquer des centrifugeuses pour l’un, la production de carburants pour l’autre. Mais elles ont également infligé au régime la pire blessure imaginable pour ces fiers-à-bras enturbannés à la rhétorique soviétique : une humiliation urbi et orbi.
La doctrine d’Etat iranienne
On se demande pourquoi les Israéliens et les Américains font preuve d’une telle constance. Pour le comprendre, il faut revenir à 1979. L’année de la prise du pouvoir de l’ayatollah Khomeini. Dès le début, le nouveau régime se positionne comme une puissance islamique radicale. Contrairement aux empires perses qui l’ont précédé dans l’histoire, il affiche d’emblée une ambition inédite, un plan géostratégique structuré : exporter son modèle. Conséquence immédiate, il désigne Washington et Jérusalem comme deux capitales sataniques.
Les Américains et les Israéliens, alliés majeurs du shah au cours des décennies précédentes, deviennent ainsi le symbole et le moteur de la nouvelle radicalité iranienne, érigée en doctrine d’État, et dont la formule est aussi simple qu’efficace : « Mort à Israël [entendre : mort aux juifs], mort à l’Amérique [c’est-à-dire : mort à l’Occident, à la France, à la Grande-Bretagne…], l’islam est la solution ». Soit la synthèse entre la théorie des Frères musulmans et le chiisme khomeyniste. De Caracas à Johannesburg en passant par Kuala Lumpur, du campus de Columbia aux rues d’Amman et du Caire, beaucoup se reconnaissent dans cette haine et cette frustration claironnées par Téhéran.
De ce point de vue, les mollahs prennent aux yeux du monde le statut occupé par Gamal Abdel Nasser, président de l’Égypte entre 1954 et 1970, figure centrale du Mouvement des non-alignés et héros du nationalisme arabe « de l’Atlantique au Golfe ». L’islamisme des mollahs chiites peut ainsi être interprété comme une sorte de nassérisme religieux, où les références au progrès technique, au socialisme et à la laïcité sont remplacées par une vision théocratique et conservatrice du monde.
Chez Nasser comme chez les mollahs, l’antisionisme, cet antisémitisme à peine voilé, joue le rôle de ciment politique. Il sert à la fois d’explication universelle et d’alibi commode : tout est la faute des juifs et l’Occident n’est qu’une marionnette entre leurs mains. Dans les années 1980, ce discours puissant permet aux mollahs, pourtant ultra-conservateurs sur le plan des mœurs et de l’économie, de tisser des alliances apparemment paradoxales avec des segments des gauches occidentales et latino-américaines. On se souvient de l’attraction exercée par Khomeini sur des intellectuels français, comme Michel Foucault, rendus ivres par le mot « révolution » et enthousiasmés par la perspective de voir les États-Unis humiliés.
Cependant, même les slogans les plus mobilisateurs ne suffisent pas sur le champ de bataille. Or, les adversaires de la République islamique, qui sont des puissances technologiques avancées, organisées au sein de solides alliances politiques, économiques et militaires, disposent d’un avantage matériel écrasant.
Les dirigeants iraniens ont donc élaboré un système ingénieux qui leur permet d’obtenir de la puissance à moindre coût. Le premier et le plus emblématique outil de cet attirail du pauvre est le recours à des combattants de type kamikaze, utilisé dès les années 1980, généralement par les milices chiites libanaises liées à Téhéran. Ce sont des hommes jeunes, endoctrinés, préparés par des agents locaux et entièrement dévoués au chiisme révolutionnaire. Le jour venu, on leur ordonne de conduire un véhicule piégé jusqu’à une cible stratégique – un quartier général israélien, une caserne américaine, un immeuble de soldats français – et de se faire exploser. Ainsi, sans armes sophistiquées, ces militants fanatiques obtiennent un effet disproportionné, faisant vaciller à peu de frais les puissances occidentales.
Dans le laboratoire libanais les Iraniens affinent la doctrine : chiisme militant, haine de l’Occident et des juifs, et enracinement local profond. Des cellules s’y constituent, qui s’appuient sur des réseaux villageois, communautaires et familiaux, difficilement pénétrables. Dans ces nébuleuses, qui mêlent civil et militaire, religieux et paramilitaire, militantisme et gestion sociale, on est en même temps activiste et « fonctionnaire », tandis que des dépôts d’armes sont aussi des habitations privées. Ce tissu insaisissable est donc extrêmement résilient. Si Téhéran avait créé des institutions au sens occidental (claires, visibles, centralisées), elles auraient été bien plus vulnérables à l’action des services occidentaux.
Axe de la « Résistance »
Après la guerre Iran-Irak (1980–1988), le régime iranien élargit cette stratégie à l’échelle régionale, au-delà du Liban. Il s’allie avec la Syrie, dont le despote, jusqu’alors aligné sur Moscou, a perdu son parrain soviétique avec l’effondrement de l’URSS, et cherche un nouveau protecteur géopolitique. Téhéran soutient aussi le Hamas à partir de 1992, en utilisant le Liban comme base avancée et le Hezbollah comme mentor opérationnel. Puis viennent les milices chiites irakiennes à partir de 2004–2005, quand l’occupation américaine transforme la menace de 2003 en opportunité stratégique de saigner le « Grand Satan ».
Rassemblement anti-israélien au carrefour Felestin (place de la Palestine), à Téhéran, 8 octobre 2024. AP Photo/Vahid Salemi/SIPA
C’est ainsi qu’émerge un arc chiite, réseau d’influences et fauteur de crises, qui part de Téhéran, traverse l’Irak et la Syrie, et s’étend jusqu’au Liban et à la Méditerranée. Dans les années 2015-2020, les Iraniens se rapprochent des houthistes au Yémen, et contribuent à transformer cette milice locale en une force proto-étatique, structurée, dotée de missiles balistiques, de missiles de croisière et de drones capables de menacer le territoire saoudien et, au-delà, de perturber fortement le transport maritime à travers les détroits de Bab el-Mandeb, autrement dit de faire chanter le monde entier.
En parallèle, la République islamique lance son programme nucléaire militaire. Celui-ci a deux fonctions : à l’intérieur, il agit comme un facteur d’unité nationale, séduisant même certains patriotes laïques ; à l’extérieur, il représente un outil d’expansion et de domination régionales. L’arme atomique représente à la fois un surcroît de puissance et une assurance-survie pour le régime.
Seulement, ce programme militaire, « cœur du réacteur » politique et militaire iranien, ne peut se concrétiser que si les partenaires stratégiques, les « proxys », en assurent efficacement la protection, aux ordres du guide suprême, qui est formellement leur suzerain. Or ledit système de protection est moins efficace que prévu. Travailler avec des réseaux mafieux, en misant sur les liens personnels, mène inéluctablement à la corruption. On ne dirige pas Carrefour comme une épicerie de quartier. Des sommes d’argent circulent sans contrôle, des contrats sont passés sans procédures rigoureuses (et fastidieuses). Tout cela permet aux services adversaires de s’infiltrer, de faire chanter les corrompus, voire de devenir ni vu ni connu des sous-traitants, comme on l’a vu avec les fameux bippers…
Au niveau supérieur, c’est la même chose. Le suzerain de Téhéran ne peut pas plus compter sur ses vassaux que le roi de France, au début de la guerre de Cent Ans, sur le duc de Normandie, par ailleurs roi d’Angleterre… D’une façon générale dans l’histoire, la fidélité des vassaux (qui ne sont pas des laquais) est fluctuante et rare, et la trahison, la règle (quitte à se faire ensuite pardonner). L’Iran n’échappe pas à ce principe. Ainsi, en 2006, son fondé de pouvoir au Liban, Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah et premier de la classe crypto-iranienne, décide, sans consulter, de provoquer Israël. C’est le début de la deuxième guerre du Liban. À la maison mère, on feint de suivre, mais on grince des dents.
Yahya Sinwar : décision fatale
Bref, dès 2006, il devient évident que les alliances iraniennes ne forment pas une sorte d’OTAN islamiste, mais plutôt une confédération de tribus gauloises où, même face à la menace romaine, chaque chef n’en fait qu’à sa tête. C’est ainsi que l’un de ces vassaux-chefs de tribu, Yahya Sinwar, dirigeant du Hamas, prend en 2023 la décision fatale pour Téhéran (et pour tout l’arc chiite) : attaquer Israël sans l’autorisation du parrain iranien, ni se coordonner avec les autres vassaux libanais, yéménites ou irakiens.
Il faut en outre mentionner l’énorme travail d’infiltration des régimes et de leurs milices vassales mené par les services israéliens et occidentaux au Liban, en Syrie et en Iran, où l’écart croissant entre un discours creux et une réalité désastreuse (pauvreté, chômage, corruption) ouvre un boulevard aux services de renseignement occidentaux. Par haine, misère, frustration, appât du gain ou soif de liberté, nombre d’Iraniens semblent prêts à risquer leur vie pour saboter, voire faire tomber le régime.
En apparence, Israël avait accepté l’équilibre de la dissuasion imposé par les mollahs. En réalité, tout, depuis les communications des bippers jusqu’aux installations de Fordo, était patiemment surveillé, ciblé, préparé. Le 7 octobre, Yahya Sinwar espère entraîner l’ensemble de l’« Axe de la résistance ». Son « succès » initial renforce la confiance à Beyrouth, Sanaa et Téhéran. Les mollahs et leurs vassaux tombent droit dans le piège. Aujourd’hui, leur bouclier est brisé, leur armure percée. Mais ils sont encore debout, aux commandes d’un État et d’une économie qui continuent de fonctionner. Leurs moyens sont diminués, pas leur volonté.
Nul ne peut dire aujourd’hui quand et comment finira cette guerre qui a déjà vingt ans. Mais les mollahs ont déjà réussi à propager partout dans le monde, en particulier sur les campus occidentaux, la haine des juifs et de l’Occident, qui est à la fois leur carburant et leur moteur. Et contre ce poison-là, les bombes ne peuvent rien.
Le bras de fer diplomatique se poursuit ! Condamné à cinq ans de prison, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal n’a pas bénéficié d’une grâce présidentielle à l’occasion du 63e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Le régime préfère le maintenir dans l’ombre, loin des micros et des tribunes, et voici pourquoi.
Boualem Sansal n’a jamais versé une goutte de sang. Il n’a jamais levé la main sur personne. Pourtant, il est censuré, banni, effacé de l’espace public algérien. Pendant ce temps, les islamistes qui ont semé la terreur dans les années 1990 ont été amnistiés, réintégrés, parfois même promus. Ce paradoxe glaçant révèle la vérité d’un régime qui pardonne les armes mais redoute les idées. Car la plume libre, lorsqu’elle nomme les mensonges, devient un acte de rébellion. Et Sansal, lui, ne tremble pas.
Le paradoxe d’un régime : amnistier les tueurs, embastiller l’écrivain
Entre 1991 et 2002, l’Algérie a connu l’un des conflits civils les plus sanglants de son histoire moderne. Une guerre fratricide opposant un pouvoir militaire autoritaire à des groupes islamistes radicalisés, dont les plus violents, comme le GIA, ont massacré sans distinction : enfants, femmes, intellectuels, journalistes. Le tout sur fond de terreur religieuse et de haine anti-occidentale.
L’État algérien, incapable de se réformer ou de convaincre, a répondu par une répression aveugle, multipliant les disparitions forcées, les exécutions sommaires, les tortures. Le bilan humain se chiffre entre 150 000 et 250 000 morts. Plus de morts en 10 ans que le conflit israélo palestinien en 77 ans !
Et pourtant, à partir de 1999, le régime choisit d’offrir une amnistie quasi générale aux islamistes. En échange du silence et de l’allégeance, on leur pardonne. La concorde passe avant la justice. On efface les crimes pour préserver la paix sociale.
Mais dans ce même pays, Boualem Sansal, écrivain, laïc, francophone, ancien haut fonctionnaire, est effacé. Non pas pour avoir combattu le régime les armes à la main. Mais pour avoir combattu les mythes. Pour avoir pensé autrement. Pour avoir écrit.
Ce que Sansal dit — et que le régime ne supporte pas
Boualem Sansal ne brandit pas le Coran, ne crie pas « Allahou akbar », ne réclame pas la charia. Il brandit des livres, cite Nietzsche, relit Camus, et appelle à une Algérie rationnelle, post-religieuse, débarrassée de ses fantasmes héroïques.
Son crime ? Avoir osé écrire que l’Algérie ne s’est jamais guérie de ses démons.
Qu’elle vit sous le joug d’un régime double : un pouvoir autoritaire militaire maquillé en république populaire, et une religion d’État infiltrée dans chaque sphère sociale.
Sansal n’attaque pas l’Algérie. Il refuse simplement de l’aimer les yeux fermés.
Et cela, pour le FLN, c’est inacceptable.
FLN et islamistes : ennemis apparents, frères idéologiques
Ce que Sansal dévoile, c’est la collusion tacite entre le pouvoir en place et les islamistes.
Car malgré leurs oppositions sanglantes, ils partagent un socle profond :
• une haine structurelle de la France, transformée en pilier identitaire ;
• un rejet viscéral de la modernité occidentale, perçue comme corruptrice ;
• et une vision collective, sacralisée, de l’histoire, où l’individu n’a pas sa place.
Le FLN a bâti l’identité algérienne sur l’antagonisme fondamental avec la France, devenue l’ennemi ontologique. Les islamistes, eux, poursuivent ce rejet en l’élargissant à tout l’Occident, vu comme dépravé et impie.
Ils ne sont pas des ennemis naturels. Ils sont des concurrents sur un même terrain : celui du monopole de la vérité sacrée. L’un au nom de la révolution islamique, l’autre au nom de Dieu. Mais tous deux hostiles à l’esprit critique.
Ce que le régime redoute vraiment : un homme seul qui pense librement
En vérité, le régime n’a pas peur des armes. Il sait les gérer, les acheter, les retourner. Ce qu’il redoute, c’est une voix libre. Une voix qui ne pactise pas. Une voix comme celle de Boualem Sansal. Car il est seul, et il parle quand tous se taisent.
Il ne déchaîne pas la violence : il déchaîne la pensée. Il n’incarne pas l’opposition : il incarne la possibilité d’une autre Algérie. Une Algérie qui ne serait plus définie par son ressentiment, mais par sa lucidité. Une Algérie qui regarderait son passé sans filtre, ses élites sans complaisance, et ses dogmes sans peur.
Le vrai blasphème : dire la vérité
Sansal est un homme dangereux, oui. Mais dangereux pour l’oubli, pour les tabous, pour les équilibres mensongers.
Il n’a jamais versé de sang — et c’est précisément pour cela qu’il est irrécupérable. Car il ne demande pas à se faire pardonner. Il demande à comprendre. À dire. À nommer. Et dans un pays qui a accordé l’amnistie aux tueurs, c’est encore plus impardonnable.
L'archidiocèse de Séoul a célébré le centenaire de la béatification des 79 martyrs coréens, tués lors des persécutions Gihae et Byeong-o dans les années 1800. Une messe a été célébrée, un rapport détaillé avec des documents exclusifs a été publié et une exposition présentant 270 objets provenant de 16 musées et monastères coréens, ainsi que des objets prêtés par le musée ethnologique du Vatican a été inaugurée.
La poste italienne rapporte que des centaines de lettres adressées au Souverain pontife arrivent chaque jour au centre de tri de Fiumicino, non loin de Rome. Un flux constant depuis le début de son pontificat.
Le Pape Léon XIV encourage les catéchistes latino-américains réunis à Asuncion, au Paraguay, pour des journées d'étude axées sur le chemin synodal. Il les invite à renouveler en eux «le désir d'annoncer Jésus, d'évangéliser, et d'amener les autres à dire oui à la foi en Lui».
Les prêtres des trois églises de Taybeh dénoncent «une série dangereuse d’attaques systématiques» qui menacent la sécurité locale et visent à saper, écrivent-ils, la dignité des chrétiens de Taybeh et à effacer leur héritage historique et religieux. Ils signent une déclaration commune, après qu'un groupe de colons a mis le feu lundi 7 juillet à un terrain jouxtant l'église byzantine Saint-George, datant du Vème siècle.
Jean-Luc Mélenchon contre « les oligarques de la logistique » : une déconnexion totale avec les réalités économiques
L’économie mondialisée dépend de chaînes logistiques. Cela, l’Institut La Boétie semble au moins l’avoir compris. Dans une émission, le «think tank » de La France Insoumise a ainsi traité de cet enjeu durant deux heures1. Mais las, plutôt que de faire intervenir des professionnels du secteur ou des économistes, l’Institut La Boétie a exclusivement invité des sociologues ! Ainsi de David Gaborieau, sociologue spécialiste de la logistique, de Carlotta Benvegnu, elle aussi sociologue spécialiste de la logistique, ou encore de Lucas Tranchant, sociologue du travail spécialiste des entrepôts. Comme si ce secteur clé de l’économie, qu’elle soit libérale ou dirigée, ne devait être analysé qu’en surplomb ; vu de l’extérieur.
L’économie de la mer, oui, mais pas comme ça…
La thèse de l’institut La Boétie est d’ailleurs simple, schématisée dans la conclusion donnée par Jean-Luc Mélenchon : la logistique est tenue par des oligarques qui profitent de la « globalisation » et de « l’externalisation » et même l’alimentent sciemment afin de rentabiliser leurs investissements. En somme, La France Insoumise pense qu’abattre le secteur logistique peut permettre de « démondialiser » l’économie, de la sortir de la logique du marché et du libre-échange. De quoi faire pâlir d’envie Donald Trump et ses « tarifs douaniers », mais sans l’assumer totalement et avec un fond de marxisme primitif. Si le système économique est loin d’être parfait, encore faut-il savoir par quoi et comment le remplacer. À cette question, déjà posée par Hayek avec sa métaphore du crayon à papier, Jean-Luc Mélenchon ne répond pas.
Il déroule à la place une diatribe dont il a le secret : « La logique de réseaux, ça commence par le fait que l’on fabrique des marchandises à un endroit, et ensuite il faut les amener à un autre. Pas plus vite mais à temps. La régularité devient un enjeu des grands transporteurs. Nous les Français, nous en avons un. C’est monsieur Saadé. On a bien montré l’évolution de cette partie du capitalisme oligarchique sur les autres secteurs de la société. Les voilà maintenant qui achètent des médias. Comme on n’y fait pas d’argent, ils les achètent pour acquérir un pouvoir d’influence. Donc de la logistique à l’influence politique, le lien est direct par le secteur du capital. Tout dépend de la logistique. 90 % du commerce mondial se fait en passant par la mer. Puis passant dans les ports, les patrons et les oligarques de la logistique acquièrent les dépôts ».
Le lien logique entre transport et stockage est évident, mais il est « diabolique » pour Jean-Luc Mélenchon. Il semble que le leader insoumis découvre donc comment fonctionne les chaînes de valeur et sur quoi reposent tous les échanges transactionnels dans le monde : sur des mécaniques infrastructurelles. Le même Mélenchon vantait il y a quelques années « l’économie de la mer », regrettant même que la France néglige le secteur. Pour un pays comme le nôtre, qui a été largement désindustrialisé et qui ne peut malheureusement plus tout produire chez lui du fait des distorsions de concurrence induites par la mondialisation, mieux contrôler le transport et le stock des marchandises est un impératif de souveraineté.
La France ne sortira pas de la mondialisation
Nous n’avons pas édicté les règles du commerce mondial. Elles se sont mises en place naturellement. Tenter de les corriger de manière artificielle ne peut pas nous avantager. Tout au contraire devrions-nous parier sur notre ZEE, la deuxième au monde, et renforcer nos ports nationaux trop longtemps pris en otage par certains amis de Jean-Luc Mélenchon qui y ont vu un terrain de jeu. En cherchant à supprimer la taxe au tonnage, la gauche pourrait faire perdre en compétitivité nos ports. Ce régime dérogatoire spécifique au secteur est nécessaire et utile aux armateurs français pour qu’ils soient compétitifs vis-à-vis de leurs concurrents européens. Ce qui ne s’oppose en revanche pas à une contribution exceptionnelle de solidarité des très grandes entreprises pour faire face au poids de la dette qui plombe nos finances publiques. La marine marchande génère pour la France 23 000 emplois directs, 400 000 emplois indirects et près de 40 milliards d’euros de volumes d’échange. Le secteur de la logistique représente 10 % du PIB mondial.
Relancer la croissance française ne passe pas par se sortir du jeu mondialisé, mais suppose de s’y adapter au mieux en protégeant nos secteurs clés qui nous permettent d’y être compétitifs. Aujourd’hui, les principaux ports commerciaux se situent en Asie (Singapour, Shenzhen, Shangai, Ningbo), la France est loin derrière avec Marseille et Le Havre qui sont modestes comparativement. Pourtant, l’avenir de la logistique se joue dans le transport maritime n’en déplaise à l’institut La Boétie. Comme l’affirme Anne-Marie Idrac, présidente de France Logistique : « Les « Compagnies des Indes » de notre siècle revêtent des formes multiples, à l’image du kaléidoscope des activités et de la mobilité internationale des capitaux. Les grands armateurs mondiaux (MSC, Maersk, CMA CGM, COSCO) dominent le transport maritime, avec des navires, conteneurs, grues et autres équipements construits en Asie (20 % des marins de commerce sont de nationalité philippine). (…) Les géants du transport maritime tendent à devenir des « intégrateurs » en se diversifiant dans la manutention et la gestion d’entrepôts portuaires à travers le monde, mais aussi dans le terrestre — jusqu’à, pour certains, la distribution de « dernier kilomètre » —, voire l’aérien. »
Les Compagnies des Indes ont donné au XIXème siècle un avantage stratégique décisif à l’Empire britannique. Plutôt que de rêver à des Chimères, soyons réalistes et construisons nos compagnies de demain.
Le président Volodymyr Zelensky a été reçu ce mercredi 9 juillet par le Pape à Castel Gandolfo, dans la Villa Barberini, résidence d'été de Léon XIV. Au cœur de leur entretien, l'urgence de définir des «chemins de paix justes et durables», en optant pour le dialogue, une voie privilégiée pour y parvenir. Le Saint-Père a exprimé sa tristesse pour les victimes de ces années de guerre et a encouragé à faire «tous les efforts» nécessaires pour libérer les prisonniers, notamment les enfants.
Wokisme, cancel culture, “du passé faisons table rase” : les intuitions de Maurice Druon
Il y a cinquante ans, un homme avait parfaitement saisi, avec une clairvoyance remarquable, la nature de ce qui deviendrait le « front républicain contre l’extrême-droite. » Cet homme, c’est Maurice Druon.
Nous sommes en 1972. Surtout célèbre pour le « Chant des Partisans » et les « Rois maudits », l’académicien a rédigé l’année précédente une tribune fameuse : « Une Église qui se trompe de siècle » (tribune à laquelle le pontificat de François a depuis donné raison, nous verrons si celui de Léon XIV redresse la barre). Polémique, débats, et Maurice Druon publie finalement un florilège des réponses, venues de quelques-uns de ceux qui l’approuvent mais surtout de ses contradicteurs, agrémenté d’une préface qui élargit la réflexion. En voici un passage :
« À constater l’ampleur de la crise – elle n’est pas seulement française et bien d’autres pays la subissent – qui sévit à la fois dans l’Université et dans l’Église, qui atteint et la langue maternelle et la religion maternelle, on ne peut pas ne pas se demander si l’on ne se trouve pas devant une vaste entreprise, concertée par certains, inconsciemment servie par l’aveuglement de certains autres, favorisée par l’insatisfaction de beaucoup, et qui aurait pour fin de couper les nouvelles générations des acquis ancestraux.
Les conditions d’une révolution n’étant pas réunies, et les chances semblant maigres, à ceux qui souhaitent une subversion radicale des sociétés, de se saisir du pouvoir soit par l’effet d’un conflit international, soit par le jeu des institutions en place, le seul moyen de transformer le monde consisterait alors à ne pas transmettre l’héritage culturel, en tout cas pas dans sa totalité. Ainsi, travaillant à échéance, formerait-on des générations qui ne pourraient plus penser l’homme, ni le monde, ni Dieu, selon les schémas ancestraux, et dès lors n’offriraient plus aucune résistance à basculer dans un nouveau type de société.
Pour inconscients qu’en soient la plupart de ceux qui y participent, cette conspiration du rejet n’en est pas moins perceptible et inquiétante. Elle pèse sur l’Université où les réformateurs préconisent de donner priorité à la langue parlée sur la langue écrite, donc au tâtonnant et au malléable sur le réfléchi et le durable ; où l’accent est mis sur la libération des facultés de l’enfant – de quoi faut-il donc le libérer avant qu’il ait été opprimé, sinon du patrimoine et des moyens d’en prendre possession ? où l’étude des langues anciennes est décrétée d’inutilité, et la part faite aux œuvres datant de plus d’un siècle constamment réduite, comme si tout cela ne devait plus constituer qu’une sorte de paléontologie de la pensée humaine.
Or l’Église, elle aussi, est enseignante par nature. Elle est héritière, dépositrice, d’un patrimoine culturel qui est antérieur même au message évangélique. Elle transmet une certaine conception du monde d’où découle une certaine morale. Et c’est à partir de cette morale que se fait le droit et que se font les lois. L’Église est donc l’autre pilier qu’il faut faire céder, l’autre racine maîtresse, et la plus ancienne et la plus profonde, qu’il faut, rite par rite, tradition par tradition, dogme par dogme, saper ou scier. Ainsi l’arbre pourra s’abattre à la première tornade, ou simplement se coucher, d’épuisement. Ainsi l’on pourra fabriquer un homme nouveau pour un monde nouveau. »
Toute la « cancel culture » est là, l’incapacité de certains à éprouver la moindre admiration, la moindre gratitude pour la civilisation qui les précède et les dépasse. Tout le nivellement par le bas de l’Éducation Nationale, toute la « fabrique du crétin » encore confirmée ces jours-ci par les consignes de correction du Baccalauréat – qui étant des consignes sont par définition réfléchies, délibérées. Mais aussi toute la déconstruction, tout le wokisme. Et encore toute l’idéologie qui a remplacé la République française par la République, tout court, et qui n’est pas loin de penser qu’avant 1789 n’existait au mieux qu’une chrysalide dont il convient de se défaire, au pire un âge des ténèbres et de l’ignorance, version laïque de la jâhilîya islamique. Il y a là, enfin, tout le « front républicain contre l’extrême-droite », cette union électorale qui va de Raphaël Arnault à Xavier Bertrand en passant par Rima Hassan, Assa Traoré, Marine Tondelier, la « gauche laïque et républicaine » et Gabriel Attal.
Ce « front républicain » est l’alliance de ceux qui veulent une tornade pour abattre l’arbre (LFI, EELV) et de ceux qui préfèrent l’épuiser jusqu’à ce qu’il se couche (le PS, la macronie). Tous ne veulent pas le même homme nouveau ni le même monde nouveau, « Nouvelle France créolisée » ou « Start up nation ». Mais tous veulent le « basculement dans un nouveau type de société » et par conséquent tous veulent, d’abord, des « générations qui ne peuvent plus penser l’homme, ni le monde, ni Dieu, selon les schémas ancestraux, et dès lors n’offrent plus aucune résistance. » Certains ne donnent même plus à leur appétit l’apparence factice de l’utopie, et ne rêvent que de « jouir sans entrave » en pillant les ruines de l’ancien monde, qui doit donc s’effondrer. D’autres se veulent nomenklatura au détriment de masses asservies : leur monde nouveau est un troupeau, leur homme nouveau un mouton à tondre. On sait les rentes générées par les innombrables « comités Théodule », les structures publiques délirantes, les subventions aux associations militantes, l’argent de nos impôts gaspillé, mais qui bien sûr n’est pas perdu pour tout le monde – et que « Nicolas qui paye » ne s’avise pas de relever la tête et de se rebiffer !
La priorité de tous les membres de cette alliance du « front républicain », ce qui les rassemble, c’est que d’une manière ou d’une autre l’arbre – cette colonne vertébrale collective, « acquis ancestral » qui a donné aux peuples occidentaux la capacité de se dresser contre les fanatiques (rappelons que Maurice Druon lui-même fut résistant, membre des Forces Françaises Libres, co-auteur du Chant des Partisans), contre les tyrans et contre les pillards – cet arbre doit tomber. D’où le désarmement juridique, politique, intellectuel et surtout moral des « gueux », d’où la « justice » trop souvent complaisante envers les racailles et implacable envers les gens ordinaires, d’où la censure, l’archipellisation, l’exaltation permanente des minorités vagissantes, et ainsi de suite.
D’où l’écologie, ou plus exactement l’éco-anxiété soigneusement inculquée dès l’enfance par l’école « républicaine », obsession en laquelle certains voient un ferment de tornade, et même les « conditions d’une révolution », tandis que d’autres se limitent (si l’on peut dire) à en faire le prétexte d’une politique toujours plus liberticide d’humiliation, de spoliation et de contrôle des classes moyennes (la séquence sur les ZFE et le DPE est révélatrice).
D’où aussi, exactement de la même manière, l’immigration massive : ferment de tornade espèrent les uns, et pour les autres prétexte au dumping social et surtout au multiculturalisme, qui dissout la décence commune dans un relativisme faussement qualifié de « tolérance » afin d’abolir notre art de vivre, de déconstruire la vergogne, le sens du devoir, l’honneur, toutes ces règles non-écrites qui fondent une société, et pour les remplacer par le seul droit positif et l’ingénierie sociale (Naturellement, l’islamisation porte son propre basculement, et si les « progressistes » pensent encore pouvoir l’instrumentaliser la réalité les rattrapera sans doute bientôt, Rima Hassan a clairement annoncé que « l’époque du porte-parolat est terminée », et même Jean-Luc Mélenchon en a récemment fait l’expérience sur les réseaux sociaux. Dans ce cadre, le retournement de veste assez spectaculaire d’Alain Minc est significatif – et montre surtout qu’à ses yeux le multiculturalisme a atteint son objectif : fracturer suffisamment la société et attiser suffisamment les tensions pour justifier maintenant la mise en place d’un système autoritaire de rééducation des masses. Un homme nouveau pour un monde nouveau.)
Pierre Valentin, lui aussi, évoque cette dynamique dans Comprendre la révolution woke : « On comprend donc, à force d’observer ces différentes situations concrètes, que la destruction de la norme se révèle plus importante pour le wokime que la défense de l’exception, voire que la seconde ne serait qu’un prétexte au service de la première. » L’analyse peut être étendue à tout le « progressisme » (le terme est désormais admis, je conserve cependant les guillemets puisque cette idéologie n’a rien d’un progrès), qui d’ailleurs le revendique dans ses slogans.
À gauche, « du passé faisons table-rase », il faut renverser l’ordre ancien, qualifié de « bourgeois », « patriarcal », « cis-hétéro-normé », « ethnocentré », « blanc », « capitaliste », « éco-irresponsable » – le terme importe peu, ce qu’il faut abattre c’est toujours la civilisation occidentale, et elle seule. On a parfois le sentiment que l’imposition du point médian en France serait plus fondamentale que l’interdiction des mariages forcés à l’étranger.
Au centre, on invoquera surtout « la raison contre tous les populismes », hypocrisie manifeste puisque sous couvert de renvoyer dos-à-dos « tous les extrêmes » l’alliance avec l’extrême-gauche est systématique au second tour. En clair, rejet de la démocratie (par la sacralisation du Conseil constitutionnel, du Conseil d’état, et du « gouvernement des juges » que l’on fait passer pour l’État de droit) et volonté de concentrer le pouvoir entre les mains d’une « élite raisonnable », autre nom de « l’avant-garde éclairée » d’hier, qui ne cherche pas à argumenter ni à convaincre, mais à « faire preuve de pédagogie » – car il lui faut mettre dans la tête de tous que si le peuple n’adhère pas, c’est qu’il ne comprend pas la « pensée complexe » du « cercle de la Raison » ou qu’il se laisse aller à ses « bas instincts », flatté par des « complotistes » : en aucun cas le « front républicain » ne peut tolérer l’idée qu’il y a des raisons légitimes de refuser le progressisme.
Cinquante ans après, est-il trop tard ? L’arbre est-il tombé ? Sans doute certaines de ses branches sont-elles définitivement mortes, et son tronc bien abimé, mais je crois ses racines encore vivaces, et sa sève n’a pas fini de le nourrir. Ibn Khaldoun annonçait, après l’effondrement des empires décadents, le règne des seigneurs de la guerre. Mais la barbarie n’est pas une fatalité, Auguste et Taizong étaient au sens khaldounien des seigneurs de la guerre, et aussi des hommes parmi les plus admirables de l’Histoire. « Il y a du Moyen-Âge dans l’air » écrivait Maurice Druon. Soit ! Nos enfants ne donc sont pas condamnés à choisir entre devenir pillards, tyrans ou esclaves. Ils peuvent être chevaliers.
À une mère inquiète de voir la guerre arriver à sa porte, Léon XIV répond qu’un chemin de conversion quotidienne est nécessaire, en chacun de nous, pour parvenir à la coexistence pacifique entre les peuples. Dans le dernier numéro du magazine publié par la fabrique Saint-Pierre à l’occasion du Jubilé, le Pape exhorte au dialogue pour une culture de la rencontre et invite à combiner la prière et les gestes courageux «avec la patience fatigante des petits pas».
Malgré leurs efforts, dans la capitale allemande, la mairie et la police sont de plus en plus régulièrement débordées par des manifestations communautaristes radicales mobilisant les foules grâce à la guerre à Gaza.
Le 5 juillet 2025, Berlin a été le théâtre d’un spectacle aussi sidérant qu’inquiétant. Près de 1 500 militants islamistes, réunis sous la bannière de l’organisation « Génération Islam », ont défilé dans les rues de la capitale allemande pour réclamer l’instauration d’un califat islamique !
Initialement interdit par la police, ce rassemblement, orchestré par le prédicateur et youtubeur Ahmad Tamin, a finalement été autorisé par une décision de dernière minute du Tribunal administratif supérieur de Berlin. Sous couvert d’une « campagne de protection pour Gaza », les manifestants ont brandi des drapeaux évoquant ceux des talibans et de l’État islamique, dans une mise en scène où l’antisémitisme et les appels à la violence se mêlaient à une rhétorique enflammée.
Cet épisode, loin d’être marginal, expose crûment les failles d’une démocratie allemande qui peine à répondre avec clarté à la poussée de l’islamisme radical.
Ahmad Tamin, apôtre du califat
Berlin a donc été samedi dernier le théâtre d’un spectacle aussi troublant que révélateur. Devant l’ambassade d’Égypte, Ahmad Tamin, figure de proue de « Génération Islam » et prédicateur charismatique, a déversé un discours incandescent. Sous prétexte de défendre les Palestiniens de Gaza, ce tribun de l’islamisme militant a franchi un cap, prônant une vision où la charia régnerait en maître et où un califat viendrait unifier les musulmans du monde entier.
Devant une foule galvanisée, Tamin a d’abord interpellé les autorités égyptiennes avec une injonction brutale : « Levez-vous pour vos frères à Gaza, ou Allah vous jugera ! » Puis, dans une escalade rhétorique, il a accusé de trahison ceux qui restent passifs face à la crise : « Où est votre honneur ? Où sont les hommes ? » Des propos sans ambiguïté : l’inaction est assimilée à une trahison, et seule une réponse active, guidée par la foi et la lutte, est jugée légitime.
Ce n’est pas la première fois que Tamin fait trembler Berlin. En 2024, sur Alexanderplatz, il avait déjà marqué les esprits en lançant, lors d’une prière publique en arabe : « Ô Allah, détruis les injustes, ceux qui soutiennent Israël et son génocide. Humilie-les devant le monde entier. » Des paroles qui, déjà, sentaient la poudre. Mais cette fois, le discours prend une ampleur nouvelle. Au-delà des imprécations, Tamin esquisse un projet politique : une « armée musulmane » pour fédérer la Oumma, non pas comme une simple communauté spirituelle, mais comme un bloc politique uni sous l’étendard d’un califat. Les pancartes brandies et les drapeaux frappés de la Chahada témoignaient sans équivoque d’un projet d’État islamique régi par la charia, dans lequel Israël n’aurait aucune légitimité.
Le plus sidérant ? Ce prêche enflammé, où les femmes voilées étaient reléguées à l’écart des hommes, a bien eu lieu malgré une tentative d’interdiction par la police berlinoise. Contre toute attente, la justice allemande a annulé la décision, provoquant une onde de stupeur. Barbara Slowik, cheffe de la police, n’a pas mâché ses mots : « En sept ans et demi à ce poste, je n’ai jamais été aussi déçue par une décision de justice. » Même indignation du côté du maire de Berlin, Kai Wegner (CDU), qui a dénoncé un verdict « aberrant », rappelant une évidence que certains semblent oublier : un califat et son idéologie « n’ont pas leur place en Allemagne ».
Malgré la présence d’environ 600 policiers, la manifestation a été le théâtre de slogans d’une violence glaçante. D’après Die Welt, des cris tels que « mort aux Juifs » et « mort à Tsahal » ont été entendus dans la foule, dans une atmosphère où l’antisémitisme le plus brut côtoyait les appels à cette fameuse unité islamique. Selon l’Office fédéral de protection de la Constitution (BfV), le mouvement « Génération Islam » est proche de Hizb ut-Tahrir (HUT), une organisation islamiste interdite en Allemagne depuis 2003.
Berlin-Gaza : quand la rue allemande bat le pavé pour le Hamas
Depuis l’attaque barbare du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023, l’Allemagne, et en particulier Berlin, est devenue le théâtre régulier de manifestations pro-palestiniennes où le militantisme dérape de plus en plus ouvertement vers la radicalisation. Chaque semaine ou presque, des cortèges défilent dans la capitale sous une iconographie bien rodée : drapeaux palestiniens en nombre, keffiehs soigneusement noués, banderoles en arabe, slogans rageurs – le tout dans une atmosphère où l’antisionisme vire très volontiers à l’antisémitisme pur et simple.
Le 21 juin 2025, ce climat a atteint un nouveau sommet. Sous l’étendard « United4Gaza », 15 000 manifestants ont envahi les rues de Berlin. La journée s’est soldée par des affrontements violents avec la police, une cinquantaine d’interpellations, et un fait particulièrement révélateur : la petite contre-manifestation pro-israélienne – une vingtaine de personnes seulement – a dû être évacuée pour des raisons de sécurité. Les forces de l’ordre, débordées, n’ont pas su garantir leur protection. Un aveu d’impuissance aussi saisissant qu’inquiétant, révélateur de la fragilité croissante du vivre-ensemble dans la capitale allemande.
Ce n’était pas une exception. Le 12 octobre 2024, à Hambourg, 2 300 militants islamistes s’étaient déjà rassemblés sous la bannière du groupe « Muslim Interaktiv », autre bras militant du mouvement radical Hizb ut-Tahrir (HUT). Ce jour-là, dans une mise en scène rigoureusement masculine, les manifestants ont lancé un appel explicite à l’instauration d’un califat islamique. Face à cette démonstration de force de l’islam politique, la réaction de la ministre de l’Intérieur, Nancy Faeser, s’est voulue ferme sur le fond mais molle dans les faits : « Quiconque préfère vivre dans un califat, et donc à l’âge de pierre, s’oppose à tout ce que représente l’Allemagne. Nous défendons notre constitution – avec les moyens de notre constitution. » Une déclaration joliment tournée, mais dont l’effet reste, pour l’instant, strictement symbolique.
Liberté d’expression ou permis de haine ?
Quand la haine antisémite défile en toute impunité dans les rues allemandes, certains continuent de brandir la liberté d’expression comme un paravent commode. Günther Jikeli, expert reconnu de l’antisémitisme, ne s’y trompe pas : il décrit ces rassemblements pro-palestiniens comme une « mobilisation contre les Juifs », dissimulée derrière un alibi bien pratique.
Car lorsque, comme ce fut le cas le 2 février 2025, des manifestants appellent ouvertement au meurtre de Juifs ou à les livrer au Hamas, on ne parle plus d’opinion, mais d’incitation à la haine – une infraction pénale en bonne et due forme.
Ahmad Mansour, chercheur spécialisé dans l’extrémisme, met en garde contre l’inaction des autorités. Selon lui, laisser passer de tels rassemblements revient à normaliser des discours qui menacent gravement les valeurs fondamentales de la démocratie allemande. L’anthropologue Susanne Schröter va plus loin encore en pointant du doigt une gauche « woke » qui, au lieu de condamner fermement ces dérives, les soutient ou les instrumentalise. Cette mouvance, dit-elle, y voit un « potentiel révolutionnaire » pour renverser le système en place, tout en discréditant les critiques du totalitarisme islamique sous les accusations d’islamophobie ou de racisme anti-musulman.
Face à ces dérives, le maire de Berlin, Kai Wegner (CDU), a enfin haussé le ton. Il a évoqué la possibilité d’interdire certains de ces rassemblements et a réaffirmé son soutien à Israël et à la communauté juive. Se présentant comme un ami des deux, il a exprimé sa volonté de renforcer les liens entre Berlin et Tel-Aviv par un partenariat officiel. Un geste fort, qui fait écho à ses déclarations de l’an dernier, lorsqu’il dénonçait déjà les manifestations pro-palestiniennes comme des événements qui « souillent » la ville.
Mais au-delà des discours, une question demeure : jusqu’à quand la liberté d’expression servira-t-elle d’abri à ceux qui prêchent la haine ?
«Le cri de la terre et des pauvres se fait entendre, parce qu’il a atteint le cœur de Dieu», a alerté le Pape ce mercredi 9 juillet, lors de la messe pour la sauvegarde de la Création qu’il a présidée dans le Borgo Laudato si’. «Notre mission, a-t-il souligné, est de prendre soin de la Création, d’y apporter la paix et la réconciliation». Au cours de cette célébration, le nouveau formulaire de prières pour la Missa “pro custodia creationis”, a été utilisé pour la première fois.
Le dicastère pour la Doctrine de la foi écrit à l'archevêque de Prešov pour les catholiques de rite byzantin: de nombreux fruits spirituels sur le lieu des apparitions présumées de Marie qui auraient eu lieu entre 1990 et 1995 près du petit village de Litmanová.
Elon Musk, Jeff Bezos et d’autres acteurs se livrent une bataille acharnée dans l’espace : les satellites sont devenus des armes stratégiques au cœur des conflits contemporains. Une enquête approfondie récemment publiée dresse un état des lieux des puissances en présence et des enjeux géopolitiques liés à cette nouvelle forme de guerre. La guerre des satellites, par Frediano Finucci, un ouvrage essentiel pour comprendre l’un des défis majeurs de notre époque.
Comprendre l’un des enjeux majeurs – l’espace comme futur terrain d’affrontements internationaux – du XXIe siècle : tel est l’objet, crucial pour l’avenir du monde, de l’excellent livre, intitulé La guerre des satellites, que vient de publier, aux Editions de l’Artilleur, le journaliste Frediano Finucci, rédacteur en chef de la chaîne de télévision italienne « La 7 ». Son sous-titre, non moins évocateur, ne laisse par ailleurs planer aucun doute à cet explicite sujet : « Au cœur de tous les conflits d’aujourd’hui », indique en effet cet ouvrage particulièrement bien documenté, et dont l’érudition, en la matière, n’a d’égale, par sa précision, que la clarté de son écriture (due aussi, en l’occurrence, à la très bonne traduction française de Marie d’Armagnac). Ainsi, centré tout d’abord, dans la première partie de ce livre, sur le récit, assez complet malgré sa concision, des principales étapes évolutives de ces incroyables inventions technologiques à l’œuvre au sein de ces satellites, Frediano Finucci montre ensuite, de main de maître là aussi, à quel point ces derniers sont incontestablement devenus, aujourd’hui, le centre névralgique, précisément, des grands enjeux, à divers niveaux, aussi bien militaires que commerciaux, géostratégiques ou écologiques, de notre temps.
A titre d’exemple : la guerre russo-ukrainienne
À titre d’exemple, pour conforter cette thèse, l’actuelle guerre, d’une tragique mais brûlante actualité, mettant aux prises, bien sûr, l’Ukraine et la Russie. Car, comme le démontre encore effectivement Frediano Finucci en s’appuyant là sur des informations extrêmement détaillées, parfois issues des services secrets les plus compétents, si l’armée russe n’a pas pu remporter de victoire éclair sur les troupes ukrainiennes, contrairement à ce qui était prévu au début de cette offensive, c’est parce que les Ukrainiens ont pu disposer, très efficacement, des renseignements, aussi fiables que précieux, que les Occidentaux, et les États-Unis en particulier, leur ont fourni grâce, précisément, à leurs systèmes satellitaires les plus récents, performants et avancés.
Une enquête érudite et passionnante, donc, que celle parcourant, de bout en bout, cet essai ! D’autant que son auteur, toujours à la pointe de l’information sur ce point capital, tant pour l’équilibre que pour la sécurité de notre planète même, y révèle également, last but not least, combien cette véritable entreprise industrielle que représente désormais la construction des satellites est en train, elle-même, de vivre une importante révolution, aussi originale qu’inédite dans l’histoire des inventions technologiques : la miniaturisation ; la géolocalisation ; la hausse fulgurante, grâce à la prodigieuse évolution des ordinateurs notamment, de la puissance de calculs logiques, mathématiques, physiques et astronomiques ; et puis, peut-être surtout, l’arrivée, soudaine quoique prévisible à l’aune de ces mêmes progrès informatiques, d’opérateurs privés, encore plus performants que la NASA elle-même, tels qu’Elon Musk ou Jeff Bezos, lesquels sont en train de faire basculer très concrètement, y compris par leur énorme manne financière, tout le secteur en une tout autre dimension.
Elon Musk : « Starlink » face à l’OTAN, le Pentagone et la NASA
Ainsi, par exemple, le système « Starlink », conçu par Elon Musk, est-il vital et à double usage, tant sur le plan civil que militaire, pour la défense de l’Ukraine face à l’agression de la Russie. Si le seul Musk arrêtait, par une décision toute personnelle, guidée par des intérêts purement financiers ou même politiques, voire idéologiques, son soutien à ce pays, Kiev, et le président Volodymyr Zelensky en personne, se retrouverait, tout comme l’OTAN elle-même par ailleurs, en grande difficulté, sinon en réel danger. C’est dire, comme le suggère encore Frediano Finucci dans ce livre aussi captivant que remarquable, si un Elon Musk ou un Jeff Bezos sont devenus aujourd’hui par leur très compétitif pouvoir techno-satellitaire, et non seulement par leurs onéreux voyages à l’intérieur de leurs fusées spatiales, une véritable force, annonciatrice, probablement même, de bien de futures rivalités politico-économico-militaires, au sein de l’appareil d’Etat américain, dont le Pentagone, lui-même !
Le combat des satellites dans la nouvelle guerre de l’espace
Bref : à lire de toute urgence, cette formidable et très innovante Guerre des satellites de Frediano Finuccci – ouvrage pouvant se prévaloir également, et ce n’est pas là le moindre de ses autres mérites éditoriaux, d’une très instructive préface du général Philippe Adam, commandant de l’espace – pour comprendre, à partir d’informations inédites concernant les nouvelles capacités de combat de ces satellites, l’actuelle et future marche, pour le meilleur et pour le pire, de notre monde moderne et contemporain. Car, oui, c’est bien là l’une des formes à venir, et non pas seulement sur le plan technique, de l’humanité ! Mieux vaut donc, afin de mieux l’envisager, négocier, préparer et vivre, être doctement prévenus à cet insigne sujet…
Le Bel Espoir, un navire-école pour la paix chargé de parcourir la Méditerranée en cette Année Sainte, poursuit sa traversée de la Mare Nostrum. Les participants à la cinquième séance se sont retrouvés à Istanbul le 5 juillet dernier, avant d’embarquer pour la Grèce. Menés par l'archevêque de Marseille, ils ont rencontré au Phanar le Patriarche œcuménique Bartholomée Ier.
La première eucharistie en la mémoire liturgique du bienheureux Floribert Bwana Chui, désormais commémorée chaque 8 juillet, a été célébrée en la basilique Sainte-Marie du Trastevere de Rome et dans plusieurs autres villes où est implantée la communauté Sant'Egidio. À Goma, sa ville natale, une messe solennelle a été célébrée par Mgr Fulgence Muteba, président de la conférence épiscopale du Congo, en présence de l’ordinaire du lieu et de plusieurs évêques venus de la RDC et du Rwanda.
Deux mois se sont écoulés depuis l'élection de Robert François Prévost à la Chaire de Pierre, et déjà les images symboliques de ce nouveau pontificat sont nombreuses. Parmi elles, bien que moins connue, celle du Pape qui se penche aux côtés d'une petite fille qui souhaite lui offrir un dessin. Un geste simple qui porte pourtant un message de grande valeur: pour construire un monde meilleur, il faut se mettre à la hauteur des enfants.
Depuis qu’Israël et les États-Unis ont bombardé les installations militaires et nucléaires de l’Iran, le chœur des belles âmes joue le grand air de la «désescalade», avec en arrière-fond une petite musique trouillarde et capitularde – surtout n’énervons pas les mollahs. En présentant notre dossier «actualité», Elisabeth Lévy et Jean-Baptiste Roques rappellent que c’est grâce à Trump et Netanyahou que la République islamique est désormais plus faible et le monde, plus sûr. Pour Gil Mihaely, la stratégie du régime iranien, fondée sur la haine d’Israël et de ses alliés et qui s’exprime à travers la quête du nucléaire et le soutien à des milices et proxys, révèle aujourd’hui ses nombreuses failles. Stéphane Simon et Pierre Rehov, qui ont signé il y a trois mois un essai sur la guerre secrète que mène Israël depuis le 7-Octobre contre la « pieuvre » islamiste, racontent le dernier chapitre de cette histoire : l’opération « Rising Lion ». John Gizzi, correspondant de la chaîne d’info Newsmax à la Maison-Blanche, nous explique comment Donald Trump, en épaulant son allié et ami Bibi dans son opération pour paralyser les capacités nucléaires iraniennes, a renié son engagement de ne plus lancer l’Amérique dans des guerres. Pourtant, face au succès affiché, sa base MAGA le soutient avec enthousiasme. Julien Dray, ancien député socialiste de l’Essonne, se confie à Élisabeth Lévy et Jean-Baptiste Roques. Il compare Jean-Luc Mélenchon à ces trotskystes pacifistes qui, fin 1943, ont renvoyé dos à dos les impérialismes fasciste et américain, jusqu’à devenir collabos. Aujourd’hui, la haine des Insoumis pour les « sionistes » est telle qu’ils choisissent le camp de la République islamique.
Notre numéro 136 est disponible aujourd’hui sur la boutique en ligne, et à partir de demain mercredi chez votre marchand de journaux.
Dans son édito du mois, Elisabeth Lévy commente les préconisations prodiguées par le gouvernement pendant la canicule, comme par exemple, « Restez au frais ». Si les bureaucrates pondent toutes ces lapalissades et directives idiotes, c’est surtout parce que, « s’ils ne le faisaient pas, il se trouverait des petits malins pour les traîner en justice pour les sanctionner ». Les Français se plaignent constamment des contraintes imposées par l’État, mais se tournent vers ce dernier pour la solution au moindre de leurs problèmes.
Nos chroniqueurs réguliers passent en revue les dernières actualités politiques et sociales. Pour Ivan Rioufol, l’insurrection est dans l’air et le chef de l’État ne fait rien pour protéger les enracinés d’une immigration démente. Olivier Dartigolles maintient que, bien que l’antisionisme soit devenu un antisémitisme, on doit pouvoir continuer à critiquer, si nécessaire, la politique du gouvernement israélien. Pour notre plus grand bonheur, Emmanuelle Ménard continue à nous raconter sa vie après l’Assemblée. Cette auguste institution s’écharpe sur la possibilité́ de marier ou non les clandestins sous OQTF… Bienvenue en absurdie ! Jean-Jacques Netter commente l’endettement public, le coût exorbitant de MaPrimeRénov, le système de subvention destiné à améliorer l’isolation des habitations, le nombre de sociétés de technologie françaises qui déposent le bilan, et le vrai coût de l’immigration… Enfin, Gilles-William Goldnadel accuse Le Monde, l’AFP et France Inter de plaider en faveur du Hamas.
L’été ne serait pas l’été sans le test de Céline Pina. Cette fois, c’est « Quel antisioniste êtes-vous ? » Yachting girl comme Rima, théoricien comme Jean-Luc, compromis comme Dominique, sadique comme Ali… ? Après avoir passé le test, vous saurez quel est votre profil d’antisioniste !
A la recherche de l’esprit français
Nous consacrons notre dossier d’été à une notion apparemment évanescente et fort éloignée, semble-t-il, des préoccupations immédiates de nos contemporains. Cette idée a été inspirée par notre ami Jean-Michel Delacomptée qui, en février, a publié une somme magistrale intitulée Grandeur de l’esprit français (Cherche Midi), en dix portraits, de Montaigne à Saint-Simon en passant par Racine, La Fontaine et Bossuet. Selon lui, « pour évaluer une société, il faut examiner le sort qu’elle réserve à l’esprit ». Nous avons donc voulu évaluer la nôtre, en interrogeant des auteurs et des artistes. Si ces derniers ont chacun leur propre conception de l’esprit, tous sont d’accord pour déplorer son lent effacement. Alors que, à notre époque, nous n’aimons plus guère les choses de l’esprit et tendons à exécrer tout ce qui est national, l’esprit français s’apparente à un chef-d’œuvre en péril, un de ces biens immatériels dont on découvre le besoin qu’on en avait au moment où ils disparaissent.
Élisabeth Lévy, Jean-Baptiste Roques et Jonathan Siksou ont recueilli les points de vue de deux témoins de choix : Frédéric Beigbeder et Franck Ferrand. Pour le premier, chroniqueur littéraire au Figaro Magazine, président-fondateur du Prix de Flore, animateur des « Conversations chez Lapérouse » sur Radio Classique, écrivain à succès chez Grasset, l’esprit français existe pour de vrai.Pourtant, dépendant d’une culture à la fois littéraire et livresque, il est aujourd’hui menacé par la technologie. Ses meilleurs défenseurs sont ceux qui pourraient passer pour des attardés, à savoir les membres de l’Institut : « Les académiciens sont des résistants dans un monde de robots ». Pour l’historien Franck Ferrand, l’esprit français se niche autant dans les jardins de Le Nôtre que dans le Tour de France, dans le savoir-vivre des salons comme dans le savoir- faire des bâtisseurs de cathédrales. Sa palette est aussi variée que les paysages et les terroirs qui composent notre beau pays.
Selon Jean-Michel Delacomptée, l’esprit français se conjugue surtout au passé. La chute de la monarchie, le déclin du christianisme et la passion de l’égalité ont asséné des coups mortels à cette tradition. Mais il demeure des traces de ce vieil héritage dont les rayons se répandaient autrefois des palais aux chaumières. Son dernier livre constitue une somme remarquable, selon Frédéric Rouvillois qui nous livre les fruits de sa lecture de cette galerie de portraits qui célèbre la grandeur de l’esprit français dans une langue qui ne dépareille pas celle de ses modèles. Élisabeth Lévy salue la dernière publication de Rudy Ricciotti, Insoumission. Pour la survie de l’architecture. Défenseur du travail manuel, le génial architecte livre un coup de gueule contre la bureaucratie et les normes qui encadrent le BTP, au détriment de la création, des ouvriers et des artisans. Ce n’est donc pas un hasard si Ricciotti est l’architecte du musée du Grand Siècle. Jonathan Siksou a interviewé le professeur des universités Alexandre Gady, qui dirige la mission de préfiguration de ce musée. L’établissement actuellement en chantier exposera de remarquables œuvres d’art ainsi que divers objets du quotidien pour cerner une civilisation aujourd’hui méconnue : celle de la France du XVIIe siècle.
Michel Audiard a accordé en exclusivité une interview posthume à Causeur. Ses propos ont été presque recueillis par Stéphane Germain. Baisse du niveau général, politique économique et migratoire, diversité, cinéma… ce fleuron de l’esprit français n’élude aucune question. Et il balance ! Cyril Bennasar voit dans le pèlerinage de Chartres la preuve en marche que des Français peuvent traverser Paris respectueusement et sans razzias. Comme les vieux films, ces cathos très « France d’avant » peuvent rendre nostalgique, mais avec modération.
Parmi les autres contributeurs dont Causeur a sollicité le point de vue : Robert Ménard, Jérôme Prigent, Pierre-Henri Tavoillot, Georgia Ray, Pierre Berville, Michel Fau, Thomas Morales, Patrice Jean, Bruno Lafourcade, Emmanuel de Waresquiel, Peggy Sastre et Vincent Limouzin.
Besoin de résister à la bureaucratisation galopante de la nature et à l’anxiogène détresse environnementale ? Georgia Ray nous parle de la poésie des paysages, mise en valeur par quatre expositions qui, de Paris à Granville en passant par Vevey, portent notre regard vers des horizons de toute beauté. Et Emmanuel Domont nous emmène vers les plages à travers l’Anthologie de la littérature de plage de Jean-Christophe Napias, un florilège de haut-vol pimenté par des curiosités piochées dans la presse ancienne et des arrêtés municipaux d’un autre temps. C’est aussi le moment de redécouvrir l’œuvre du peintre Georges Mathieu que la Monnaie de Paris sort du purgatoire. Pour Arthur Pauly, cette rétrospective révèle un grand seigneur baroque cheminant en pionnier sur les terres de l’art contemporain. Les SS avaient-ils leur propre 007 ? À la tête des forces spéciales allemandes, Otto Skorzeny s’illustre par des opérations spectaculaires dans les airs comme dans les mers. Passé entre les gouttes de la dénazification, il aurait vendu après-guerre son expertise au Mossad. Julien San Frax a lu la biographie haletante que Benoît Rondeau lui a consacrée.Emmanuel Tresmontant met le cap sur l’île de Ré où Arthur Da Costa Adao et Louis Grizeau ont installé L’Écailler, leur restaurant du port de La Flotte. Ils y mettent un point d’honneur à ne servir que les meilleurs produits du terroir comme le thon rouge, le lieu jaune et le homard, avec de jolis vins accessibles à tous. Cet été, deux immenses cinéastes français disparus, Chabrol et Pagnol, vont illuminer les salles obscures. Mais Jean Chauvet nous assure qu’on ne peut pas en dire autant des nouveaux films… L’esprit français souffle où il veut et quand il veut. Rassurez-vous ! Il soufflera toujours pour les lecteurs de Causeur.
Depuis 2007, hommes et femmes gagnent autant en Grand Chelem, mais certains grincent des dents en se demandant si l’égalité des chèques rime vraiment avec équité sur le court.
Depuis 2007, les quatre tournois du grand chelem garantissent une même rémunération entre joueurs hommes et femmes. À travail égal, salaire égal, qui pourrait s’opposer à une telle mesure ? Toutefois, si on creuse un peu, on est en droit de s’interroger sur le caractère juste d’un tel égalitarisme. En effet, que ce soit en 2025 ou 2024, le vainqueur du tournoi – Carlos Alacaraz – a passé environ vingt heures sur le court, alors que les championnes de 2024 (Iga Swiatek) ou 2025 (Coco Gauff) n’ont tapé la balle que pendant dix et onze heures. Ce n’est pas que les joueuses soient plus expéditives, mais elles jouent leurs matchs en trois sets alors que les hommes disputent les leurs en cinq manches. Alcaraz et Coco Gauff ont d’ailleurs joué chacun une finale très disputée, mais quand l’une a bataillé deux heures et trente-huit minutes, l’autre a amorti, lifté, coupé, lobé pendant cinq heures trente. La quantité de « travail » fournie ne semble donc pas exactement la même. Résultat, à l’heure passée sur le court, les hommes sont payés presque deux fois moins, un détail qui n’en est pas un à 120 000 ou 240 000 euros de l’heure (Alcaraz et Gauff ont empoché chacun un pactole de 2 550 000 euros cette année).
L’égale rémunération entre hommes et femmes, au tennis, demeure une décision politique et comme toute discrimination positive, elle crée des injustices en prétendant les éradiquer.
Et ne parlons pas du spectacle offert par les hommes et les femmes du fait de leur niveau de jeu. On peut apprécier le tennis féminin sans se leurrer sur les niveaux respectifs des unes et des autres. Avant de hurler à l’ignominie, écoutons ensemble la révélation française du tournoi, Loïs Boisson. Interrogée sur France 2 à propos des joueuses qui l’avaient inspirée, la demi-finaliste a répondu avec beaucoup de sincérité : « Aucune. Je ne regardais que les hommes. » Consternation sur le plateau du service public. Rires gras chez les auteurs mal pensants de Causeur.
Léon XIV sera le seizième Pape à séjourner dans le lieu choisi comme résidence d'été par les Pontifes depuis le milieu du XVIIe siècle. Le Palais apostolique, visité à trois reprises par François, a été ouvert au public par ce dernier en 2016. Le musée restera d'ailleurs ouvert pendant le séjour du Saint-Père du 6 au 20 juillet, puis du 15 au 17 août prochain.
Depuis qu’il entend abolir la vidéosurveillance et désarmer les policiers municipaux, les plus vils adversaires du parti d’extrême gauche LFI accusent ce dernier de complaisance à l’égard de la racaille des cités…
Demain, les maires LFI désarmeront les polices municipales et s’opposeront à la vidéosurveillance. C’est ce qu’en leur nom, Mathilde Panot, la présidente du groupe parlementaire, a déclaré dimanche sur BFMTV. Faut-il se moquer ou s’indigner de cet extrémisme de la mansuétude?
Des propos dérangeants
J’entends bien qu’on n’est plus à une provocation près de la part de LFI. Thomas Portes vient d’être renvoyé devant un tribunal correctionnel pour diffamation à l’encontre d’un collectif juif et des enquêtes sont diligentées pour des propos discutables au sujet du Hamas et du conflit israélo-palestinien. Mais il me semble que nous ne sommes pas dans le même registre que celui de Mathilde Panot.
Si j’écarte d’emblée la branche de l’ironie et de la dérision au sujet des dires de celle-ci, c’est qu’ils sont, malgré les apparences, trop sérieux, trop profondément dérangeants pour être traités à la légère.
Pourquoi, alors, convient-il de s’en indigner sans la moindre hésitation ?
D’abord parce que la réalité dément leur inutilité et met à bas ce au nom de quoi on veut abolir police municipale et vidéosurveillance.
Bien davantage, des exemples ont révélé à quel point ces outils de protection étaient fondamentaux pour notre vie en commun et comment les éradiquer par idéologie serait une véritable mise en danger de notre société.
Par ailleurs, il y a dans cette outrance calculée quelque chose de pire que l’ignorance : un savoir qu’on détourne de ses fins légitimes pour le dégrader en mensonge et en manipulation. En effet, je n’attends pas de Mathilde Panot et de tous ceux qui la soutiennent et font corps autour de Jean-Luc Mélenchon le moindre désaveu : ils n’ignorent pas que dans nos cités, dans l’existence singulière et collective de nos concitoyens à la ville comme à la campagne, tout ce qui est de nature à renforcer la sécurité, à prévenir, à alerter, à surveiller et à identifier délinquants et criminels, fauteurs de troubles ou compulsifs du désordre, de la violence et d’agressions contre les autorités et les élus, doit être favorisé. Qu’il y a, avec raison, une demande forte des populations pour ces mécanismes qui n’entravent que la liberté de ceux que la transgression attire.
Pourquoi nier que derrière cette scandaleuse volonté de suppression et donc cette ouverture facilitée pour la malfaisance au détriment de « la majorité des honnêtes gens », il y a sûrement le désir de complaire à des lieux de non-droit et à des minorités pour lesquels l’autorité républicaine est en elle-même une offense, une provocation, une atteinte inadmissible à leur indépendance de trafiquants par exemple ?
La police tue : un des mensonges favoris de l’extrême gauche
Soutenir que la police ne doit pas être armée ou, comme Jean-Luc Mélenchon hier, qu’elle tue, exiger le désarmement des polices municipales, le démantèlement de la vidéosurveillance, ce n’est rien moins que permettre à la part violente et dévastatrice de notre pays, où qu’elle se trouve, souvent en bande, de continuer à commettre le pire. Ce serait – contradiction fondamentale de LFI qui s’en affirme l’incarnation exclusive – abandonner le peuple sur lequel on prétend veiller et préférer son idéologie au réel, l’arrogance de se tromper plutôt que consentir à la vérité.
On ne se moque pas. On s’indigne puis on attend patiemment que la démocratie nous donne la parole.
Il n’a manqué qu’Emmanuel Macron déclarant que nous étions en guerre contre la canicule. Le président tenant tête au soleil sur le mode « Nous ne céderons pas », j’aurais adoré. Remarquez le cœur y était. Le 1er juillet, à Séville, le président sonne le tocsin face à l’ennemi invisible, annonçant à ses pairs, certainement fascinés par une telle vista, que nous sommes entrés dans l’ère de la « vulnérabilité climatique et environnementale ». Notez, ce n’est pas parce qu’il s’occupe des affaires du monde qu’il nous oublie. Il a beau avoir la main sur la dissuasion nucléaire, il vit à hauteur d’homme. La preuve, il publie sur son compte X un épatant petit sermon nous invitant à veiller les uns sur les autres et à faire attention à nos collègues, assorti des excellentes préconisations gouvernementales également diffusées sur nos écrans. Celle que je préfère c’est « Restez au frais ». Bah oui bande de benêts. Rafraîchissez-vous ! Il suffisait d’y penser. Guizot est battu[1], La Palice aussi. J’aimerais bien connaître le petit malin qui a réussi à se faire payer pour trouver ça. En tout cas, le gouvernement est sur le coup. MO-BI-LI-SÉ. Pas de goguette en polo, mais des visites dans les maisons de retraite avec airs de circonstances. Ça va mamie, t’as bu ?
Au cas où vous l’auriez oublié, l’événement à l’origine de ce branle-bas de combat est que, début juillet, il a fait chaud. Un épisode qu’on a seulement connu une trentaine de fois depuis le début du siècle, il y a de quoi paniquer. Durant plusieurs jours, la fabrique de verbiage public et de fadaises médiatiques tourne à plein régime. On apprend avec joie que le Moulin Rouge a pris des mesures pour rafraîchir l’ambiance et que Le Grand Point-Virgule, à Montparnasse, promet un moment de douceur, fier de son système d’air conditionné « à la pointe ». On félicite une start-up citoyenne qui autorise ses employés à venir en claquettes-chaussettes (pourquoi des chaussettes ?).
Après une semaine, le bilan de cet effroyable combat est annoncé, pas par le ministère de la Santé mais par celui de la Transition écologique : deux morts. On attend que l’Assemblée nationale leur inflige une minute de silence.
En tout cas, je paye de ma personne pour vous informer au plus près du terrain, comme on dit dans la confrérie des vestes-à-poches. J’ai donc appelé le 0800 06 66 66, le numéro d’info-canicule. Je n’ai su qu’après que c’était le numéro du diable, sinon je me serais méfiée, si ça se trouve maintenant, le gouvernement m’a collé une puce pour m’espionner. En tout cas, heureusement que ma voisine m’avait déjà dit de bien boire parce qu’il m’a fallu vingt bonnes minutes pour qu’un gars décroche. Un brin lymphatique, mais sympa. Vaguement décontenancé quand je lui ai dit que l’objet de mon appel, c’est que j’avais chaud, il a tout de même patiemment énuméré ce que je devais faire ou ne pas faire, par exemple, sortir en plein cagnard. Un ventilateur, pourquoi pas, mais à condition de ne pas devenir dépendant. Il y a un nom pour l’addiction aux ventilateurs ? Il a juste oublié de me suggérer (comme le fait Santé publique France) d’aller me tanker chez les copains dotés d’une climatisation ou d’une piscine. Faudrait plutôt songer à dénoncer ces privilégiés. Marine Le Pen ayant mis le sujet sur la table, on sait désormais que la clim’, ce n’est pas seulement planètophobe, c’est d’extrême droite.
Vous me direz que si, aujourd’hui, les vieux ne meurent plus de chaud comme en 2003, c’est parce que le gouvernement a pris les choses en main. Sauf qu’ils ne mouraient pas de chaud, mais de solitude. Aujourd’hui, les services sociaux des mairies appellent leurs administrés pour leur demander s’ils ont des nouvelles de leur grand-père et l’Éducation nationale encourage les parents à apporter des ventilateurs à l’école. C’est ce qu’on appelle le progrès.
Sur les réseaux sociaux, les habituels mauvais coucheurs dénoncent l’infantilisation des Français. En vérité, même les enfants et les simples d’esprit pourraient se sentir offensés par des consignes aussi neuneu. Reste que, tels des enfants capricieux adressant à leur mère des injonctions contradictoires, la sommant à la fois de les laisser tranquilles et de s’occuper d’eux, nous détestons la contrainte mais exigeons de nos gouvernants des solutions à chacun de nos problèmes. Et procéduriers avec ça. Si les bureaucrates pondent des directives idiotes, ce n’est pas seulement parce qu’ils nous prennent pour des cons, mais parce que, s’ils ne le faisaient pas, il se trouverait des petits malins pour les traîner en justice et des tribunaux pour les sanctionner. Personne ne m’a dit qu’il ne fallait pas courir par 40 degrés, monsieur le président. Sans compter que les médias dénonceraient en boucle la déconnexion des puissants, bien au frais dans leur bureau pendant que le populo transpire.
Et puis, on y prend goût à ce que l’État nous apprenne à vivre. Avec l’ami Jean-Baptiste Roques, on a déniché plein de services inutiles pour nous épargner la fatigue d’être soi. On vous laisse arpenter la forêt touffue des numéros verts. Certains s’offusqueront qu’on leur parle à la première personne, comme s’ils étaient simples d’esprit – « Je n’oublie pas d’éteindre la lumière quand je sors de mon bureau. » Moi j’aime bien, ça me rappelle le petit lapin du métro de mon enfance qui disait : « Ne mets pas tes mains sur la porte, tu risques de te faire pincer très fort ! » Au chapitre des écogestes, source intarissable de préceptes et d’interdits, tu apprendras à quelle fréquence laver tes culottes et aérer ta chambre. Et après, tu pourras faire un gros dodo. Maman est là.
[1] Ministre et président du Conseil sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), François Guizot est célèbre pour sa célèbre apostrophe : « Français, enrichissez-vous ! »
L’offensive du Front Polisario du 27 juin aux abords de la ville de Smara survient alors que le Congrès américain examine la possibilité de classer le mouvement parmi les organisations terroristes. Le conflit régional du Sahara occidental s’inscrit désormais dans une logique de compétition entre grandes puissances, avec Rabat courtisé par Washington, Moscou et Pékin, tandis que l’Algérie voit son isolement s’accentuer, analyse notre expert.
Nous sommes nombreux en Occident, citoyens et dirigeants, à ressentir une angoisse grandissante devant le spectacle du monde, l’effondrement de l’ordre international que nous avons dominé pendant des décennies et devant la multiplication des conflits de haute intensité et des foyers de tension. Ce monde instable et fracturé, ce monde dans lequel les appétits ne se cachent plus et la guerre entre États a fait sa réapparition, est pourtant un retour à la normal.
Fin de l’histoire
L’anomalie fut les trois décennies de paix que nous venons de vivre – paix approximative que nous avons cru perpétuelle. Endormis par l’idée (mal comprise) de la « fin de l’histoire », le mensonge (avantageux pour certains) de la « mondialisation heureuse » et l’illusion (sédative) des « dividendes de la paix », nous peinons, particulièrement nous autres Français et Européens, à sortir de notre torpeur. Il y aurait pourtant urgence à réapprendre le langage de la force et la grammaire de la géopolitique.
Car le risque que les contentieux accumulés entre le camp anti-occidental (emmené par la Chine et la Russie) et les États-Unis et leurs alliés (menacés par un découplage stratégique lourds de menaces) dégénèrent en confrontation, voire à terme en guerre hégémonique, est désormais une hypothèse à prendre au sérieux. Les rivalités s’aiguisent, les lignes de front se multiplient, des conflits locaux ou régionaux deviennent des pièces sur l’échiquier du « grand jeu » mondial.
C’est le cas de la rivalité entre l’Algérie et le Maroc, les « frères ennemis » du Maghreb, autour du Sahara occidental. Sur le plan international, Rabat a marqué d’incontestables points ces dernières années avec la reconnaissance de sa souveraineté sur la région par les États-Unis (2020), l’Espagne (2021), l’Allemagne (2022), la France (2024) et le Royaume-Uni (2025) notamment. Ces succès contribuent à isoler l’Algérie, dont les relations sont exécrables, chaotiques ou difficiles avec beaucoup de pays européens (le cas de la France étant paroxystique) mais qui ne peut pas non plus rallier trop franchement le camp anti-occidental si elle veut continuer d’écouler vers l’Europe ses hydrocarbures (qui représentent 93 % de ses exportations de marchandises et 47 % de ses recettes budgétaires).
La situation au Sahara occidental s’est récemment tendue avec l’attaque au mortier par le Front Polisario, le 27 juin dernier, d’une zone inhabitée à proximité de la ville d’Es-Smara (ou Smara, 56 000 habitants), sans faire de victimes. L’organisation a revendiqué les tirs et les autorités marocaines affirment avoir éliminé leurs auteurs. Cet attentat est un nouveau jalon dans la rupture de la trêve en novembre 2020, après près de trente ans de cessez-le-feu.
Mais il faut inscrire cette attaque, aux conséquences limitées sur le terrain, dans une séquence internationale plus large. En effet, la veille à Washington, le représentant de la Caroline du sud Joe Wilson avait déposé un texte au Congrès visant à inscrire le Polisario sur la liste des organisations terroristes étrangères. Il faut comprendre cette proposition, qui exaspère à Tindouf (siège de l’organisation) et à Alger, à deux niveaux : au niveau local, pour mettre la pression sur la partie qui rechigne à toute négociation ; à l’échelon international, parce que le Sahara occidental constitue l’un de ces fronts, secondaires mais pas négligeables pour autant, où se jouent les rivalités entre grandes puissances.
Tebboune lâché par Moscou ?
C’est ainsi que la Russie, historiquement proche du régime algérien et tenant d’un règlement « pacifique et durable » du dossier sahraouis fondé sur les résolutions des Nations unies, souffle le chaud et le froid dans sa relation avec Rabat. Sur le Sahara occidental, alors que Vladimir Poutine ne donna aucune garantie au président algérien Abdelmadjid Tebboune lors de sa visite à Moscou en juin 2023 (au grand dam de ce dernier), son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a rassuré l’Algérie en janvier dernier en rappelant que la crise « devrait être résolue sur la base du principe d’autodétermination » et en réaffirmant la pérennité du partenariat stratégique avec Alger.
C’est que la position russe s’inscrit, nous l’avons dit, dans un contexte de rivalités d’influence croissantes sur le continent africain où les économies émergentes attirent de plus en plus l’œil des grandes puissances de ce monde. Moscou n’entend pas laisser à Washington l’exclusivité de la relation avec Rabat. D’autant moins que le Maroc, qui s’est mué en véritable puissance régionale ces deux dernières décennies, demeure parmi les premiers partenaires commerciaux de la Russie sur le continent africain.
Quant à la Chine, elle articule dans la région ses deux leviers habituels : non-ingérence et diplomatie économique. Concernant le dossier du Sahara occidental, Pékin a toujours prôné une certaine neutralité, ne reconnaissant ni la République arabe sahraouie démocratique (RASD), ni la souveraineté du Maroc sur le territoire (même si elle a voté en 2021 la résolution 2602 des Nations unies favorable au plan d’autonomie sous souveraineté marocaine).
Mais sur le plan économique, la balance penche désormais en faveur de Rabat, qui a réussi à s’imposer comme une plateforme d’investissement et commerciale sûre et performante au niveau africain et méditerranéen. Selon l’Institut de recherche industrielle chinois Huajing, les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint un peu plus 4 milliards de dollars américains entre janvier et mai 2025, marquant une hausse de 14,3 % par rapport à la même période en 2024. Et il faut prendre comme un signal fort, si elle est confirmée, l’information parue il y a un mois selon laquelle l’Algérie aurait renoncé à confier à la Chine la construction du grand port d’El Hamdania, projet lancé en 2015 pour rivaliser avec Tanger-Med.
On le comprend donc, la question du Sahara occidental est à analyser, comme de nombreux autres conflits dans le monde, comme une poupée russe : à son caractère régional, historique et critique pour Rabat et Alger, s’ajoute une dimension mondiale. Aucune grande puissance ne peut, ni ne veut être absente du jeu. Rien de nouveau sous le soleil de la géopolitique mondiale, dira-t-on. Si ce n’est que les Européens, nous l’avons dit en commençant, l’avaient oublié. Il serait temps de regarder le monde tel qu’il est. Gouverner, c’est choisir et choisir, c’est renoncer. Puissance affaiblie et sur le reculoir, un pays comme la France a besoin d’alliés. L’Algérie ne saurait en être un. La reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en 2024 fut un pas dans la bonne direction. Rabat est courtisé par Washington, Moscou et Pékin. Qu’attend Paris pour aller plus loin ?
Lors des trois premières étapes du tour de France, les favoris Pogacar et Vingegaard ont confirmé leur place au classement général, tandis que Bryan Coquard a vécu une journée catastrophique marquée par l’abandon du maillot vert Jasper Philipsen.
Pour la première fois depuis sa création en 1952, le Prix de la combativité n’a pas été attribué lundi lors de la 3ᵉ étape du Tour. À la place, le jury aurait pu décerner celui « de la poisse » et, incontestablement, il serait revenu au sprinteur de la Cofidis de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique, capitale de la construction navale), Bryan Coquard.
Non seulement il a provoqué involontairement, à 60 km de l’arrivée à Isbergues, en disputant l’unique sprint intermédiaire de la journée, la chute du maillot vert, Jasper Philipsen (Alpecin-Deceuninck), le contraignant à l’abandon (fracture de l’omoplate droite et côte brisée), mais il s’est aussi retrouvé à terre lors d’un final chaotique, remporté d’un boyau par le Belge Tim Moutier (Soudal Quick-Step).
En outre, Coquard a écopé d’un carton jaune (un second entraînerait son exclusion), d’une amende de 500 francs suisses (534 euros) et d’un débours de 13 unités dans le classement par points. Mais la pénalité la plus sévère est assurément psychologique.
À l’arrivée, il avait l’air très affecté. Il était au bord des larmes. « Une sale journée, a-t-il déclaré. Faire abandonner le maillot vert, ça ne fait pas plaisir… Je ne suis pas un mauvais garçon. »
Il a la réputation d’être gentil et loyal, ce qui est rare chez les sprinteurs, des trompe-la-mort prêts à tout pour la gagne. Coquard doit se sentir encore plus contrit, car Philipsen (10 étapes sur le Tour) faisait figure de grand favori pour ramener à Paris, comme il l’avait fait en 2023, cette tunique, plus disputée que les autres années.
Les occasions de marquer des points ont été réduites à six étapes au lieu de huit, entraînant en conséquence une réduction substantielle de sprints intermédiaires, d’où une furia décuplée pour les conquérir.
Cette 3ᵉ et dernière étape dans le Nord avait pris la tournure d’une trêve après les deux premières à forte tension, suite à un accord tacite entre les équipes des sprinteurs, aidées en cela par un vent contraire dissuadant les plus téméraires de se lancer dans une échappée qui ne pouvait que faire long feu.
Mais sur le Tour, il se passe toujours quelque chose même quand il ne se passe rien.
Le peloton a musardé jusqu’au sprint intermédiaire qui s’est soldé par l’incroyable élimination du très probable vainqueur du maillot vert.
Le sprint final a aussi été marqué par une chute de Remco Evenepoel (Soudal Quick-Step), le plus sérieux rival des deux grands favoris, Tadej Pogačar (UAE), le flamboyant, et Jonas Vingegaard (Visma | Lease a Bike), l’humble.
Il avait pris la 3ᵉ place l’an dernier derrière eux. Bien que sans gravité, cette chute ne peut que le handicaper, alors qu’il a déjà été relégué à 39 secondes de ceux-ci dès la première étape, suite à une bordure provoquée par l’équipe de Vingegaard à 17 km de l’arrivée.
Ce triptyque nordique avait été conçu par les organisateurs comme une course dans la course réservée aux baroudeurs et aux sprinteurs.
La première passe d’armes entre les favoris était prévue lors du contre-la-montre de 33 km à Caen.
Or, à son issue, ce triptyque semble bien prémonitoire du classement final de cette 112ᵉ édition, Pogacar et Vingegaard ayant déjà investi respectivement les places de second et troisième au général après avoir terminé la seconde étape dans cet ordre derrière Mathieu Van der Poel, le petit-fils de Poulidor et lanceur de Philipsen.
Il y a de fortes probabilités qu’il conserve son maillot jaune conquis à l’issue de cette victoire d’étape jusqu’à Pau, avant l’entame de la montagne, vengeant de la sorte son grand-père qui ne l’a jamais endossé, bien qu’ayant eu huit podiums à son palmarès.
Quant au duel attendu entre Pogacar et Vingegaard, il semble sérieusement parasité par une « gueulante » de la femme du Danois.
Dans un entretien donné au quotidien de Copenhague Politiken, elle a affirmé que l’équipe de son cher époux ne lui était pas entièrement dévouée, à l’inverse de celle de Pogacar à l’endroit de celui-ci.
Elle a en particulier mis en cause Wout van Aert, qui jouerait sa carte personnelle (voir encadré). Les trois premières étapes ont pourtant montré le contraire. Donc, pourquoi cette affirmation intempestive ?
La gueulante de Mme Vingegaard Elle n’a pas mâché ses mots, Mme Trine Vingegaard Hansen, épouse du double vainqueur du Tour et favori de cette édition, et en outre son agent. Elle a clairement laissé entendre dans son entretien avec le quotidien danois Politiken que son équipe Visma-Lease a Bike n’était pas entièrement à son service. « Elle doit se concentrer sur la victoire finale. Si on commence à viser des victoires d’étape pour d’autres, c’est au détriment de Jonas. » Elle visait implicitement Wout van Aert qui a, sans doute, carte blanche pour aller en chercher une. Le principal intéressé a répondu laconiquement que « l’équipe sait ce dont elle dispose avec moi. C’est un sentiment que ne partage pas Jonas ». Quant à ce dernier, peu prolixe comme à son habitude, il s’est borné à déclarer : « Je m’en fiche, c’est sans importance. » Cette mise en cause, à première vue, semble inappropriée. Les trois premières étapes tendent à prouver que Vingegaard dispose d’une solide et soudée équipe, apparemment plus que celle de Pogacar. C’est elle qui a provoqué la bordure, une manœuvre audacieuse, lors de la première étape, qui a relégué à 39 secondes Remco Evenepoel, le troisième favori, et surtout isolé dans le final Pogacar, montrant que celui-ci doit davantage compter sur lui-même que sur ses équipiers. De plus, Wout van Aert a toujours démontré qu’il savait se mettre au service du collectif quand nécessaire, d’autant plus sachant que gagner un Tour ne sera jamais à sa portée. Les propos de l’épouse de Vingegaard semblent être inspirés par un certain désarroi propre à la vie des femmes de coureurs, faite, comme celle des marins, de solitude. À quoi bon tous ces sacrifices consentis si la victoire n’est pas au bout ? C’est peut-être le message qu’elle a voulu envoyer. Une place de second, c’est certes bien… mais ça s’oublie vite… En préambule, elle a dit au sujet de son mari : « Je pense qu’on le pousse trop loin. J’ai peur qu’ils le brûlent par les deux bouts. Je pense que parfois les athlètes sont d’abord des êtres humains. » Sur ce point, elle a sans doute raison : les coureurs cyclistes ne sont-ils pas devenus des machines à pédaler ? •
Un communiqué du dicastère pour les Églises orientales fait état de la «vive gratitude» exprimée par Léon XIV à Mgr Cyril Vasil', archevêque-évêque de Košice des Byzantins, qui a achevé sa mission de délégué pontifical. Il avait été chargé par le Pape François en 2023 de résoudre le conflit liturgique qui couvait au sein de la communauté syro-malabare en Inde.
Pour l’édition 2026, le préfet du dicastère pour la Culture et l'Éducation fera partie des membres du jury. Dans un «esprit de service et d’obéissance au Pape Léon», il exprime sa joie «d’examiner les candidatures et de découvrir tant de personnes qui, à travers le monde, font une réelle différence».
Dans une note publiée ce lundi 7 juillet, le secrétariat général du Synode a indiqué les différentes phases de mise en œuvre du document final de l’assemblée synodale d’octobre 2024. Après des parcours de mises en œuvre, plusieurs assemblées d’évaluation seront réunies d’abord au niveau des diocèses, des pays et des continents avant une assemblée au Vatican en octobre 2028.
Dans le cadre des Rencontres Économiques d’Aix qui se tenaient en fin de semaine dernière, la ministre de l’Éducation a répondu aux questions de Geneviève van Lede, dans La Provence du 1er juillet. Une page entière pour ne rien dire, sinon des truismes éculés, des idées reçues et des intentions à côté de la plaque. À croire, prétend notre chroniqueur, que c’est ChatGPT qui a répondu à sa place : seule une Intelligence Artificielle peut à ce point parler pour ne rien dire…
Résumons les déclarations de la ministresse (le féminin existe, je ne vois pas pourquoi on ne l’utilise pas, plutôt que d’employer des barbarismes répugnants comme « la » ministre). Elles occupent une page entière de La Provence, qui détient le monopole de l’information dans le Sud profond et appartient désormais au groupe CGM-CMA, qui s’est offert aussi BFM l’année dernière : les industriels depuis quelques années mettent les deux pieds dans les médias.
Rassemblement !
À quelques jours des résultats du Bac, dont on savait déjà qu’ils seraient bons, c’est-à-dire catastrophiques, Elisabeth Borne ne s’interroge pas sur les programmes, qu’il faut urgemment réécrire. Elle ne s’inquiète pas de cette Ecole à deux vitesses où, quand vous êtes né dans un ghetto (y compris un ghetto de riches), vous y restez, l’ascenseur social étant désormais une fiction complète. Elle ne promet rien aux enseignants, notoirement sous-payés et sous-formés. Non, elle « veut porter un message de confiance, celui d’une République rassemblée » : les profs harcelés par les parents, les élèves menacés parce qu’ils n’appartiennent pas à telle ou telle « communauté », la baisse catastrophique du niveau soulignée par les services de l’Etat, elle n’en a que faire.
Elle se félicite du plan « Filles et Maths » et compte imposer des classes à parité égale (c’est le principe d’une parité, non ?) afin de former de futures « ingénieures ». Mais la parité en Droit ou en Médecine, où les filles sur-dominent les garçons, on n’en parle pas ? Le plan « Garçons et Lettres », elle le lance quand ?
Et si cette division « genrée » (pardon de m’exprimer comme une hyène de garde intersectionnelle) était fondée sur les goûts et compétences des unes et des autres ?
Je suis un malade mental
La ministresse se soucie aussi de la santé mentale des jeunes : pourrait-elle tenter d’imaginer qu’il y a un rapport entre la friche dans laquelle on laisse ces jeunes cervelles et l’angoisse qui les étreint, quand ils ne se mettent pas au service de la première transcendance qui passe avec un voile sur la tête ?
Elle déplore la « surexposition aux écrans »… Mais en même temps, la disparition des manuels-papier oblige les acteurs de l’Education à avoir de plus en plus recours aux machines : un jour peut-être apprendrons-nous que des intérêts puissants jouaient en sous-main pour obliger les gouvernements européens à acheter en masse du hardware et à remplacer les profs introuvables par du software en général et de l’Inintelligence Artificielle en particulier. Personne ne peut raisonnablement penser que des machines programmées pour ne contrarier personne peuvent remplacer des profs compétents et imaginatifs.
En revanche, la « généralisation de l’éducation à la vie affective et sexuelle », ça, c’est une ambition plus urgente que d’apprendre à lire et à écrire à des élèves qui, du CP à la Terminale, ne maîtrisent pas les rudiments du français — pardon : du créole, pour parler comme le Lider Maximo du groupuscule LFI.
Et si on bazardait tout ?
Et la suppression du Bac, que Parcours Sup, qui rend ses verdicts avant les épreuves de Terminale, a rendu obsolète, on n’en parle pas, Madame la ministresse ? François Bayrou, qui cherche des ressources substantielles, pourrait économiser un peu plus d’un milliard en supprimant un examen qui ne correspond plus à rien, puisqu’il est distribué à plus de 95% des candidats, avec une telle inflation de mention Très bien que franchement, on est fier de vivre dans un pays si plein de HPI.
Elisabeth Borne plaide pour une « année de césure » post-Bac : on avait essayé ça dans les années 1970, en imposant aux néo-Bacheliers de faire leur service militaire dès l’examen passé. Avec pour effet évident que les plus démunis avaient bien du mal à reprendre des études après une année passée à baguenauder sur le Larzac ou le plateau d’Albion… Quelqu’un parie avec moi que la césure imaginée par Elisabeth Borne aurait le même effet de démobilisation intellectuelle ? Une bonne manière de désengorger les facs, et d’éviter qu’elle affiche les taux sidérants d’échecs en première année de Licence — 60% de chute…
Franchement, elle s’ennuyait, Elisabeth Borne, à gérer sa retraite de Premier ministre ? Après Matignon, elle voulait essayer la rue de Grenelle ? Peut-être est-ce un jeu de chaises musicales, entre ministres, ou de comptine du furet — tu es passé par ici, tu repasseras par là.
Suggérons à François Bayrou de redonner du sang neuf et un vrai projet, à la rentrée. Quelque chose qui reconstruise l’Ecole pour les vingt ans à venir. Sinon, je vous le dis en vérité, les gilets jaunes reviendront — avec des fourches.
En collaboration avec la fondation Hilton, Vatican News publie une série d'articles sur l'action des religieuses, des contributions offertes par des sœurs présentes dans le monde entier. Dans cet épisode, nous nous intéressons aux sœurs du Bon Pasteur de la Divine Providence qui, sur le territoire polonais, soutiennent les femmes qui purgent des peines de prison non seulement spirituellement, mais également de façon très concrète dans leur vie.
La droite française, en quête d’honneur et de clarté morale, se débat entre soutien politique à Israël et malaise croissant face aux excès de sa politique à Gaza. Une tribune libre d’Alexandre de Galzain, journaliste à « Radio Courtoisie ».
Nous savons parfaitement que le texte d’Alexandre de Galzain va ulcérer plus d’un lecteur. Les idées qu’on ne partage pas, c’est souvent dur à supporter, y compris pour votre servante. Mais c’est notre boulot. Le nôtre et aussi le vôtre chers lecteurs. C’est la douleur de la liberté, pour paraphraser Alain Finkielkraut. Si nous ne voulons pas que le débat public soit transformé en concours d’invectives, chacun doit jouer le jeu et s’imposer de répondre à l’argumentation par l’argumentation. Face à la contradiction, certains ne connaissent que l’injure et la menace : ce sont les Insoumis, pas les lecteurs de Causeur. Ici, il n’y a pas de sujet interdit – et certainement pas la politique de Benyamin Netanyahou. Ne tournons pas autour du pot. Il y a chez beaucoup de juifs aujourd’hui une tendance à confondre critique et haine, désaccord et désaveu. Les juifs ont inventé la polémique ou, en tout cas, lui ont donné ses lettres de noblesse. Depuis des siècles, on s’empaille dans les yeshivots et synagogues – pas seulement pour des motifs théologiques d’ailleurs. Il serait désastreux que cette tradition se perde dans le buzz contemporain. Juif ou pas, cher lecteur, si votre premier mouvement est d’insulter Alexandre de Galzain (par exemple en le traitant d’antisémite), eh bien, attendez le deuxième ! Merci à tous • Elisabeth Lévy
Par réalisme, Maurras et les siens avaient suivi Drumont, Mussolini et Pétain. La droite mit un demi-siècle à s’en remettre. Par réalisme, nous avions suivi Assad et Poutine. Nous nous en relevons aujourd’hui à grand-peine, les mains encore un peu éclaboussées du sang de leurs crimes. Parce que nous sommes faibles, nous ne croyons encore qu’en la force et parce que la morale qui nous dirige aujourd’hui est mauvaise, nous rejetons en bloc toute morale. La droite commet une faute morale sur le sujet d’Israël dont elle aura bien du mal à se remettre, et qui entachera nos mains pour encore longtemps.
Le 7-Octobre, nous nous indignions justement du massacre commis par des terroristes aveuglés par la haine : dans un élan infâme de ressentiment vicié, le Hamas frappait au cœur d’Israël et déclarait la guerre. Justement, nous n’avons alors pas manqué de mots pour condamner cette violence inouïe qui avait déjà blessé notre patrie au plus profond de son cœur. Le lendemain, la gauche s’en prenait à Israël, responsable de ses propres plaies : son impérialisme valait bien mille deux cents morts.
Mensonges de la gauche
Les mois suivants, justement encore, nous soutenions Israël dans son combat contre ce Hamas qui opprimait le peuple dont il avait pris la gouvernance. La gauche, alors à tort, dénonçait un « génocide » qui n’avait pas lieu : elle était trop heureuse de se découvrir un nouveau combat, une nouvelle oppression contre laquelle lutter, un nouveau crime à des milliers de kilomètres. Surtout, ce qui est plus grave, elle a fait d’un crime une opportunité, d’une opportunité un combat, d’un combat une obsession, d’une obsession un électorat.
La gauche a dans le même temps créé et détruit sa nouvelle mystique.
Que la gauche cesse un peu de nous mentir, cela lui changera, en affirmant que son combat n’avait aucune visée stratégique ni électorale, que le droit et la justice internationaux lui tiennent tant à cœur, qu’elle n’est motivée que par une digne indignation devant l’horreur.
La gauche veut le vote et la mobilisation des musulmans. Les musulmans votent et se mobilisent quand les leurs sont attaqués. Les Palestiniens sont attaqués. Les Palestiniens sont les leurs. Il faut donc soutenir les Palestiniens pour obtenir le vote des musulmans.
Dans cette affaire, reconnaissons un peu plus d’honneur à Rima Hassan. Rima Hassan est dangereuse. Rima Hassan est de mauvaise foi. Rima Hassan ment. Rima Hassan se moque bien de la signification d’un mandat de « députée française au Parlement européen » accordé par notre peuple. Rima Hassan fait tout cela, mais Rima Hassan ne triche pas. Rima Hassan est Palestinienne, son peuple a vécu sa Catastrophe. Elle est immigrée par la faute de ces horreurs, elle défend l’honneur de son peuple. Rima Hassan ne joue pas à la Française d’origine immigrée, Rima Hassan s’en moque. Rima Hassan ne triche pas : elle clame, tant que la loi le lui permet : « Je ne suis pas d’ici, je ne serai jamais des vôtres et je défendrai les miens que vous opprimez. Alors je vous combattrai avec toutes les armes que vous me laisserez ».
Mais Rima Hassan n’est pas des nôtres, il ne sert à rien de la traiter comme telle. Nous ne parlons pas le même langage.
Images affreuses
Mais nous, nous avons triché, en plus d’avoir menti et d’avoir été de mauvaise foi. Nous avons tenté de faire croire que la gauche n’était pas sincèrement soucieuse du sort des Palestiniens alors que nous savions, alors que nous avons vu comme eux – sans doute moins qu’eux, mais nous avons vu – ces images affreuses d’enfants palestiniens massacrés, de bombes pleuvant sur une ville détruite, d’hôpitaux en ruines, de mères abattues et de pères hagards à force de deuils. Et alors, nous avons dit, presque goguenards : « ce n’est pas notre faute ! », en ajoutant, comme si notre mensonge n’était pas assez gros : « ils ne veulent même pas défendre ces gens, ils veulent simplement être élus ! » Sans le savoir, ceux qui clamaient cela à grands cris dans les journaux et sur les plateaux ne révélaient là que la profonde misère de leur esprit calculateur.
Mais n’allons pas trop vite, car dans notre naïveté première, nous fûmes honorables.
Je l’écrivais plus haut, nous n’avons pas hurlé au génocide quand il n’y avait pas de génocide. Nous n’avons pas justifié l’injustifiable, et sans doute pour des raisons manquant parfois de justesse, nous avons fait preuve parfois d’un admirable manque de réalisme en refusant de justifier la haine par la haine, la violence par la violence, la fin par les moyens. Comme les Résistants combattaient les nazis par la violence parce que le nazisme justifiait la violence, alors le même raisonnement a été appliqué à Israël. « Israël est un Etat génocidaire, Netanyahou un nazi circoncis, Tsahal les SS de Judée ! » entendait-on déjà si souvent dans la bouche de cette gauche stupide ou antisémite. Mais qui ne comprend pas aujourd’hui que si le colonialisme est un impérialisme, que l’impérialisme est un fascisme, que le fascisme doit être combattu par tous les moyens, alors Israël delenda est? Alors même que le génocide n’était pas là, on hurlait ce mot sans frémir, et on trichait pour mieux s’indigner. A ne séparer les violences que par degré et non par nature, on les place toutes dans la même corbeille, et la violence physique est justifiée par la violence sociale, et la violence verbale est justifiée par la violence symbolique.
Alors, la gauche avait tort, réellement tort d’avoir « raison » trop tôt. Il est aujourd’hui établi que le projet actuel de M. Netanyahou est d’épurer ethniquement la bande de Gaza – j’écris « épurer ethniquement » car je crois qu’il importe assez peu à M. Netanyahou que les Palestiniens vivent ailleurs, meurent sous ses bombes ou meurent de faim.
Pourtant, est-il seulement établi que le projet de M. Netanyahou en novembre 2023, en novembre 2024, en janvier dernier même, était cette même épuration ethnique ? Rien n’est moins sûr, et à dire vrai, sans doute que si l’Europe gardienne de la morale avait déclaré plus tôt qu’il fallait mettre fin à cette offensive, sans doute que si nous avions été justes et avions tenu une parole de vérité alors que M. Netanyahou commençait à s’aventurer trop loin, alors nous aurions sans doute pu prévenir la venue de ce nouveau but.
La gauche rappelle un peu ces économistes qui se sont faits une spécialité de prédire la crise économique mondiale pour l’année prochaine depuis quinze ans et qui, au bout d’un moment, finissent bien par avoir raison.
Reste-t-il encore un seul otage d’Israël aux mains du Hamas ? Il est probable que non, et M. Netanyahou s’en moque bien, et nous le savons. Le Hamas est terroriste, il l’a prouvé cent fois, mais est-il djihadiste, commet-il des attentats chez nous ? Nous savons bien que non.
Alors que savons-nous, en fait ? Ce que nous savons, c’est que des dizaines de milliers de Palestiniens dont beaucoup n’ont eu pour crime que d’être eux aussi otages de ce même Hamas sont morts sous les bombes de Tsahal. Nous savons qu’une famine, qu’une crise humanitaire a cours présentement sur cette mince bande de terre. Et alors quoi, Israël serait « l’armée la plus morale du monde » et il faudrait tout à fait lui faire confiance ? Mais que craint M. Netanyahou en empêchant toute aide humanitaire ? Que le peuple de Palestine lui lance le pain qui lui manque à la figure et que, par un pareil procédé, Tsahal essuie un revers militaire ?
Nul n’ignore plus qu’Israël veut désormais annexer tout le territoire gazaoui ; et d’ailleurs, Israël l’affirme lui-même par la voix de son gouvernement. Nous l’avons dit, ce n’est pas d’un génocide, mais d’une épuration ethnique qu’il s’agit. Chose d’abord singulière, mais surtout terrible : ce sont aujourd’hui les juifs qui condamnent un peuple à l’éternel exil.
Et alors, on devrait demeurer silencieux là encore ? Mais encore ceux qui professent l’isolationnisme n’y croient pas assez pour en faire là leur principal argument. En fait, ce qui motive avant tout aujourd’hui la droite dans la défense du gouvernement, rappelons-le, criminel, de M. Netanyahou, c’est avant tout l’avantage politique français qu’il en retire.
Nul doute que la lutte de la droite contre l’antisémitisme est aujourd’hui sincère : chaque jour, nous côtoyons cette même droite et nous pouvons l’affirmer. Oh, il y a longtemps, nous fûmes pour certains antisémites. Était-ce une minorité agissante, une majorité ? Ces antisémites l’étaient-ils d’Etat, de haine raciale, de peur ? Je n’en sais rien et au fond, peut-être bien que cela n’a pas d’importance : sur nos mains, nous avons récolté les gouttes du sang des juifs d’Europe que nous n’avons pas défendus, que nous avons parfois combattus. Heureusement, quelques hommes parmi les autres tentèrent de sauver notre honneur, mais il était déjà trop tard.
Depuis, nous avons avec toute la sincérité du monde lavé nos mains de ce sang. Nos esprits sont purs de tout antisémitisme, nos paroles vierges de cette haine. Le 7-Octobre fut ainsi l’occasion de le prouver, de montrer à la face de la France un visage libre et clair, d’offrir à nouveau au monde une droite affranchie de ses crimes du passé. Nul n’ignore plus que ni Mme Le Pen, ni M. Zemmour, ni les autres ne sont antisémites pour un sou.
Lutte contre l’antisémitisme pervertie
Mais aujourd’hui, la mystique anti-antisémite est plus que jamais pervertie par la politique.
Si effrayés d’être appelés maurrassiens, si apeurés d’être liés à Drumont ou à quelque autre horreur collaborationniste, nous avons choisi de nous boucher les oreilles sans voir que le sionisme n’était pas le judaïsme ainsi que les débats nés au temps d’Herzl auraient dû nous l’apprendre. Et qu’est-ce que le sionisme alors ? S’il s’agit du droit d’Israël à exister, nous le soutenons. S’il s’agit de l’expansion de cet Israël, du Grand Israël rêvé par le ministre Ben Gvir, nous devons le rejeter.
Il y a eu la peur du procès à notre encontre ; il y a aussi la jouissance de mener un semblable procès à nos ennemis politiques. L’antisémitisme a toujours existé à gauche et il existe encore. Et comme ce procès nous a été fait, et comme il a longtemps fonctionné même de manière injuste contre nous, d’aucuns adoptent comme stratégie de le reproduire. Oh ! nous avons bien raison de dénoncer encore aujourd’hui l’antisémitisme de certains : il fait aujourd’hui peu de doutes que M. Portes, M. Guiraud, M. Caron, Mme Obono voire M. Mélenchon ont à tout le moins développé quelques acoquinages honteux avec cette rhétorique. Mais il y a un fossé entre ces attaques légitimes et ces méthodes de déshonneur par association, de catégorisation absolue, d’anathèmes et d’impensée totale. Nous nous plaignions autrefois de l’injuste sort réservé à notre camp parce que certains étaient antisémites : qui ne comprend pas aujourd’hui qu’en répétant, et donc avalisant, les mêmes stratégies, celles-ci finiront inévitablement par nous revenir dans la face ?
Une autre justification de la droite dans sa défense inconditionnelle d’Israël, c’est qu’elle défend les juifs de France contre les musulmans de France. Les premiers ont pris fait et cause pour Israël, les seconds pour la Palestine – en grande majorité du moins, semble-t-il – et alors que la droite combat, avec justesse, l’islamisation de notre pays, défendre Israël contre la Palestine, c’est s’opposer aux musulmans. Bien sûr, le lien entre violence politique, fondamentalisme islamique et soutien au Hamas n’est plus à prouver. Pourtant, nous ne pouvons que déplorer que toute lutte pour la défense du peuple gazaoui soit assimilée à une lutte pour le Hamas, à une lutte de gauche, à une lutte antiraciste ou décoloniale – dans le sens que la gauche leur a accordé en tout cas –, à une lutte antijuive, à une lutte de ces humanistes qui n’aiment défendre les peuples lointains que pour ne pas avoir à défendre le sien. On peut défendre le peuple gazaoui noyé sous les bombes israéliennes en rejetant le Hamas, en étant de droite, en n’adhérant pas aux combats de la gauche, en défendant les juifs et en aimant son peuple, sa terre et ses morts.
On apprend depuis quelques jours qu’Israël et l’Iran sont en conflit ouvert, qu’Israël a bombardé têtes du régime et civils avant de subir une semblable riposte. Et voilà que M. Netanyahou se plaint des frappes qu’il subit. Dans sa bouche, devant l’Occident, le voilà qui affirme qu’Israël serait le rempart de la civilisation face à la barbarie, que « l’armée la plus morale du monde » serait aussi notre bouclier, qu’Israël se battrait en fait pour nous. Mais quand donc le terrorisme iranien a-t-il frappé la France ? Quand donc Israël s’est-il battu pour autre chose que lui-même ? Nous ne le lui reprochons pas d’ailleurs, mais enfin, que la droite cesse d’affirmer bêtement qu’Israël « fait le travail que nous ne voulons pas faire » : M. Netanyahou combat l’Iran comme M. Assad combattait l’Etat islamique – c’est-à-dire qu’il fait face aux conséquences dont il est partiellement responsable et que ce combat sert bien son maintien au pouvoir.
L’Israël de M. Netanyahou, bouclier de la civilisation occidentale, de la chrétienté ? La belle affaire ! Il a été établi que M. Netanyahou finançait l’Etat islamique à Gaza contre le Hamas, qu’il finançait l’Azerbaïdjan contre l’Arménie, qu’il méprisait et insultait les chrétiens autochtones ! Ah, et quel beau gardien de la morale que celui qui massacre femmes et enfants par milliers, qui met en péril la sécurité du monde par ses nouvelles offensives ! On me répondra que l’Iran était un danger pour le monde entier : chacun sait que c’est faux, que les mollahs oppriment ignoblement leur peuple, mais qu’ils n’ont jamais représenté la moindre menace pour l’Occident.
L’aveuglement volontaire de la droite de la situation israélienne est particulièrement préjudiciable en cela qu’elle refuse de comprendre que l’intérêt de M. Netanyahou réside en sa propre personne. Ce politicien corrompu, que toute la France abhorrerait si elle devait subir son règne, n’a pour but que d’échapper à la prison qu’il mérite tant. Comme la gauche se montre bien plus conciliante envers les dictatures de son camp, la droite fait de même et s’aveugle « par réalisme ». Mais quel réalisme est celui qui entache nos mains de sang, qui oublie deux mille ans de morale et de civilisation pour un simple intérêt politique temporaire ? En vérité, le camp de la morale est bien plus ardu à défendre que celui, court-termiste, du réalisme.
Si nous ne voulons pas répéter l’erreur que nous fîmes avec Poutine, Assad ou d’autres autrefois, il ne reste à la droite qu’une voie : celle de l’honneur. La voie de l’honneur aujourd’hui est simple : condamner sans équivoque la politique de M. Netanyahou, défendre le peuple gazaoui, cela sans jamais verser dans les erreurs et excès de la gauche que nous avons décrits. Dans toutes les rédactions de droite, du Figaro à Frontières en passant par CNews ou Valeurs Actuelles ; dans tous les partis politiques de droite des Républicains au Rassemblement national en passant par Reconquête, j’ai entendu pester contre les excès d’Israël, contre les excès de ce sionisme débridé, contre les massacres en cours à Gaza. Nous sommes nombreux à être révoltés devant le spectacle de mensonges et d’omissions en cours sous nos yeux. Nous sommes nombreux, levons-nous. A l’honneur de la droite manque encore le courage. Espérons qu’elle le trouvera.
L’heure est venue du grand ressassement. ChatGPT est un ennemi mortel.
C’est la nature singulière, originale, imprévisible de l’acte d’écriture que menacent d’effacer aujourd’hui les robots conversationnels comme Chat GPT. N’écrivez plus, ne créez plus ! Nous disent-ils. Recopiez ! N’inventez plus ! Vous feriez de toute façon moins bien, moins riche, moins séduisant. Acceptez l’insigne médiocrité de votre mise en mot singulière et inclinez-vous plutôt devant la quantité impressionnante des data et la puissance stupéfiante des algorithmes qui les sélectionnent et les agencent afin que vous soit livré un résultat sans aspérités ni surprises.
Masse informe
Surtout, surtout ne rêvez plus « d’inécrit » ; n’imaginez pas que vous puissiez jamais écrire ce que jamais personne n’a écrit, penser ce que jamais personne n’a pensé, transmettre ce que jamais personne n’a transmis. Tout est déjà écrit et stocké ; l’heure est donc venue du grand ressassement. Et si, par un hasard « malencontreux », émergeait de la triste banalité une idée inédite, une proposition originale, une image audacieuse ou une innovation scientifique elle ne serait en aucun cas offerte à la discussion collective, au questionnement et à la critique, alimentant ainsi l’intelligence collective. Elle se fondrait illico dans la masse informe des data prête à être débitée pour combler nos désirs étiquetés. L’espoir de laisser par l’écriture la trace d’une pensée à nulle autre pareille est ainsi dénoncé par cette machine totalitaire.
Plus grave encore, l’espérance d’une continuité spirituelle défiant notre disparition matérielle, qui est au cœur même de la création de l’écriture, est aujourd’hui menacée. La création de l’écriture a été tardive dans l’histoire de l’humanité (il y a quelques milliers d’années seulement) ; alors même que la construction du langage était depuis longtemps engagée. La nécessité d’assurer une continuité spirituelle ne put en effet se manifester que lorsque l’intelligence humaine osa enfin regarder la mort en face. Par le génie de l’écriture, un être humain décida de confier à un autre, qu’il ne connaissait pas, une trace de son esprit, en espérant que cette trace serait reçue quand lui-même, ne serait plus. C’est donc dans des mots envoyés au plus loin de lui-même que l’Homme trouva la meilleure défense, le meilleur abri contre la « terreur de la dilution ». Lecture et écriture portent ainsi ensemble ce que j’appellerai la « résistance existentielle ». Lire et écrire sont en ce sens absolument indissociables : « lire, c’est répondre fraternellement à l’appel désespéré de l’écriture ». L’espoir d’une immortalité spirituelle gravée mot après mot, phrase après phrase risque de changer de camp.Il peut passer du côté de la machine et l’Homme démuni risque d’être voué sans recours à la dilution. De ce point de vue, Chat GPT est notre ennemi juré ; il faut le combattre et lui interdire d’écrire et de penser à la place de nos élèves.
Lui permettre, sous prétexte de modernité, d’entrer dans les classes, serait accepter que progressivement l’écrit tombe sur les épaules courbées d’élèves inconscients qu’on leur vole ainsi une part essentielle de leur humanité. Ils seront soulagés d’être dispensés de toute attente, de tout délais imposés par un tâtonnement souvent laborieux qui les exaspèrent et pourraient les mettre dans une colère souvent rentrée et paralysante. Pour la plupart, ces élèves rendus fragiles par cette machine infernale, deviendront incapables de faire l’effort de construire eux-mêmes des réponses par le récit, par le dialogue et par l’argumentation. Savoir, oui ! Apprendre à construire eux-mêmes malgré leurs doutes et leurs inquiétudes, non !Ce « temps de débat interne » ferme et serein qui est nécessaire à la mise en mots écrits d’une réflexion, provoquera chez ces élèves d’un nouveau type la dispersion et la déroute. Ils vivront cette obligation comme un vide, comme une faille, parce que le doute, l’incertitude et la distance seront devenus pour eux trop douloureux pour pouvoir stimuler l’activité de penser. Au lieu de ressentir l’anxiété légère et normale que provoque naturellement le fait de ne pas avoir encore écrit, c’est une terrible frustration qui les envahira quand il faudra associer, faire des liens, en un mot… écrire contre soi-même et contre l’Autre. Piégés dans un univers où le trivial le dispute au superficiel et le prévisible à l’imprécis, les élèves chemineront sur la voie de la passivité car ils se seront habitués à se contenter de réponses immédiates, évidentes et définitives. Voilà ce que nous promet l’usage scolaire de CHAT GPT.
« La ligne de Glucksmann se rapproche plus du macronisme de 2017 que du Nouveau Front populaire de 2024 », critique poliment dans la presse Manuel Bompard, l’un des principaux lieutenants de Jean-Luc Mélenchon. Mais en coulisses, les cadres de La France insoumise sont convaincus que le populisme démagogique et la force de frappe rhétorique de leur chef écrabouilleraient le leader de Place publique dans l’hypothèse d’une primaire à gauche.
S’il y a bien un homme que j’estime à gauche, c’est Raphaël Glucksmann, qui caresse de plus en plus l’idée de se présenter en 2027, au nom de « Place publique », et pour vaincre Jean-Luc Mélenchon. Et j’ai peur pour lui.
La politique, c’est un métier
Quand un de ses proches déclare « qu’il ne faut pas avoir peur de se faire défenestrer par La France insoumise » à Carl Meeus du Figaro Magazine, il énonce sur un mode positif ce qui risque d’être au contraire le sort de Raphaël Glucksmann dans cette joute à venir que je perçois comme très inégale. Dans le rapport de force qui pourrait s’annoncer au sein de la gauche et de l’extrême gauche, je crains que Glucksmann, aussi estimable qu’il soit, malgré sa conviction qu’il a su faire sa mue de l’intellectuel engagé au politique partisan, soit handicapé par sa finesse et son honnêteté mêmes.
Face à l’instinct de tueur de Jean-Luc Mélenchon qui ne fera pas de quartier, pas plus dans la mouvance LFI qu’à l’égard des candidats kamikazes déclarés comme François Ruffin, et encore moins contre des personnalités comme celle de Raphaël Glucksmann, qui résistera ? Raphaël Glucksmann me paraît assurément relever du registre suscitant le plus de détestation de l’autocrate Mélenchon : une forme de morale tentant de faire oublier sa possible faiblesse derrière un verbe belliqueux. Avec la crainte, pour tous ceux qui apprécient Raphaël Glucksmann et la constance de son combat et de son opposition aux idéologies extrémistes, que sa posture jure avec ce qu’il semble être véritablement. Et notamment sa noble inaptitude à proférer n’importe quoi en le qualifiant de vérité. Sa confiance en lui-même, tellement réduite par rapport à l’arrogance d’exister de Mélenchon, ne le conduira jamais à mon sens à se préférer à une lucidité même préjudiciable à sa cause.
Rouleau compresseur
Quand on évoque « entre Glucksmann et Mélenchon, le match qui vient à gauche » (Pierre Lepelletier dans Le Figaro), comment passer sous silence la formidable oralité du second et l’intelligence argumentative du premier ? Celle-ci, aussi convaincante qu’elle puisse être dans un monde urbain et civilisé, pourrait se trouver fragilisée par un rouleau compresseur de concepts, d’affirmations, de provocations, se souciant comme d’une guigne de la pertinence au bénéfice de l’efficacité.
Ce n’est pas à dire que Raphaël Glucksmann n’aurait pas certains atouts face à l’épouvantail Mélenchon mais si je confirme avoir peur pour lui, c’est que je mesure à quel point ses vertus pourraient être précisément son handicap.
Il n’empêche que dans un univers politique qui me permet l’objectivité de la distance, je salue, par avance, la victime de qualité que sera Glucksmann face au bourreau Mélenchon.
En 2018, l’islamologue Ralph Ghadban déclenche une onde de choc avec Arabische Clans, la menace sous-estimée. Son enquête explosive sur les dynasties criminelles arabes, qui règnent sur des quartiers de Berlin et au-delà, le place sous protection policière. Au-delà du crime, le clan Mhallami, galvanisé par Al-Ahbash, organisation islamiste rivale des Frères musulmans, porte un projet politique sinistre : imposer un califat en Europe.
À Berlin, les nouveaux seigneurs du crime parlent arabe
Tarek, membre d’un Arabische Clan berlinois et vendeur de coke, lâche à Ralph Ghadban : « L’État allemand ne m’intéresse pas. On suit nos propres règles. Sinon, on ne ferait pas toute cette merde. »[1] Le ton est clair, la mentalité aussi.
Dans son livre, Ghadban tirait le signal d’alarme. Les barons arabes tissent leur toile, et la France est à présent en première ligne.
Le 25 novembre 2019, Dresde plonge dans le noir. Un incendie volontaire grille un transformateur près du musée Grünes Gewölbe, désactivant les alarmes. Des cambrioleurs s’infiltrent, emportent des bijoux du XVIIIème siècle, dont un diamant de 49 carats, et disparaissent sans laisser de trace[2].
En mars 2017, Berlin vit un autre coup retentissant : une pièce d’or de 100 kg, d’une valeur de 4 millions d’euros, est volée au musée de Bode. Trois hommes, armés d’une hache, fracassent une vitre, chargent le butin dans une brouette et s’éclipsent.[3] Ces casses mènent au clan Remmo, un poids lourd de la pègre libanaise en Allemagne. Les autorités contre-attaquent fort : plus de 1 600 agents mobilisés, des perquisitions à tout va. En janvier 2019, trois membres du clan Remmo, jugés pour le vol de Berlin, sont acquittés. En novembre 2020, Wissam Remmo est condamné pour le casse de Dresde, mais d’autres suspects restent introuvables.
L’Allemagne découvre enfin ce que beaucoup préféraient alors ignorer : des grandes familles kurdes, palestiniennes et libanaises — les Remmo, Al-Zein, Ali-Khan, Chahrour, Miri… — ont pris le contrôle du crime organisé dans plusieurs grandes villes, de Berlin à Francfort. Leur arsenal ? Vols, trafic de drogue, extorsion, proxénétisme, blanchiment d’argent. En 2018, la police berlinoise frappe un grand coup en saisissant 77 biens des Remmo, une famille libanaise appartenant au groupe ethnique des Mhallami, pour 10 millions d’euros. Mais ce coup de filet reste dérisoire face à un empire qui semble à présent inébranlable.
Les Mhallami, la fracture invisible de l’Allemagne
Les Mhallami, des Kurdes arabisés originaires du sud-est de la Turquie et du nord de la Syrie, ont trouvé refuge au Liban dès les années 1920, chassés par la misère et les persécutions. Marginalisés dans les quartiers pauvres de Beyrouth ou Tripoli, ils ont fui la guerre civile libanaise (1975-1990) pour atterrir en Allemagne, souvent via des chemins clandestins avant la réunification.
Descendant de peuples nomades, cette diaspora obéit à une loi immuable : le clan prime sur tout. Ce qui se trouve en dehors, en l’occurrence l’Allemagne, n’est perçu que comme un espace à piller et à dépouiller sans la moindre retenue. Pour eux, le pays hôte est un territoire ennemi qu’il faut dominer et conquérir afin d’assurer la survie du groupe. Refusant toute intégration civique, avec des taux de chômage oscillant entre 80 et 90%, ils rejettent systématiquement les emplois soumis à des cotisations, de peur de voir leurs allocations sociales disparaître. Ces aides de l’État allemand (aide au logement, allocations familiales, aide à l’ameublement et à l’habillement…), loin d’être perçues comme un soutien temporaire, sont assimilées à un revenu de base acquis.
Le clan des Mhallami, une communauté de 100 000 individus issus de mariages claniques endogames, constitue une sorte d’État parallèle, exerçant une influence dominante dans certaines régions d’Allemagne. Dans leurs zones d’influence, les interventions policières nécessitent au minimum deux véhicules de patrouille, souvent appuyés par des hélicoptères, pour éviter d’être submergées par des groupes hostiles. La crainte des juges conduit fréquemment à la remise en liberté des accusés, à l’image d’Ibrahim, leader Mhallami d’une guérilla ayant blessé 24 agents de police, libéré en raison d’un prétendu « stress émotionnel extrême ».
Les écoles allemandes sont également sous forte pression à cause des Mhallami. Chez eux, une fatwa interdit aux filles de s’éloigner, lors des sorties scolaires, au-delà de ce qu’un dromadaire peut parcourir en une journée – soit environ 80 km. Les familles lancent des poursuites judiciaires contre les établissements qui proposent aux filles des cours de sport, de natation ou d’éducation sexuelle. On apprend aux enfants à ne pas serrer la main des instituteurs et les réunions parents-profs sont boycottées pour éviter tout contact avec les « kouffars ». Les écoles, dépassées, embauchent des médiateurs turcophones pour tenter de calmer le jeu, mais rien n’y fait. Et si un gamin Mhallami se dispute dans la cour de récré ? Ses grands frères rappliquent, frappent les autres élèves, les profs, les directeurs et finissent enfin par démolir les classes.
Al-Ahbash : l’islam politique en embuscade
Les Mhallami, ni Libanais, ni Turcs, ni Allemands, s’appuient sur un islam rigoriste pour façonner leur identité et structurer leur communauté. Leur allégeance va d’abord au clan, mais l’islam en est le pilier. La diyya, compensation financière traditionnelle destinée à régler les conflits, occupe une place clé, mais chez eux, ces fonds profitent à Al-Ahbash, mouvement islamique libanais fondé en 1983 par le cheikh éthiopien Abdullah Al-Harari. Se distinguant des salafistes et des Frères musulmans, Al-Ahbash promeut un islam « modéré » et le respect des autorités. Fortement soupçonné dans l’enquête sur l’attentat de 2005 qui a tué le premier ministre Rafic Hariri[4] et 21 autres personnes, Al-Ahbash n’a jamais été condamné, les preuves manquant.
Cette façade de tolérance a séduit les autorités allemandes, lassées des Frères musulmans. Ces derniers, implantés à Munich depuis 1958 par Saïd Ramadan, gendre de Hassan al-Banna, ont longtemps été des interlocuteurs privilégiés du dialogue interreligieux. Mais leur mainmise sur les financements publics et les chaires universitaires, ainsi que leur silence lors de controverses comme le retrait des crucifix des écoles en 1995 ou le débat sur le voile en 2003, ont révélé leur agenda doctrinaire. Trop visibles, trop revendicatifs, les Frères ont perdu la confiance des autorités. Al-Ahbash, avec son image de modération, a pris le relais.
À Berlin, la mosquée Omar, siège européen d’Al-Ahbash, reçoit des visites officielles régulières. Les Mhallami, discrets mais généreux, alimentent ses caisses via la diyya et d’autres dons. Selon Ralph Ghadban, ce système n’est pas anodin : il finance un écosystème islamique destiné à poser les bases d’un futur califat en Europe. Alors que l’Allemagne s’enlise dans le débat sur le halal dans les cantines, Al-Ahbash étend discrètement son emprise vers la France, où son bras armé, l’APBIF (Association des Projets de Bienfaisance Islamique en France[5]), est actif depuis les années 1980.
L’APBIF en France : le cheval de Troie islamiste
Dans les années 1980, l’APBIF débarque à Montpellier ; elle est accueillie par une Église catholique naïve dans un élan de dialogue interreligieux, à une époque où la ville manque cruellement de mosquées. Un geste généreux ? Peut-être, mais en 2004, quand le diocèse réclame ses locaux, l’APBIF refuse de partir, lançant un bras de fer judiciaire qui fait grand bruit.[6] À sa tête, le cheikh Khalid Elzant, prédicateur libanais venu islamiser la francophonie, mais dont le parcours est loin d’être sans heurts. Envoyé à l’Île Maurice entre 2010 et 2015 pour « réislamiser » la mosquée Al-Aqsa, la plus ancienne de l’île, Elzant se retrouve au cœur d’une enquête après des propos jugés blasphématoires par le vice-premier ministre Showkutally Soodhun. Résultat : visa révoqué et expulsé manu militari.[7] De retour en France, Elzant s’installe à la mosquée de Limoux, où il continue son œuvre via un podcast YouTube, diffusant sa version rigoriste de l’islam à une audience francophone.[8]
L’APBIF s’appuie sur des relais culturels pour toucher les jeunes. Le rappeur Kery James, aujourd’hui connu pour être le réalisateur de Banlieusards, incarne cette influence. Converti à l’orthodoxie ahbashienne, il rejette les instruments de musique « impurs » (instruments à vent et à corde) et incite ses fans à se former dans les centres APBIF. Ses débuts, marqués par des textes provocateurs comme « Hardcore » (1998) (« Hardcore, deux PD qui s’embrassent dans la rue » / « Hardcore, sera la reconquête de la Palestine » / « Hardcore, comme si j’faisais sauter une bombe à Disneyland »), ont cédé la place à une posture de guide spirituel. Dans la galaxie de l’APBIF, on retrouve également Abd Samad Moussaoui, frère de Zacarias Moussaoui – surnommé le « 20ème pilote de l’air » et condamné pour son rôle dans les attentats du 11 septembre. Le sociologue Samir Amghar souligne que les sœurs Alma et Lila Lévy — exclues en 2003 d’un lycée d’Aubervilliers pour leur voile, dans une affaire médiatique retentissante — ont elles aussi fréquenté l’APBIF[9].
La France, premier pays musulman d’Europe avec une projection de 8,6 millions de fidèles[10] en 2050, n’est pas un terrain choisi au hasard : elle est ciblée délibérément comme base stratégique pour y implanter, à terme, un califat. Munich pour les Frères musulmans, Berlin pour Al-Ahbash et leur relais français, l’APBIF : ces organisations diffusent un islam politique rigoriste, infiltrant quartiers et institutions sous le masque du dialogue interreligieux. Pendant que l’État ferme les yeux, ce cheval de Troie avance, menaçant l’intégrité même de la République. Jusqu’à quand la France restera-t-elle aveugle ?
RalphGhadban. Arabische Clans: Die unterschätzte Gefahr. (en allemand) Ullstein Taschenbuch, 2019. 303 pages.
« La France doit cesser d’être un figurant du show perpétuel de Donald Trump ». C’est au tour de Bruno Le Maire d’y aller de sa leçon de choses géo-politico-morale, dans une tribune du Figaro[1](4 juillet). Épouvantail et exutoire, Trompe le Maudit aurait ce mérite de nous ouvrir les yeux, de nous remettre les pieds sous terre. Le « réel » est à la mode. Terminé, les naïvetés de Bisounours et rêveries des promeneurs solidaires ? Voire… À Zuydcoote, sur les plages, les pages, dans la sueur et le babeurre, Bruno Le Maire défend La Voie française, se débat. Daladier se prend pour Churchill. Naufrageurs insubmersibles, indécrottables champions du prêchi-prêcha, nos politiques sont incapables de mea-culpa, de se confronter à un réel qui les dépasse, les écrase.
Chasser l’irréel, il revient au galop
« Le réel, ce sont des menaces nouvelles à nos frontièresqui appellent des dépenses militaires à la hauteur des enjeux stratégiques… des capacités nucléaires iraniennes simplement endommagées…les souffrances infligées à Gaza…la progression des troupes russes en Ukraine… des surcapacités chinoises qui font courir un danger de mort à nos industries…
La vocation de la France est de rassembler les forces européennes au service d’un travail politique et diplomatique qui seul donnera des résultats durables. Ce combat, elle doit le mener en convainquant ses partenaires européens de sortir de leur fascination infantile pour des États-Unis qui nous ont clairement signifié, de Barack Obama en passant par Joe Biden, notre congé du monde.Tant que les Européens verront dans le président américain un « Papa », ils resteront des enfants…
Les choses bougent… Mais tout va encore trop lentement. Tout est trop faible. Donc : arrêtons de regarder le show, défendons nos intérêts vitaux… Il est temps que les Européens se comportent en adultes, élargissent leurs alliances à de nouveaux partenaires, rassemblent leurs forces économiques, financières, scientifiques, qui sont immenses… ».
La vocation de la France est de lutter contre la distraction du monde. Le show perpétuel de Donald Trump est opportuniste et erratique. Il fait un mauvais usage de l’impressionnante domination militaire et technologique des États-Unis – car il crée du désordre plus qu’un nouvel ordre. Aucune nation européenne ne peut le suivre sur ce terrain. Le réel reprend toujours ses droits. Il nous appartient de le prendre en main. Vite, et fort ». Quand les borgnes sont franchis…
Yakafocon. Un vide sidéral, l’anaphore hollandaise, les antiennes de circonstance, des incantations macroniennes, flottent dans un court-bouillon de truismes. Aucune proposition concrète, originale, réaliste pour sortir de l’ornière. La vérité, Bruno, tu nous fais de la peine ! Comment un politique galonné, énarque, major de l’agrégation de Lettres modernes, peut-il aligner autant de platitudes, être aussi naïf et superficiel ? La cerise sur le gâteau de yaourt ce sont les 7 ans, 4 mois et 4 jours que Bruno Le Maire a passé à la tête du ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Les délices de l’hétérotélie : Coué qu’il en coule, La Vérité si je mens.…
La réalité dépasse l’affliction
« La vocation de la France, fille aînée des Lumières, est de regarder ce réel en face ». Le ministre se suce la langue et oublie Héraclite. Ni le soleil, ni la mort, [ni la vérité, en France] ne peuvent se regarder en face. La vérité, c’est que nos politiques prennent les mots pour des faits, que Marianne a passé l’âge des vocations, des Lumières, des miroirs, du réel et du rimmel. Chaos debout, dé(cons)truite, aux outrages, elle s’en va, à crédit, à vau-l’eau. Les Regrets, mensonges et naïvetés ne changent rien à l’affaire. Marianne se meurt, Marianne est morte.
Le réel, c’est un pays en pleine crise de nerfs, gangréné par les rezzous sociaux, le communautarisme, l’islamo-hystéro-trotskysme attisés par Dominique de Mélenchon de Villepinte, le bateau ivre d’une dette colossale, les clapotements furieux des monnaies, une industrie en cessation des paiements, toujours plus d’impôts, le recrutement d’un million de nouveaux fonctionnaires depuis 25 ans, alors que l’on prétend assainir les finances publiques.
Le réel, c’est l’écroulement de notre système éducatif, l’école des fans de Bourdieuseries, les consignes aux correcteurs du Brevet et du Bac pour maquiller le naufrage. C’est la Culture minée, non par les coupes budgétaires, mais par la nullité de ses ministres, les batailles d’Hernani.que, les Franciscains de Cour d’Honneur, avides de présidences, prébendes et subventions. Ce sont les apparatchiks de l’audiovisuel public, planqués dans leur roue de fromage avenue du Président Kennedy, qui reniflent et pourchassent le réac dans l’attente du Grand Soir. C’est le Chant des Partisans du Festival de Cannes, les rentiers des avances sur recettes, Fédayins Bella Ciao sous contrat Lancôme. Une pierre à la main ils guettent le sommet, de l’autre ils font l’aumône. Leurs aides de géant les empêchent de voler.
Le réel, hors-les-murs, dans le concert des nations, c’est la France et l’Europe qui dégringolent de la Champions League en National 3, en une décennie. Notre congé du monde, personne ne nous l’a signifié. Il était acté, logique, attendu. Il ne faut ni accuser, ni rien attendre des Yankees, des Chinois, des Russes, d’alliances imaginaires, alliés lilliputiens. Les défaites ne sont jamais étranges. Les Européens, les Français, leurs élites, Bruno Le Maire, sont seuls responsables de nos malheurs. Depuis cinquante ans, ils vivent hors-sols, dans les illusions, bons sentiments, la Com, la politique du chat crevé au fil de l’eau. Au royaume des belles idées, les faits n’ont pas d’importance. « Le plus grand dérèglement de l’esprit c’est de croire les choses parce qu’on veut qu’elles soient et non parce qu’on a vu qu’elles sont en effet » (Bossuet).
Bruno Le Maire en appelle au réel. La vérité, c’est qu’il le craint et l’esquive. La vérité c’est que le réel Bip Bip a dépassé et cornérisé Bruno Coyote. À bout de souffle, en suspension au-dessus du précipice, le Canis latrans gesticule, mouline des jambes pour essayer de retarder le moment fatal, le crash tout au fond du ravin. That’s all folks ! Bercy patron.
Cette 112e édition du Tour de France qui s’est élancée samedi à Lille – et qui a donné lieu à une aussi surprenante que tendue première étape, usante mentalement pour bien des coureurs (voir encadré : Une première étape qui promet) – ne fera aucune incursion à l’étranger, contrairement à une tradition séculaire bien ancrée.
Le dernier confinement du Tour à l’intérieur de ses frontières naturelles remontait à seulement 2020 – c’était pour cause de Covid et il s’était disputé en septembre et non juillet – jusqu’alors, ses fugues hors de celles-ci étaient systématiques.
Bien que 100% hexagonal cette fois-ci, est-ce que le Tour mérite encore d’être dit « DE » et non « EN » France et, dans ce cas, le mot tour prenant le sens de virée ? Il ne s’agit pas d’un simple et futile pinaillage sémantique.
À peine née, la Grande Boucle a manifesté une appétence certaine pour l’étranger au point de devenir atavique. Cette internationalisation l’a conduit à ne plus visiter des pans entiers du territoire national au point que son parcours se réduit désormais à ne fréquenter en règle générale qu’une moitié de la France en alternance, une année l’est, l’autre l’ouest, ou un grand sud, négligeant le plus souvent le nord. Les Alpes et les Pyrénées restent cependant incontournables car sans elles il ne serait plus ce qu’il est : une épopée populaire que rien n’érode, notamment les scandales liés au dopage.
Quand l’Alsace-Lorraine était allemande
En tout, dans son histoire, le Tour cumule 188 escapades hors frontière, certaines pouvant aller jusqu’à trois étapes, comme ces trois dernières années, en 2022 au Danemark, en 2023 en Euskadi (Pays basque espagnol) et en 2024 en Italie. La prochaine édition s’élancera de Barcelone et la suivante d’Édimbourg. Ainsi ce retour à la mère-patrie n’aura été qu’un intermède…
Sa première incursion à l’étranger date de 1906 alors qu’il n’avait que quatre ans d’existence. Son créateur, Henri Desgranges, était ce qu’on dirait aujourd’hui un souverainiste de droite. Depuis 1871, l’Alsace et la Lorraine étaient allemandes. Ce qu’il n’acceptait pas. Pour marquer symboliquement qu’elle était française, il fera parcourir au peloton 70 km en territoire annexé. Les quatre années suivantes, Metz, sous tutelle germanique, sera même ville étape. Il est surprenant que Berlin ait autorisé cette manifestation d’irrédentisme affichée. Le Tour ne reviendra en Allemagne qu’en 1964 pour célébrer le traité de réconciliation entre les deux pays signé l’année précédente.
Le Tour a toujours entretenu un discret concubinage avec la politique. Ainsi, en 1992, pour célébrer la signature du traité de Maastricht, bien que parti de Saint-Sébastien, au prix d’un long transfert, il traversera les six pays fondateurs de l’Europe (France, Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Luxembourg et Italie). L’Espagne avait adhéré sept ans plus tôt à l’Union européenne.
En 1994, les quatrième et cinquième étapes seront courues en Angleterre à l’occasion de l’inauguration du canal de la Manche. Vingt ans plus tôt, le Tour y avait fait une incursion d’une journée, le temps de disputer une boucle autour de Plymouth. La Grande-Bretagne avait adhéré à l’Union européenne l’année précédente. Enfin, en 1998, il se rendra en Irlande, le dernier membre de l’Europe où il ne s’était encore rendu, scellant de la sorte sa prétention à être autant européen que français.
Un détour au pays de Franco
Mais le pays qui a eu sa prédilection, c’est la Belgique. Il l’a visitée 50 fois (soit presque la moitié des éditions), vient ensuite la Suisse 37, puis l’Espagne 23. C’est en 1949 qu’il a pour la première fois franchi les Pyrénées malgré un franquisme à son apogée. Avec 18 visites, l’Allemagne ne vient qu’en quatrième position, et ce en dépit de l’amitié entre les deux pays.
En même temps, la Grande Boucle n’a pas boudé les micro-états. Le Luxembourg l’a accueillie à neuf reprises, Monaco à sept, Andorre à six, et San Marin une fois, l’an dernier. Ne manque que le Liechtenstein.
La vocation européenne du Tour est devenue patente dès 1947, après une interruption de sept années due à la Seconde guerre. Pour cette reprise, la deuxième étape s’est terminée à Bruxelles et la troisième à Luxembourg. Il reviendra en Belgique chaque année jusqu’en 1972, ce qui a frisé l’annexion.
Cette vocation sera confortée en 1954, avec le premier départ de l’étranger, à Amsterdam. Depuis il a renouvelé l’expérience 26 fois, soit un départ sur quatre et cette tendance s’accélère tant la demande des pays voisins (voire lointains comme ce fut le cas avec le Danemark) à accueillir cet événement est forte. La raison en est simple : le Tour est retransmis dans 190 pays, autrement dit dans toute la planète, l’ONU comptant 193 membres. Il y a une bonne décennie, il fut même question qu’il parte de New York.
Ce n’est pas notre faute si la France a une situation géographique exceptionnelle…
Cette européanisation, à la différence des deux autres grands tours, le Giro et la Vuelta, a été favorisée par la situation géographique de la France qui est entourée de huit pays si on compte l’Irlande et la Grande Bretagne, à la différence des deux autres qui ne partagent respectivement que trois et deux frontières.
La conséquence s’est immanquablement répercutée sur le parcours. Le Tour n’épouse plus les contours de l’Hexagone depuis le milieu des années soixante. Et l’édition de cette année est la quintessence de cette logique évolution. Son itinéraire se résume à une diagonale nord-sud avec un crochet à l’est pour ne pas faire d’infidélité aux Alpes. Les villes à la fois arrivée et départ ont disparu. Dès lors la journée d’un coureur commence par un transfert en bus vers la ville départ… Nous y reviendrons.
Cette internationalisation géographique s’est aussi accompagnée d’une forte internationalisation humaine. Nous y reviendrons aussi un peu plus tard, notamment lorsque nous évoquerons les raisons qui font qu’aucun Français ne l’a remporté depuis la victoire de Bernard Hinault il y a 40 ans. Au départ de Lille, vingt-sept nationalités y étaient représentées. Avec 38 coureurs, 20% de l’effectif, la France disposait du plus fort contingent mais aucun vainqueur potentiel.
Une première étape qui promet Cette première étape du Tour, une boucle de 184,9 km autour de Lille, n’a pas été une formalité. Certes la victoire est revenue comme prévu à un sprinteur, le Belge Jasper Philipsen, 28 ans, de l’équipe Alpecin-Decenninck, emmené de main de maître par le petit-fils de Raymond Poulidor, Mathieu Van der Poel, et premier maillot jaune. L’équipe de Jonas Vingegaard, Visma-Lease a bike, a annoncé la couleur d’emblée : elle est venue pour gagner et mener la vie dure à ses rivaux, notamment Tadej Pogacar. Second l’an dernier, Vingegaard a été « plein d’audace », comme l’a écrit L’Equipe. D’entrée de jeu, il a été offensif, provoquant un premier écrémage et il a rendu la course particulièrement stressante et tendue nerveusement. A 17 km, profitant d’un vent soutenu de côté, avec ses équipiers faisant preuve d’une solide cohésion, il a provoqué une bordure qui a relégué à 39 secondes, le troisième favori, le champion olympique Remco Evenepoel, ainsi que quelques outsiders comme Primoz Roglic, João Almeida, Carlos Buitrago. « Oui, on s’est fait piéger, a dit Evenepoel. Ce n’est pas rédhibitoire. Le Tour est long ». Certes 39 secondes, ce n’est pas beaucoup. Mais mieux vaut les avoir à son actif qu’à son débit. Peut-être pourra-t-il les récupérer lors du premier contre la montre de Caen. A cause de sa nervosité, cette première étape a été d’emblée marquée par deux abandons sur commotion après chute, ceux de l’Italien Ganna (Ineos-Grenadiers), un dur à cuire, et du Suisse Stefan Bissegger (Décathlon-Ag2R). Et aussi par la chute cocasse de deux Français, Benjamin Thomas et Mattéo Vercher, se disputant lors de la seconde difficulté le prix du meilleur grimpeur au sprint qui est revenu au premier des deux. Quant au jeune prodige français dont on attend beaucoup, Lenny Martinez, pour une raison inexplicable, il a terminé dernier à plus de 9’11’’. Ce qui aura très certainement comme conséquence de le priver d’un top 10 auquel il pouvait aspirer pour sa première participation • RU
Le Pape est arrivé Vers 17 heures à la résidence pontificale, où il passera deux semaines de repos. Au bord de la route devant la Villa Barberini, un important groupe de fidèles, notamment des religieuses, l'attendait depuis des heures. Le Pape est sorti de la voiture pour saluer la foule présente. «Il nous a adressé des mots d'encouragement et de remerciement pour les préparatifs», a confié le curé de San Tommaso da Villanova.
Le racisme anti‑Blancs demeure un sujet controversé pour certains: reconnu par une partie de l’opinion, il serait limité à des actes individuels et non assimilés à une forme de racisme structurel selon la gauche. L’acteur Jean-Pascal Zadi reconnaît certes que « certains Blancs peuvent être victimes d’insultes ou d’agressions liées à leur couleur de peau », mais cela n’est pas du racisme au sens systémique selon lui: « c’est de l’hostilité ».
Le racisme antiblanc existe si peu que même les saltimbanques s’empressent d’en nier l’existence. Cette fois-ci, c’est Jean-Pascal Zadi qui s’y est collé. Pour vendre son nanar sur une expédition spatiale africaine, Le Grand Déplacement – une sorte de Black Panther made in France, sans super-pouvoirs, mais avec toutes les obsessions racialistes –, il a fait la tournée des médias et des popotes. Le 27 juin, France Info a cru bon de l’interroger sur le racisme antiblanc. Jean-Pascal Zadi a alors pris la pause d’un Frantz Fanon de banlieue et nous a expliqué doctement que « le racisme antiblanc n’existe pas », que c’est une « hérésie » et qu’insulter ou molester un Blanc, c’est – au mieux ou au pire – de l’« hostilité ».
À ce stade, on n’est plus dans la dénégation, mais dans l’inversion. Un néo-suprémacisme décomplexé. Passons sur le fait qu’il n’y a pas loin de l’hérésie au bûcher et de l’hostilité (hostis, l’ennemi en latin) à la guerre. Jean-Pascal Zadi ne pense pas, il régurgite. C’est la voix off de l’idéologie officielle financé par l’argent public. En bon perroquet du prêt-à-penser décolonial, il rabâche les mantras qui font le quotidien des universités, des salles de rédaction et du « wokisme de salon ».
Jean-Pascal Zadi ferait mieux de lire l’enquête de François Bousquet sur le racisme antiblanc : quarante témoignages bruts, crus, à fendre l’âme, dont celui d’un métis, insulté pour sa moitié blanche.
Ce racisme a tellement peu droit de cité qu’il a fallu attendre 2025 pour qu’un journaliste ose enfin donner la parole aux victimes, qui, jusque-là, n’avaient que le droit de se taire et d’encaisser. Ce livre, c’est l’anti-Zadi : il ne moralise pas, il constate – et ce qu’il constate est effrayant.
On suit les témoins de Bousquet à Bobigny, aux Ulis, à Évry, aux Mureaux, dans les quartiers chauds de Lyon ou de Marseille, jusque dans les replis de l’Isère. On se pince pour y croire, tant ce racisme quotidien s’exprime à l’école, dans les stades, dans les bus scolaires, avec une régularité mécanique qui aurait dû interroger les universitaires, les journalistes et les politiques. Pas un jour sans une insulte. Pas une semaine sans une agression. Et toujours le même silence.
Qu’est-il arrivé à la France pour que, sur son propre sol, la haine antifrançaise soit devenue un sport collectif et le cri de ralliement d’une immigration extra-européenne en rupture de filiation ? « Sale Blanc », « Putain de gwer », « Sale Français » : les insultes pleuvent et les coups suivent. Rackets, humiliations, crachats – avec en prime la morale inversée : la victime doit presque s’excuser d’exister.
Le plus tragique dans cette affaire ? Les agresseurs sont français, mais seulement de papier. Leur carte d’identité dit « République française », mais leur loyauté est ailleurs : tournée contre elle. Ce n’est pas un conflit d’appartenance, c’est une déclaration de guerre intérieure. La France n’est pas tant colonisée que congédiée de l’intérieur. Elle vit un divorce unilatéral. On lui parle dans sa langue, mais pour mieux l’injurier.
Alors, oui, Jean-Pascal Zadi, c’est du racisme antiblanc. Lourd, massif, répété. Une lame de fond qui ne dit pas son nom, parce qu’on l’interdit de parole. Et c’est justement parce qu’on nie ce racisme qu’il acquiert un caractère systémique. Parce qu’il est systématiquement nié, il est tacitement toléré. Et parce qu’il est toléré, il est en réalité autorisé.
François Bousquet le martèle : nier ces violences, c’est déjà y consentir. Ce n’est pas de la neutralité, c’est de la complicité molle. Ceux qui ferment les yeux acquiescent à ce qu’ils refusent de nommer. Ils pourraient dire comme Georgina Dufoix au temps du sang contaminé : « Responsables, mais pas coupables » ! C’est exactement cela. Ils n’insultent pas, mais ils relativisent. Cela fait d’eux les garants respectables d’une violence inavouable, qu’ils rendent possible à force d’en nier l’existence.
Voilà où conduit, cher Jean-Pascal Zadi, la négation du racisme antiblanc : dans le confort capitonné du mensonge idéologique. Lisez, toute affaire cessante, l’enquête de François Bousquet. C’est la France réelle, pas celle des plateaux où, désormais, vous vous complaisez.
Et osez un débat avec lui. On verra alors qui pense, qui fuit, qui récite. On parie que vous déclinerez. Vous n’avez pas l’habitude d’être contredit, surtout pas par les faits. Mais qui sait ? Vous pourriez en sortir grandi. Ce serait votre premier vrai rôle. Il n’est jamais trop tard.
Durant cet été, Monsieur Nostalgie poursuit sa galerie de portraits d’écrivains vivants dont l’œuvre tend à disparaître dans les milieux autorisés. Cette semaine, il nous parle de Bernard Chapuis, 80 ans, journaliste d’élite des salles de rédaction et écrivain de l’enfance en demi-teinte…
J’ai fait la découverte de Bernie, voix nasillarde et cheveux ondulants, mi-sérieux, mi-godelureau, faussement sage, l’œil rieur, sur le plateau d’Apostrophes en 1987. Bernard Pivot avait intitulé son émission « Qualité France » et invité des représentants du génie cocardier, toutes disciplines confondues. Michel Platini était assis à côté d’André Brunelin, le biographe de Jean Gabin et face à Yvan Audouard, le thuriféraire de Pagnol à l’accent chantant, le numéro 10 évoqua, ce jour-là, l’agression de Battiston. Raymond Peynet se souvenait que ses amoureux étaient nés de son imagination au temps vert-de-gris de la ligne de démarcation. L’assemblée était un joyeux bazar. Un duo d’auteurs composé de Bernard Chapuis et d’Ermine Herscher était venu présenter leur beau livre Qualités – Objets d’en France paru aux éditions du May, 116, rue du Bac, Paris 7ème arrondissement.
Ils avaient recensé pas moins de 74 objets usuels qu’ « un homme ou une femme possède ou a possédé au moins une fois dans sa vie ». Cet inventaire à la Prévert démarrait par les pâtes alphabet Rivoire et Carret et se terminait par la clé Facom. Une vraie féérie ménagère à la nostalgie Manufrance défilait sous nos yeux, la culotte Petit Bateau, le petit-beurre Lu, le cachou Lajaunie, la cocotte Seb ou la sardine Rödel. Cohabitaient dans cet ouvrage rehaussé par les photographies de François Boissonnet aussi bien le béret basque que les mocassins Weston fabriqués à Limoges, le bas Dim jetable que le carré Hermès successoral. Le verre Duralex, toujours attaché à sa terre du Loiret, n’était pas oublié dans cette liste. On apprenait que Guy Cotten avait fondé avec sa femme Françoise leur société à Concarneau qui allait bientôt populariser le ciré jaune à travers toutes les mers du monde. Et que le poêle Godin délivrait alors une chaleur de 6 500 W ; « chargé de bois ou de charbon [du] soir à vingt-deux heures jusqu’à huit heures le lendemain matin ». Autant d’informations précieuses pour mieux connaître son pays et activer la création littéraire. J’ai toujours estimé que cette série de livres sur les objets était plus que nécessaire au paquetage d’un écrivain en détresse qu’un Lagarde et Michard. À la fois comme source d’inspiration, fertile au roman et comme cadre de pensée. L’objet est ce mystère permanent au cœur des connexions humaines. Il est susceptible de refaire surface, une décennie plus tard.
Ainsi, Bernard Chapuis qui avait interviewé Coluche quelques années auparavant, décrivait en 1987 le succès de la salopette Adolphe Lafont entre le quart Perrier et le K-Way. L’humoriste mort une année plus tôt avait porté une salopette bleue à rayures blanches lors de son premier sketch en 1974. La collection des éditions du May s’exporta par la suite, les objets italiens furent notamment préfacés par Fellini, Bernard Rapp s’intéressa à l’Angleterre dans Objets d’en Face et le couple Labro nous donna des nouvelles d’Amérique. Plus tard, beaucoup plus tard, je revis Bernard Chapuis pousser la chansonnette chez Ruquier à la télévision lors d’une tournée de promotion ou en acteur d’appoint dans les films de Pascal Thomas. En 1987, le collégien attiré par les foudres de la presse écrite que j’étais, avait été bluffé par le CV du personnage. Les salles de rédaction semblaient être son habitat naturel. Il avait épuisé sa pointe Bic Cristal (pages 72-73) dans tous les journaux de la capitale, à Elle, Combat, en tant que chef de service « Enquêtes et reportages » au Quotidien de Paris, au Canard Enchaîné, au Nouvel Observateur, à VSD, à l’Événement du Jeudi ou à la direction de la rédaction de Vogues Hommes.
J’aurais rêvé de déclarer à une conseillère d’orientation qui m’incitait à m’engager dans une carrière commerciale ou juridique : « plus tard, madame, je serai billettiste ». Car Bernard Chapuis s’était fait connaître comme billettiste au journal Le Monde. Né en 1945 à Alger, Bernard Chapuis était un « cumulard ». Il avait écrit des centaines d’articles et publié des romans principalement chez Stock (L’année dernière, La Vie parlée, Vieux garçon, Le Rêve entouré d’eau), qui lui valurent quelques prix de prestige (Nimier, Freustié, Deux Magots). Je m’étais même procuré son Terminus Paris aux Éditions Les formes du secret, 102, boulevard de la Villette, Paris 19ème arrondissement.
En ce début d’été, il faut relire ce vieux garçon plein de charme et de malice dont les romans « parisiens » sont des bulles de champagne légèrement éventées qui oscillent entre tristesse d’instinct et douce fantaisie, ils retiennent le parfum d’un monde oublié. Chapuis est comme Modiano, un homme de la petite ceinture au passé carafé.
À l'issue de la prière de l'angélus, le Souverain pontife a adressé un message de solidarité aux familles des victimes des graves inondations qui ont frappé ces derniers jours l'État du sud des États-Unis.
Commentant l'évangile de Saint Luc où le Seigneur envoie soixante-douze disciples en mission, Léon XIV a invité les fidèles à savoir discerner ce que Dieu veut faire dans nos vie: de grandes choses. «Peu de personnes s’en rendent compte, s’arrêtent pour accueillir ce don», a-t-il souligné.
Michel Simon est mort il y a cinquante ans. Derrière sa gueule épaisse se cachait un être d’une rare sensibilité. Un acteur unique, le plus grand de tous les temps, selon Sacha Guitry, qui surmontait ses angoisses par une boulimie de travail (150 pièces, 140 films), un amour de la nature, et un penchant notable pour la pornographie.
Je dois avoir 10 ans. Je me promène avec mon oncle dans une rue de Noisy-le-Grand. C’est la banlieue tranquille avec le chant des oiseaux et des pavillons en meulière. Au bout de cette rue, il y a une grande demeure avec des cris de singe, de grands arbres et une sorte de jardin d’hiver avec une immense verrière aux vitres brisées. Devant la porte, une silhouette voûtée dans un pardessus crème, une drôle de tête couronnée d’une crinière de lion. Mon oncle le salue. L’homme lui répond d’une voix chevrotante. Il tient à la main un filet à provisions percé. Mon oncle me dit à l’oreille que c’est Michel Simon, un grand acteur. L’image s’incruste dans ma mémoire. Un acteur, pour moi, ressemblera toujours à Michel Simon.
C’est ce qu’on appelle un monstre sacré ; peut-être le plus grand acteur de tous les temps, pour reprendre le jugement de Sacha Guitry, son ami. Il est mort il y a cinquante ans. La maison qu’il habitait avec ses animaux, surtout Zaza, sa guenon, qu’il habillait comme un humain et qu’il emmenait au théâtre, le parc où l’herbe ignorait la tondeuse, sa bibliothèque aux trois mille livres, cette maison-refuge a été rasée. Son fils, François, avait pris la décision de s’en séparer. Il mourut quelques jours plus tard, me confiera l’acteur Maurice Baquet, voisin de Simon. Cette maison, c’était La Cerisaie, tout finissait par s’en aller.
Il aimait la nature car elle le préservait des hommes et de leurs manigances. Ça a un côté rousseauiste. Normal, il est né le 9 avril 1895, à Genève, dans la grand-rue, en face de la maison natale du philosophe. Ses parents sont charcutiers. Lui, l’amoureux des animaux, ils l’envoient travailler aux abattoirs de Genève, où il doit les achever avec un poinçon. Il confesse : « Pendant un an, j’ai assassiné des bêtes. » C’est un mauvais élève, il fait rire ses camarades. Les traits de son visage sont épais. La grâce, il la possède pourtant, dans le regard, mais personne ne la voit. Il en rajoute. Il est frustré, car il veut être le dernier de la classe ; or il est avant-dernier. Il y a toujours un camarade absent, il parvient à lui piquer la place dont il rêvait. C’est un provocateur, râleur, détestant l’ordre. Un jour, il dit, d’une voix malicieuse : « Je n’aime pas les leçons, elles ne servent qu’à violenter les natures. » Il devient soldat. Il connaît le cachot humide. Il sort de cette aventure tuberculeux et antimilitariste. À 17 ans, il est à Paris. Il crèche près de la porte Saint-Martin. Il finit d’être éduqué par des truands. Il s’éprend d’une prostituée, Jeanne. Il en parlera toujours avec tendresse. Pour elle, il refuse d’aller tourner à Hollywood. Elle lui fait découvrir les plaisirs de la chair et de la lecture. Il lit les enquêtes de Nick Carter et dit : « Son auteur a fini fou. Ce n’est pas à la portée des Goncourt. » Son humour l’aide à gommer la laideur de la vie. Il dévore Messieurs les ronds-de-cuir, de Courteline. Lucide, il déclare : « Ce livre préfigurait les grands conflits mondiaux. Du reste, ça se termine dans un cimetière. C’est l’œuvre d’un prophète. » Rabelais lui enseigne l’irrespect ; Aristophane, le désespoir. À propos de Céline, dont il a enregistré Voyage au bout de la nuit, il dit : « Lui, c’est un homme. Les autres n’ont pas d’idées tranchées. Ils pensent à leur clientèle. C’est difficile de trouver un homme en littérature. » Il déteste Descartes. « La logique, c’est absurde », lance-t-il. Il est tour à tour boxeur, photographe, danseur, acrobate, puis comédien, remarqué par Georges Pitoëff, genevois comme lui. Sa carrière est lancée, avec des hauts et des bas. Au total 150 pièces et 140 films.
Tiens, là, il discute avec Jean Renoir, qui lui a offert ses plus beaux rôles – La Chienne ; Boudu sauvé des eaux –, ils sont dans une guinguette, ils ont picolé. La caméra tourne. Michel dit qu’il n’a jamais trouvé la rue du Conservatoire. Fou rire. Pour Boudu, dont il fut producteur, il rappelle qu’il a failli couler. Le film fut interdit au bout de trois jours. Motif : Boudu mange des sardines à l’huile avec les doigts et s’essuie sur les rideaux. On peut violer la morale, mais le bourgeois ne supporte pas qu’on touche à ses tentures. C’est un instinctif qui offre au personnage le petit « truc » génial – l’interprétation du farfelu Jules dans L’Atalante de Jean Vigo l’atteste. N’a-t-il pas déclaré : « Lorsqu’on chasse le naturel, il ne revient pas toujours. »
Cet angoissé tient en respect sa folie en tournant sans cesse ; c’est aussi un pornographe notoire – sa collection de treize mille pièces, photos et objets érotiques variés dont des godemichets spectaculaires, est légendaire. Il pose nu avec des prostituées, dans des scènes de sexe crues, se travestit. Il sait que l’homme est mauvais, ça le sauve. En 1940, on l’accuse d’être juif, en 1943 d’être communiste, en 1944, on le dénonce comme collabo. Il encaisse. Comme il encaisse les séquelles d’une teinture pour les cheveux qui lui attaque le visage et le cerveau. Il souffre de vertiges, ne peut plus articuler, confond les couleurs. Il met huit ans à s’en remettre. Mais l’homme est solide. Il retrouve le chemin du succès. On dit qu’il ne connaît pas son texte. Dans Drôle de drame, il bluffe pourtant Louis Jouvet, qui déclare : « Il se promenait dans son texte avec volupté. » En 1957, c’est la fin de sa carrière de vedette. On ne veut plus l’assurer, sauf Abel Gance. Cela lui permet de tourner encore quelques grands films dont Le Vieil Homme et l’Enfant, de Claude Berri. Il prend des risques car il joue un antisémite dans un long-métrage dénonçant l’antisémitisme. Le film sera récompensé à Berlin et interdit de projection à Cannes.
Dans la plupart de ses rôles, ce misogyne faussement solitaire déborde d’humanité. L’acteur à la voix si particulière et à la tête démoniaque meurt le 30 mai 1975. Bertrand Blier lui avait proposé un rôle dans Les Valseuses. J’aurais bien aimé voir Depardieu donner la réplique à cet immense comédien qui travaillait sans filet.
Natif de Saumur, sorti diplômé de l’école Boulle puis des Arts décoratifs avant d’intégrer l’institut d’Urbanisme de Paris, Henri Quillé (1928-2018) reste un architecte étrangement écarté du panthéon moderniste. En 1962, l’homme découvre l’île alors la plus secrète des Baléares : Formentera. Etabli à Meudon (où il réalise avec l’Atelier 12 le superbe ensemble Les Pierres Levées, dans le quartier de Bellevue, restauré avec soin voici cinq ans), il quitte définitivement la capitale en 1972 pour s’installer à Formentera, où il fait l’acquisition d’une bâtisse vernaculaire, à toit plat, isolée dans la cambrousse, « d’une géométrie simple qui lui confère un charme poétique, reflet de l’art de vivre méditerranéen : une ambiance intérieure faite d’ombre sur les murs chaulés, contrastant avec une forte luminosité extérieure » […] « Sa maison devient le laboratoire de sa démarche ». Jusqu’en 2004, il multipliera les projets sur l’île, avant de quitter définitivement, en 2010, ce havre de paix désormais arraisonné par le tourisme de masse. Rentré à Paris, il y meurt huit ans plus tard.
À bonne école
Les monographies de chez Norma sont décidément en prise avec l’air du temps. Ainsi par exemple, accompagnant l’exposition qu’avec son flair habituel lui avait consacré Francis Rambert cet hiver à la Cité de l’architecture et du patrimoine (Palais de Chaillot), l’œuvre de Philippe Prost, lauréat en 2022 du Grand Prix national de l’architecture, était-elle célébrée à bon escient : à peine clôturée l’exposition que Prost, hasard malencontreux du calendrier, était, le 27 mars dernier, avec le paysagiste Bruel Delmar, proclamé vainqueur du concours pour le réaménagement de la place de la Concorde. Certainement le moins mauvais choix entre les candidats à ce concours : les travaux que Prost a conduits, à Belle-Ile en Mer tout particulièrement, témoignent d’un authentique respect pour le patrimoine, les vieilles pierres et le paysage. Va-t-il épargner la Concorde du massacre ? C’est vraisemblable. Son projet ne casse ni l’ordonnancement, ni les symétries ni les continuités, réduisant l’emprise de la circulation automobile, mais sans rompre l’harmonie des voies et de ses perspectives, sous prétexte de « végétaliser » à tout prix.
Pour en revenir à Quillé, de l’écologie urbaine à l’écologie rurale ne prévaut qu’une seule et même logique, au fond : le respect, la préservation, la valorisation de l’identité traditionnelle du site. Quillé a été à bonne école : dès les années 1960, il s’est lié avec Ricardo Porro, un des quatre architectes des extraordinaires Escuelas de Arte de La Habana – sans doute l’unique vestige architectural dont pourrait se targuer la sinistre Révolution castriste (que Porro ne tardera pas à fuir, d’ailleurs, pour s’exiler en France et y poursuivre une estimable carrière jusqu’ à sa mort en 2014)…
Précurseur, Quillé implante dès les années 1960 dans sa maison paysanne les premiers panneaux solaires sur le marché, tout en réunissant des artisans locaux pour imprégner de leurs savoir-faire ancestral ses « maisons organiques » faites de textures brutes, et qui combinent avec une grande élégance lignes courbes, volumes cylindriques, géométries cubiques. Dans les années 1970, une série fait système : dans les pas d’un Le Corbusier, dépourvue de cette prétention rationaliste totalitaire propre à la fameuse « machine à habiter ». Autosuffisantes au plan énergétique dès le seuil des années 1980 !
Lui-même navigateur, Quillé a l’expérience des espaces restreints, d’où l’idée de ces « maisons minimum », en parallèle à des programmes plus ambitieux en termes de taille mais aussi de composition plastique, telle la maison Sandretto (1994), dont une photo illustre la couverture du présent ouvrage – on dirait du Chirico. La maison-atelier construite en 1977 pour le peintre Erro en bordure de la côte nord de l’île était déjà un bel exemple de cette esthétique épurée, qui se déclinera en maints projets réalisés pour d’autres artistes ou entrepreneurs, tel ce « PF-70 », commande de Pietre et Angela Fedell, ou ce « KG-74 » destiné aux Grohe, cette famille d’industriels allemands à qui vous ne manquez pas de rendre grâce chaque jour en saisissant votre pomme de douche…
Tour du propriétaire
Synergie avec l’environnement, ventilations, simplicité, confort, optimisation des systèmes se retrouvent dans tous les édifices qui essaiment bientôt dans le paysage insulaire – maisons Valentin, Reiman, Pamela, Dobo, Di Meo, en passant par celle conçue pour l’architecte et urbaniste Raimon Torres, et jusqu’à cette petite maison habillée de pierres, qu’ Andrea Fiorentino réclamera pour lui seul quand il met sa maison principale en location. Un des joyaux tardifs de cette œuvre singulièrement méconnue reste sans aucun doute la vaste demeure bâtie dans les années 1990 pour Giberto Sandretto, un industriel italien, dans la partie la plus étroite de Formentera, à Es Calo, au pied de La Mola, sur un terrain qui descend en pente vers la mer.
De cette diversité, mais aussi de cette continuité remarquable, rendent compte ici photos anciennes, en noir et blanc le plus souvent, alternant avec des photos récentes en couleur, certaines en pleine page, mais également des photos aériennes, des prises de vue des aménagements intérieurs, des plans d’architecte… au fil de ce très « beau livre », dont les pages en papier mat, d’une belle épaisseur texturée, présentent un luxe inhabituel.
Sous la direction de cet homme d’entregent et spécialiste des arts décoratifs du XXème siècle qu’est Guy Bloch-Chamfort, assisté de l’architecte Sophie Cambrillat et de Tanit Quillé, fille d’Henri Quillé et elle-même architecte dépositaire de la mémoire de l’œuvre de son père au sein d’une association dédiée dont elle est présidente, l’ouvrage se présente comme une « visite du propriétaire » : attentive à analyser dans son détail, étape par étape et de site en site, l’exemplarité de chaque édifice. Formentera, au temps du farniente sans la foule. Encore un paradis perdu, – un de plus ?
A lire :
Henri Quillé. Formentera, par Guy Bloch-Champtort, Sophie Cambrillat, Tanit Quillé. Norma éditions, 224p. 2025. (texte bilingue français espagnol)
Tandis que le Pape Léon XIV s'installe dans les Villas pontificales de Castel Gandolfo pour une période de repos du 6 au 20 juillet, revenons, avec quelques réflexions des Papes sur le temps des vacances. Une occasion, comme le rappelait le Pape François, pour approfondir son cheminement spirituel.